RETOUR AUX SOURCES
En faisant des recherches bibliographiques pour argumenter un futur article à paraître sur ce blog, j’ai retrouvé un article fort intéressant que j'ai décidé de soumettre à votre réflexion.
Petite "piqûre de rappel", s'il en est besoin.
Il s'agit d'un article paru dans la revue TOROS N° 1221 du 26 février 1984.
ET PARLONS DU TORO
Le toro idéal...
Un vétérinaire espagnol, le Docteur Pablo Paños Marti, vient de publier une étude sur le toro de lidia. Il énumère en particulier les 30 conditions qui font, d'après lui, le toro de bandera. Inutile de préciser, après lecture, qu'il y a peu de chance pour que vous n'en rencontriez jamais un, sinon au paradis des toros de lidia. Cette énumération a toutefois l'avantage de relever, pour les jeunes aficionados (et rappeler aux anciens), quelques règles concernant le toro et en particulier certaines des ses réactions qui échappent parfois à notre analyse.
A la sortie du toril :
1. Le toro sortira avec alegria, sans réserve;
2. Il ne passera pas la tête sur la barrière (barbeando);
3. Il frappera dans les planches lorsqu'il sera appelé par les subalternes.
Devant le cheval :
4. Il partira de loin, avec fijeza (en se concentrant sur l'objectif);
5. A la rencontre avec la cavalerie, il baissera la tête, la mettant sous le cheval avec l'intention de le lever;
6. Il ne ralentira pas sa charge en sentant le châtiment et, au contraire, il l'augmentera avec un regain d'énergie;
7. Dans cet assaut, viendra un moment où il poussera avec les reins, son arrière-train se soulevant même dans un suprême effort pour vaincre;
8. Il ne refusera en aucun cas le combat, sortant seul de la suerte;
9. Il ne donnera pas de coups de tête dans le caparaçon faisant "sonner les étriers" en cherchant à faire sauter la pique;
10. Il ira plusieurs fois au cheval, chaque fois qu'il sera mis en suerte et, dans cet ordre d'idée, il faudra tenir compte du nombre de fois qu'il ira au châtiment;
11. Il accourra au cheval à "contre querencia", c'est à dire dans le terrain le plus éloigné de la porte du toril.
Au second tiers :
12. Il ne se plaindra pas des banderilles, cherchant à les faire sauter;
13. Il poursuivra le banderillero à la sortie de la paire.
Au dernier tiers :
14. Il ne cherchera pas la querencia des planches, ni ne fuira le combat dans les medios;
Au long de la lidia :
15. Il ne grattera pas le sol du ruedo;
16. Il ne beuglera pas;
17. Il ne ruera pas;
18. Il gardera la bouche fermée, de la sortie des chiqueros jusqu'à l'arrastre.
La charge :
19. Il chargera d'abord la tête haute pour, ensuite, la baisser au moment de prendre les leurres;
20. Il chargera droit, sans couper le terrain, venant de loin;
21. Il chargera avec temple, c'est à dire de manière cadencée, rythmée;
22. Il le fera de plus avec promptitude et alegria, répondant avec rapidité au cite du torero;
23. Il mettra de la noblesse à suivre les leurres avec fixité et clarté, sans faire d'écarts;
24. Si les leurres sont maniés de manière correcte, il ne donnera pas de derotes (coup de tête à droite ou à gauche);
25. Il chargera de manière répétitive, renouvelant l'attaque, "mangeant" les leurres;
26. Il chargera en fin en maintenant ces caractéristiques tout au long de sa lidia, quoiqu'en tempérant son allure suivant le tiers, l'alegria ne pouvant être identique devant le cheval et au dernier tiers par perte de force, mais proportionnellement.
Le type zootechnique :
27. Son physique sera harmonieux, réunissant les conditions de ce qu'on appelle "complexion athlétique", en incluant ce qui est relatif au pouvoir et à la force du toro;
28. Il sera bien armé, avec des cornes correctement développées;
29. Sa lignée sera toute d'une bravoure optimale, et sera notée au tentadero;
30. Et finalement, il se maintiendra dans les caractéristiques distinctes de la caste à laquelle il correspond.
Inutile de répéter que cette énumération reprend toutes les caractéristiques distinctives de la caste du toro de combat et que le trentième commandement n'est qu'un rappel de la définition de cette fameuse caste dans son acceptation de "race".
...
Ainsi était décrit le toro idéal en 1984.
Nous savons tous que l'appréciation que nous portons sur "les choses" en général, et plus particulièrement sur les toros, est fondée sur une somme de valeurs qui nous sont très personnelles. Cependant, la prochaine fois que vous aurez la sensation de pouvoir sortir "le bleu" ou "l'orange", repensez simplement à ces trente commandements.
Patrick SOUX