GARLIN-LES-BAINS
Dimanche 8 avril. Des toros et des hommes
Les tendidos garnis copieusement sous le couvert des arènes de la Porte du Béarn.
Pluie le matin, pluie l'après-midi, les bénévoles sur le pont pour écoper sans cesse, un froid sibérien.
Certains ont vu un couple d'ours blanc roder autour des cuisines, alléché par les effluves des garbures. D'autres avaient pu les observer remontant les eaux tumultueuses du Bahus !
Enfin, notre rendez-vous avec Pedraza de Yeltes en ce dimanche hivernal, nous a permis de nous réconcilier avec la devise blanche et verte qui nous avait fâchés ici-même, l'an passé.
Par ordre d'entrée en scène, merci à : Campeador, Medicito, Tontillo, Pomposito, Huracan et Fantacioso, à Angel JIMENEZ, Antonio GRANDE et Dorian CANTON.
Tous furent les acteurs précieux de cette tarde entretenue.
Un lot de cornus bien présenté, armé, brocho parfois, astifino souvent et certains aux belles défenses astiblancas.* Ces astados nous ont offert de beaux tercios de varas, aux galops souvent pleins d'alegria. Mais rares furent les piqueros dignes de leur fonction, valeureux par contre les jeunes toreros, muleta au poignet.
Angel JIMENEZ, le vainqueur désigné par le public de la fiesta campera matinale, se montra à son avantage par un travail tout en finesse et intelligence. Cependant, il eut à subir quelques difficultés devant le premier, la faena se terminant a menos. Il tue d'une entière en prenant le boulevard extérieur. Une oreille.
Pomposito, son second opposant, faiblira après les deux piques. La piste est plus imprégnée qu'en matinée, malgré les soins, mais ceci n'explique pas tout. Avec ce noble castaño, la faena s'avérera trop longue mais enrichie de belles séries, notamment une en derechazos. JIMENEZ tue d'une demie d'effet rapide, chanceuse (?). Le novillero s'engageant fort peu sur ses deux mises à mort. Une oreille.
Le Pedraza sorti en second n'est pas des plus beaux, il subit un tercio de piques en deux rencontres déplorables. Antonio GRANDE nous offre une kyrielle de naturelles souvent tutoyées. Il fut, préalablement, désarmé, bousculé. Certes, Medicito n'est pas des plus coopérateurs et le salmantin s'accroche ardemment. L'aboutissement est confus. Une épée foudroyante, un avis, l'oreille.
Huracan prendra trois piques avec alegria. Un peu faible mais noble, GRANDE sécha (comment fit-il sous ce ciel !), ne trouvant pas le sitio, peu conseillé par le peonage qui ne sut qu'éructer des " bieennn !" Il hérita du lot le plus quelconque.
Il pâtit des nombreux hachazos et sa muleta en fut chahutée. Il saluera au tiers après une entière basse.
Le colorado Tontillo s'offre à la cape de Dorian CANTON, à genoux. A la belle première pique effectuée par Laurent LANGLOIS, suivirent deux plus quelconques alternant avec une rencontre "à vide". Toujours vaillant et consciencieux, Dorian libéra quelques séries des deux mains, cambiadas... et voltereta. Il sut se reprendre par la suite avec ce Pedraza encasté. Manoletinas finales, échec à la mort, un avis. Tontillo avait du potentiel mal exploité.
Et voici Fantacioso, negro bociclaro (mai 2014), un novillo / toro. Il fut victime de deux piques dont la première interminable, le piquero ne relevant à aucun instant la vara.
Il en faut du courage pour provoquer ce Pedraza. Dorian semble dominateur, le public est bouillant (cela réchauffe). De bons derechazos, mais le jeune diestro est discret avec la main gauche.
Le volontaire béarnais jette sans cesse un regard vers son mentor, figeant son geste. Le professeur est omniprésent, trop parfois. Dorian doit s'exprimer, ça bouillonne sous le traje. Tant pis pour les erreurs, on apprend de ses échecs. Par contre, le précieux maestro faisant le tour du ruedo, fit changer de terrain son élève, vers celui des piques. Ceci permit de libérer Dorian et la faena se termina par de belles séries avec un animal collaborant, les deux acteurs plus confiants. Le triomphe éclata après une entière au deuxième envol suivie d'un descabello. Un avis, deux mouchoirs apparurent au balcon d'une présidence hésitante.
Vuelta au troisième, Tontillo. J'aurai trouvé plus judicieux, la vuelta au dernier, Fantacioso plus complet, et récompensant la caste de l'ensemble du lot.
Cavalerie Bonijol.
Saluts de MIGUELITO et Marco LEAL au premier, d'A. ECHANIZ CAMPOS au sixième.
Salut au final de Curro SANCHEZ mayoral-piquero.
Prix au meilleur novillero à D. CANTON. Et A. JIMENEZ ?
Le prix de la meilleure pique a été partagé entre L. LANGLOIS et, ridicule, avec C. SANCHEZ.
Présidence Franck LANATI.
Musique : l'Harmonie Garlinoise.
Un Béarnais conquérant sur les terres du Vic-Bilh. Mais attention, sans être un vieux grincheux, ces deux sorties a hombros successives ne doivent en rien faire baisser la garde du vaillant novillero !
Quant à nous, modestement, nous avons élu la garbure béarnaise ; la gersoise et la landaise ne déméritant pas. Il était dit que seuls les Béarnais sortiraient vainqueurs sur leurs sols.
En matinée, la fiesta campera débuta à 11h 35, la pluie incessante nous resta fidèle tout au long de la journée.
Angel JIMENEZ gagna le droit de prendre les trastos l'après-midi, choisi par les aficionados présents.
Rafael GONZALEZ sortit tête haute mais fut plus laborieux.
La maison URANGA put se défaire de deux exemplaires brocho pour l'un, bizco pour l'autre, invendables sinon. Compréhensible.
*Astiblanco : les cornes sont de couleur blanche jusqu'au début du piton, pour terminer sur une couleur noire intense.
Gilbert LAMARQUE