DAX 14 août 18h
Juan Bautista, son encerona dacquoise
18h, le paseo s’élance devant une arène pleine, je n’hésite pas à le dire, cette course, vendue comme un évènement…en fut un.
Pour son encerona, Juan Bautista s’était préparé mentalement et physiquement, nous avons eu droit à du Grand Jean Baptiste. JB lidiador, il s’est attaché à mettre tous les toros en valeur au premier tiers, chef de lidia, donnant de la voix lorsque nécessaire, technicien pour soumettre des toros plus difficiles, artiste sur des faenones donnés à des adversaires plus "doux". Et alors que c’est un grand tueur, l’épée en ce jour lui fera perdre quelques trophées qui auraient pu transformer le succès en triomphe.
Les toros choisis étaient de MONTALVO, LA QUINTA, PEDRAZA de YELTES, La DEHESILLA, Victorino MARTIN et JANDILLA dans l’ordre de sortie. Ils étaient tous dans le type de leur encaste.
-I- MONTALVO :
Après une sortie discrète, il part de loin sur la première pique dont il sort seul, la deuxième est carioquée. Deuxième tiers rondement mené et la première faena est toute en douceur sur un toro qui baisse très vite. Circulaires finales avec deux superbes changements de main, le tout conclu par une entière très basse mais foudroyante. Oreillette.
-2- LA QUINTA :
"Gargandillo" sort des chiqueros calmement, au premier tiers il s’emploie sur deux vraies piques dont la seconde en partant du centre. D’entrée le Maestro fait parler la technique pour régler la tête de son adversaire. Le reste de sa faena sera tout en maîtrise, en conduite de l’animal, malgré un petit passage à vide en milieu. Hélas le toro va a menos, il lève l’estoc aux medios pour un recibir pinché, il le déplace alors au centre et le couche d’un deuxième recibir en place d’effet un peu long. Palmitas et pas un seul mouchoir…
-3- PEDRAZA de YELTES :
Sortie réservée, il prend une première pique en partant du centre sans pousser et une seconde où il met les reins. Tercio de banderilles compliqué avec ce toro parado. Il arrive dans la muleta de JB âpre et violent, c’est une faena de combattant, une faena au forceps qui lui permettra de tirer deux bonnes séries à droite. Il conclut par une entière atravesada, en prenant la rocade dacquoise, suivie de deux descabellos. Arrastre applaudit et salut du torero.
-4- La DEHESILLA :
Les quelques signes de faiblesse apparents à sa sortie font que JB "l’épargnera" au premier tiers en deux rencontres. Tercio de banderilles compliqué avec ce toro qui ne part pas ou mal. A la muleta il arrive andarin. Le Maestro parvient à régler le problème mais aucune liaison n’est possible. Voyant qu’il n’avait rien à tirer de cet animal à part peut être un mauvais coup, JB abrège et tue d’une entière. Silence.
-5- Victorino MARTIN :
Dès sa prise de contact Jean Baptiste pèse sur ce toro par des véroniques en gagnant du terrain jusqu’au centre (la messe est quasiment dite). "Correton" prendra deux piques dont la première poussée puis il mettra les banderilleros à l’épreuve du courage. La muleta est autoritaire et basse en début de faena, après deux ou trois séries Correton rend les armes, mettra le museau dans le sable et ne voit plus que le drap rouge s’agiter devant ses yeux. Le final se fera en naturelles de face dans le berceau et malheureusement il pinchera une première fois avant de porter une entière engagée et suffisante. Oreille demandée et donnée.
-6- JANDILLA :
Grosero sort avec des intentions, prend une bonne première puya suivie d’un picotazo. JB prend les bâtonnets et banderille lui-même son toro. Pendant qu’il prend sa muleta le toro remate fort au burladero et se casse le piton gauche. Le mouchoir vert est sorti.
-6 bis- JANDILLA :
Hacinador remplace son frère de camada avec les mêmes intentions et les mêmes résultats à la cavalerie. JB reprend les banderilles avec bonheur. Il brinde se dernier au public et, dès l’entame, il l’embarque dans des séries liées et templées des deux côtés. Il enchaine avec trois circulaires les pieds rivés dans le sable dacquois. Le toro faiblit, JB raccourci les distances, final de face dans les cornes. Pour conclure, il l’amène au centre et le foudroie avec un énorme recibir. Deux grandes oreilles tombent du palco.
Ce soir le torero pourra dormir sur ses deux oreilles ! Contrat rempli, l’honneur est sauf. Enhorabuena à ce torero qui, grâce à son pundonor et la variété de son répertoire nous a permis de passer une agréable après-midi de toros.
Patrick SOUX
P.S : Manquait tout de même un petit coup de serpe. Je le donnerai aux organisateurs qui n’ont pas cru bon d’informer les aficionados de l’identité des deux sobresalientes présents à savoir : Salvador RUANO et Miguel Ángel SÁNCHEZ. Ça ne manque pas un peu de respect ?