BARBASTRO (Huesca)
8 septembre. 18h. Quasi lleno.
L’ACCENT FRANÇAIS
La ville aragonaise en cette tarde résonne d’un fort accent français. En effet, outre la présence comme chef de lidia du Nîmois Marc Serrano, le lot de toros proposés débarque de Bars (Gers), ganaderia de J.L. Darré et de son fer Camino de Santiago. Le sympathique éleveur remet le couvert après avoir livré bataille le 4 août à La Adrada avec une corrida du même fer où deux bichos sortirent du lot.
La placita est garnie au 4/5e côté "moderne", la partie antique du 19e siècle, les gradas sol sont aujourd’hui condamnées. Le soleil est voilé mais pas les voix du public festif et peu exigeant.
Nous ne nous sommes guère ennuyés grâce à l’envoi du ganadero qui présente une belle corrida lourde et armée. Le rendez-vous avec l’homme au castoreño reste anodin, une seule pique souvent mal octroyée. Les Camino gueule ouverte à la muleta se révélèrent nobles sans défaut de tête.
Tarde intéressante pour chacun de nous, toreros, ganadero, aficionados.
Le premier Camino remate fort en visitant le ruedo. Il est mis en suerte d’un peu loin, met les reins sur cette unique rencontre. Marc Serrano conduit au centre ce noble sujet qui répond aux séries des deux mains sans un accroc. Le Nîmois rencontre des difficultés à la suerte suprême et le tue dans sa querencia.
Le n° 29 Tondillero, l’esthétique veleto y astifino serre Marc aux tablas, le soulève, l’entraîne et le jette contre un poteau : de la peur, aucun mal. Ce bicho au comportement curieux, est faible des antérieurs. M. Serrano intelligemment lui redonne confiance, le torée sur les deux rives, le dominant au centre du rond. S’en suit une jolie faena conclue par une entière jusqu’au poignet après pinchazo. Oreille. On entendit monter les premières mesures de La Marseillaise entonnées par la Peña Bleu et Blanc de Barbastro.
Marc nous démontrant le long de cette tarde qu’il a toujours sa place dans les cartels. Injustice !
Antonio Nazaré reçoit son premier adversaire par une jolie capea, ce toro faisant chanter les étriers sur l’unique rencontre. Il se dévoilera "noblissime" devant la muleta du sévillan qui ne peut éviter quelques postures vulgaires. 3/4 de lame, oreille, arrastre applaudi.
Il fut assez quelconque sur le 5 bis de Gallon, le titulaire remplacé par l’incompétence du palco. « ¡ Que tontería ! » s’exclame mon voisin d’Estella. Un tercio de vara(s) à pleurer, un tercio de banderilles catastrophique et la lidia suivante, limitée. Nazaré récolte ce qu’il a semé après avoir fait assassiner ce sobrero. Silence après un tiers de lame caída.
Joaquin Galdos est venu remplacer Manuel Escribano encore souffrant. Il attaque superficiellement son adversaire mais le public apprécie, étant là aussi pour la musique et les trophées. Entière portée avec sincérité, deux oreilles.
Le dernier est accueilli par La jota de los toros. Ce n° 89 est bien coiffé, apportant de l’intérêt. Après brindis au joyeux public, Joaquin torée main relâchée mais la flanelle maintes fois accrochée. Beaucoup de muletazos, beaucoup. Peu sûr à l’estoc, Galdos prend les extérieurs, mort très longue, silence.
Barbastro n’est pas la flor y nata des plazas mais reste sympathique et son public manifeste son enthousiasme accompagné de cava, tinto et tapas.
Sept toros, un torero et un public français venu nombreux tant du Sud-Est que du Sud-Ouest, les premiers pour M. Serrano, les seconds pour Camino et aussi pour les deux.
Les jeunes organisateurs de Barbastro furent récompensés de leurs choix.
Pour quand une corrida de Jean-Louis Darré sur notre versant des Pyrénées ?
Gilbert LAMARQUE
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