DAX, Toros y Salsa II
Arènes du parc Théodore-Denis, 17h30, sous un soleil légèrement voilé, le cirque est aux ¾ remplis pour recevoir ce qui est la "deuxième première" de la journée, à savoir l’alternative attendue de Yannis Djeniba, "El Adoureño".
La question aux bords de toutes les lèvres est de savoir si, El Adoureño allait transformer ses ondes fugitives en mascaret tempétueux.
Las, la Dacquoise a eu quelques raisons de conserver son œil noir.
Pour cette cérémonie, six toros de Victoriano del Rio et deux de Cortés, bien présentés, hormis le second plus léger que certains novillos du matin. De comportement divers au premier tiers, bravitos sans plus, excepté le dernier qui prendra deux belles piques poussant le groupe équestre sur une vingtaine de mètres à la première rencontre et nobles à la muleta sauf le sobrero sorti en 5 bis. Trois bons medios toros (un pour chacun) et un bon toro (le dernier).
Prenant l’alternative, El Adoureño ouvrait donc les débats. Entrenador lui permet de passer au grade supérieur, né en novembre 2013, portant le N°71, c’est le plus vieux de l’encierro. Noble au capote, quelconque au premier tiers, distraído au second, il déborde de noblesse dans la flanelle de Yannis, mais sa faena manque de transmission et de dominio, le toro passe et repasse. Entière dans les côtes (on tue comme on torée) et l’animal… se couche ! Applaudissement à l’arrastre (?), salut. Son second (le dernier de la course) sort avec du gaz et remate, prend une très grosse première pique et déborde la cuadrilla aux bâtonnets. Face au toro le plus complet de l’après-midi, il nous rend un travail brouillon et nerveux sans domination et hors du sitio. Entière delantera et insuffisante. Il tarde à prendre le descabello (il en mettra 3) et prend un avis. Vuelta au toro et une centaine de mouchoirs arrivent à convaincre la présidence qui accorde l’oreille fortement contestée par le reste de la troupe.
Enrique Ponce, le parrain, doit en "découdre" tout d’abord avec Arandino, une cabrita de Cortes. Après un premier tiers anecdotique et un second doloroso, SM Enrique 1er déroule tous les artifices d’une grande faena "ponciste" (et là, nous ne parlons pas de fédérale, là nous sommes dans l’élite, le Top 14 !). Travail soigné, bien léché avec quasiment autant de changements de mains que de passes, bref : du grand art ! (si l'on ne tient aucun compte de l’opposition bien sûr). Faena stérile sur toro ligth dirai-je (nous pouvons également le voir ainsi). Une entière basse suffisante viendra conclure cet instant de puro arte. La dépouille sera fêtée et, la foule demande et obtient les deux pavillons d’Arandino. Aldeano, noblote au capote, prend une première pique forte suivie de deux media vueltas un peu méchantes. Il en résultera parado, doloroso au deuxième tiers, le maestro de Chivas donne une faenita soporifique à cet animal très diminué. Une nouvelle entière basse (au second essai) lui permet d’en terminer sous les applaudissements.
Alejandro Talavante, le témoin, a été le moins bien servi au sorteo. Il attaque son premier par de belles véroniques pieds joints. Au premier tercio, Basurilla part avec alegria pour deux rencontres, bon deuxième tiers puis, Alejandro reste technique, pas trop fuera de cacho sans être totalement engagé, bref un travail propre sur un toro gazapon en début de faena, baissant vite de rythme. Un très grand estoconazo tant par l’engagement que l’emplacement en finira avec Basurilla. Oreille et arrastre applaudi. Son second montre des signes de faiblesse au capote. On l’amène aux piques (pour voir) et le palco ordonne le changement. Il est remplacé par un sobrero du même fer long, haut et armé veleto y astifino. On comprend vite pourquoi il était resté sobrero. Dès les premiers contacts avec le Maestro on sent que ce ne sera pas l’entente cordiale. Il lui sert un trasteo brouillon mais malgré tout méritoire au rythme des meuglements cadencés de la bête. Maladroit (très) avec les aciers, il entend sonner l’avis et il rentre une entière atravesada basse ressortant derrière la patte au 9ème essai, suivi de deux descabellos. Silence.
Ainsi s’achève la corrida qui a vu notre 65ème torero français se faire adouber.
Il est dommage que Yannis n’ait pu profiter de la charge franche de son premier medio toro et surtout qu’il ne se soit pas entendu avec son bon dernier. Il n’en reverra peut être pas de sitôt… Il a au moins pu mesurer tout le chemin qu’il lui reste à parcourir…Suerte.
La Dacquoise a vraiment eu quelques raisons de conserver son œil noir… Et les ondes de l’Adour sont hélas restées fugitives…
Dommage !
Patrick SOUX
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