Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LA RAÇO DI BIÓU

Publié le par Cositas de toros

LA RAÇO DI BIÓU

  Partie I.

 

    Les ovins, les chevaux et les taureaux sont les trois pôles de l’élevage en Camargue. Ces trois espèces, très rustiques, sont les mieux adaptées à la pauvreté du sol qui leur est affectée, et les plus résistantes à la dureté du climat.

L’élevage des brebis et des moutons est de loin le plus important, le plus élaboré et le plus rentable.

Si les origines du petit cheval blanc de Camargue sont assez floues, il reste cependant une constante de la vie locale depuis les temps les plus lointains.

L’évolution de l’utilisation du taureau de Camargue est à peu près identique dans ses grandes lignes, à celle du cheval. Gibier lui aussi, dans les périodes lointaines, ce bovidé, a, par la suite, constitué un supplément de revenu agricole pour certains propriétaires " remarquables par une couleur noire très foncée, par une attitude fière, par une ardeur farouche, par une taille peu avantageuse… traînant leur vie errante dans les marais fangeux où, sans jamais avoir d’étable, ils se nourrissent constamment au milieu des chaleurs comme des frimas ; eux seuls utilisent le rebut des autres troupeaux. On ne leur livre ainsi que les herbages les plus grossiers." (M. Poulle. Étude de la Camargue ou statistiques du delta du Rhône envisagée principalement sous le rapport des améliorations dont il est susceptible. Arles-1927).

C’est probablement à cette rusticité qu’ils doivent leur survie. Peu rentables, certains propriétaires les conservent parce qu’ils ne peuvent affecter les espaces leur servant de parcours à des activités plus lucratives. Jusqu’au XVIIIe siècle environ, les propriétaires tentent sans grand succès de les utiliser comme bêtes de trait. Leur caractère ombrageux et leur manque de résistance n’en permettent pas une utilisation efficace. Les agriculteurs pour ces types de travaux, leur préfèrent les mules.

Les taureaux, dont le nombre s’est réduit pour toutes ces raisons (16.000 au XVIe siècle, 550 recensés en 1820) sont peu à peu destinés à la reproduction dans le seul but de fournir de la viande. Viande de deuxième qualité, les taureaux sont destinés aux abattoirs d’Arles, Saint-Gilles, Nîmes qui produisent ainsi des viandes à la portée des bourses des ouvriers des mas. Expédiés aussi en nombre assez important à Marseille et Toulon, leur chair constitue une partie de l’ordinaire des marins de la Marine nationale.

Le taureau, comme le cheval, va trouver ultérieurement dans le développement des loisirs une nouvelle affectation. Mais déjà, dès l’Ancien Régime, certains travaux inhérents à l’élevage du taureau se situent à mi-chemin entre travail et loisir. C’est l’époque où chaque société sécrète sa propre culture, la société camarguaise n’échappe pas à ce processus, et le marquage des taureaux, travail nécessaire, prend déjà valeur de jeu.

Ce spectacle connu sous le nom de "ferrade", donne lieu à des réunions très nombreuses de personnes que la curiosité attire. C’est ainsi, que souvent la personne que l’on veut honorer applique le fer brûlant.

Pour le moment, ces jeux, prolongation de la vie de travail de quelques initiés, sont loin d’avoir la fonction économique qu’ils vont acquérir au cours du XXe siècle en devenant objets de consommation. Les espaces improductifs qui leur servent de parcours se verront chargés d’une rentabilité certaine dans le cadre de loisirs rustiques.

Ces taureaux de race Camargue n’ayant qu’une utilité marginale, n’étaient tolérés que parce qu’ils étaient associés à des espaces qui n’avaient eux aussi que peu de rentabilité agricole : sansouires* et marais.

   *Les sansouires apparaissent dans les zones de delta sous l’influence de la nappe d’eau salée. C’est un milieu limoneux stérile couvert d’efflorescence saline, inondable, recouvert de salicornes, de soudes et de saladelles.

                                 Soude.

… à suivre.                                                                                  

                                                                                            

                                                                                       Gilbert LAMARQUE

 

Commenter cet article
C
j attends la suite sur ma region merci gilbert
Répondre
C
Merci Christian, la suite mardi prochain