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APOTROPAÏQUE

Publié le par Cositas de toros

     Au hasard d’une lecture, je suis tombé (sans dommages) sur le mot mystérieux, sibyllin,  énigmatique : apotropaïque* (!!!!). Et ceci m’a mené aux lignes suivantes agrémentées de quelques documents photographiques.

 

     C’est sur le tympan du portail de la cathédrale Saint-Trophime d’Arles que nous pouvons voir les quatre Évangélistes accompagnés d’un lion ailé pour saint Marc, d’un ange pour saint Mathieu, d’un aigle pour saint Jean et enfin, d’un taureau ailé pour saint Luc.

                         

    Taureau Ailé, la marque de riz française du groupe Panzani créé en Arles autour des rizières de Camargue en 1970, tire donc son emblème du fronton de Saint-Trophime.

 

    Saint Luc était un médecin syrien d’Antioche, rédacteur d’une partie du Nouveau Testament. Luc  est symbolisé par le taureau, animal de sacrifice, parce que son évangile commence par l’évocation d’un prêtre sacrificateur desservant le Temple de Jérusalem. Dans la tradition catholique, Luc est considéré comme le saint patron des médecins et des services de santé, du fait de sa profession, ainsi que des artistes peintres et sculpteurs.

 

 

    Découvert à Suse (Iran) ancienne capitale de l’Empire perse échéménide, un relief de briques émaillées polychromes, représente un taureau ailé passant entre deux frises de rosaces et de palmettes. Le taureau est le symbole de la force constructive de l’Empire. Il décorait les parois de l’imposant palais construit par Darius 1er (521-485 av. J.- C.), résidence royale sur la route de Persépolis à Babylone. 

                                     (Chapiteau. Palais de Darius. Musée du Louvre)

   

    Les temples de Dur-Sharrukin, la "Forteresse de Sargon" en assyrien, est située près de l’actuel village de Khorsabad dans le nord de l’Irak, à 15 km de Mossoul. Dur-Sharrukin est une des capitales de l’ancienne Assyrie, dont les travaux commencèrent en 717 av. J.-C. Les premières fouilles y ont eu lieu dans les années 1840, conduites par les consuls français établis à Mossoul (le consulat de France à Mossoul fut créé en 1843 par Louis-Philippe). De nombreuses sculptures exhumées à cette époque se trouvent actuellement au musée du Louvre.

    Et c’est tant mieux… car l’État Islamique entreprit en 2014 dans le nord de l’Irak, la destruction massive de plusieurs sites dont les statues et monuments sont considérés comme "idolâtres". Khorsabad est donc victime de la sauvagerie destructive en 2015, ses murailles et ses temples ont été rasés.

Dans le passé, nous avons parfois pillé des œuvres d’art, mais par bonheur, ici, le Louvre a offert sa protection pour notre plaisir et notre curiosité.

                                   (Les taureaux gardiens de la porte. Musée du Louvre)

 

     Les portes extérieures et intérieures du palais étaient gardées par ces statues monumentales de taureaux androcéphales (êtres composites à tête d’homme) ailés qui avaient une fonction protectrice. Les taureaux représentent des génies. Ils étaient disposés par paires symétriques de chaque côté des voies d’accès et soutenaient la voûte de briques des portes.

Symboles issus de la combinaison entre homme, taureau et oiseau à laquelle les cornes donnent un caractère divin, ils assuraient en plus, une protection contre tout ennemi éventuel.

     Ces sculptures en un seul bloc de pierre sont réalisées suivant le relief avec une barbe, des ailes et un pelage finement taillés. Les dimensions vont de 3,5 et 5,8 mètres de haut pour environ 1,3 de large. Ils pouvaient être représentés de profil ou bien de face.

               (Copie en plâtre. 1857)              Musée du Louvre             (Fouilles de 1843-1844)

 

    Le corps, d’un rendu anatomique précis, est celui d’un taureau marchant à pas lents : l’animal est doté de cinq pattes, ce qui lui a permis de représenter deux allures : au repos, lorsque l’on regarde la sculpture de face et au pas,   lorsque l’on regarde l’œuvre de profil.

 

    L’efficacité magique des taureaux ailés était renforcée par la présence de bas-reliefs à fonction symbolique, représentant des génies ailés, des génies à tête d’oiseau, également des héros domptant un lion, des arbres stylisés.

 

 

 

    Retour vers le futur… Taureau Ailé, vous ne mangerez plus le riz comme avant !

 

*Apotropaïque, du grec apotropaios. Qui détourne les maux, le danger, qui protège.

Ici, le Taureau tutélaire, protecteur.

 

                                                                                       Gilbert LAMARQUE

 

 

    

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L
Ce serait bien qu’à Arles il protège du moustique !!????
Répondre
C
Bzz, Bzz, Bzz !....