CERET. SAMEDI 13 ET DIMANCHE 14 JUILLET.
Collé, Céret !
Copies à revoir… sans moi et bien d’autres.
L’Homme de Tautavel (- 450.000 ans) qui vivait non loin de Céret, au Nord du département, ce premier Catalan était certainement plus policé, plus civilisé que les quelques cohortes hurleuses qui peuplaient les tendidos : bruyantes, irrespectueuses, exigeant l’impossible.
Bref, une édition 2019 sous le soleil et le vent gênant surtout le dimanche. Bonne affluence, quelques vides le samedi et lors de la matinale dominicale, lleno (ou presque) pour l’épilogue.
A l’apéro, les tapas de Juan Luis Fraile offrirent peu d’options. Le lot présenté hétérogène, le dernier sifflé logiquement, l’allure entre la vache et le biou. Comment peut-on choisir un tel spécimen ? Moyenne : 4 ans et demi, 509 kg.
Javier Castaño (silence et silence) pas véritablement de faena, une entière un peu contraire, concluante.
Un second Fraile violent sous le peto, faena étouffée, charges débiles. Gros échec aux aciers sans s’engager. Bronca.
Iván Vicente (sifflets et silence), après changement d’opposant, blessé au flanc droit, fut applaudi au capote. Mais "Rosario" de Peñajara possédait un piton droit criminel, la main gauche en berne. Averti plusieurs fois et après un saut dans le callejón, Vicente abrégea écoutant quelques stridulations.
Son second prendra deux piques pitoyables, et quelques muletazos, un 3/4 de lame. Silence devant un public d’abrutis.
On servit à Joselillo (salut avec avis et silence), "Caña", le bienvenu par ces chaleurs, negro bragado meano, long à fixer, grattant le sol en bon manso. Il prit quatre rations de fer de Tito Sandoval qui soutint cette violence. Hachazos et charge réduite, entière au 2e envoi, arrastre applaudi !!
Le dernier protesté à juste titre pour son manque de trapío fut le seul, après l’administration de deux coups de seringue, à permettre une faena à mi-distance où il chargeait. Un public de crétins ne fit que hurler sa bêtise. Metisaca puis entière.
Demain est un autre jour…
Demain est un autre jour…
… et bien non. Que retenir de cette matinale de novillos de Monteviejo (2e fer de V. Martín) ? Certainement le 3e bis d’Urcola (3e fer de la maison) devant 3/4 d’arène et près de 3 heures d’une prestation de novillos exigeants et fades malgré tout.
Juan Carlos Carballo (silence après avis et salut après avis) se coltina un cornu faisant promptement volte face. Il attaqua main gauche, la corne droite étant fort peu fréquentable. Deux essais plus une 3/4 contraire.
Son second, noble, charge sans transmission. Pinchazo, entière de côté.
Aquilino Girón (salut et silence) ne put s’entendre avec une bête qui prit trois piques sans conviction, offrant une corne droite assassine. Le novillero hérita d’un coup de plat de corne, puis se retrouva au sol alors qu’il essayait de se croiser. S’en était trop. Estoconazo.
Le quinto s’escrima avec "Tito" Sandoval en trois piques pour quatre rencontres en petit brave. Aquilino passa une dure matinée et "Cidron" lui infligea une dure voltereta avec un coup à l’aine droite. Silence, on tue…
Maxime Solera (2 oreilles et vuelta après avis) est courageux, les autres aussi. Sur sa carte professionnelle, il est écrit : torero, cascadeur et forcado. Un jour, il faudra choisir, mais vite ! Et le voici nommé nouvelle coqueluche de Céret !
Porta gayola à son premier, le vent du boulet le décoiffa, "Badilero" dans son élan se brisa la corne droite contre le burladero d'en face ; bis repetita avec le sobrero d’Urcola, tampon magistral. Citant de loin, il nous permit d'apprécier la bonne charge du novillo, exécutant quelques séries trépidantes. Ensuite, l’estocade sans muleta, le salto aidé de la main droite (il est gaucher) sur le frontal pour une réception au sol correcte et une mort longue, deux descabellos. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! Deux oreilles dans le cirque cérétan !
Cet Urcola, noble, sérieux prenant trois piques fut le meilleur du lot.
Les autres, les Monteviejo dans le type, très larges les deux premiers, ils furent lassants, ne transmettant rien, nib, macache.
L’ultime de Solera fut "brindé" au public. Il en résulta de bons derechazos, des naturelles plus heurtées ; le noble "Corniverde" baissant bien le chef, exigeant tout de même. Entière, deux descabellos. Maxime resta sobre.
Et en conclusion de ce diumenge 14 juillet, les pétards, étrangement furent mouillés malgré ce temps chaud et ce vent sec. Sabotage !
6 Saltillo, moyenne : 532 kg, 5 ans et 7 mois.
Tarde à émotions pour assouvir les incultes primaires.
Respect à Gómez del Pilar (salut et salut) présent tout au long, prenant les responsabilités de chef de lidia à la place de l’enfant chéri, Robleño transparent, aux abonnés absents (salut contesté et pitos). Des ovations aux toros incompréhensibles, peut-être par dépit.
Salvador Cortés (salut et silence) n’a pas démérité.
Des tercios de piques sifflés, la panique lors de certains tercios de banderilles…
Et le soufflet qui n’était jamais monté, resta telle une crêpe après la sortie pour conclure d’un manso perdido qui abusa d’une bonne douzaine de picotazos et ce, dans tout le ruedo, même devant la porte des corales : la bravoure aux fonds des sabots. Pas une passe de cape, pas une passe de muleta pour Gómez del Pilar ! Par contre un très bon tercio de bâtonnets, saluts des banderilleros, bravo à la cuadrilla. Mais le mouchoir rouge pour les banderilles noires ne s’est pas détaché du palco. Une entière tombée, deux descabellos. Sifflets au tocard, ici bienvenus.
"Tito" Sandoval (Placido Sandoval Díez) avait son rond de serviette à Céret, présent lors des trois courses, piquero successivement de Joselillo, Girón et Gómez del Pilar.
Dans ces temps de "torerisme" galopant, oui au toro véritable. Mais à quoi bon l’héroïsme de toreros intrépides et vaillants pour de tels résultats. Quelles garanties avec ces toros qui n’assurent même plus le prestige passé ?
J’ai eu comme une désagréable impression, à savoir, si nous ne nous sommes pas fait rouler dans la farine pour cette feria. Le 14 juillet 2020, je resterai sagement sur les bords de l’Atlantique. Quitte à prendre la marée !…
Gilbert LAMARQUE
Reportage photos, Christian SLOMA. Un grand merci à notre ami beaucairois.