FERIA DE LA MADELEINE. IV.
Le désastre de trop…
Samedi 18h, la cabane est tombée sur le chien de la finca d’El Grullo et, cette fois si, je crois bien que le chien est mort.
Quoi dire de cette course ? No se.
Vous parler des toros ? Nous n’en avons pas vu. Mis à part le cinquième, le reste de la camada est sorti sans race, "décasté" complet, sans fond et sans force. Un lot hétérogène tant en trapío qu’en présentation. Le second sort avec la corne droite explosée, contesté par le public il est changé, le troisième sort de la pique en boitant, le deuxième de remplacement chancelle avant le coup d’épée si bien qu’Emilio doit le maintenir debout pour le tuer, et, le reste du lot arrive à la muleta parado et sans force. Bref… Una morucha !
C'est bien pour une ganaderia de produire beaucoup de toros encore ne faut-il en pas produire trop...
Les toreros ont fait face à cette adversité chacun à leur manière.
Paco Ureña compose une faena de muleta aux planches sans grand intérêt à son premier. Entière légèrement caída, silence. Avec son second il essaye et allonge désespérément un travail de muleta ennuyeux. Il en termine, enfin, avec un vilain mete y saca suivi d’un ¾ de lame basse, nouveau silence.
Emilio de Justo voit son premier sortir avec la corne droite explosée, changement. Suite à une erreur de casting concernant l’annonce de sortie du sobrero et moult palabres dans le callejón, le n°45 dont on ne connaitra jamais le nom sort, pousse bien au cheval à la première rencontre et, fin de l'histoire. Après l’avoir maintenu debout pour le tuer, il s’en débarrasse d’une demie et quelques descabellos. Silence. Son second, le meilleur de l’envoi prend une première pique très mal administrée en poussant. Débâcle aux banderilles puis, il brinde au public une faena entamée par doblones en gagnant le centre du ruedo. Sa muleta autoritaire lui permet de régler le désordre de la charge, il sert une faena complète sur les deux bords à ce toro qui «demandait les papiers». Malheureux avec la rapière, il perd la récompense méritée. Salut au centre.
Gines Marin a le mérite de citer son premier de loin dans des séries courtes sur les deux rives tout en restant sur les bordures. Desplante inapproprié avant quelques bernardinas bousculées suivies d’une grosse entière en place foudroyante. Pétition et oreille. Avec son second, hormis le grand coup d’épée foudroyant final, rien de nouveau sur la ligne bleue des Vosges… Silence.
Deux heures quarante cinq d’un ennui profond, de désespérance, d’un public tellement anesthésié qu’il ne réagit plus, d’une afición qui change et de questionnement sur l’avenir…
Allez, haut les cœurs, mañana otra dia sera, ou pas.
Nocturne montoise : Confirmation des craintes.
Vingt deux heures, repositionnement de notre séant sur le béton des gradins. Il faut en vouloir.
Présentation française de la ganaderia franco-espagnole Ave Maria. Une constante s’impose sur le lot de novillos présentés ce jour. De la race, de la caste un peu, mais pas de fond. L’ensemble du lot s’est arrêté en début de faena pour aller chercher refuge aux planches.
Les novilleros ont été chacun à leur niveau respectif. Cada uno en su sitio.
Tibo Garcia a le mérite de canaliser un novillo violent et brusque. Il garde le sitio jusqu’à la bousculade. Très malheureux avec l’épée, il entend un avis avant le silence.
El Galo et sa tauromachie sud-américaine. De l’esbroufe aux banderilles, itou au drapelet jusqu’à la grosse voltereta. Il tue mal avec une entière intercostale au troisième essai suivi d’une farandole de descabellos. Avis et silence.
El Rafi a fait étalage de tout son métier face à un animal parado qui finit aux planches. Grand coup d’estoc engagé, en place et efficace. Avis, pétition et oreille.
El Kike chanceux au sorteo, combat le novillo le plus intéressant du lot. Ce garçon a le sitio, mais il lui manque la planta, la ceinture, le poignet et tout le reste. Faenita gentille terminée par des naturelles de face et une entière basse. Avis, pétition et… oreille.
J.B. Molas : Mauvais tercio de pique, brega lamentable aux banderilles, il entame sa faena de belle manière par doblones vers le centre. Dans le sitio à la muleta il le perd un peu à gauche où il se fait débordé au troisième muletazo et visite un peu la piste. Entière delantera efficace, avis et salut en centre.
Yon Lamothe n’a quant à lui pas eu de chance en tirant le plus mauvais du lot. Bien essayé mais, il faut être deux et ce soir, il était tout seul. Suerte de matar délicate, quelques applaudissements et sifflets à l’arrastre.
Ainsi se termine ce "marathon taurin".
Comment décrire l’état d’esprit dans lequel nous sortons du Plumaçon ? Saturés, désabusés, désespérés, un peu en colère et surtout très inquiets pour l’avenir de notre passion.
Patrick SOUX.