FERIA DE LA MADELEINE. V.
Dernière de feria
Prendrait-on l’aficionado pour un lapin de six semaines ?
Certes, le Plumaçon n’est pas Las Ventas ni Vista Alegre ni Pampelune, cependant ses aficionados n’en sont pas moins respectables. Or, ce n’est pas avec ce défilé de « sardines » en provenance d’Estrémadure que les codes de la tauromachie ont été respectés.
Les poids ne sont pas affichés mais, je suis presque convaincu que trois « toros » sur les six combattus ne faisaient pas le poids règlementaire d’une arène de première catégorie. Je veux bien entendre tous les arguments développés ici et là par les personnes en charges de l’organisation, encore faut-il qu’ils soient crédibles. Si comme ils disent, les animaux avaient perdu du poids depuis l’embarquement, ils seraient sortis efflanqués mais, ils auraient conservé le trapío, or le premier, le dernier (sobrero) et à moindre échelle le troisième sont sortis anovillados y avacados.
Je vous le dit : Il faut arrêter de nous prendre pour des lapins de six semaines !
Cette corrida a commencé sous la contestation du public avec ce premier anovillado, pour continuer avec le troisième guère plus lourd et se terminer par ce dernier traînant des pattes arrières, contesté et remplacé par une sardine nommée Bohonero n°29 né en décembre 2014. Cette sortie a provoqué un début d’émeute et, c’est sous les airs des lampions, d’ "Intervilles", que sont montés des slogans « commission démission, billets remboursés, merci Marie ». De telles manifestations ne s’étaient pas produites dans l’enceinte du Plumaçon depuis 2008 !
Le temps n’est peut être pas encore venu (quoi que), mais il y aura forcément explications entre toutes les parties concernées, que chacun prenne ses responsabilités, les assume et je suis sûrement naïf mais, l’aficionado payeur ne mériterait-il pas ce qui pourrait être des excuses ou pour le moins un mea culpa ?
Pour le moins, tout n’est pas à jeter. Hormis le gabarit et la faiblesse générale, les 1, 2, 3 et 6 sont sortis avec le moral de l’albaserrada, le 4 débordait de noblesse et le cinq, de sentido.
Octavio Chacón ne peut rien lier devant son faible premier qui se défend et s’avise. Mauvaise épée, silence. Avec son second qui déborde de noblesse et qui charge recta, le museau au ras du sable Octavio reste un peu en dessous et sur les bordures. Bajonazo, petite pétition et vuelta.
Javier Cortés a été l’homme de l’après-midi. Bon lidiador, il a réussi à maîtriser et à dominer le violent et compliqué premier en se croisant parfaitement, muleta basse. Son second, plein de sentido lui a mené la vie dure et il a eu le mérite de s’arrimer et… de sauver sa peau. Il est dommage que ses épées défectueuses l’aient privé des trophées mérités.
Juan Leal n'a pas été gâté par le sorteo. Avec son premier novillo, il s’est attaché à faire du mieux qu’il pouvait vu la faiblesse de son opposant. Une entière plate et arrière lui permet de saluer au centre. Face à son second, il est impossible de parler de son trasteo tant il a été perturbé par l’ire générale qui tombait des gradins.
Pour reprendre l’introduction de mon ami Gilbert dans sa reseña de la première de feria :
"Elle chantera seule le Pobre de mi, ne lui restant plus qu’à ramasser les gobelets poisseux jetés sur le pavé… "et les coussins dans le ruedo". Pauvre Madeleine !
C’est comme Noël un 26 décembre ! »
En aura-t-elle la force et le courage ?
Quant à nous, il ne nous reste plus qu’à la prier et la supplier afin que sa fête soit meilleure l’an prochain.
Patrick SOUX.