BAYONNE. 14 AOÛT
NSP. 11H. Première demi-finale du concours des novilladas. 1/4 d’arène.
2 erales de La Espera (1 et 4) et 2 erales de Casanueva (2 et 3), tous donnant du jeu, bien présentés, des armures soignées pour ce type de spectacle, nobles.
La Espera 1/ Casanueva 1
Jesús Moreno
nous livre un bon capoteo avec le premier de La Espera qui chute à plusieurs reprises. Séries des deux mains, flanelle souvent accrochée. Entière en arrière et de côté, descabellos. Silence.
Christian Parejo
hérite du premier Casanueva à la jolie robe, applaudi à la sortie. Bonne attaque à la cape mais un excès de confiance et voltereta à la fin de la série de véroniques. L’eral suit bien le banderillero. La muleta bien menée des tablas au centre. Le Casanueva vif avec un retour rapide est dominateur. Parejo vaillant mais brouillon, souvent bousculé, subit une voltereta sans conséquence. Un tiers de lame, mort longue. L’astado méritait une autre faena avec un jeune plus aguerri. Salut aux tiers.
Tristan
reçoit le second Casanueva de rodillas avec une cape dominatrice. Très à l’aise aux palos, il exécute un bon quiebro. Des passes inversées au centre du rond, sourire aux lèvres, Tristan nous propose une faena intelligente adaptée à ce cornu un peu faible manquant de transmission. Trasteo varié, entière traversante, oreille et vuelta pour le pupille de Guillaume Bats (à laquelle j’associe le précédent), le novillero invite le ganadero pour un tour de ruedo fêté.
Antonio Magaña
conclue la matinée avec le second de La Espera qu’il banderille sans grand art. Brindis à Olivier Baratchart. La muleta est électrique et l’eral fléchit quelque peu. Le garçon jette systématiquement l’animal vers l’extérieur en fin de passe et compte quelques volteretas. Entière efficace, oreille et vuelta au torito avec Jean-François Majesté.
Le prix de la meilleure estocade à A. Magaña, meilleure lidia pour Tristan, le prix du courage pour C. Parejo et la meilleure faena pour Tristan.
Voici donc Tristan qualifié pour la finale de septembre.
Matinée agréable.
CORRIDA GOYESQUE. 19H. Daniel Luque unique espada. 1/2 arène. Ciel voilé, le bleu sur le sable.
Deux toros de Torrestrella, Fanatico (1) et Pocasperras (4), deux de Pedraza de Yeltes, Joyito (2) et Mironcillo (5), un du Puerto de San Lorenzo, Malvarrosa (3) et un sobrero de La Ventana del Puerto (6 bis), Dulcero.
Et soudain un Pedraza…
Daniel Luque collectionne de nombreux souvenirs et de bons moments à Lachepaillet : 11 corridas, 21 oreilles et 7 sorties a hombros.
Cette tarde est une suite majeure pour la collection, à savoir : 4 oreilles et une queue et toute notre sympathie.
Le maestro de Gerena est certainement le torero de Lachepaillet malgré une décevante demi-arène.
Pourtant tout a commencé mollement avec le Torrestrella de 569 kg. Une pique, une chute équestre, des chicuelinas au centre, un tercio de banderilles bien réglé, des séries des deux mains, un toro vidé. Entière ladeada, oreille tout de même.
Le Pedraza qui suit, 522 kg, est mal piqué par trois fois. Trois séries de derechazos, des naturelles moins évidentes mais toujours dans le terrain du bicho. A recibir, un mete y saca dans le flanc, hémorragie, salut.
Malvarrosa du Puerto, 534 kg, negro, subit deux piques médiocres et un tercio de banderilles guère mieux mais le toro également responsable de ce piètre spectacle se découvre sous la muleta experte et technique de Luque. Les séries s’enchaînent, "templées", la main basse, le Puerto baissant bien le chef ; un bon toro de 3e tiers, une faena allant a mas. Entière en place, oreille. Premier vrai moment d’intérêt.
Peu de détails retenus avec le second Torrestrella né en novembre 2013. Une muleta qui pèse sur le toro, une entière adroite, silence.
Le second vrai et grand moment avec Mironcillo, le Pedraza né lui aussi en novembre 2013, un colorado de 633 kg ! Mais qui les portait bien (haut et long). Un tercio de varas mouvementé, batacazos, le toro s'élançant de l'autre bout de la piste pour la troisième rencontre ; ovation au piquero J. Francisco Peña Serrano. Marco Leal saluant après deux excellentes paires de bâtonnets. Daniel entame de muleta des tablas aux rayas, la main basse. Derechazos relâchés, abandonnés, les naturelles idem. Tout a gusto, torero, toro et le Concerto d’Aranjuez « exécuté » sobrement par le quartet de David Rachet, un moment rare.
Puis vers les tablas du toril, des passes inversées dans un mouchoir, pieds vissés sur le sable bleu (Miró oblige). Luquesinas de terminaison, un bonheur. 3/4 d’acier en place, mort longue mais poignante : 2 oreilles et la queue, vuelta pour Mironcillo, le colorado de Pedraza transpirant de caste mais finissant aux planches.
Dulcero, sobrero de la Ventana del Puerto ne nous fera pas oublier ce grand moment de la tarde. Violent sous le cheval, Juan Contreras salue aux palos. Le toro toujours aussi brutal distribue des coups de tête avec générosité. C’est désordonné mais Daniel ne rompt pas. Entière, silence.
Quatorze piques et la cavalerie Heyral à la peine.
Les Pedraza toujours présents au tercio de varas.
Président, Bernard Peytrin du Cercle Taurin Bayonnais.
Sobresalientes : Jérémy Banti et Miguel Angel Sanchez Pascual, ils défilèrent...
Tous, du président aux areneros en habits goyesques (très peu de broderies et aucune paillettes). Seul Daniel Luque brilla, excellent lidiador, poderoso, artiste, technicien.
Pas de bleu à l’âme, mais des bleus en piste inspirés de Miró, des bleus éphémères.
Seul le solo du torero sévillan ancré dans nos rétines pour, si ce n’est pas pour l’éternité, certainement pas pour un instant éphémère.
Gilbert LAMARQUE