DAX. DIMANCHE 18 AOÛT
Dernière de feria
Sans forfanterie, pour parler haut et clair, je peux dire que "Hablaclaro", ultime toro sorti des chiqueros a sauvé la feria dacquoise.
Les six Santiago Domecq, andalous de Jerez de la Frontera, mâtinés de Juan Pedro Domecq, Jandilla et Torrestrella ont amené dans le ruedo dacquois l’émotion nécessaire à une course entretenue. Bien présentés et armés, ils avaient de la caste, de la race et une noblesse piquante. Seule leur bravoure déficiente nous a privés de premiers tiers intéressants. De plus, des lidias déficientes ont contribué à son mauvais déroulement, deux toros prenant des puyas au toril.
Des toros intéressants pour l’aficionado, mais des toros qu’il fallait toréer. Le manque de technique des piétons ne leur a pas permis de se hisser à la hauteur de leurs adversaires.
Juan Ortega
Venu en remplacement de Tomás Campos blessé, Juan Ortega ne restera pas dans la mémoire collective. Il débute ses deux faenas en doublant bien ses adversaires gagnant le terrain, mais par la suite tout se complique. Il ne se croise pas et les toros prennent le commandement. S’en suit une kyrielle de reculades durant lesquelles il visitera le ruedo. Seule est à noter une série main gauche en fin de faena avec son second toro affaibli, en se croisant un peu plus. Des mises à mort aléatoires, un avis et deux silences.
Álvaro Lorenzo
en découd avec un premier qui pousse sur la première pique administrée dans l’épaule. Bien débutée par le bas, la faena, mis à part la première série droitière, va a menos en même temps que le toro va a mas. Entendez par là qu’Alvaro reste trop marginal et l’animal prend le dessus. Une entière basse lui permet de couper une oreille non convaincante. Son second prend également une première pique sur laquelle il pousse et une seconde dont il sort seul. Le type de manso con casta, le genre de toro qu’il faut toréer avec autorité. Las, Alvaro avait dû l’oublier à l’hôtel. Par manque de dominio, c’est "Conspirator", mobile et "encasté" qui mène les débats... En faisant bien les choses, il aurait dû rejoindre le desoladero sans ses oreilles. Défaillant avec l’estoc, il entend sonner deux avis et le silence qui suit.
Ginés Marín
arrive en terre dacquoise auréolé de son indulto sur "Lebrero" l’an dernier. Même élevage, même lieu, même torero…
Son premier opposant, mal "lidié" au premier tiers, échappe au maestro et prend une première vilaine pique, de nouveau laissé à son sort, il en prend une deuxième au toril. Faute de se croiser avec la flanelle, il est averti par deux fois et le changement de rive ne résoudra pas les problèmes. Ce sacré "Sacristan" l’a vu et Ginés écourte pour entrer une lame entière engagée au deuxième envoi qui l’autorise à saluer. L’ultime, "Hablaclaro", lui permet un capoteo de bonne facture, prend une première pique trasera sur laquelle il met bien les reins et une seconde moins intense. Le maestro s’avance au centre, "brinde" la mort de son adversaire au conclave et entame son trasteo par une énorme série main droite qui fait lever les gradins. La suite est faite de passes où l’animal est conduit parfaitement, muleta en bas, dans le sitio, faena intense sur un toro qui boit la muleta jusqu’à plus soif. Une entière légèrement caídita efficace en point d’orgue fait tomber du palco les deux oreilles méritées et honore le valeureux combattant d’une vuelta al ruedo.
Passé la première excitation de ce triomphe, je repense à "Lebrero" gracié l’an passé et, je me pose la question : "Hablaclaro" n’a-t-il pas été supérieur à son frère? Plus de caste, plus de piquant, autant de moteur, voire plus…
Heureux Dacquois qui terminent leur feria sur un tel succès.
Arènes de Dax, température fraîche, ciel couvert et menaçant qui aura la gentillesse d’attendre la fin de l’Agur avant que de déverser quelques « larmichettes ».
Lleno jusqu’en haut du toit.
6 toros de Santiago Domecq, excellent le 6.
Juan Ortega : silence et silence.
Álvaro Lorenzo : oreille et deux avis et silence.
Ginés Marín : salut et deux oreilles.
Vuelta al ruedo du sixième.
Président : Franck Lanati.
Patrick SOUX