BAYONNE. FERIA DE L’ATLANTIQUE - 3
1er septembre matinée. Une découverte, Tomás Rufo.
Tout juste un quart d’arène, désolant car ce même élevage de Los Maños avait offert la veille, un bon toro "lidié" par Adrien Salenc, et l’année passée, une belle novillada. Si ce ne fut pas un grand lot, ce fut un bon lot mais pauvrement armés, les novillos sortant des chiqueros avec certaines pointes abîmées. Manquant parfois de force, peu spectaculaire sous le peto, ils se montrèrent nobles mais sans l’étincelle qui rajoute de l’intérêt au spectacle, donnant du jeu toutefois, le 4 et le 6 sortirent du lot. L’élevage aragonais foulait le sable de Lachepaillet pour la quatrième année consécutive, confiance donc des organisateurs bayonnais. Un dimanche placé sous le signe Santa Coloma avec un encierro de toros de La Quinta pour conclure cette feria de l’Atlantique. Tomás Rufo, récent triomphateur des novilladas de Madrid, remplaçait le Valencien Borja Collado si prometteur ayant mis fin à sa courte carrière.
Et c’est lui,
Tomás Rufo
(oreille et vuelta) qui montra le plus d’intérêt par son autorité sans fioritures. Il fut sobre sur le 2 reçu joliment par véroniques et la faena des deux mains s’effectua agréablement avec un bicho franc. Il tua d’une entière caídita, une légère pétition de vuelta du novillo s’évapora vers le ciel gris.
Au 5, après une belle mise en suerte pour deux piques passables, il "brinda" à Román tout en haut des tendidos. Rapidement accroché, il n’eut guère le temps d’étaler ses qualités à la muleta. Il revint de l’infirmerie après de longues minutes, sans chaquetilla, souffrant visiblement de l’épaule droite, le teint pâle. Après quelques séries méritoires… de derechazos, il fut mis en échec aux aciers.
Élégant mais trop distant,
El Rafi
(avis, ovation et oreille) resta en deçà. Le 1 fut intéressant lors des banderilles. Par la suite, le mufle rasant le sable, il fut mal exploité. Il y eut de bons muletazos mais souvent précipités, la muleta quelques fois tutoyée. Il ne s’engagea pas à l’épée et livra toutes une série de pinchazos, le bicho mourant bouche cousue.
Le 4 est un beau spécimen vêtu d’une magnifique robe mais d’armures très discrètes qui montra beaucoup d’alegria lors des deux piques. L’animal est noble, juste de force et le Nîmois en demande trop et à trop vouloir briller, le tout se termina chichement.
Manuel Diosleguarde
(oreille et oreille) réalisa de belles véroniques après la course effrénée du 3 qui n’avait rien à envier à Usain Bolt. Notre sprinter fut accueilli par quelques protestations pour l’état de ses cornes. Un peu faible, il eut un bon comportement aux banderilles mais après l’acupuncture au cheval, Manuel joua les infirmiers tout en restant lointain. Oreille !
Avec l’ultime possédant du moteur, le natif de Dios le Guarde (Salamanque) façonna des séries des deux mains, mais ces passes sans dominio sur un novillo partant aux planches, se terminèrent par un desplante ! Une nouvelle oreille et il invita le mayoral à saluer lors de la vuelta.
Le vainqueur de la matinée fut sans conteste Tomás Rufo qui marqua le public par sa maturité, la richesse de ses gestes et démontrant un grand courage après sa blessure.
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1er septembre tarde. Quatre nuances de gris.
Gris, le ciel. Gris, le moral. Grises, les robes. Gris, l’ennui.
17h30. Nuageux, le vent intermittent. En deçà d’1/3 d’arène.
6 toros de La Quinta, du cárdeno au cárdeno oscuro, en passant par le cárdeno coletero : gris, vous dis-je ! Présentés inégalement, et le moteur bridé.
Octavio Chacón
débute avec un « vieux beau », "Botella"… et il en a, puisque né en octobre 2013 (5 ans et 10 mois) et il le démontre dans son absence de charge. Le torero de Prado del Rey lui met sous les naseaux une muleta à mi-hauteur dont il se fiche royalement. Entière contraire dans un recibir / encuentro. Salut.
Le 4 reçoit deux piques bien administrées par Juan Esquivel ; les banderilleros Juan José Trujillo et Alberto Carrero saluent. Octavio est très long avec ce bicho noble mais qui s’étiole, chargeant au pas. Le torero loge une épée entière, plate. Salut.
Román
hérite de "Jaqueton", sans charge, l’ennui nous gagne, la tarde se plombe.
"Bailaor", le 5 ne danse pas longtemps, à la cape et puis c’est tout. Il met le piquero en mauvaise posture, désarçonné et s’éteint à la muleta. Dieu que c’est long !
Joaquín Galdós
se débat avec "Rabanito", manso con casta qui sort seul des trois rencontres chevalines. Ce diable de toro ne baissa jamais la tête, Galdós actif provoque la musique, suivent quelques séries des deux mains, doblones et redondos. Échec aux aciers. Salut.
"Galguero" possède un peu de caste volée on ne sait où. Il est violent sous le peto. Brindis à Román. La faena est relevée (un peu), le toro transmet, derechazos, pecho, puis la main gauche. Le Péruvien s’engage pour un estoconazo mais il subit une voltereta puis est repris au sol, la corne dans la cuisse droite (trois trajectoires). La sincérité ne paie pas. Ángel Gomez Escorial se dirige quelques instants plus tard vers l’infirmerie, l’oreille en main.
Chacón excellent chef de lidia, discret, précieux.
Décevante corrida, ces toros ne nous ferons pas oublier les "petits frères" du 15 août à Roquefort.
Gilbert LAMARQUE
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