LE CHEVAL DE CORRIDA - 5
«Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » Pascal.
C’est par cette citation que s’ouvre cet excellent livre de Pierre Sansot, Du bon usage de la lenteur, lu à l’automne 1998 et qui m’est revenu à la mémoire comme une évidence. Voici un livre d’actualité. La lenteur exige que nous donnions au temps toutes ses chances et laissions respirer notre âme à travers la flânerie, l’écriture, l’écoute et le repos.
Pierre Sansot donne, dans cet essai, quelques conseils concernant une politique de la ville, un certain emploi de la culture et un certain usage des sens.
… « Des arbres centenaires accomplissaient leur destinée siècle après siècle et une telle lenteur avoisinait l’éternité. »
"Moderato cantabile"… aujourd’hui, plus de mesure que de modération, subtil.
LE CHEVAL DE CORRIDA
5e partie : les différents règlements.
Dans le règlement de 1848, « Au moins trente chevaux doivent être présenté la veille de la course. Ils doivent être de taille et de force suffisante. Les chevaux et surtout les harnais doivent être en bon état. Tout défaut constaté est passible d’une amende. Si un cheval n’est pas jugé conforme, le fournisseur de chevaux a jusqu’au matin de la course pour en présenter un autre. Jusqu’à la fin de la course, il devra y avoir en permanence, six chevaux sellés dans le patio de caballos. » Règlement combien de fois bafoué ?
Dans les différents règlements suivants, ne sont traités que les articles concernant les chevaux
Le règlement de 1930, le premier après la mise en service du peto, stipule :
- Quatre chevaux par taureau sont nécessaires (deux de moins qu’en 1917. On peut penser que le caparaçon fait son office). La taille minimale du coursier est remontée à 1,74 m et on instaure un poids minimal de 450 kilos. Cette augmentation de "format" du cheval est nécessaire pour supporter l’importante protection. En 1953, la présence d’une bascule devient d’ailleurs obligatoire dans les plazas de Madrid, Barcelone et Séville.
- Le contrôle des chevaux portant sur la résistance, la docilité et la maniabilité, est affectée par les deux vétérinaires de service. Les chevaux retenus se verront remettre un collier rouge portant un scellé métallique, ôté à la fin du spectacle.
- Le bandage des yeux est interdit, le bandage de l’œil droit est ordonné.
- Les picadors (qui ne peuvent refuser un cheval préalablement accepté par les vétérinaires) choisissent par ordre d’ancienneté, quatre chevaux : deux qui leur sont propres et deux pour la communauté des picadors.
…
- Dans le patio, en permanence, douze chevaux doivent être prêts, sellés et bridés.
…
- Si un cheval est touché à l’abdomen ou si ses blessures sont répugnantes pour le public, il sera conduit dans le patio où il sera "puntillé" sur ordre des vétérinaires.
Le règlement de 1962 :
- Huit chevaux pour toute la course. Taille minimale de 1, 47 m, poids minimum, 450 kilos en corrida et 400 en novillada.
- L’article 47 précise que seul l’œil droit du cheval doit être bandé, mesure jamais appliquée.
- Poids maximal du peto, 25 kilos, avec une tolérance de 5 kilos.
Le règlement de 1992 :
- Sept chevaux doivent être présentés 24 heures avant la course. Taille minimale, 1, 45 m au garrot et poids égal à 450 kilos.
- Poids maximal du caparaçon, 40 kilos (il y a inflation !).
- Si un cheval est gravement blessé, il sera retiré et soigné en urgence.
Le règlement de 1996 :
- Six chevaux pour les arènes de première catégorie et seulement quatre pour les autres arènes et pour les novilladas.
- Les chevaux doivent être présentés avant 10 heures le matin de la course, seulement trois heures avant le début pour les arènes démontables.
- L’efficacité du caparaçon a fait ses preuves, on instaure un poids maximum : le cheval doit peser entre 500 et 600 kilos que l’on soit face à des toros ou des novillos. On vérifie également la docilité et pour la première fois, la mobilité.
- Le poids maximal du peto passe quant à lui à 30 kilos (on se résonne).
- Seul le bandage de l’œil droit est autorisé.
Ce règlement est le premier à prohiber « toute mesure visant à modifier artificiellement le comportement des chevaux de piques ». L’Ordre Royal du 7 juillet 1997, en précise les modalités de répression. Sur conseil des vétérinaires de service, le Président pourra ordonner le contrôle d’un ou plusieurs chevaux dont l’attitude aurait été « suspecte » durant l’office. Ce contrôle antidopage, réalisé immédiatement après la fin de la course, vise à détecter la présence de molécules médicamenteuses sur échantillons de sang et d’urine prélevés en double exemplaires au cas où une contre-analyse serait nécessaire.
Puis vient le règlement de 2005, encore en application aujourd’hui qui fait l’objet de constantes mises à jour.
Le règlement andalou, en 2005, novateur tente de résoudre certains points sensibles. Il se démarque sur :
- Le poids du groupe équestre : les chevaux pèseront désormais entre 450 et 600 kilos en corrida et entre 450 et 500 en novillada. Cette disposition a cependant été menacée par la suite : face à des toros de plus de 600 kilos, les chevaux pourront eux aussi dépasser les 600 kilos. Ce sont les picadors à l’origine de cet amendement. Le poids du peto est réduit de 5 kilos.
Le règlement taurin municipal français de 2005 (mis à jour en 2007) reprend, concernant le cheval, les différents points du règlement espagnol.
… à suivre
Gilbert lamarque