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LE CHEVAL DE CORRIDA - 7

Publié le par Cositas de toros

      La propagation du virus a été facilitée par l’intensité de nos échanges modernes née de la « mondialisation libérale ». Mais la mondialisation a bon dos, un seul malade suffit à contaminer un pays, un continent à la vitesse de la lumière. Et par le passé, en absence de « mondialisation », les virus se propageaient aussi, avec des pertes humaines très supérieures ; la Grande Peste ou Peste Noire qui tua 30 à 50 % des Européens en cinq ans (1347-1352), environ 25 millions de victimes, une bagatelle ; autre futilité, la Grippe Espagnole en 1918 qui, venant des États-Unis prit le qualificatif d’« espagnole », logique – ces Ricains qui n’assument pas – , emporta 20 à 50 millions d’humains, large fourchette.

 

 

     Tous ces disparus par la faute de gouvernements irresponsables qui n’avaient pas anticipé les stocks ni de gants, ni de masques, ni de tests, ni de solutions hydroalcooliques !

 

"N'oublions pas que le nombre de morts à ce jour, dûs au Covid-19 pour la totalité de la planète, est égal au nombre de morts fait, en 2 jours, par la faim et la pollution en temps normal..." Aurélien Barrau, astrophysicien.

Alors de quoi nous plaignons-nous ?

 

Mais avant l’Apocalypse, nous vous proposons la fameuse fable du non moins fameux Jean de La Fontaine, Les animaux malades de la peste que vous retrouverez à la fin de ce premier chapitre consacré au cheval de corrida dans l’art.

 

 

                         LE CHEVAL DE CORRIDA

 

7e partie : le cheval de corrida dans l’art. Chapitre 1 : généralités.

 

     Il n’est pas surprenant que l’introduction du caparaçon ait été suivie de près par le retour de la corrida de rejón dans les arènes espagnoles comme s’il s’agissait de redonner un rôle essentiel au cheval et de combler l’absence relative de mouvement dans la corrida à pied. Les peintres pourtant n’en voulurent rien savoir, et ils s’obstinèrent à confondre art tauromachique et tercio de pique effectué sans peto, confortés par le fait que le filtre de la représentation graphique évacue en grande partie les conséquences répugnantes de l’action véritable.

Les artistes semblent jeter le voile sur l’armure protectrice qu’ils tiennent peut-être pour une insulte à la fête des toros.

C’est le cas de Picasso, de Braque et de bien d’autres.

 

 

     On ne trouverait à la rigueur qu’une exception avec Botero, mais il faut admettre que le peintre colombien trouve en la circonstance l’occasion rêvée d’ajouter un peu plus d’embonpoint à son habituel système stylistique.

C’est depuis l’avènement des Bourbons que les œuvres plastiques consacrées à la tauromachie commencèrent à représenter de façon quasi obsessionnelle le  picador plébéien monté sur sa pauvre haridelle et les tourments qu’il endure. Alors que le rejoneo en mouvement des nobles cavaliers n’avait pratiquement fait l’objet que de gravures à caractère plus ou moins informatif, le travail du varilarguero devenait un thème récurrent pour des plasticiens soucieux de toucher les amateurs d’art. Ils trouvaient ainsi l’occasion d’agrandir leur palette, eux qui s’étaient limités jusqu’alors à faire le portrait statique des couples cavalier/cheval.

 

Le thème de la corrida a attiré plusieurs artistes, mais c’est souvent dans le but d’illustrer l’ambiance d’une arène ou d’une place de village à l’occasion d’une capea, la mort du torero, la préparation du taureau à la mort, et bien sûr l’inévitable confrontation avec le picador.

Alors que les portraits de toreros sont légion, la figuration des passes de cape ou de muleta n’a trouvé sa voie que récemment, sans doute parce que l’art pictural tend à se conceptualiser toujours davantage. La représentation du cheval reste le parent pauvre. Le cheval et le taureau sont le plus souvent pensés en termes d’opposition, et le taureau reste le « roi » de l’arène, le cheval, l’outil.

 

J. Gutiérrez de la Vega, El rejoneador en la Plaza de Seville. 1850.

 

     La peinture de Gutiérrez de la Vega exalte le rejoneador paradant dans les arènes de Séville, et non en train de toréer. L’artiste ne songe nullement à valoriser un élément du couple plus que l’autre. Avec l’arrivée de la corrida à pied, s’il est vrai que les nouveaux héros, matadors ou picadors, vont faire l’objet de portraits, dont certains très célèbres, il ne sera plus fait la moindre allusion au cheval. Celui-ci ne sera paradoxalement représenté qu’en action, sorte d’hommage ultime pour l’animal voué à mourir sans faire d’éclat.

Les corridas royales connurent leur apogée sous le règne de Philippe IV (1621-1665), au moment même où le Sévillan Diego Velázquez est peintre du roi : il n’a cependant, à notre connaissance, représenté aucune scène de tauromachie, par contre beaucoup de scènes de chasse. On ne peut expliquer cette absence de thèmes taurins que par une certaine répugnance envers les spectacles sanglants qui furent célébrés sur la Plaza Mayor mais aussi à l’Alcazar et dans le Buen Retiro, le palais de délassement des monarques aux environs de Madrid.

 

… à suivre

                                                                                        Gilbert Lamarque

 

… et pour ceux qui le souhaitent…

 

 

               Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Âne vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

 

 

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