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LES FAMILLES DANS LE TOREO

Publié le par Cositas de toros

 

     Bien souvent, les toreros sont issus du monde de l’arène ou des corporations voisines.

Du XVIIe siècle, de Pepe Hillo au monde contemporain, de Diego Puerta, "Paquirri", les abattoirs jouèrent un rôle prépondérant. Nombreux sont ces toreros dont le père fut employé de l’abattoir ou le concierge des lieux.

D’autres, comme "Antoñete", étaient fils de concierge des arènes ou bien, fils de mayoral tel Marcial Lalanda.

Encore plus près du ruedo, carrément sur le sable, ils furent nombreux ceux dont le père était banderillero, subalterne ou même torero de peu de renom, ex-novillero, Paco Camino fils d’un humble novillero, par exemple.

Quelques exceptions dont Luis Miguel Domínguin et ses frères, et Antonio Ordoñez dont les pères furent plus que d’honnêtes matadors, Domingo Gonzalez Mateos pour le premier, Cayetano Ordoñez "Niño de la Palma" pour le second.

Plus près de nous encore, José Mari Manzanarez et son fils, hélas décevant. Les juniors Camino, Litri, Terruel, etc, restèrent bien en deçà des capacités et aptitudes de leur géniteur.

 

     Après avoir, il y a quelques temps, dépoussiéré la carrière des frères Julian et Isidro Marín Arnedo de Tudela, inconnus de la plupart d’entre nous, nous vous proposons à partir de ce jour, une virée dans les familles, voire dans les dynasties du toreo, pères, fils, frères, cousins, beaux-frères. Seul, le Saint-Esprit ne sera pas traité ici.

 

 

UNE FAMILLE AUX RACINES ANDALOUSES, LES "LITRI" DE HUELVA

 

     Cest depuis un village très proche de Huelva, Palos de la Frontera, que le 3 août 1492, Christophe Colomb s’embarqua lors de son premier voyage pour ce qu’il pensait être les Indes.

C’est de Huelva que se forma la dynastie des "Litri" pour appareiller à la conquête de l’Empire taurin.

 

     Tout débuta avec Miguel Báez "El Mequi", très modeste torero né à Huelva dans la première moitié du XIXe siècle, disparu en 1863. Il était le contemporain des figuras, Francisco Arjona Herrera "Cuchares", Manuel Domínguez "Desperdicios". On retiendra qu’il est le père de Miguel Báez Quintero considéré comme le vrai fondateur de la dynastie des "Litri".

 

 

Miguel Baez Quintero

 

     Né à Huelva en 1869, Miguel Báez Quintero était torero par tradition suivant les traces de son père mort quand il avait 6 ans.

Il existe une anecdote le concernant qui raconte qu’un jour, il n’avait pas 13 ans, marchant dans un champ près de Huelva, ramassant un peu de foin, un toro attaqua son chien. Miguel le défendit avec un sac mais il s’emmêla les « pinceaux », le cornu lui infligeant une cornada superficielle à la cuisse droite dont le garçon mit peu de temps pour guérir : le baptême du sang avant d’être torero !

En 1885, il était banderillero puis les années suivantes, il connut le succès. Huelva ne possédait pas d’arènes, alors en raison de ses succès, il est décidé de construire une arène en bois. Elle fut inaugurée en 1889. Il reçut l’alternative à Séville, le 30 septembre 1893 des mains de "Bonarillo", toros d’Antonio Halcón. Il confirmera à Madrid quelques jours plus tard avec "Guerrita" comme parrain, "Lagartijo" comme témoin, toros du duc de Veragua.

 

 

 

     Il créa une société, le 23 janvier 1902 afin d’édifier une arène en dur qui est rapidement terminée, le 5 septembre de la même année. Pour l’inauguration, il combat, aux côtés de "Machaquito" des toros de Saltillo.

La réussite se raréfiant, à l’occasion des fêtes de Huelva, le 6 septembre 1911, il torée pour la dernière fois, en compagnie du vizcayen Cástor Jaureguibietia Ibarra "Cocherito de Bilbao" et de Francisco Martín Gómez  "Martín Vázquez", du bétail des héritiers de Julio Laffite, défavorisé par un réel embonpoint, le privant des premières places.

Il s’intéresse ensuite à la politique. Après la mort de son fils Manolito à Málaga, il perdit son épouse, la mère de ce dernier, l’année suivante en 1927. Qu’à cela ne tienne, il se remarie le 23 janvier 1928 avec… la fiancée de son fils, Angeles Espuny Lozan ! De ce nouveau mariage, il eut trois enfants dont, le 5 octobre 1930, Miguel Báez Espuny.

Il meurt le 14 janvier 1932 à l’âge de 62 ans.

 

 

Manuel Baez Gomez

 

     Manuel Báez Gómez est né à Huelva le 2 août 1904 (d’autres sources donnant le 3 août 1905 et Don Ventura assure que dans l’acte de baptême, son nom et prénom étaient Miguel Gómez Fernández).Torero vaillant, il est gravement blessé à Málaga, le 11 février 1926 recevant une cornada à la jambe droite par le toro "Extremeño" de Guadalest. La gravité de la blessure, le 17 février, oblige à l’amputation, mais il meurt le lendemain des suites de la gangrène. Il toréait en ce jour funeste avec Marcial Lalanda et "Zurito".

 

La cogida fatidique

 

     Il avait pris l’alternative à Séville, le 28 septembre 1925, parrain "Chicuelo", témoin Pablo Lalanda, toros de Moreno Santamaría. Il confirme le 9 octobre devant le fer de Villamarta, parrain Marcial Lalanda, témoin Nicanor Villalta. La compétition avec "Niño de la Palma", le père d’Antonio Ordoñez, s’annonçait captivante.

 

 

Miguel Baez Espuny

 

     Miguel Báez Espuny, demi-frère du précédent, est né à Gandia (Valence), le 5 octobre 1930. Il n’aura pas connu son frère Manolito. Il débute comme novillero à Valverde del Camino (Huelva) en 1947. Il forme avec Julio Aparicio, une pareja de novilleros au succès grandiose. Il toréa 114 novilladas en 1949 et 87 en 1950 ! Cette ascension fulgurante l’amène à prendre l’alternative rapidement, le 12 octobre 1950  à Valence des mains de Joaquin Rodríguez "Cagancho", toros d’Antonio Urquijo, et confirme la même année devant des bichos de Fermín Bohórquez, adoubé par Pepe Luis Vázquez et Antonio Bienvenida.

Au cours de sa carrière, il annonce plusieurs fois sa retirada. Il réapparaît en 1987 pour donner l’alternative à son fils à Nîmes.

Remarqué pour son courage, ses cites à très longue distance et auteur de nombreux desplantes, il est considéré comme le premier matador "trémendiste".

 

 

Miguel Baez Spinola

 

     Miguel Báez Spinola, fils du précédent est né à Madrid le 8 septembre 1968. Il commença à toréer en compagnie de deux autres fils de matadors célèbres : Rafael Camino, fils de Paco et Julio Aparicio, fils de Julio…

 

 

     La pareja formée par "Litri" et Rafi Camino remporta un vif succès jusqu’à l’alternative prise le même jour à Nîmes. C’était le 6 septembre 1987 pour la Feria des Vendanges, lleno assuré. Parrain, bien sûr, Papa, témoins Paco Camino et Rafael qui prend donc l’alternative au toro suivant de Jandilla.

Il confirma à Madrid, le 16 mai 1991, parrain Manzanarez (le père), témoin José Ortega Cano, toros de Juan Andrés Garzón. Il se coupe la coleta en 1998.

 

     Toute la descendance d’"El Mequi" a porté l’apodo de "Litri".

 

     La ganaderia Los Guateles, située à Cáceres, avait été acheté en 1995 par M. Báez Espuny, "Litri SA". En juin 2005, il vendit la majeure partie du bétail à Manuel Bajo. Désillusionné, Fernando Domecq l’encourage à continuer. En 2012, il achète des vaches du fer de Juan Pedro Domecq. Le fils, M. Báez Spinola était le représentant de la ganaderia depuis Huelva. Mais en 2014, Alberto Baillères, le richissime mexicain rachète Los Guateles et toute la propriété et ses 1400 hectares pour une somme approchant les 11 millions d’euros. Selon El Mundo, les "Litri" accumulent une fortune de 43 millions d’euros dans les diverses entreprises familiales.

La famille continuera à être liée au monde de la ruralité, ayant acquis la finca El Parral de 800 hectares dans la province de Badajos.

Muleta posée, Miguel Báez Spinola se montre pas maladroit en affaires et très présent dans les magazines people.

 

                                                                           Gilbert Lamarque

 

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