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LE ROI ET LE PRÉCIEUX RIDICULE

Publié le par Cositas de toros

LE ROI ET LE PRÉCIEUX RIDICULE

 

    Personnellement je ne suis pas friand des corridas télévisées. De notre salon, nous sommes bien loin de l’action, de l’ambiance, des rumeurs, clameurs, effluves grappillés sur les tendidos… La tauromachie mérite le direct instantané depuis les gradins. À la TV, ce sont les cameramen qui recherchent l’art, d’où les gros plans sans intérêt qui vous privent de juger des terrains, des placements, vous lèse parfois de l’action. Et cette pub, terrible à chaque arrastre !

Bref, ce samedi 1er août, j’ai failli à la règle. 20H45, Andalucia TV pour la corrida d’Estepona, première de la temporada en Andalousie avec le retour de Salvador Vega dont Cositas vous a entretenu vendredi dernier 31 juillet, avec Cayetano et le prometteur Pablo Aguado ; les toros de Luis Algarra plutôt vus pour ma part comme le bât qui blesse…

… Consternation ! Nous sommes en direct d’Osuna

 

 

pour la corrida mixte avec Diego Ventura "le n°1 del arte del toreo", le roi Ponce "n°1" de la torería" et Javier Conde sans numéro… Aie ! Toros de Julio de la Puerta.

 

 

Bon, Fort Boyard sur la 2, commissaire Magellan sur la 3… sur RMC, Colombo, épisode de 1990 – Ponce avait 19 ans –.

Andalucia TV, les volubiles, excessifs et péroreurs Ruiz Miguel et Enrique Romero vous invitent à la surconsommation de Paracétamol.

Ponce, plus que jamais le cheveu noir corbeau, Conde le costard aussi sombre que sa chevelure brillantinée, ces deux cavaliers de l’apocalypse vont combler ma soirée mais pas mon bonheur.

Diego Ventura combat les toros de sa ganaderia : affaire de famille, des comptes à régler sans doute. Il a occis proprement son premier pupille, deux oreilles.

Pub.

Un toro cornalón pour Enrique (lie de vin)... y la media. Une pique y el quite con la media. Brindando al público. Molinetes, naturelles et el cantaor : flamenco ¡ ole ! Redondos, pechomolinetes y música par la banda d’Osuna, fioritures et pinchazo, demie, oreille.

Pub.

Javier el Malagueño face à un toro suelto, snobant la cape, sifflets. Deux rencontres chevalines en sortant seul. Le marathonien s’aère sur un nombre faramineux de coups de capote. Javier garde la distanciation sociale et entame quelques replis, s’en va chercher la rapière, sifflets. Mise à mort navrante, sifflets, desconfiado el diestro ! une entière au second "assaut" en empruntant la quatre voies… descabellos, silence.

« J’aborde la temporada con ilusión y muchas ganas », Enrique au micro de la brunette dépêchée au callejón.

Pub.

Diego bis, … descabello d’école : oreille.

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Second bicho pour "la catedral del toreo". Le quinto plus lourd mais qui répète dans le capote, bien piqué par José Palomares en deux escarmouches. Muletazos main droite con temple, une deuxième série puis changement de main, naturelles, derechazos et le cantaor, toujours. Public a gusto. Après le flamenco, "Nerva" par la banda. Main gauche, Ponce affûté, souriant, plaisantant, le regard dirigé vers le callejón, transpirant à grosses gouttes aussi… Une entière hasta la bola, dont l’exécution est cousine du "julipié", un carré ou une quinte de descabellos, je ne sais plus : ¡ que pena ! Oreille et puerta grande, tout va bien.

Pub.

Le dernier, dès son premier galop, s’en va se fracasser sur un burladero, knock down. Il récupère quelque peu mais malgré sa volonté, il fléchit les antérieurs, mouchoir vert. Le bicho se fait prier pour quitter le ruedo… et Diego Ventura le foudroie d’un magistral descabello depuis la barrière. Il me sembla qu’à cette heure, le cornu avait pleinement récupéré. Nul ne le saura. Le sobrero du même élevage, armé très court est bien reçu de cape… y la media, est peu piqué. Conde, sans cesse le pas en arrière, souvent un grand pas, est apostrophé par le courtois public qui rit sous masque. On revit le scénario précédent, « courage, fuyons ! ». Les peones interviennent généreusement, et Javier s’identifie au derviche tourneur. Pas une passe, x tentatives avortées à l’épée. Le toro est condamné à mourir d’épuisement, à moins que ce ne soit le Malagueño ! Premier avis, les tendidos se dégarnissent, les deux bavards brodent. Il est 23h45. J’ai l’impression de vivre le sketch de Robert Lamoureux, "La chasse au canard", « ...et le mardi matin le canard était toujours vivant… » Deuxième avis et que voulez-vous qu’il arriva : troisième avis ! Comme l’aurait dit Titi : « Oh, j’ai cru voir un gominé ! »

Non, Javier ne fera pas d’ombre à Enrique !

23h50, fin du martyr.

 

Pour conclure, un lot de toros conforme à ces arènes de 3e catégorie, transmettant peu et peu armé.

Un Diego Ventura qui, lui, transmet sa joie de toréer et de superbes chevaux, le triomphateur de la soirée.

Ponce, comme à son habitude, donc repassez-vous les cassettes d’antan, toujours élégant, mais une élégance surannée.

Quant à Javier Conde, jamais surprenant, de beaux gestes furtifs cape en main avec le sobrero qu’il refusa de voir par la suite, abonné à la déroute.

Pour les amateurs de coplas, nous étions bien en Andalousie, les spectateurs avaient le masque gai.

 

À Estepona, à la même heure devant une belle assemblée, Salvador Vega quittait le ruedo riche de quatre oreilles et une queue, Cayetano, ovation et deux oreilles et Pablo Aguado, palmas aux deux.

Des 3’30’’ d’images que j’ai pu voir, Salvador toréant son second au centre, relâché, main basse, l’Algarra noble à la charge un poil mollassonne et sans vices. Une épée entière en place.

Les trophées maximum… les Andalous sont généreux et bienveillants.

 

Frustré que j’ai été, je me serai bien vu personnage dans une planche de Claire Brétécher !

 

                                                                             Gilbert Lamarque

 

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