NUAGES ET ÉCLAIRCIES AU-DESSUS DE "PIRETTE"
Casanueva, dimanche 20 septembre
Une tête bien faite unie à des épaules carrées, un regard atlantique, des crins noirs à rendre jaloux un Fraile, c’est sûr, ce garçon ne "tientera" pas que des vaches !
Et si dans un futur proche mais non flou et approximatif, il envoûte avec la percale et caresse avec la flanelle !!… alors là !
Et pour une fois, le beau temps vint de l’océan.
Hugo Boudé, ce fringant petit Veragua à l’œil vif, buriné par les embruns, 19 ans, issu des bords de l’Océan à Capbreton, avait déjà tripatouillé, manié la cape et la muleta comme d’autres l’encensoir et le goupillon – peu nombreux aujourd’hui –, avant de tâter de la "béchigue" au royaume de l’Ovalie ; et où ça, allez-vous me demander ? En pays bayonnais avec les Crabos de l’Aviron !
Alors ici, nous soupçonnons quelques autres qualités du chico.
Dimanche 20 septembre, nuages noirs sur terres chalossaises, déchargeant en quelques volées haineuses une pluie qui ne réussit pas à troubler la fête de la Peña Casanueva, dans les magnifiques arènes de Pirette que tout ganadero de la France méridionale envie.
Plus de 110 fidèles et disciples venus communier, 66 parapluies, 49 ponchos, 6 bonnes vestes de cuir, 14 autres qui prirent l’eau, 12 casquettes inutiles et un certain nombre de crânes nus mais luisants, certains ruisselants, se sont égayés, accoudés au mur de l’enceinte.
Et nous tous, nous avons découvert cet Hugo bâti comme un talonneur mais aux gestes parfois précis, toujours appliqués, conseillé lors de la tienta matinale de deux vaches, par ce maestro précieux lors des tentaderos tant en France qu’en Espagne, Marc Serrano. Dans ses conseils il était notamment question de poignet.
Belle surprise que d’apercevoir un jeune inconnu, un landais ayant déjà fourbi ses premières armes, tout d’abord sur d’autres coteaux gascons, chez Jean-Louis Darré, et par la suite, il y a peu, à Plaisance du Gers lors du tentadero des Amis du Lartet, entouré de Maxime Solera et Yon Lamothe.
Le brun à la tête bien pleine – Montaigne écrivait : « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine. » et quand on possède les deux ? – l'enfant des bords atlantiques, a aussi les pieds bien fixés sur le sable du rivage, ici sur cette terre rouge bien particulière de la placita de Pirette, terre qui absorbe l’eau comme par miracle.
Hugo s’entraîne très souvent dans les arènes de Lachepaillet, drivé par un autre landais débordant d’afición, Denis Labarthe. Nous lui souhaitons le meilleur, escomptant le revoir bien vite fouler nos plazas du Sud-Ouest.
Marc Serrano fut égal à l’homme qu’il est, se régalant visiblement avec ses deux opposantes, et c’est avec sérénité qu’Hugo évolua après le maestro devant l’assemblée intéressée.
Dans l’après-midi après ripailles, Adrien Salenc mettait à mort un novillo. Mais quelle mouche le piqua ? Il sembla grincheux, mécontent, faisant placer l’animal à deux pas du piquero, loin de le mettre en valeur – à l’autre bout de la vara, Laurent Langlois officiait – ; n'a t'il pas digéré son succès du 12 septembre en Arles ?
Quel contraste entre Marc, tête bien faite, bon cœur, assurance et quiétude et un Adrien qui a encore beaucoup à apprendre et pas seulement sur le plan tauromachique. Il est encore à quelques lieues de son sympathique apoderado, Olivier Baratchart.
Pour conclure sur les valeurs, Hugo Boudé sachant rester humble et à l’écoute, fait preuve également de générosité. La preuve : le 13 avril dans le contexte de la pandémie galopante, il s’est proposé sur les réseaux (ici, ils sont sociaux!) à aider les personnes qui en ont besoin en allant faire leurs courses.
Un bon garçon vertueux ne peut être qu’un torero loyal, non ?
PS. N’oublions pas de remercier et de féliciter la cuadrilla de socios qui, une nouvelle fois, manches relevées et masques "tendance", nous ont permis de vivre une journée qui fut enregistrée dans la colonne des réussites.
Gilbert Lamarque
Reportage photos, Frédéric Martinez