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PAR LES MAUVAIS TEMPS QUI COURENT

Publié le par Cositas de toros

    La novillada est le parent pauvre de la Fiesta brava aujourd’hui dans ce contexte de pandémie encore plus qu’hier, novillada dont le but consiste à élever un jeune inconnu vers la lumière et à bâtir sa renommée.

 

     Fleurissent actuellement sur un champ de ruines, quelques corridas en plazas de troisième catégorie avec quelques illustres abonnés, il y a encore peu de temps, aux arènes de première combattant sans gloire en costume défraîchi et lustré. Suivez mon regard.

Ceci se passant principalement en Espagne où se multiplient les indultos. Attention, danger ! L’indulto se vulgarise, bientôt, la fin du tercio de varas… Tout ceci apportant sa ration d’insipidité à un "spectacle" moribond. Le drame se transformera en une fade opérette où se mettront en évidence musiciens cravatés, sopranos et ténors, ouvrant l’accès à la "modernité". Adieu, paso-dobles taurins : Nerva, Agüero, Ole Chamaco, Fiesta en la caleta…

 

          Les "choses" changent.

 

     Dans la plaza de troisième catégorie de Villanueva del Arzobispo, "Muralista", toro de Victorino Martín a été "indulté", déclenchant la polémique, les opinions étant divisées comme toujours, certains considérant qu’une vuelta al ruedo était méritée mais suffisante. Par contre, le ganadero s’est montré satisfait de cet indulto. Il y a quelques temps, Victorino hijo refusait la grâce d’un de ses toros à Logroño (2018), toro bien supérieur à "Muralista".

     Voici quelques indultos sous le Covid-19 : Astorga, le 24 août, le sixième d’El Pilar ; le troisième Jandilla à Mérida le 28 août ; le 4 septembre à Valdepeñas (Ciudad Real), le sixième Conde de Mayalde ; le 6, à Andújar (Jaén), le cinquième JPD est gracié généreusement car « noble mais peu brave. » … la série n’est point close, l’"indultite" aigüe matraque.

Plus aucun critère, plus aucune exigence de la part des présidences et du public. À la trappe les fondamentaux !

 

     Autre plaie, c’est la Communauté de Madrid qui, imposant de nouvelles normes sanitaires drastiques, entraîne l’annulation d’Aranjuez, San Sebastián de los Reyes, Navas del Rey… Incompréhensible ! Car la présidente de la Communauté madrilène, Isabel Díaz Ayuso représente un parti, el Partido Popular, favorable à la tauromachie. Les normes passent à l’échelon supérieur. Pourquoi et surtout qui tire les ficelles ?

     Mais n’éludons pas le fait que les Espagnols subissent une deuxième vague du type Belharra, bien connue des surfeurs.

 

     Autre sujet inquiétant pour en revenir à la novillada – deux à ce jour se sont déroulées en France, à Beaucaire (celle de Garlin, annulée – voir plus bas) et ce week-end, une mixte à Arles devant un public clairsemé ; très peu en Espagne – le nombre succinct de piquées ne favorise pas l’éclosion des futurs matadors. Je prends pour exemple, Francisco Montero révélé la saison dernière en France, qui a montré ses limites à Añover de Tajo (Tolède) où la novillada a été diffusée par Castilla-La-Mancha TV. Pour nous qui l’avons vue, l’Andalou (3 novilladas en 2020, en tête de l’escalafón !...) n’a proposé que son courage et sa volonté. Il a besoin de toréer, et son succès 2019 ainsi que sa douzaine d’actuaciones ne suffisent pas. Ce serait une erreur que de vouloir passer à l’échelon supérieur malgré ses 27 ans. Francisco Montero, torero d’un autre temps – s’est-il trompé d’époque ?– a l’avantage de nous offrir une torería fraîche, pleine d’alegria, rassurante ainsi qu’une personnalité atypique, loin de tous ces jeunes dégurgitant les leçons apprises et traînant leur monotonie n’ayant qu’une seule ambition majeure, ressembler à leurs idoles : Morante, Manzanares ou le Juli… Bon sang, mais qu’ils ne soient que le miroir – même terne – d’eux-mêmes !

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Francisco Montero, St-Sever 11/11/2019 Photo P. Soux

             

     Aujourd'hui, certains novilleros prennent l’alternative avec moins d’une vingtaine  de courses dans leur bagage.

El Cordobés, alternative Cordoue 25/05/1963

     Un torero qui ressemblait quelque peu à Montero au tout début de sa carrière fulgurante, le populaire et parfois controversé Manuel Benítez Perez "El Cordobés", effectua 67 novilladas en 1961 et 102 en 1962 alors que plus près de nous, El Juli toréa 56 novilladas en 1998, 82 l’année suivante.

    Dans sa courte et méritoire carrière, Cristina Sánchez participa à plus d’une centaine de prestations en piquées. Il y avait dans ces années-là, me direz-vous, un nombre plus élevé de spectacles, certes, mais aussi beaucoup plus de novilleros, plus de 300.

 

     Enfin, ce qui est terrible c’est que nous devons continuer à vivre avec un virus omniprésent, dans l’attente d’un traitement ou d’un vaccin et, à être ballottés par les décisions fluctuantes et inconséquentes de nos gouvernants. Mais soyons honnêtes, en dehors des succès au campo des journées organisées par nos ganaderos du Sud-Ouest et du Sud-Est, que nous propose-t’on ? Une Feria du Riz en Arles alors que les Bouches-du-Rhône ont vu la progression galopante du coronavirus, avec au programme le dimanche, une corrida mixte avec Diego Ventura et Antonio Ferrera ! Quant aux alentours, cela ressemble quasiment au désert, tout du moins à la garrigue. Vont s’égrener corridas, novilladas, festivals avec Nîmes, Dax, Saint-Martin-de-Crau, Saint-Sever, Istres, Béziers, Samadet et Lunel… et la saison sera terminée sachant que cet hiver le Mexique n’organisera aucun spectacle ! Concernant Saint-Martin-de-Crau, la feria aura t'elle lieu ? Car le préfet vient d'interdire les rassemblements de plus de 10 personnes ! Et la journée caritative d'Istres, le 18 octobre, avec le solo de Juan Leal ? Tout devient aléatoire. 

Tournons-nous vite vers 2021 si le virus nous épargne.

 

     Dans ce milieu taurin individualiste, que retenir ? L’absence de solidarité et parfois des coups bas. L’exemple de Dax qui, subitement programme une novillada et une corrida de Pedraza de Yeltes alors que Garlin avait annoncé depuis des mois, une novillada du même fer ! Mais le club taurin béarnais était-il dans l’obligation d’annuler ? La question peut se poser ; éternelle histoire entre le pot de fer et le pot de terre.

En marge du mundillo, on assiste à des rencontres de rugby qui se déroulent devant 5 000, 6 000, 8 000 spectateurs selon le bon vouloir des préfets et des sous-préfets. Comme l’avait déclaré en 1968 un locataire de l’Élysée, c’est la chienlit ! Certainement irresponsable et tout aussi injuste : le personnel soignant appréciera.

Pendant ce temps, la novillada décline et les jeunes toreros en herbe voient leur trajectoire détournée, leurs projets avortés, au mieux reportés dans un avenir trouble et approximatif.

Nous sommes loin du plan jeunes !

Il ne fait pas bon être jeune par ces temps mauvais.

 

                                                                                         Gilbert Lamarque

 

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