José, Juan... los de Miura
Morante de la Puebla a l’intention de toréer à Séville, les redoutés et souvent redoutables toros de Zahariche pour rendre hommage à Gallito qui les a combattus dans les deux plazas qui fonctionnaient à son époque. Si l’évènement se concrétise, voici un beau témoignage d’admiration à l’enfant de Gelves qui se colleta quelques autres Miuras dans d’autres ruedos de la Péninsule.
Entre 1918 et 1921, pour peu de temps donc, la Real Maestranza de Caballera eut un concurrent, la Monumental inaugurée le 6 juin 1918 dont Joselito fut le promoteur. Cette arène fut fermée au public pour des problèmes structurels en 1921 et démolie le 9 avril 1930.
S’il s’est avéré que la ganaderia Miura comptait dans l’histoire professionnelle de Joselito, elle comptait aussi dans sa rivalité avec Juan Belmonte et leurs batailles successives dans les deux plazas sévillanes.
Joselito et Belmonte surnommé "el Pasmo de Triana" se sont rencontrés pour la première et la seule fois en tant que novilleros tuant un lot du fer de Miura à Cadix en août 1912. C’était le 22 dans l’ancienne plaza de Cadix dans un mano a mano où Belmonte remplaçait Francisco Posadas blessé peu de jours avant. Ce cartel n’avait donc pas été projeté.
Gallito avait pris l’alternative des mains de son frère Rafael, le 28 septembre 1912 avec une corrida de Moreno Santamaría. L’année suivante, il n’hésite pas à s’annoncer devant les toros du célèbre Don Eduardo lors de sa première Feria d’Avril, partageant l’affiche avec Rafael et Bombita. Pour la San Miguel, il récidive devant l’encierro miureño avec encore Bombita et son frère.
Cette même année, dans l’ancienne plaza madrilène, la Plaza de toros de Goya appelée aussi Plaza de toros de la carretera de Aragón, Juan Belmonte prenait l’alternative et Machaquito faisait ses adieux. C’était le 16 octobre 1913, la corrida fut un désastre.
C’est durant la Feria d’Avril 1914, le 21, que les deux compères se défièrent dans la Maestranza en compagnie de Gaona et des… Miura.
Ainsi débuta ce fameux "Âge d’Or" qui allait marquer l’histoire de la tauromachie.
Le 22 avril 1915, ils se présentèrent encore devant la mythique devise sévillane avec – encore – Rafael en chef de lidia… Belmonte fut porté en triomphe d’El Arenal à Triana !
La compétition entre les deux colosses était déjà brûlante et la rivalité entre leurs partisans respectifs faisait rage.
Et l’affiche se répète pour la San Miguel, le 29 septembre et Joselito donne tout un récital reproduisant le succès de Belmonte durant la Feria d’Avril.
Le 17 octobre, Joselito s’est enfermé avec six Miura à Valence, il devint le cinquième torero à le faire devant cette ganaderia.*
Les choses changèrent à l’aube de la temporada suivante quand Joselito fut tourmenté par sa maladie de l’estomac. Malgré tout, il était annoncé dans les six corridas de la Feria d’Avril ! La cinquième s’affichait avec la devise de Zahariche et Vicente Pastor comme chef de lidia, qui seul, coupa une oreille.
Le 24 janvier 1917, meurt le légendaire éleveur Eduardo Miura Fernández. Pas de Joselito ni de Belmonte devant les Miura d’avril. Belmonte accepta de défiler en septembre complétant le cartel avec Rafael El Gallo et Gaona. S’étant blessé, il laissa son second toro à Rafael.
En 1918, Joselito, à Séville toujours, se présenta devant l’élevage andalou avec Gaona et Fortuna – Belmonte, jeune marié avait mis un terme à sa saison.
En 1919, la Monumental du quartier de San Bernardo devenait le territoire exclusif de Joselito – et pour cause ! Cette année-là, deux Ferias d’Avril parallèles ont lieu. Dans le "Baratillo" – la Maestranza fut construite sur ce monticule – combattirent des Miura que Belmonte expédia avec plus de douleur que de gloire avec Gaona et Saleri II.
1920, dernière année de Joselito sur la planète des toros, la Feria d’Avril est organisée dans les deux arènes sous la même baguette commerciale (voir l’affiche). La corrida de Miura n’a pas été annoncée à la Maestranza mais à la Monumental, la plaza éphémère, le 23 avril. Les deux adversaires et non moins amis partagèrent l’affiche avec Valerito et Sánchez Mejías, sans fracas, ni peine ni gloire.
Entre 1912 et 1920, durant sa courte carrière, Joselito a tué quatre-vingt-neuf toros de Miura en quarante-trois courses ! (source Mundotoro).
Tout a été écrit sur l’icône de la tauromachie, le plus jeune des Gallos restera inégalé pour longtemps, l’éternité peut-être.
Après avoir émis (Cositas, samedi 20 février) quelques critiques sur ces figuras du passé et notamment Joselito et Belmonte, maestros majeurs, accordant une étoile supplémentaire au premier cité, incontestable leader des porteurs de lumières, il est bon de considérer les éléments dans leur contexte. Un hommage est ici, rendu à ces valeureux diestros qui ont su se mesurer aux terribles pensionnaires de Zahariche, avec des fortunes diverses mais là n’est pas l’essentiel.
Nos "figuritas" de l’an 2021 si elles possédaient une once de pundonor devraient bien s’en imprégner.
Le 17 janvier, le sérieux journal ABC relayé par le non moins sérieux journal El Mundo ont annoncé ce "geste" de Morante.
Une oreille à Morante en attendant la suite… si le "geste" se confirme.
*Il n’y a eu qu’un seul torero depuis José Miguel Isidro del Sagrado Corazón de Jesús Gómez Ortega – je reprends ma respiration – auteur d’un solo devant les Miura. Javier Castaño à Nîmes à la Pentecôte 2012 coupant cinq oreilles. Javier Castaño, le sixième en solitaire de l’histoire. L’aurait-on déjà oublié ?
Gilbert Lamarque