Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Corpus de Tolède, son histoire

Publié le par Cositas de toros

         La plaza de Tolède a été inaugurée en août 1866. Depuis, il s’y est déroulé 116 spectacles : 105 corridas, 8 novilladas, une corrida de rejón, un festival et un concours de recortadores.

 

    Photos du Corpus 1958, le 5 juin.      Le quatrième toro du Conde de la Corte, manso de catégorie, refusa de quitter le ruedo. Il fallut trouver une astuce pour le faire retourner aux corrals. S’y employèrent les cabestros, bien sûr, et un camion tel un bulldozer qui fut percuté à maintes reprises par le toro. Le maire de l’époque, José Conde, n’hésita pas, "prenant le toro par les cornes", à utiliser le camion d’arrosage.

 

     Le Corpus Christi ou Fête-Dieu a toujours été l’une des dates préférées du calendrier taurin de Tolède. Noté sur le calendrier le jeudi qui suit la Trinité, soit soixante jours après Pâques, cette année, le 3 juin. C’est un jour férié en Espagne, pas en France mais nous prenons notre revanche, à savoir, l’Ascension n’est pas férié en Espagne.

   

      Avant le coronavirus, el Sexenio Revolucionario (1868) – la révolution connue aussi sous le nom de La Gloriosa qui amena un gouvernement provisoire avant de proclamer la 1ere République – ou la Guerre civile (1936-1939) ont laissé les aficionados sans toros.

Curieusement, la première et la dernière des corridas organisées depuis plus de 150 ans partagent une date : le 20 juin. En 1867, Cayetano Sanz et Gonzalo Mora ont combattu des toros de Justo Hernández, tandis qu’en 2019, Morante de la Puebla, El Juli ; J.M. Manzanares et Álvaro Lorenzo ont défié un encierro d’Alcurrucén.

 

     Dans les deux premières décennies de l’histoire des arènes, il n’était pas tellement fréquent de voir des toros pour le Corpus. Jusqu’en 1885, seuls cinq spectacles ont été programmés, trois corridas et deux novilladas de faible niveau. À partir de 1886, cela changea et on convia deux espadas régulièrement. Mais toujours est-il que les principales figuras du dernier tiers du XIXe siècle n’ont guère fréquenté le coso toledano.

Frascuelo (1888) et Lagartijo (1891) ne l’ont fait qu’une seule fois, et Guerrita n’a jamais été vu. Le 28 mai 1891, lors d’une corrida d’Anastasio Linares pour Lagartijo et Mateíto, un toro a franchi le callejón et tué Francisco Verdo "Tato de Toledo", le seul décès enregistré dans l’arène de la Mendigorría. De plus, le 9 juin 1898, les toros de Miura y ont été combattus pour la seule et unique fois.

Joselito "El Gallo" et Juan Belmonte ne sont pas venus non plus. Par contre, les autres membres de la famille Gallo se sont présentés. Fernando, le père de Joselito, était présent en 1886 ; et les frères Fernando et Rafael en 1908 et 1927, respectivement.

Puis le Corpus est devenu une affaire de famille pendant deux ans. Le 15 juin 1922, Marcial Lalanda et son cousin Pablo participèrent lors d’un mano a mano combattant des toros de Celso Cruz del Castillo. Et le 20 juin 1946, les frères Pepe, Antonio et Ángel Luis Bienvenida se mesurèrent à un lot des Herederos de José de la Cova avec le rejoneador Álvaro Domecq en ouverture.

Le 4 juin 1941, le Mexicain Carmelo Pérez prit l’alternative, le premier des cinq doctorats made in Toledo. Les quatre autres : Pablo Lalanda (1950), Alfonso Merino (1955) Rafael Camino, le colombien, à ne pas confondre avec le fils de Paco (1986) et Julián Zamora (1993). Ces cinq alternatives dans le cadre du Corpus, sinon, Tolède compte 21 investitures en tout.

Après la Guerre civile, pour le Corpus de 1940 et 1941, deux novilladas ont été célébrées – les ganaderias avaient terriblement souffert durant le conflit – et lors de la première, la rejoneadora Beatriz Santullano fut invitée, la seule femme à combattre pour une date aussi illustre que celle du Corpus. Manolete ne vint qu’en 1945, faisant le paseo le 31 mai, avec les Mexicains Arruza et Parrita devant du bétail de Rogelio M. del Corral. Cette apparition n’a pas laissé seulement sa marque sur les rétines de ceux qui étaient présents, mais aussi sur l’encre de la chronique d’ABC, où l’on pouvait lire : « Hier, on a vu Manolete sourire. »

Depuis les années 50, toutes les figuras s’annoncent pour le Corpus. En 1963, 1964 et 1965, la liste ne connut que Jaime Ostos, Paco Camino et El Viti, la première année avec des toros de Francisco Galache, les deux suivantes avec des bêtes de Manuel Francisco Garzón. Puis Paco Camino, Ángel Terruel et Niño de la Capea ont été annoncés devant des élevages de Buendía, Torrestrella et Dionisio Rodriguez en 1975, 1976 et 1977. La corrida de 1976 fut suspendue, les toros présentés n’ont pas passé le reconocimiento et non remplacés.

À la fin des années 90, on créa la Feria du Corpus Christi et la fameuse procession fut déplacée au dimanche, deux corridas pour le jeudi et le dimanche. Ces bouleversements favorisés par l’arrivée du nouvel impresario, Diodoro Canorea.

Entre 1999 et 2009, il n’y a eu qu’une seule corrida, avec un cartel modeste en 2002 et un concours de recortadores en 2005. Enfin, depuis 2014, alors que la Feria a disparu, les figuras reviennent à Tolède pour cette date importante.

     Paco Camino est celui qui a le plus combattu lors du Corpus Christi (12), El Vti (8), Antoñete, Espartaco, El Juli (6), Antonio Ordoñez, Diego Puerta, Paquirri et Ortega Cano (5), toujours pour les seules corridas du Corpus.

Garcigrande/D. Hernández a été convié à 7 reprises, Veragua, Conde de la Corte et Buendía (5). El Cordobés (3) au cours de la décennie 60.

 

     Avant la construction des arènes de la Mendigorría (à la consonance basque, c’est aussi le nom d’un village de Navarre), les festivals se tenaient dans des enclos entourés de barrières en bois dans différents lieux et ces fêtes étaient organisées à l’occasion des deux fêtes les plus importantes à Tolède, le Corpus, bien sûr, et la Virgen del Sagrario en août. Il faut compter également la corrida du dimanche des Rameaux.

Tolède fut prisée des madrilènes grâce à la proximité des deux cités et l’apparition du chemin de fer. La célébration du Corpus le jeudi a marqué cette date dans le calendrier liturgique mais aussi taurin. Pour toutes ces bonnes raisons, la corrida du Corpus Christi est devenue tout au long de l’histoire de la tauromachie, un élément essentiel dans la commémoration de cette fête. Tolède "la ville aux trois cultures" en est la gardienne avec ses monuments, patios, romarin et traditions.

Tolède la musulmane, Tolède la juive, Tolède la chrétienne, la vieille cité baignée par le Tage vous enchantera, Corpus ou pas.

 

                                                           Gilbert Lamarque

 

Commenter cet article