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Années 80, les étés de Las Ventas

Publié le par Cositas de toros

        Les étés madrilènes à Las Ventas étaient synonymes de corridas difficiles, opportunités pour les toreros défavorisés, pour ceux cherchant à percer, à favoriser la chance. Dans les premières années de fonctionnement des arènes, sans la Feria de la San Isidro, les principaux personnages, figuras, s’alignaient tout au long de la temporada, mais à partir des années 50, il y a eu trois décennies d’exode des toreros de renom pendant les mois de chaleur.

 

Manolete, Corrida de la Prensa, 6 juillet 1944

   

      Dans les années 1940, Domingo Ortega, Manolete, Marcial Lalanda, Pepe Luis Vázquez, Luis Miguel Dominguín ou Villalta étaient souvent présents au mois de juillet, notamment pour la Corrida de la Prensa*, annoncée dans les derniers jours de juin ou les premiers de juillet. C’est précisément cette célébration qui a été la seule à avoir conservé des cartels plus attrayants durant le désert de ces trois décennies, mettant en vedette des toreros tels qu’Antonio Bienvenida,, Gregorio Sánchez, Litri, Aparicio, Diego Puerta, El Viti ou Andrés Vázquez.

 

   

      Dans les années 1980, un air nouveau a soufflé sur Las Ventas. Après l’embellie que fut la gestion de Martín Berrocal et Canorea, la plaza tombe dans les mains de Manolo Chopera. L’illusion tomba aussi, à peine quatre mille abonnés contre dix-huit mille à la fin de la décennie !

     Et parmi les nouveautés introduites par Chopera, il y avait ce créneau important entre la San Isidro terminée et l’exil estival d’août. Le panorama changea donc en 1983. À la traditionnelle Corrida de la Prensa, une concours, Ortega Cano et Curro Durán se sont "envoyés" dans un mano a mano précédant le 10 juillet, la puerta grande de Julio Robles lors d’un après-midi avec Antoñete et Manzanares. Une semaine plus tard brillait un autre trio solide composé d’Antoñete – le torero de Madrid – Ángel Teruel et el Niño de la Capea avec des toros d’Osborne.

 

Antonio Chenel "Antoñete"

   

      En 1984, les cartels proposés ont très vite été bien accueillis par le public. Le 1er juillet, défilèrent des toros d’Atanasio Fernández pour Curro Vázquez, Julio Robles et Roberto Domínguez, et le 8, Curro Romero et Rafael de Paula accompagné du rejoneador Álvaro Domecq avec un encierro de Montalvo. La temporada suivante, on put voir Dámaso González, Curro Vázquez et Ortega Cano lors de la Corrida de la Presse, et Curro Romero, Julio Robles – sortant a hombros – et Pepe Luis Vázquez, le 7 juillet avec des toros d’Aldeanueva.

     En 1987, un autre mois de juillet avec des cartels conséquents. Mike Litri et Rafi Camino en mano a mano devant des novillos d’El Torreón, le 5. Et la Corrida del Arte – soi-disant – avec Antoñete, Curro Romero et Rafael de Paula, le 12. Les toros étaient du marquis de Albayda, et deux rentrèrent vivants, l’un affecté à Romero, l’autre à Paula lors d’une tarde de grande intensité !

     Antoñete, Curro Romero et Manili, ont combattu le 3 juillet 1988 des reses de Torrestrella avec l’excitation encore présente du grand après-midi que el Niño de la Capea donna quelques jours auparavant lorsqu’il triompha pleinement devant les Victorino, en solitaire. Le 10 juillet, Paula, Robles et Ortega Cano sont passés… sans laisser de trace.

     Les années 80, une décennie avec un mois de juillet riche d’affiches fortes qui s’estompèrent progressivement au cours des temporadas suivantes jusqu’à atteindre à nouveau la traversée du désert que Las Ventas est redevenue pendant les mois d’été.

 

* La Corrida de la Prensa. L’une des plus anciennes traditions de l’Association de la presse de Madrid est l’organisation de cette corrida, dont la première a eu lieu le 12 juin 1900 – cinq ans seulement après la fondation de l’Association – dans les vieilles arènes de la Puerta de Alcala. Sauf à trois reprises (1930, 1937 et 1993), la Corrida de la Prensa ne fut pas au rendez-vous. Depuis 1995, elle a lieu fin mai dans le cadre du programme de la San Isidro bien qu’en dehors de l’abonnement.

 

                                                                          Gilbert Lamarque

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