Pour entretenir la polémique
Causeur, magazine d’actualité de droite, voire de l’extrême qui suscite régulièrement la polémique est à ranger aux côtés de Valeurs actuelles. Pour sa directrice, la très agaçante Élisabeth Lévy, c’est « un espace de confrontation et de liberté avec une pluralité des points de vue. »
Réac et anticonformiste, Causeur se résume dans son slogan qui trône en couverture : « Surtout si vous n’êtes pas d’accord. »
Certain que ce n° 91 de juin 2021 va semer la zizanie avec à la une « Viva la corrida ! », titre racoleur pour interloquer, déranger, provoquer, irritant plus d’un lecteur.
Le côté positif est de parler de la tauromachie, rare aujourd’hui dans les médias – la maison de la presse que je fréquente l’a bien compris mettant le magazine en bonne place et ce, dès ce 2 juin, jour de parution du magazine. Pour Élisabeth Lévy, aimer la corrida, c’est entrer en religion, la combattre, c’est vouloir sa disparition.
La corrida évolue plus mal que bien dans une époque qui refuse le tragique, ses jours sont sûrement comptés.
Yannis Ezziadi raconte sa passion soudaine pour la tauromachie, devenant un aficionado engagé. Pour l’inévitable Michel Onfray, "causeur" invétéré, il faut en finir avec la mythologie du combat à mort entre l’homme et la bête, et voir la corrida pour ce qu’elle est : une pure démonstration de sadisme, une mise en scène de la maltraitance animale. Le volubile Simon Casas voit une quête identitaire, un rituel qui nous lie au passé – et certainement beaucoup d’"espèces sonnantes et trébuchantes" !
Pour Frédéric Ferney, membre de la rédaction, il n’y a pas réconciliation possible entre le profane, pour qui la corrida est une boucherie, et l’aficionado, pour ce qu’elle est et ce par quoi tout devient vrai.
Quelques références : Jean Cau, Montherlant et sa lettre à Gaston Doumergue, alors président de la République. Un court calendrier des prochaines corridas en France côtoie un article sur Carlos Olsina et la boucle est bouclée par Nicolas Klein, agrégé d’espagnol qui termine ce dossier sur la politique espagnole et la corrida : « Elle périra, car elle est espagnole. »
Le soleil se couche.
28 pages sur ce dossier brûlant dans un magazine qui en compte 100 : plus du quart ! 5,90 euros mis chez le diable, le dieu Toro me pardonnera. Le diable, ici nous voulant plutôt du bien, mais ne soyons pas dupes, juste pour entretenir la polémique, le sang stimulant de la revue.
Gilbert Lamarque