Journée en Astarac
Reportage photos : Frédéric Martinez
Belle chambrée sur les coteaux de l’Astarac pour la présentation de la corrida 100 % française de Riscle qui aura lieu le samedi 31 juillet. Ici, sur ce territoire, on n’a pas éventré les paysages pour faire passer des routes plus larges ; les dernières empruntées sont plus étroites que le véhicule. C’est calme mais ce n’est pas un pays de solitude, pays de cultures, pays d’élevage, pays fertile et abondant, généreux grâce au labeur des hommes. C’est le pays du vivant souvent caché pour détourner les envieux.
180 personnes avaient répondu à l’invitation de Jean-Louis Darré sur ses terres du Cantaou, accompagné de Stéphane Fernandez Meca et du Tendido Risclois.
Soleil voilé, nuages aux nuances de gris pour débuter cette journée par la visite au campo du lot de toros réservé pour Riscle, toros issus d’une nouvelle lignée andalouse d’origine Albarreal*, tout comme les trois vaches "tientées" par la suite ; lignée en laquelle J.-L. Darré fonde beaucoup d’espoir.
Bien que la virée en remorque fût rapide et les toros éloignés, on pouvait remarquer un encierro de trapío respectable et des têtes bien coiffées. Imaginez ces bêtes dans les modestes arènes de Riscle, les charpentiers doivent être déjà au travail !
De retour du campo, nous avons pris place autour du ruedo afin d’assister à la tienta des trois vaches par la jeune terna qui fera le paseo le 31 juillet. Ces becerras, joliment présentées, se sont montrées braves sous la pique d’Alain Bonijol, les deux premières au fringant galop sans hésitation, frappant franchement le peto, mettant les reins ; la troisième plus timorée manquant aussi de force. Elles furent plus ou moins bien "lidiées", dans l’ordre, par Andy Younes avec beaucoup de finesse, El Adoureño beaucoup plus brouillon et sans raffinement, et enfin Tibo Garcia auteur de superbes séries bien léchées, élégant, qui sut adapter la lidia à son opposante. Une très bonne tienta, un bon entraînement pour les toreros, de bons enseignements pour le ganadero.
L’heure apéritive sonna, les tapas prirent d’assaut les gosiers, les bouchons abandonnèrent les goulots puis chacun se replia vers sa querencia : convivialité et gourmandises gasconnes.
Mais le plat de résistance se manifesta par la lidia des trois toros du fer de Santiago de Camino. Trois toros lourds, puissants aux cornes rectifiées, cela va de soi.
Le premier est violent sous la pique de Laurent Langlois, deux rencontres sans véritablement pousser. El Adoureño n’aura pas la solution, bousculé par deux fois, auteur de gestes plutôt vulgaires. Deux coups de rapière, Lupiac et d’Artagnan sont proches.
Tibo Garcia reçoit d’une belle cape un bicho qui ne s’emploiera que peu lors des deux rencontres avec le canasson. Tibo profitera de sa corne droite, la gauche pas évidente révéla un toro tardo n’amenant que des demi-passes. Deux épées et un magnifique descabello.
Le troisième ne prendra qu’un puyazo apparaissant faible et Andy Younes ne put que mener une faena allant a menos malgré son application et ses gestes soignés. Une demie et un splendide descabello.
Il faut venir à Riscle pour soutenir la tauromachie française et la ruralité : l’éleveur, les toreros et les organisateurs comptent sur vous. À Riscle, l’authenticité est de rigueur.
*Albarreal, d’origine Marqués de Domecq, finca à Zufre (Huelva).
Gilbert Lamarque