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Rigueur et mansuétude (1) - Taxi ! au Plumaçon... (2).

Publié le par Cositas de toros

                    RIGUEUR ET MANSUÉTUDE

MADELEINE

 

 

Photos Frédéric Martinez

 

Dimanche 25 juillet 2021. 11h. Novillada non piquée.

     Le – jeune – palco présidentiel et sa toute puissance.

            Encore une fois cela s’avère exact, encore un petit despote – pas très éclairé – à la présidence technique. Une oreille refusée après forte pétition du conclave, une autre octroyée sans pression selon les bons vouloirs du cravaté. Ce n’est certainement pas le plus important, Jean-Baptiste Lucq possède une tête bien faite et avec sa maturité sait faire la part des choses. Sait-il, cet avorton de président, que le novillero de Mugron nous a offert une de ses plus belles prestations, sérieuse et achevée ? Non, certainement pas. OK pour la jeunesse, mais laissons mûrir le fruit !

 

     Devant un nombreux public, se sont succédés les ganaderias La Espera (Virgen María), Casanueva (El Torreón), Alma Serena (Garcigrande) et Camino de Santiago (Albarreal ?) pour J.B. Lucq (E. T. Adour Afición), Fabien Castellani ( E.T. Arles), Lenny Martin (E. T. Béziers) et Tristan Barroso (E. T. Badajoz).

 

     Le premier (La Espera) dévolu à J. B. Lucq présente un bon gabarit mais des cornes ayant subies quelque dommage ; il répond bien aux capes de J. B. et de F. Castellani. Après "brindis" au public, l’eral parti de loin, riposte proprement aux sollicitations sur la rive droite après entame à l’estribo. Le torerito manie la muleta fort à propos, les muletazos s’enchaînant.

     Sur la rive opposée, le bicho se montre plus rugueux et Jean-Baptiste est projeté au sol et repris. Le visage tuméfié, le Mugronais repart à l’assaut, impavide et termine de belle manière. L’épée sincère comme la faena, en place après avis. Vous connaissez l’épilogue : vuelta bien fêtée, arrastre applaudi… sifflets au palco.

 

     Le bicho de Casanueva, un colorado "encasté", bien armé, au beau port de tête se montre mobile. Il répond aux capes de F. Castellani et de Lenny Martin sans difficulté. L’Arlésien le "cite" à bonne distance et nous livre de bons derechazos.

     Le novillero en progrès se présentera rigide dans sa plastique et le Casanueva lui sera supérieur, soutenant un rythme de coureur de demi-fond, les cartes changeant de mains. Fabien recule la jambe, frôlant à plusieurs reprises la voltereta. Entière légèrement de côté. La suite, ne vous est pas inconnue : oreille contestée, arrastre applaudi.

     L’Alma Serena, bien bâti, se lance dans le capote, c’est limpide. El Monteño salue aux banderilles.

     Le bicho, tout comme le précédent, demande à être toréé, la caste est présente. La faena ira a menos, Lenny Martin cède du terrain. ¾ de lame, silence.

 

     Le dernier, le Camino, foutu comme un novillocornibajo, va partager ses derniers instants avec Tristan Barroso, le chouchou du public. Surprise, ce jeune garçon que j’ai toujours vu plus théâtral que torero, m’a surpris. Excellent dès la réception à la cape, élégant, il se joue du "novillo".

     Hélas, le Camino rencontra un burladero qui lui laissa quelques séquelles.

     Tristan "brinda" en piste à Richard Milian, son premier professeur. Sa première série de derechazos est toute en douceur, on sent les qualités du gamin mais son opposant à des difficultés de collaboration et Tristan ne lui laisse pas la distance nécessaire. Manoletinas de clôture, la faena trop longue, le Camino sera difficile à fixer pour le coup d’épée, deux avis avec tous les obstacles rencontrés par un Tristan déçu.

     Vuelta pour le réconfort.

     Pour la plupart des philosophes grecs, il existe un « bonheur illusoire » : celui qui procure les biens qui flattent notre amour-propre, notre vanité. Tristan se rendra compte que le bonheur ne dépend pas de nous mais plutôt des circonstances. Ici, la chance, le destin voulu par les dieux de la tauromachie.

 

     Les quatre erales sous-exploités, notamment le Casanueva et l’Alma Serena qui en avaient encore sous le capot. Mais ce sont les aléas que nous rencontrons en non piquées.

     S’il y avait eu un prix à décerner, l’un des deux l’aurait sûrement remporté. Allez savoir lequel !

 

 

          TAXI ! AU PLUMAÇON…

                    … LE TRIOMPHE M’ATTEND.

MADELEINE

 

Dimanche 25 juillet. 18h. Corrida de Pedraza de Yeltes. 4e et dernière de feria.

 

             

             En ces temps amers de pandémie, sortez couverts. Après le masque, osez le parasol, le parapluie ou l’ombrelle. En effet, sombrilla dans la langue de Cervantes, se traduit par ces termes. Les frères Uranga, ganaderos prudents, avaient donc amené "Sombrilla", un magnifique colorado né en septembre 2015, détenteur d’un balcon XXL sur lequel plusieurs jardinières auraient trouvé leur place. Les éleveurs pouvaient donc tout aussi bien braver la pluie ou le soleil.

Sombrilla, colorado, le 2e d'A. Lamelas

     C’est le soleil qui s’imposa partageant le sable du Plumaçon avec un astre nommé "Sombrilla".

 

Campeador, colorado, ojo de perdiz à décliner en daube

     "Campeador" reçoit les palmas du public, un coureur un peu enrobé qui prendra deux piques quelconques, poussant de la seule corne gauche – ce que nous voyons majoritairement. Quite d’Alberto Lamelas précédant un tercio de banderilles anarchique.

     Que dire d’une faena qui ne démarra jamais, la faute à cette brute en querencia aux tablas. Domingo López Chaves s’en défait d’une entière de côté. Ça ne valait guère plus, silence et dépouille sifflée. Aïe ! Mauvais départ.

Les ingrédients pour une daube selon Ginette Mathiot : 700g de bourguignon de bœuf ou "Campeador" + 60g de petits oignons + 100g de champignons + 100g de lardons + 50g de beurre + 30g de farine + 60cl de vin rouge ou 70cl…

"Jacobo" pousse sur la première des deux piques. La faena débute aux barrières et à la conclusion d’un derechazo, le toro inflige une voltereta à D.L.C. qui administre après châtiment, deux séries supérieures. La gauche est plus délicate mais les naturelles s’enchaînent, le maître lidiador s’exprime. Mais c’est l’échec aux aciers, entière de côté au second essai, avis. Vuelta fêtée, arrastre applaudi.

 

     Voici un autre joli spécimen, "Burrecato", negro chorreado, sous la cape d’Alberto Lamelas après porta gayola con larga afarolada, sortant au pas. Deux très bonnes piques effectuées par David Prados ovationné, le toro mettant les reins. Le président abrège le tercio (?). Beau quite de Gómez del Pilar et Alberto "brinde" au public.

     Noble à la muleta, "Burrecato" répond aussi bien à droite qu’à gauche, permettant au "petit taxi" de s’exprimer comme il n’en a rarement l’occasion. Dommage qu’il termine en réduisant les distances. Épée engagée, un peu plate, oreille. Le mouchoir bleu s’étale au palco, ce toro n’a reçu que deux piques par la volonté du président ! Quelque chose cloche, non ?

 

Et s’en vint "Sombrilla".

   

© Chantal Lafaye

 Porta gayola bis pour réceptionner ce beau toro à l’armure large et astifina.

     Le brave est magnifiquement piqué par Antonio Prieto – grand moment – trois piques, bille pleine, en mettant les reins. On se lève pour le piquero. Les banderilleros eux aussi à l’unisson méritaient de saluer, Alberto absorbé par ce qui l’attend, se dirigeait déjà vers la banda Lous Faïences pour le "brindis". Alberto savoure un après-midi de tant de belles opportunités qui ne lui seront pas souvent proposées.

     L’envie, l’enthousiasme sont omniprésents, la faena débute au centre, muletazos sur les deux rives, le bicho "humilie" débordant de noblesse. Alberto ne sut pas garder "Sombrilla" au centre du rond, et celui-ci en avait encore sous les sabots. Voltereta sans dommages et terminaison par manoletinas osées. Mete y saca, entière caída en s’engageant. Oreille après avis. Le mouchoir bleu sans contestation.

 

   "Sombrilla", le plus âgé, septembre 2015, brave et noble, montra tout de même quelque rugosité.

     Gómez del Pilar hérite d’un colorado violent sous la cape, après avoir fortement "rématé" sur le burladero. Belles mises en suerte par le torero (2e) et D. López Chaves (3e), "Potrillo" auteur d’un joli galop. Juan Manuel Sanguesa ovationné, Rafael Gonzalez et Pedro Cebadera saluent aux bâtonnets. Débutée de rodillas, la faena va hélas a menos, le toro qui donnait un bon tempo et Noe de belles séries, tout cela se terminant en eau de boudin, le bicho cédant le pas. Le recibir est de côté suivi de trois descabellos. Arrastre applaudi, le torero méritait de saluer.

Gómez del Pilar et Huracan

     "Huracan", l’ultime, est reçu par véroniques et la demie. Sans classe sous le peto (deux rencontres), le toro s’avérera soso. Ça calme après "Sombrilla" ! Gómez del Pilar après quelques muletazos main basse, se mit au diapason du Pedraza. Fin de l’histoire. ¾ de lame légèrement contraire, deux avis et le descabello en délicatesse. Silence pour l’homme et la bête.

 

     Curro Sánchez, le mayoral a hombros accompagne Alberto Lamelas dans son triomphe, radieux.

     Le public à la hauteur de l'évènement, respect aux toreros.

     Cuadrillas au top, les picadors también.

     Le "petit taxi" remet notre afición à sa juste place. L’accolade de López Chaves au triomphateur.

     Quatre toros mobiles, braves et encastés, deux bons (3e et 4e), un excellent (2e), le 5e supérieur.

     Le curseur Pedraza remonte, nous avions quelques craintes depuis les dernières sorties.

     Président, Bernard Sicet.

 

                                                          Gilbert Lamarque

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