Feria de la pêche et de l'abricot. Saint-Gilles 2021
SURPRENANTS MALAGA ET DÉCEVANTS JOSÉ CRUZ
Samedi 21 août.
Novillada de la Ganaderia de Malaga, située à Maussane-Les-Alpilles et conduite par Pierre-Henry Callet avec un bétail d’origine Domecq par Garcigrande / Domingo Hernandez. Très joli lot bien dans le type, trop gras le 1. Armures correctes. Très nobles dans l’ensemble mais sans mièvrerie sauf le 1 carrément soso et le 6, plus brouillon, ils ont démontré un fond de caste intéressant mais furent très peu piqués (9 piques), alors qu’ils en auraient supporté tous 2 ou 3... Très mobiles, ils ont donné du jeu et permis un spectacle entretenu. Vueltas posthumes au 3, méritée, et au 6, grotesque. Tous nés en 2018. 4 noirs, un castaño et un tostado. A ce propos, encore une fois, la présidence a démontré une incompétence confondante : changements de tiers intempestifs, aux ordres des toreros, trophées indus, déclenchement de la musique hors de propos. Les décisions inopportunes, notamment concernant la gestion des piques, influent grandement sur la lidia et le déroulement de la course. La présidence est un poste à responsabilité qui n’a rien d’honorifique. Il y a encore du travail à faire sur les mentalités.
Carlos Olsina, bleu et or, ne sait pas toréer mais évidemment, il croit le contraire et apparemment son entourage aussi. Le 1 était un train, le garçon a donc joué au garde-barrière pour une kyrielle de passes sans intérêt. Aucune domination, la muleta à Saint-Gilles mais le cul à Arles. De toute façon, le toro n’a rien vu, et nous non plus d’ailleurs. Silence après avis, un tiers d’épée et une quinzaine de coups de descabello.
Le 4 était moins facile. Brouillon, le garçon a été incapable de dominer l’animal et de régler sa charge. 3/4 d’épée au second envoi, avis et salut.
Solalito, bleu et or, est un jeune torero vaillant, qui va sur le terrain du toro, mais dont la bagage technique est encore insuffisant à la muleta. La conduite de la charge est médiocre, de même que la sortie de la passe. Du coup le garçon est débordé, la muleta accrochée. Épée entière contraire après pinchazo, descabello et silence au 2.
Un peu mieux au 5, les séries ont été plus abouties et de meilleure qualité mais la charge du toro était pesante. Une épée entière en place d’effet rapide a libéré une oreille pour les amis.
Christian Parejo, violet et or, a déjà du bagage et ça se voit. Il fera montre de beaucoup d’autorité face au 3, le meilleur de l’encierro, des deux côtés. Malgré un désarmé fortuit, il construira une faena complète conclue d’une estocade foudroyante à la rencontre qui fera tomber deux oreilles.
Le 6 était plus désuni mais de bonne charge. Cité de loin, il viendra sans se faire prier pour une entame de qualité. Quelques séries gauchères de bon aloi, encore un désarmé, détail qu’il faudra régler, épée entière en place concluante et oreille.
Il remporte la Chaquetilla d’or mise en jeu pour l’occasion.
Beau temps. 1/3 d’arène.
Dimanche 22 août.
Corrida de José Cruz de Salamanca, d’origine Domecq par Daniel Ruiz. Lot bien présenté mais faible et de peu de caste. Peu piqués (7 piques), fades et mous, ils n’ont pas permis à la course de décoller. Né en automne 2016 et printemps 2017. 2 noirs, 2 tostado, 1 castaño et un colorado. Comme quoi la carrosserie, ça ne fait pas tout.
Mano a mano Juan Leal et El Rafi, sobresaliente Jérémy Banti.
Juan Leal, vert pomme et or, a fait du Juan Leal. Ce garçon a un cœur gros comme ça et un courage à toute épreuve. L’ennui, c’est qu’il semble toréer sans réflexion. Tant que le toro passe, il reste fuera de cacho. Quand le toro ne passe pas ou plus, il vient dans les cornes pour un final tremendiste de mauvais aloi qui frôle la vulgarité. Il mise sur son agilité pour se tirer des mauvais pas. Il est à craindre qu’un jour, ça ne marche pas. Il surfe sur les frissons des tendidos pour faire tomber les oreilles. Et pour peu que l’estocade soit concluante, ça fonctionne. Devant le 1, soso, il ne s’est jamais croisé, a failli y laisser une fesse, seule la culotte a été décousue, car enfin le toro s’est aperçu de quelque chose, a mis une épée entière en place et a coupé… 2 oreilles accordée par une présidence presque aussi mauvaise que la veille.
Le 3 avait peu de charge. Juan est donc allé dans les cornes pour tirer des passes une à une. Épée entière contraire. Mort longue et oreille (!).
Le 5 a enchaîné les chutes et le trasteo est resté au sol. Juanito a aussitôt intégré les cornes et s’est fait attrapé sans mal en fin de faena. Une demi-épée après demi-metisaca plus tard, descabello, avis et salut.
El Rafi est tout jeune matador ; il ne manque pas de qualités et a fait beaucoup de progrès depuis son alternative arlésienne. Il ne s’affole pas, se croise, charge la suerte et "cite" de loin quand l’occasion se présente. En revanche pas de maîtrise de l’épée en ce moment. Longues séances de carretón à prévoir. Le 2 s’est avéré vite faiblard, perdant les mains à plusieurs reprises au deuxième tiers. Rafi a bien démarré à la muleta avec trois séries de la gauche de bonne facture. Le toro a "embisté" en terre et s’est vite réservé. Il a fallu réduire à droite et terminé par quelques recortes pertinents. La fin fut catastrophique : bajonazo, quatre pinchazos, avis, trois descabellos et silence.
Le 4 a pris une pique triple dose et a enchaîné avec une vuelta de campana qui a entamé son capital. Il a supporté un quite par gaoneras de Rafi, deux paire de banderilles et un cite au centre avec changement dans le dos à la mode Castella. Après, il a fallu le laisser respirer, ce qu’à fort bien fait le garçon avec beaucoup d’intelligence entre les séries. Il a pu ainsi instrumentaliser la meilleure faena possible avec un tel partenaire. Hélas, bis repetita à l’épée : 1/4 d’épée, pinchazo puis entière caída. Vuelta.
Le 6 était faible et le torero fatigué. Ça a donné une faena, sans réelle domination d’un toro qui se réservait de plus en plus et se défendait sur place. Rafi averti sans frais s’est appliqué à l’épée : entière en place finalement concluante et oreille pour l’ensemble de son œuvre.
Beau temps et 2/3 d’arène.
Dominique Madera