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50 nuances de bleu

Publié le par Cositas de toros

 

          BAYONNE. FERIA DE L’ATLANTIQUE

 

Photos : Frédéric Martinez

 

Vendredi 03 septembre, 19h. Corrida de El Montecillo

Quelques nuages, léger vent.

 

           

            Un encierro de El Montecillo (Tolède), origine J.P. Domecq. Des bichos nés entre octobre 2015 et février 2016. Nous sommes loin des perdreaux de l’année. L’ensemble est bien présenté, ce fer paraissant en France pour la première fois. Il n’a pas du tout convaincu : pas de fond, pas de race, moteur grippé. S’il existait un service national pour les toros bravos, ceux-ci n’auraient guère pu être affectés au corps des transmissions (« l’arme qui unit les armes ») ! Ces soldats compliqués ne possédaient ni le moteur, ni la cylindrée, simplement la carrosserie. Ils ne rechignaient pas à s’élancer vers le cheval, s’invitant régulièrement sans sollicitations, les cuadrillas et les maestros plutôt absents lors de ce tercio si souvent sabordé. Ce soir, souvent mal piqués et trop. Un fiasco aux banderilles où ils ne chargeaient pas. Seule, la cuadrilla de Luque émergea du bleu, un bleu qui fana très vite.

 

Après la bataille...

     La goyesque bleue… il va falloir songer à se renouveler car ce bleu en a rajouté à l’ennui qui gagnait les tendidos : aburrimiento total. Ce bleu vous renvoie vers la froidure, et autant le "ciel et bleu" de l’Aviron est chaleureux, autant celui-ci vous plombe le moral. L’histoire de la couleur bleue dans les sociétés européennes a fortement changé de cap. Pour les Grecs et les Romains, cette couleur compte peu, elle est même désagréable à l’œil. Aujourd’hui en Europe – et à Lachepaillet –, le bleu est de très loin la couleur préférée. Attention, l’aficionado va se lasser. Pour la couleur bleue, je vous renvoie à Michel Pastoureau : Bleu, histoire d’une couleur. Vous connaîtrez toutes les nuances, emplois et significations.

 

     Bref, le bleu s’éclaircit avec le 5e "Hojaldre", castaño de 519 kg, avec lequel, Luque, de cet âne en fit un cheval de course. L’animal, né en décembre 2015, possède pas mal de bois sur le chef. Il part directement vers la pièce montée pour recevoir deux bonnes piques, poussant sous la seconde. Pour alimenter l’instant, José Chacón est ovationné après une superbe paire de palos.

     "Hojaldre", tardo, se bonifia sous la flanelle de Luque. À cette seule occasion, la musique retentit, les séries des deux mains firent monter les Olé ! Le bicho ayant une meilleure charge à droite, la suite ne fut que derechazos dont un en redondo interminable.

     Le torero est relâché mais le soufflé retomba bien vite. Une entière donnée avec décision fit jaillir les deux mouchoirs, certainement pour nous avoir sortis du désespoir, même l’arrastre fut applaudi ! "Hojaldre" signifiant "pâte feuilletée", ici plutôt "pâte brisée" mais le pâtissier de Gerena en assura la cuisson. La "pâte" faisant illusion, nous vécûmes un petit miracle.

"Perezoso", un negro salpicado bragado, astifino, bien reçu à la cape, poussa lors du tercio de varas mal exécuté. Le toro se montra faible, bien "banderillé" par Juan Manuel Pérez Mota qui salue. Quelques muletazos mais la bête n’"humilie" pas, la suite est construite de demi-charges accompagnées d’hachazos. La mise en suerte finale est longue, "Perezoso" avançant sans cesse, faisant baisser l’épée de Luque. Avancer vers la mort pour la retarder, en sorte. Pinchazo, entière caída, trois coups de verdugo, un avis. Salut au tiers, arrastre sifflé.

      Antonio Ferrera fit acte de présence et donc fut absent, s’étant spécialisé cette temporada dans les mano a mano ou les solo. Le colorado se colla au caparaçon et commença sa sieste. Ferrera au diapason : une "faena" réduite, une demi-lame tombée. Silence.

     Toujours en dilettante, le "Zébulon" des temps passés manqua de ressort, le toro aussi. Celui-ci se nommait "Gitanito" frôlant les six ans (10/15). Une demi-épée sans s’engager. Pitos.

 

       Emilio de Justo débute bien de cape le long des planches. Il laisse "Garrafo" se faire vacciner généreusement, Covid oblige. Emilio crie toujours autant et arrache un par un les muletazos. Entière en s’engageant mais ne méritant pas l’octroi d’un pavillon, Bernard Peytrin, président généreux.

Le dernier, un castaño de 530 kg, n’illumina pas le dénouement : du bouillon Kub. Pas une charge, aucune passe, tête haute. Silence pour le piéton, bronca pour le quadrupède.

 

     Daniel Luque sortant a hombros. Une goyesque bien décevante.

 

PS. Á Tolède, exigez plutôt l’acier, qualité garantie et les Montecillo en pot au feu, un cocido.

 

                                                                   Gilbert Lamarque

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