Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

12 DIAS 12 !

Publié le par Cositas de toros

      « Siete de julio…, ¡San Fermín! »

 

Enrique Maya, maire de Pampelune

               Après deux ans sans le chupinazo et le « Pobre de mi », la municipalité de Pampelune et son maire, Enrique Maya, sont à même de proposer trois jours de festivités supplémentaires, soit du 6 au 17 juillet, douze jours !
Voilà un fait nouveau mais pas inédit. En effet, jusque dans les années 1960, les fêtes et foires duraient jusqu’au 20 juillet.
Il semblerait « qu’un choix important devrait également concerner le programme taurin. » Les arènes fêteront le centenaire de leur inauguration qui eut lieu le 7 juillet 1922. Conçues par Francisco Urcola, elles ont été réaménagées par Rafael Moneo, agrandies permettant de recevoir 19 000 spectateurs.

Retour sur les origines

     À l’origine, les festivités du saint de la capitale navarraise étaient célébrées au Moyen Âge, le 10 octobre.
Avant que les Sanfermines voient le jour, le premier évêque de Pampelune était déjà vénéré.

     La tradition dit qu’il a été baptisé au IIIe siècle par le missionnaire Saturnino de Tolosa – le Toulouse haut-garonnais – dans un lieu connu aujourd’hui sous le nom de « pocico de San Cernin ou San Saturnino ». Contrairement à ce que l’on peut croire, San Saturnino est le véritable patron de Pampelune et non San Fermín qui détient le co-patronage de la Communauté Forale avec San Francisco Javier. Selon la tradition catholique, Firmin était le fils d’un sénateur romain à Pampelune, converti au christianisme. Saint Saturnin est considéré comme le premier évêque de Toulouse, martyrisé en 257 en étant attaché à un taureau furieux. La tradition fait souvent la confusion entre le martyre de saint Saturnin et celui de saint Firmin. Fermín a été ordonné prêtre à Toulouse avant de retourner dans la capitale navarraise comme évêque. Il sera décapité à Amiens au début du IVe siècle, vers l’année 303, mettant à mal le proverbe : « Les voyages forment la jeunesse ». Pour découvrir une autre façon de vivre ou de penser, Amiens ne fut pas la bonne destination !

Reliquaire de San Fermín, église San Lorenzo

     Son culte ne sera documenté qu’au XIIe siècle, importé d’Amiens dans les litanies dans lesquelles il apparaît dès le VIIIe siècle. Les reliques de Fermín furent transportées à Pampelune en 1196 et la ville aurait décidé de créer un évènement annuel mêlant la légende du martyre de saint Saturnin et du taureau à celle de la décapitation de saint Firmin.   

Les encierros

     C’est en 1591 que les habitants, lassés du fait que les Sanfermines soient sans cesse arrosées – non par le tinto ou le clarete, mais par la pluie – décident de les déplacer en juillet, les faisant coïncider avec les foires aux bestiaux. Le premier programme dont on dispose date précisément de cette année-là et consistait en une proclamation (pregón), un tournoi de lances, une pièce de théâtre en l’honneur du saint, un festival de danse, une procession et, le lendemain, une corrida. À l’origine, les Sanfermines ne duraient pas une semaine, mais seulement deux jours.
L’origine des encierros vient précisément de la route par laquelle les bergers emmenaient les toros de combat des près de La Ribera de Navarra à la plaza mayor, qui jusqu’en 1843 était la Plaza del Castillo. Un porte-étendard à cheval ouvrait la marche, les bergers fermaient la route. Quand les chicos ont commencé à courir devant les toros ? On ne le sait pas exactement mais Luis del Campo Jesús (1912-1995), médecin légiste à Pampelune, considéré comme « l’historien de la course de taureaux », partageait l’opinion des conseillers municipaux de 1787, lorsqu’ils affirmaient que « la fonction de conduire les taureaux est si ancienne à Pampelune que le début n’est pas connu », ou l’art de taper en touche !
D’autres théories disent que ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que cette coutume s’est mis en place. Toujours est-il que depuis 1852, l’itinéraire est pratiquement le même qu’aujourd’hui. À partir de cette époque, il n’y a eu qu’un seul changement dans la courbe finale, en 1922, année où les arènes ont été inaugurées. Depuis le parcours est inchangé. Concernant le départ, jusqu’en 1924, c’était à six heures du matin ! On passa ensuite à sept heures et nous voici depuis 1974 à huit.

Du « Riau-Riau » à « A San Fermín pedimos... »

     La composante religieuse s’est depuis, diluée. La procession à l’église de San Lorenzo pour célébrer les Vêpres des Sanfermines, en masse, s’est transformée, petit à petit, en un acte informel de protestation joyeuse sous le nom de « Riau-Riau », qui s’est ajouté officiellement au XXe siècle tout comme le chupinazo.
À partir de 1901, le chupinazo, la fusée a été lancée depuis la Plaza del Castillo pour signaler le début des festivités, fusée lancée par quelques quidams. C’est depuis 1941 que le chupinazo s’est réellement officialisé, lancé par la municipalité.
En ce qui concerne le chant « A San Fermín pedimos... » chanté trois fois devant la niche de San Fermín dans la côte de San Domingo avant le lâcher de l’encierro, il date de 1962. C’est un fragment de l’hymne de la peña La Unica, avec des paroles de Joaquín Zabalza, membre de Los Iruñako – Iruña, Pampelune en basque – et une musique du maestro Turillas.

Ernest Hemingway

     S’il y a bien un personnage qui a contribué à l’immortalisation des Sanfermines, c’est bien Ernest Hemingway. Personne controversée, il a été par ses écrits, le meilleur ambassadeur de la Fiesta à l’étranger. Son témoignage valait tellement que jusqu’à présent, ce sont des troupeaux de touristes qui se précipitent à Pampelune pour vivre cette fête devenue un des évènements de masse les plus importants au monde. La mairie a érigé un buste de l’écrivain sur l’allée Ernest Hemingway, of course. On sait que la tradition du foulard rouge est antérieure au vêtement blanc. Selon la tradition, la couleur rouge rappellerait le martyre de San Fermín mort décapité. Une autre théorie évoque l’année 1599, lorsqu’une épidémie frappe la ville. En guise de remède, un sceau avec la représentation des cinq plaies du Christ a été placé sur la poitrine du malade. Il est dit que le foulard rouge symbolise ces plaies qui, selon certains, auraient agi contre la peste. Pampelune continue de célébrer le Vœu des Cinq Plaies, el Voto de las Cinco Llagas, chaque Jeudi Saint en mémoire de cela. 

« Pobre de mi... »

     Et pour être complet – du moins, un peu plus accompli – rajoutons qu’en ce qui concerne les géants et les grosses têtes, los gigantes y los cabezudos, il existe des preuves de leur présence depuis le XVIe siècle, bien qu’au XVIIIe, ils soient tombés dans l’oubli. Carlos III avait interdit cette procession. C’est en 1860 que la municipalité commanda au sculpteur Tadeo Amorena, huit géants représentant quatre continents ou races. Aujourd’hui, la "troupe" est composée de 25 figurines.
Le « Pobre de mi… » qui est chanté à minuit le 14 juillet donne lieu au dernier acte des fêtes. C’est dans les années 1920, qu’un Pamplonais du nom de Julián Valencia et ses amis ont improvisé cette fin de fête. Le maire dit au revoir aux fêtards depuis le balcon de la mairie et invite tout le monde à venir participer aux festivités de l’année prochaine, pendant que chacun allume une bougie et retire son foulard.

     Retirera-t’on son foulard au soir du 17 juillet en 2022 ?
                                     

                                                       Gilbert Lamarque

Commenter cet article
C
Beau travail!
Répondre
C
Merci Christian