Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"Le Sévillan au coeur castillan"

Publié le par Cositas de toros

   

     

                C’est ainsi que le qualifiait Claude Popelin. Diego Puerta Diánez, enfant du quartier sévillan de San Bernardo où il naquit en 1941, apporta à la tauromachie des après-midi rayonnantes. Son père était responsable de l’abattoir. Il fait ses débuts à Aracena (Huelva) le 16 septembre 1955, il a 14 ans avec à l’affiche, Riañito et Jarrillo. Le 7 octobre 1956, il débute avec picadors aux arènes de Vistalegre à Madrid devant des novillos de Bernaldo de Quirós (5) et de Santiago Pelayo (1). Il reçoit sa première cornada le 8 septembre 1957 à…  Marseille – de 1770 à 1962, sans jamais égaler Nîmes ou Arles, Marseille a comptabilisé 18 arènes fixes ou démontables jusqu’à la dernière corrida le 1er juillet 1962. L’arène emblématique fut celle du Rond-Point du Prado (1887-1950) où le matador barcelonais Pedrucho II meurt à 28 ans d’une corne en plein cœur.
     Il est le diestro qui a reçu le plus de coups de corne durant sa carrière, cinquante-huit exactement ! 
     Il se présente à Las Ventas, le 28 mai 1958, "lidiant" du bétail de Sánchez Fabrès et coupe une oreille de chacun de ses novillos, accompagné d’Emilio Redondo et Miguel Mateo "Miguelín".  
Après 56 novilladas, il prend l’alternative à la Feria de San Miguel à Séville le 29 septembre 1958. Luis Miguel Dominguín lui confère avec le toro "Zambombero" de Ricardo Arellano en présence de Gregorio Sánchez. Cette année-là, il a déjà subi deux cornadas, le 22 mai à Saragosse et le 7 septembre à Séville.
     Lors de la temporada 1959 (28 paseos), il subit encore trois sérieuses blessures : la première le 12 avril à Barcelone dans l’aine droite, la deuxième, le 2 août à La Corogne, où un toro de Fermín Bohórquez l’atteint une nouvelle fois dans l’aine. Mais le coup le plus grave, il le reçoit à Vistalegre (Bilbao), touché au foie par un bicho de Salvador Guardiola. 
     En 1960, le 20 mai, il fait sa présentation à Madrid à la San Isidro, toro "Malagueño" de Bernabé Fernández. Après une vuelta, il y coupe ses deux premiers trophées, toro "Voluntito". Deux nouvelles blessures lui sont infligées le 8 et le 29 mai à Barcelone, puis le 25 juillet à Tudela, toro de Francisco Galache et enfin à la Feria de Murcie, le 8 septembre, bicho de Pablo Romero.
     En 1961, il participe à 73 corridas et est blessé à trois reprises. En 1962, avec 79 corridas, il est premier de l’escalafón avec Jaime Ostos. Cette année encore, il n’est pas épargné par les mésaventures. Blessé au scrotum à Barcelone, puis deux semaines plus tard à Saint-Sébastien. Il s’enferme avec six toros d’Antonio Pérez de San Fernando à la Feria de San Lucas à Jaén.
     En 1963, Il acquiert le bétail de Sancho Dávila. Il ajoutera 71 corridas mais le 21 avril, à la Monumental de Barcelone, un toro d’Alipio Pérez Tabernero Sanchón lui inflige une cornada très grave dans la fosse iliaque pénétrant l’abdomen provocant quatre perforations intestinales. Santiago Martín "El Viti" et Paco Camino en furent les témoins.
     En 1964, 71 paseos de nouveau puis en 1965, 63, où il triomphe le 29 août à El Puerto de Santa María en coupant quatre oreilles et une queue aux toros de José Benitez Cubero. Le 10 septembre, il est blessé à la cuisse gauche dans les arènes d’Albacete.
     Le 10 avril 1966, il remporte un beau succès à Barcelone en s’attribuant les deux oreilles de "Nueve Cosechas" du Conde de la Corte. À l’été de la même année, il est nommé président du Montepío de Toreros (caisse de secours des toreros). Il termine avec 71 paseos, subissant trois autres blessures, le 25 juillet à Santander, le 15 août à Tolède et le 23 septembre à Talavera de la Reina. 

 

© archives Hoy


     En 1967, il défilera en 69 occasions, 73, l’année suivante où il triomphe à la Feria de Grenade, le 13 juin, coupant quatre oreilles et une queue, bétail du Conde de la Corte, en compagnie de César Girón et Sebastián Palomo Linares.
     Le chiffre de l’année 1969 n’est que de 58, la faute à une grave blessure, le 7 septembre à la Feria de Murcie, un toro de Fermín Bohórquez lui inflige un coup dans la région rectale à la mise à mort. Les oreilles et la queue lui sont amenées à l’infirmerie.
     En 1970, il ajoute 68 corridas à son palmarès. À la San Isidro, il coupe trois oreilles, le 23 mai à deux toros d’Atanasio Fernández devant El Cordobès et Rafael Torres. En 1971, il combat 59 corridas et en 1972, 46, subissant deux blessures graves. La première à Jerez de la Frontera, le 6 mai avec un toro de J.P. Domecq, à la cuisse droite, et le 12 octobre à la Feria du Pilar (Saragosse), un toro du Conde de Mayalde, à la cuisse gauche.
     Au cours de la saison 1973, il termine avec 55 paseos malgré deux autres blessures reçues à Castellón le 14 juin et à la Feria d’Albacete.
     Arrive sa dernière temporada, 1974, au cours de laquelle il participera à 42 corridas et prendra l’ultime coup de corne dans les arènes de Saragosse le 9 octobre, d’un toro de Carlos Urquijo, à l’affiche avec Paco Alcalde et Paquirri. Trois jours plus tard seulement, il réapparaît avec les points encore frais dans la Maestranza pour un mano a mano avec son ami, compagnon de toujours et des grands après-midi, Paco Camino. Six toros de Carlos Urquijo auxquels il coupera les oreilles du dernier. Cette année-là après 16 temporadas, c’est la retraite à 33 ans.
     Le Sévillan a franchi à huit reprises la grande porte de Madrid. Il a participé à onze ferias de la San Isidro, il aura manqué : 1969, 1972, 1973 et 1974.
     Il fit neuf fois le paseo à Mont-de-Marsan, tout comme Dominguín et El Cordobés, et coupa 14 oreilles. Il y débuta le 19 juillet 1960. Je le vis pour l’unique fois, lors de sa dernière participation au Plumaçon, le 24 juillet 1973 avec Ruiz Miguel, présent pour la première fois et El Niño de la Capea, toros de Buendia ; il pleuvait.

 

© G. Lamarque mars 2015


     Il se consacre par la suite à son rôle d’éleveur. Il possédait deux fers : celui de Diego Puerta et celui de La Resnera, anciennement Puerta Hermanos. La finca "La Resnera Alta" se situe à Castiblanco de los Arroyos (Séville) sur 1 100 hectares.

 

Diego Puerta © G. Lamarque
La Resnera © G. Lamarque


   

 

 

 

 

 

   

 

 

     

 

     Il élimina toutes les vaches du bétail acheté en 1963, acquérant en 1975, une partie du cheptel de Juan Pedro Domecq y Díez. Du pur Domecq bien éloigné des "encastes" combattus par le Maestro.

Dolores © G. Lamarque

     Sa fille, Dolores, est au commande aujourd’hui avec son frère Pedro : d’un côté, les Juan Pedro, les toros du fer Diego Puerta, et de l’autre, les Salvador Domecq marqués La Resnera. Pas d’apport extérieur, les sementales sont issus de la ganaderia. Ce sont les toros que Diego Puerta aimait : ceux du Conte de la Corte, les J.P.D. originaux, issus du sang des "tamarones" du Comte – la marquise de Tamarón à l’origine de l’élevage en 1912.

 

© G. Lamarque
© G. Lamarque


     

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

"Peleón" (à droite), lidié et indulté par Emilio Muñoz à Villacarillo, le 15/09/1994. © G. Lamarque

     

     L’élevage des bravos, avec noblesse et transmission, l’autre passion de Diego Puerta transmise à ses enfants.

 

© G. Lamarque


      "Diego Valor" mourut à Séville, il y a 10 ans, le 30 novembre 2011, il avait 70 ans.

                                                                Gilbert Lamarque

Commenter cet article