L'ÉVANGILE SELON SAINT ANDRÉ
Tombant, sans mal, sur un court article, par blog interposé, tiré de La Marseillaise Hebdo Occitanie (22 au 28/04/22), concernant le dernier livre d’André Viard, La chair et le sens. Une religion du taureau, le journaliste qualifiait l’ouvrage de "Bible de la tauromachie". « André Viard nous a concocté ce véritable document sur une religion des taureaux avec une incroyable précision d’écriture et une documentation qui font de ce livre une sorte de Bible de la tauromachie ».
Par Belzébuth, comme il y va !
Les liens entre le taureau et l’homme, de la mythologie à nos jours, A. Viard en a fait son fond de commerce. Après Le mythe du taureau (1996) et Tauromachies universelles (2016), voici la "Bible". Un ouvrage polémique imposant (592 pages, un demi kilo) sur un sujet qui est aussi notre rapport à l’animal.
« L’observation des pratiques taurines des peuples indo-européens et du pourtour méditerranéen montre que le combat du taureau s’y perpétua jusqu’à son extinction à l’état sauvage. Des chasses paléolithiques à la corrida moderne, en passant par les fêtes chevaleresques de la Renaissance, cet essai sur la mythologie et l’ethnologie du taureau offre un voyage aux origines de la tauromachie ».
Mais la tauromachie moderne, celle que nous connaissons, s’est inscrite au XVIIIe siècle et non pas avec les premières civilisations, en Crète, en Grèce et ailleurs. Les combats, les jeux ou les formes sportives entre l’homme et le taureau sauvage étaient certes une forme de tauromachie.
Pour Viard – dans ses rêves – « le premier héros de l’humanité peint sur les parois de la grotte de Villars, lequel était un chasseur à pied qui provoquait la charge du toro pour le tuer de face ».
Diable, la Dordogne terre taurine ! De là à écrire que ce chasseur revêtit l’habit de lumières ! En 2016, il concluait que la corrida remontait à 23 000 ans (Tauromachies universelles) : « Villars, 23 000 ans, la première tauromachie. »
Nous sommes – presque – tous admiratifs de l’érudition d’André Viard mais, j’ai la terrible impression qu’il assimile le lecteur et en particulier le lecteur-aficionado ou l’aficionado-lecteur à un couillon, d’une culture asséchée sans discernements. Sûr, certains ont pris cette somme pour argent comptant, si nous considérons les critiques dithyrambiques abondantes, à croire que nous sommes qu’un peuple d’une incrédulité excessive.
Au siècle des Lumières, on combattait l’ignorance par la diffusion du savoir, et non pas par une somme encyclopédique délivrée sans mesure, avec audace certes, mais pas toujours avec équité, intégrité.
Après Matthieu, Jean, Luc et Marc, voici l’Évangile et aussi la Passion selon saint André, cette passion lui soufflant une inspiration débordante ! Quantité n’est pas vérité pour autant.
Cette "Bible" vaut bien quelques libelles et élucubrations, "Bible" éditée aux éditions Au diable vauvert – ça ne s’invente pas ! – traduite de l’hébreu en français.
La chair et le sens. Une religion du taureau, 25 euros par André Viard, président de l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT), diplômé en droit, ancien matador, (bon) dessinateur, écrivain, journaliste, photographe, créateur de la revue Terres taurines, futur anthropologue.
Que mes offenses me soient pardonnées…
Gilbert Lamarque