LES ASTURIES, UN DÉSERT TAURIN
Oviedo est la capitale des Asturies, mais Gijón est la plus peuplée, puis viennent Avilés, Siero, Langreo…
Les bravos, même le dimanche, ne fréquentent plus les arènes asturiennes. Ici, dans ces contrées, le nombre d’habitants régresse. La région a le plus fort taux de mortalité du pays et aussi le taux le plus bas de natalité. Aïe !
Peut-être que le folklore celtique et sa gaïta asturiana, la fameuse cornemuse à trois tubes, a chassé les toros peu mélomanes. Nous sommes aux antipodes du flamenco et le toro, personne ne l’ignore, savoure le flamenco ! Pourtant vous remarquerez que dans le mot cornemuse, nous retrouvons "corne"… ainsi que "muse". La tauromachie est-elle un art ? Aucune des muses qui étaient au nombre de neuf, filles de Zeus et Mnémosyne, ne s’est penchée sur l’art taurin. La tauromachie est-elle une tragédie ? Certainement.
Melpomène aurait pu faire un effort, elle, dont le domaine était la tragédie et le chant (el cante jondo ?), souvent représentée sous les traits d’une femme majestueuse, triste et fière, tenant des sceptres, des couronnes de pampres d’une main et un poignard de l’autre. Dans ses attributs, on trouve entre autres, le masque tragique et aussi le glaive. Mais la Tauromachie est sûrement née bien après les muses !
Le seul toro toujours présent dans la région, c’est Fernando Alonso, surnommé El Toro de Asturias !
En fait, on peut s’interroger : les Asturies sont-elles en Espagne ? Car même la gastronomie s’apparente parfois à la cuisine normande ou bretonne et la boisson "nationale" qui domine est la sidra, le cidre asturien.
Il est vrai que les Asturies séquestre une histoire celte dont la culture est commune à La Galice voisine, l’Écosse, l’Irlande et la Bretagne. J’insiste, les toros n’aiment pas cet héritage musical mais aussi culturel.
La Galice, citée plus haut, n’est pas plus avantagée. Seuls, les pèlerins se précipitent lentement vers sa capitale politique, Saint-Jacques-de-Compostelle, pour saluer l’apôtre Jacques le Majeur. La Corogne, Lugo, Orense et Pontevedra, les quatre capitales provinciales, ne discutent pas de tauromachie ou alors, chuchotent-elles.
Les 1er et 2 août 2015, le Coliseum de La Corogne aurait dû accueillir Paquirri, El Cordobés (les juniors, bien sûr) et El Fandi. Mais le 13 juillet précédant, la nouvelle équipe municipale proche de Podemos, avait annoncé l’annulation des corridas. Paraît-il qu’en 2014, il y avait plus de gens manifestant contre les corridas devant les arènes que de public à l’intérieur… Le maire s’étant engagé dans son programme à ne plus subventionner ni céder des bâtiments municipaux pour des spectacles où sont maltraités des animaux. Tant qu’il sera au pouvoir, il ne devrait donc plus y avoir de fêtes taurines. Pour une fois qu’un élu suit son programme !
En avril 2018, la Cour de justice de Galice a approuvé la décision de La Corogne d’arrêter l’organisation des corridas. Adieu Patrimoine Culturel Immatériel ! Le maire a été remplacé en 2019 par la señora Inés Rey (PSOE) mais la sauce reste figée.
Laissons la Cantabrie voisine et revenons dans les Asturies.
À Avilés, troisième ville de la région, au début du XVIIe siècle, les corridas avaient lieu sur la Plaza de Fuera de Villa, la Plaza de España actuelle. Aujourd’hui, plus aucune manifestation, plus l’ombre d’un toro et ce, depuis la fin des années 1990.
À Pola de Siero, il existe une chronique taurine de 1895. Il semble que tout se soit consumé aussi à la fin des années 1990.
Quant à la plaza de toros d’Oviedo, elle "devrait" ré-ouvrir après un gros coup de rajeunissement espéré depuis sa fermeture en septembre 2007. Le 30 mars 2008, le coso de Buenavista est définitivement fermé en raison de grosses lacunes constatées dans sa structure par des techniciens municipaux. Ceci nous rappelle Gijón, bien sûr.
Ici aussi, le maire ne souhaite pas la programmation de spectacles taurins, ceux-ci étant déficitaires selon la mairie. La municipalité a déclaré qu’Oviedo n’est pas une ville de tradition, les toros ne doivent pas y revenir. Les arènes seront pour des concerts – de cornemuses, certainement – et pas mal d’autres choses.
On peut lui suggérer, en attendant les importantes décisions, de transformer le ruedo en champ de blé, céréale ô combien précieuse étant donné la pénurie à craindre pour l’avenir dans ces temps troublés. La municipalité et les jardiniers de la ville transformés en agriculteurs pour l’occasion permettront des bénéfices sachant qu’en plus, il n’y aura que peu de travaux pour aménager la piste en terre agricole.
15 ans que les arènes de Buenavista sont en friches !
Elles furent inaugurées en 1889 et ont été déclarées site d’intérêt culturel en 2006.
Le maire actuel, Alfredo Canteli (PP) reste immobile tel Don Tancredo. La dernière corrida a eu lieu le 21 septembre 2007 avec Enrique Ponce, Francisco Rivera Ordoñez et Diego Urdiales avec les toros de Zalduendo.
Les spectacles taurins dans la ville remontent, au moins, à l’époque d’Alphonse II le Chaste vers 815 où les combats se pratiquaient de manière chevaleresque par la noblesse.
À venir, la dernière étincelle ?
Le 3 avril a eu lieu la présentation d’un nouveau chapitre (capítulo) de la Fundación Toro de Lidia dans les Asturies. Cet évènement s’est déroulé dans l’auditorium Caja Rural de … Gijón, présidé par Victorino Martín.
Le chapitre des Asturies rejoint ceux déjà créés à Grenade, Cordoue, Malaga, les Baléares, Salamanque, Badajoz, Albacete, Tarragone, la Cantabrie et Pontevedra.
Le nouveau chapitre a visité les extérieurs des arènes d’Oviedo et de Gijón. L’action pour relancer les toros dans ces deux villes va être l’une des grandes luttes dans lesquelles va travailler le chapitre des Asturies.
Le coordinateur des chapitres, Fernando Navarro, a déclaré : « La situation actuelle m’encourage plus que jamais à lutter pour la tauromachie afin de démystifier le profil de l’aficionado et de défendre la Loi, car la tauromachie, n’oublions pas qu’elle est légale. Une démocratie qui censure aujourd’hui l’acte culturel de la tauromachie, demain qui sait de quel autre droit elles nous privera. »
Le service juridique de la Fondation travaille déjà pour étudier les actions possible et est en contact avec C. Zuñiga, l’empresa de la plaza de Gijón.
Le journal ABC titrait le 4 avril : « La Fondation del Toro étudie des actions en justice pour la fermeture de la plaza de Gijón. »
Attendons.
Le rejet de la cruauté et de la torture se généralise dans de nombreuse autonomies espagnoles, car il est temps d’interdire la torture en tant que spectacle. Malheureusement, certains défendent la torture au nom de la culture et de la tradition, alors que la première est aux antipodes de la brutalité et que la seconde offense la mémoire de nos ancêtres.
Gilbert Lamarque