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DIX APPRENTIS, UNE PÉPITE

Publié le par Cositas de toros

 

          BOUGUE 26e BOLSIN

 

 

Reportage photos : Frédéric Martinez

 

Manuel Román Alvarez, le matin...

            

... et l'après-midi

 

            Ils étaient dix, ce dimanche 8 mai, à se mesurer afin de remporter le prestigieux Bolsin de Bougue, Bolsin qui vivait sa 26e édition. En 1995, un certain Sébastien Castella, tout frêle, y participa sans triompher. Plus tard, d’autres noms s’illustrèrent ; au hasard, Alejandro Talavante en 2003 ou Marco Leal en 2005.

     Cette opportunité, les Espagnols font des pieds et des mains pour y être présents. Six représentaient leur pays aux côtés des quatre Français.

     Le tentadero matinal débutant à 9h40, véritable marathon, a donc vu dix vaches de Camino de Santiago "tientées" par chacun des aspirants : l’apprenti sort de premier sur une vache et de second sur une autre.

     Les vaches de Jean-Louis Darré eurent des comportements différents, certaines peu ou mal piquées par Alain Bonijol, lequel, homme orchestre, fournit les chevaux du paseo, les jeunes chevaux de pique, eux aussi à l’apprentissage, et le train d’arrastre !

    Les cornues se comportèrent favorablement pour la moitié d’entre-elles environ, pour permettre aux jeunes de s’exprimer. Le sort comme de coutume en favorisa certains.

 

     Pedro Montaldo Corella (ET Guadalaraja) eut quelques difficultés avec la première, compliquée. Ce fut mieux avec la seconde.

 

     Fabien Castellani ne fut guère aidé par les deux vaches qui recherchaient plutôt la querencia des tablas.

 

     Bien sûr, Guillermo San José (Fondation El Juli) éprouva les mêmes difficultés avec la précédente. Par contre, il put négocier quelques séries "templées", montrant, avec quelques bagages, sa qualité de lidiador.

     Rafael Ponce de Leon (CFT Nîmes) multiplia les passes mais ses deux faenas restèrent heurtées.

 

     Miriam Cabas (ET Campo de Gibraltar) "apodérée" en France par Serge Almeras, montra beaucoup de volonté, s’appliquant lors de la mise en suerte. Face à la cinquième qui laissait des possibilités, sa faena ne décolla pas véritablement.

     Lenny Martin (ET Béziers), plus brouillon, fut plutôt discret.

     Iker Fernández Aliagas (ET Salamanque), plus froid, plus technique aussi fut malchanceux avec la mansa septième.

     Vache dont hérita Juanito (ET Adour Aficion)… me décevant avec la huitième où le jeune béarnais, emprunté, resta très en-dessous.

 

     Tristan Barroso (ET Badajoz), attendu par son fan club, toréa la huitième aux planches et se montra dominateur avec la suivante, une beccera au sacré caractère.

 

     Manuel Román Alvarez, un petit bout venu de l’ET de Cordoue, prit très vite l’ascendant. Il s’imposa sur le champ (et sur le sable) avec un naturel, une allure torera et templada. La faena de la dixième fut un régal, nous mettant l’eau à la bouche. Olé chiquito ! Il était plus de 13h…

     Sont qualifiés pour l’après-midi : G. San José, T. Barroso et M. Román Alvarez.

      17h. Cinq erales de Camino de Santiago, bien présentés, le lot armé en pointes, nobles, le premier montrant une certaine faiblesse.

 

 

     G. San José devant un eral de peu de charge qui multipliait les hachazos ne put imposer sa faena qui se délita bien vite.

     Le martyre vint aux aciers où le gamin écouta les trois avis… la bête mal "puntillée" depuis le burladero, un moment pénible qui peut donner du grain à moudre à nos "contradicteurs"… 

     T. Barroso accueille son Camino par un bon capote. Quite classieux du petit Manuel auquel répond Tristan.

     Le cornu est un peu retord, de charges courtes et la faena s’en ressent, saccadée mais toutefois bien menée. Entière contraire et en arrière… deux oreilles (!)

   

      M. Román Alvarez, d’un calme olympien, éclabousse le sable de sa classe. Et c’est parti avec de superbes véroniques.

     Avec la flanelle, les séries de muletazos s’enchaînent avec naturel, temple, élégance. Un travail riche, pas un mot, pas un cri, tout au poignet, superbe ! Il termine par des naturelles de face. Un pinchazo, une épée au 3/4 efficace. Deux mouchoirs apparaissent au palco, normal après les largesses au précédent.

     Tristan et Manuel face à face pour la grande finale avec un très bon bétail.

 

     Tristan livre une copie se montrant un peu distant, jouant avec le pico et force le trait. De bons derechazos s’enchaînent, le sitio pas véritablement trouvé, naturelles avant les bernadinas finales. Lame en place, entière positive. Deux oreilles, encore !

 

Le 5

     Le petit cordouan nous régale à la cape, véroniques et la demie, jambes ployées. Un bon Camino, le plus complet, un bon torero.

     Toujours pas un cri, calme, serein et la faena qui s’envole, templada, main basse, la graine de torero relâché, pas un geste de mauvais goût. Une demie basse au second envoi et les deux oreilles malgré ce, dans la logique de la présidence.

 

Non, Jean-Louis, tête haute !

     Les deux a hombros, Jean-Louis Darré saluera à l’issue de la tarde.

     Manuel Román Alvarez vainqueur de ce 26e Bolsin, à l’applaudimètre aussi lors de la remise des récompenses. Il truste tous les prix partageant seulement celui de l’ACOSO avec Tristan. Le troisième de l’étape recevra une muleta.

     Beau succès pour cette journée ensoleillée de printemps, journée aussi de printemps taurin avec ces jeunes pousses et cette révélation, cette découverte, cette pépite, Manuel Román Alvarez, 16 ans. Retenez son nom. Vous pourrez l’accompagner dans sa conquête du Sud-Ouest à Mont-de-Marsan, Dax, Bayonne et Plaisance-du-Gers… sachant que le second, Tristan, sera aussi à n’en pas douter, bien présent dans les plazas de notre région. Un beau duel à venir.

     Après Lagartijo, Guerrita, Machaquito, Manolete et El Cordobés, Manuel Román Alvarez, le futur sixième calife de Cordoue ?

                                                    Gilbert Lamarque

 

 

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