BEZIERS
On parle peu de Béziers. Son maire s’en charge...
Les eaux de l’Orb font des vagues…En effet Robert Ménard ne cache pas son inquiétude d’avoir à organiser un jour une féria sans corrida à Béziers.
L’édile déclare : « Je déteste la corrida, je suis végétarien, mais ma femme et moi nous la défendons. C’est important pour la culture, pour l’humanité ». Caron, prends-en de la graine !
Une féria sans corrida, ce n’est pas une féria, mais tout simplement les fêtes de Béziers. Mais il n’y a pas un Biterrois s’imaginant voir disparaitre cette tradition qui depuis un siècle et demi marque les alentours du 15 août dans la sous préfecture héraultaise.
Les anti-corrida n’ont jamais été aussi proches de remporter cette épreuve. Voyez la Colombie et le Mexique qui suivent l’exemple du Venezuela et de l’Equateur.
Située entre mer et vignoble, le maire ne mettra pas de l’eau dans son vin, l’ancien cofondateur de Reporters sans frontière ne se mettra pas sur les rails qu’a tracés sa consoeur de Gijon, Ana González, qui a délibérément mis son véto sur la corrida : Adieu Féria de Begoña !
Le polémiste et tout nouveau député Aymeric Caron s’attaque à la corrida et se fait épingler pas les élus du Sud ! Le nouvel élu député de Paris - n’y a-t-il pas des affaires plus urgentes ? - né à Boulogne sur mer, ayant fait ses études à l’université de Lille, région taurine bien connue, est un antispéciste convaincu qui veut déposer une proposition de loi visant à interdire la corrida. Pour les fidèles lecteurs d’Astérix, associons-le à Idéfix et naturellement à Assurancetourix, le barde du village qui chante comme une casserole, finissant le banquet ligoté et bâillonné. Dans le Nord, le Pas de Calais, les combats de coqs restent autorisés. Tradition « locale ininterrompue ». Caron semble l’avoir oubliée. Que fait le Chti Caron ?
Il ne manque plus pour le duo qu’Aurore Bergé la parisienne, bien que celle-ci députée de la République En Marche soit installée porte- parole de LREM rebaptisée Renaissance… L’anti, l’opportuniste au sens factuel du terme, combien de fois a-t-elle changé de candidat qu’elle soutenait avant d’arriver chez Macron ? Elle qui avait planché sur l’émancipation artistique, la corrida semble éloignée de l’art. Elle avait remis à Matignon un rapport sur l’émancipation par la culture. Bref, nous nous éloignons des rives de l’Orb…
Robert Ménard est marqué par ses mesures et ses déclarations, faisant polémique, mais ici le polémiste est pessimiste, est-il visionnaire ?
Le 3 août dernier, l’indispensable président de l’Observatoire National des Cultures Taurine, j’ai nommé Viard André, s’interroge sur RMC (la radio des Grandes Gueules, des infos exclusives, bref du vent et des courants d’air avec pour chef de file Moscato et son show) sur les propos de A. Caron. Réponse claire du président de l’ONCT : « De quelle morale A. Caron nous parle-t-il ? On ne nous reproche pas ce que nous faisons mais ce que nous sommes. Il y a des relents de xénophobie dans certaines attaques ». Notons non sans humour, que le ci-devant Caron est l’auteur d’un livre au titre quelque peu risible « Nous mourrons de nous être tant haïs »… L’ayatollah considère-t-il l’aficionado a los toros comme un étranger ? Paris, nombril de la France ? Laissons-les trimbaler leurs bons mots pour un discours stérile entre sourds et malentendants !
Les atouts biterrois
Cette Féria de Béziers est l’évènement de l’été en Occitanie. Près d’un million de personnes s’y donne rendez-vous ne laissant pas insensible Monsieur le Maire qui craint qu’on vive les dernières corridas en France. Béziers est victime de son succès : ses enjeux, le monde attendu, le dispositif de sécurité ainsi que la menace qui pèse.
En attendant, en ouverture, Roca Rey manque sa sortie par la grande porte, la faute aux aciers. Comme l’année dernière Alberto Lopez Simon triomphe face aux taureaux de Robert Margé. Le lot de Toros des Monteilles aura entretenu l’après-midi. Troisième de féria, Pablo Aguado coupe l’oreille en solitaire. Les toros de Miura pour la corrida de clôture, et quelle clôture ! « Un franc lot de Miura et un Rubé s s sn Pinar (4 oreilles) font chavirer Béziers » (Midi Libre). Emotion permanente garantie ! Le dimanche matin la novillada concours piquée avec six élevages français, 3000 spectateurs étaient présents pour voir triompher le Chiclanero-biterrois, Christian Parejo et Lalo De Maria qui ouvrirent la grande porte. Le premier s’emparant du « tastevin d’argent » (deux oreilles d’un Roland Durand).
Le musée taurin, rue Massol et non pas avenue Claparède, était gratuit durant la Féria, commémorant le 75e anniversaire de la mort de Manolete, montage théâtral de 36 sculptures en bronze du madrilène Puente Jerez en hommage à l’unique et grand amour du cordouan , Lope Sino, l’actrice espagnole Antonia Bronchalo Lopesina.
Voilà à mettre au crédit de la cité héraultaise, sans compter la dynamique Union taurine biterroise, l’ainé des clubs taurin de Béziers.
La seconde croisade de Robert le pieu
Depuis un an la mairie de Béziers est propriétaire de l’ASBH, actuellement en Pro D2. Elle a su par cet achat apporter des garanties financières à la DNACG et maintenir le club en Pro D2. Sinon l’ASBH aurait disparu de la carte du rugby professionnel.
Cette situation inédite au rugby ne peut durer.
Jamais une ville n’était devenue propriétaire d’un club de rugby. Robert Ménard et la ville n’ont pas vocation de rester à la tête de l’ASBH. Il cherche donc un repreneur mais le maire veille au grain ! La belle endormie aux 11 Brennus se réveillera-t-elle ? Dépositaire d’une légende, son terrain de Sauclières au bord de l’Orb où l’on a entendu rugir ses avants indéboulonnables.
Chez les supporters, la méfiance est de rigueur, eux qui sont encore traumatisés par l épisode le l’infortuné Christophe Dominici et de l’échec de la vente en 2020. Les anciens du club verraient d’un très bon oeil à trouver un repreneur. Nombreux à Béziers y sont favorables. Répétons-le, la mairie n’a pas vocation à être propriétaire d’un club, il faut un investisseur privé ou un mécène. Le mairie l’a dit depuis le début, agissant dans l’intérêt du club à court terme. Maintenant on remet le dossier de vente sur la table.
Ayons envie d’y croire !
Rugby et corrida, joli programme pour l’aficionado biterrois !
Dans les pages intérieures de Libération du mardi 16 août : « Défense des animaux. L’interdiction des corridas bientôt discutée à l’assemblée nationale », où est mentionné le nom d’A. Caron : Rien de nouveau sous le soleil.
Et le lendemain Libé remet le couvert : « Corrida. A Béziers, débat sur une tradition made in souffrance », avec une photo des plus discutables et un sondage de l’IFOP pour la fondation 30 millions d’amis. 77 % de français interrogés sont favorables à l’interdiction de la corrida. Que faisons-nous des 33 % restants ? Et les biterrois ont-ils la parole ? Autant sonder un syndicat de bouchers sur la consommation de viande en France !
A Béziers, les silhouettes rouges et blanches - non, amis dacquois ! Vous n’avez pas le monopole de ces deux couleurs ! - qui remplissent les allées Paul Riquet dans une ambiance joyeuse de fête populaire, ne seront plus que fantômes hors féria.
Les autochtones ont grandi avec ça dans leur village, on leur a inculqué ces coutumes et traditions depuis l’enfance.
La Féria est née avec la corrida, cela va de pair, c’est incontestable. Aujourd’hui où tout est économie, enrichissement, demandez ce qu’en pensent les commerces biterrois.
La sous préfecture héraultaise, par ses efforts, mérite sa feria et son club de rugby, les poumons de Béziers !
Ne vivons plus avec les souvenirs du grand club champion de France. Chaque corrida réserve toujours des surprises comme la grande tarde de Miura au zénith par le triomphe de Rubénn Pinar, et pour cette saison 2022-2023 l’ASBH verra le bout du tunnel de la Pro D2.
Alors, l’avenir nous appartient : La vieille cité occitane, du haut de sa cathédrale Saint Nazaire, n’a guère besoin de soins palliatifs. A la lecture du Midi Libre, à l’heure avancée des vendanges : « Un très bon cru pour cette féria 2022 avec 830.000 visiteurs estimés lors des 5 jours de festivités »…Une belle réussite bien organisée.
Ne construisons pas sur les ruines de la vieille cité, Béziers raconte son histoire, les biterrois vous livrent les bonnes adresses, la vie continue.
Pendant que les jeunes aficionados souhaitent se faire entendre en publiant une tribune dans le Figaro et dans un deuxième temps en organisant deux grands rassemblements à Nîmes et à Arles. La polémique autour de la légitimité de la corrida en France les ont forcés à accélérer les choses.
La parole est à la jeunesse. Constatons que les jeunes sont nombreux à défendre ces valeurs et leurs traditions. Il n’y a pas que des cheveux blancs sur les tendidos. Les jeunes aficionados du Sud-Est et du Sud-Ouest se réunissent enfin. Les rassemblements de Nîmes et Arles n’engendreront pas la formule percutante souhaitée. Se rendre à Paris en train depuis la province aurait été plus judicieux. Par contre la tribune dans le Figaro à la place des pages locales de nos quotidiens régionaux seront lues par une grosse partie de la droite libérale et conservatrice. Cela fera, à coup sûr, « du bruit dans Landerneau » ! Le quotidien français qui règne sur l’info depuis 1826 met en exergue la réplique de Beaumarchais : « Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur ». Le Figaro qui dans sa « Série d’été » met le paquet et en 5 dossier aborde : la corrida, la course landaise, les gardians… sous la plume de 5 journalistes.
A l’heure ou j’écris ces lignes, les infos fusent de Béziers et du Sud-Est, la ville actuelle propriétaire de l’ASBH constate que de nouveaux investisseurs se font connaitre. L’ouverture du championnat est le 26 août : Attendons.
Pendant ce temps l’UVTF sonne la mobilisation par un « mémoire de rejet » en réponse à la proposition du député Caron d’interdire la corrida.
On bouge dans le mundillo ! Que l’assemblée fustige ce projet de loi récurrent comme les députés « frondeurs » du Gard. Des débats houleux en perspective !
Pendant ce temps, le 15 août à Béziers lors de la Féria 500 enfants ont passé un super moment de toreo de salon aux arènes Happycionado avec le jeune torero du cru, Carlos Olsina.
Admettons, les bons souvenirs de la dernière Féria trottant dans la mémoire des aficionados, les actions conjuguées des jeunes aficionados et des députés, un investisseur sérieux pour l’ASBH, Béziers dormira sur ses deux oreilles.
… tant que l’eau de l’Orb coulera sous le Pont Vieux ! Qui sait ? Car à en croire les météorologues les plus optimistes, nos rivières et fleuves vont en s’assèchant.
Gilbert Lamarque
PS: Pardonnez-moi ces pavés blancs peu esthétiques, peut mieux faire !