L'EXEMPLE ESPAGNOL
Prix national de la tauromachie / L’argent propre
Très peu de prix nationaux de la tauromachie attireront une plus grande adhésion que celui de cette année, lors de cette temporada 2022 : le jury nommé par le ministère de la Culture a accepté de l’attribuer à la Casa de Misericordia de Pamplona pour « son extraordinaire travail d’assistance, étroitement lié à l’organisation et célébration des spectacles taurins qui ont donné une reconnaissance et une diffusion mondiale à la ville de Pampelune et à la fête des toros ».Il est doté de 30.000 euros et a été attribué en 2021, à Morante de la puebla. Sauf cas exceptionnel, le prix ne reconnaît pas une carrière professionnelle complète, comme le font les Médailles des Beaux-Arts, décernées directement par le ministère, mais les mérites taurins qu’une personne ou une institution a eus au cours de la dernière temporada.
Des représentants de différentes entités professionnelles de la tauromachie ont fait partie du jury. Il est clair que indépendant de toute motivation ou ingérence politique éventuelle. Cela nous semble un prix très juste, car il distingue une institution exemplaire, et un prix très opportun, car cette année, le centenaire des arènes de Pampelune a été célébré.
La MECA – comme elle est appelée populairement dans la capitale navarraise – est une référence dans la ville depuis trois siècles : elle a été créée en 1706 pour servir les plus nécessiteux. Elle propose, à but non lucratif, une résidence, pour environ 500 personnes âgées, au coeur de Pampelune. Depuis 1980 elle est uniquement dédiée aux personnes âgées ( Au cours de son histoire, elle soutenait aussi les enfants pour les scolariser et leur apprendre un métier) auxquelles elle propose des services médicaux adaptés et une brochette d’activités : groupes de lecture, atelier de robotique, gymnastique…
Ses valeurs taurines sont évidentes. Depuis 1922, la MECA organise des corridas et gère tout ce qui concerne les corridas au sein de San Fermín : c’est évidemment l’une des principales sources de son financement ; ajoutons-y les nombreux dons.
C’est une institution particulièremetappréciée à Pampelune ainsi que dans le monde taurin. Alors que la suspension des corridas, en raison du Covid, lui a causé un grave préjudice économique, Morante de la Puebla lui a remis la totalité de son prix national de la tauromachie 2021. Ici, 30.000 euros, sont à l’opposé d’être considéré comme une source obscure, de l’argent sale ! Les Espagnols font tout pour aider leurs aînés, c’est dans la culture de ce peuple, les personnes âgées et les retraités – quel joli mot !– ont toute leur attention.
Cette année, Antonio Ferrera a combattu gratis, six Miura.
Mais ne nous inquiétons pas, outre mesure, il y a des plaintes des défenseurs des animaux et la contestation au Parlement de Podemos mais la base juridique de ce prix est très claire : la loi 18 / 2013 proclame que la tauromachie fait partie du patrimoine culturel, il y a donc « l’obligation de tous les pouvoirs publics pour garantir sa conservation et favoriser son enrichissement ».
Festival caritatif de Méjanes / L’argent sale
Ici, nous avons réintégrés nos terres et nos lois et décrets ambigus, équivoques et flottants. Voyez :
Le 30 octobre, dans les arènes de Méjanes, le matador nîmois, Marc Serrano, organise un festival caritatif. La recette étant estimée à 10.000 euros, sera partagée entre les hôpitaux de Nîmes et d’Arles, plus particulièrement pour les services de pédiatrie. C’est un comble pour les militants de l’alliance anticorrida qui, dans la trace d’eau écumante de leur vedette-présidente, Claire Starozinski, ont inondé comme lors d’un épisode cévenol, les boîtes mails de cadres et pédiatres des C.H.U. Même un médecin allemand ( ?!) jaillissant du chapeau de la présidente – de quoi j’me mêle? –, sensible à la souffrance des toros dont il n’a sans doute jamais croisé l’œil noir, propose un peu de son argent contre celui que récoltera le matador nîmois, argent sale, malsain ?
D’un côté, la légalité d’un festival et de l’autre, la protection des animaux domestiques et /ou de combat. Vaines arguties, à chacun sa sensibilité et son sens des priorités… Cette immonde imposture appelée civilisation, bien gérée par le politique !
Voici que depuis quinze ans un modeste torero donne de sa personne et de son sang comme lors du dernier festival de Samadet, le 24 octobre 2021 où un castaño de Las Dos Hermanas eut raison de la cuisse gauche du maestro.
Refuserait-on un verre d’eau au cœur du désert atacamite , l’une des régions les plus arides au monde et sachant que ce verre tendu par un Bolivien à un Chilien, sera "sèchement" refusé, le Chili et la Bolivie protagonistes de la guerre du Pacifique qui dura six ans… de 1879 à 1884 ?
Gilbert Lamarque