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BLEU, BLANC, ROUGE

Publié le par Cositas de toros

Une symbolique des couleurs

 

 

 

            NOIR, était, il y a quelques jours, le titre de Cositas pour l’hommage à l’ami Arthur Ribeiro.

Les couleurs qui nous entourent ont un effet certain sur notre humeur et notre bien-être.

     Voir rouge, un accès de colère, avoir des bleus à l’âme (rien à voir avec les vice-champions du ballon rond qui broient du noir), expression qui fait référence à un état de tristesse, de mélancolie, être vert de rage, être furieux, être blanc comme un linge, celui très effrayé, rire jaune ou rire à contre-coeur… L’arc-en-ciel au dessus de nous au quotidien.

     Comme le disait, grand spécialiste des couleurs, Michel Pastoureau, la monochromie n’est pas souhaitable. Imaginez un monde uniquement blanc , ou noir ! Questionnez le toro sur sa perception monochrome des choses : blanc ou noir ? Gris, à mille lieux de la vision en technicolor ! ( En 1932, naissait le premier film en technicolor, "des arbres et des fleurs", un film d’animation en trichrome, soit trois couleurs, c’est mieux !) On ne saurait trop conseiller au toro de faire preuve de bon sens,(qui en est parmi les moins pourvus) ainsi va la légende du toro aux yeux bleus chez qui le courage est presque toujours synonyme de témérité. Il devra surtout connaître les limites de ses forces et de ses possibilités. "Doser la quantité de sauce suivant la quantité de son riz"comme le dit un proverbe vietnamien, naturellement. j’ai omis de vous dire que le taureau aux bleus est une diversion du taureau du Zodiaque… et il y a celui aux yeux verts, aux yeux marrons, dans la voyance, c’est le rapport entre votre signe astral et la couleur de vos yeux.

     Tout ceci me rappelle le torero gitan Cagancho, l’artiste aux yeux verts. Le torero de Triana capable du meilleur comme du pire, "Quedar como Cagancho en Almagro", littéralement se comporter comme Cagancho à Almagro, l’expression est passée dans le langage courant, "faire un fiasco" tout simplement. De l’importance des yeux verts en tauromachie, soyons sérieux, et parlons de Manuel Mejiás Bienvenida, Bienvenida le troisième, le fameux "Papa negro" qui était blond aux yeux… verts. "Tiene un estilo demasiado inglés… ! "Il a un style trop anglais", disait son père , désespéré. J’ai perdu le nom de ce ganadero romantique qui, au 19e siècle engloutit sa fortune dans la recherche du toro aux yeux bleus, en vain !

     Mais nous nous éloignons, hissons les couleurs :

     Le ROUGE-muleta est une couleur qui rendrait fort. Le toro n’y voit qu’un bout de flanelle en éternel mouvement qui provoque la charge.

     Le BLEU très peu employé en tauromachie si ce n’est quelques revers de cape chez certains toreros . Le bleu a notre préférence majoritaire et semble avoir un impact positif sur notre humeur. El Juli portait souvent un costume de lumière bleu marine, son bleu de chauffe.

     Le VERT est la couleur du milieu du spectre, et le milieu est forcément l’équilibre. Le vert nous fait tous du bien parce que l’équilibre, c’est l’espoir, le vert de l’espérance !

     Le NOIR, lui, s’oppose à toutes les couleurs. Les banderilles noires, les "veuves", rarement employées de nos jours. Le noir absolu peut plutôt se définir comme une "luminosité" si faible par rapport au reste du champ visuel. La faiblesse, la couardise du toro sous le caparaçon où nous ne remarquons aucun détail positif.

     Le JAUNE, la couleur du mari trompé, couleur de trahison. C’est aussi la couleur du soufre, de l’alliance avec le Malin mais comme le vert au théâtre, le jaune est banni dans le ruedo, du moins sur l’habit de lumière. Les toreros sont très superstitieux, et Jesulin de Ubrique se pointa à Séville durant la feria en costume jaune ! C’est la couleur porte-malheur des toreros. Dans les années 30, Faustino Barajas, matador de toros en l’état et pour quelques temps encore, trouva la mort à Madrid le jour où il arborait fièrement un costume jaune. En voici ici une explication. Les origines sont diverses et quelle qu’en soit l’origine les toreros y attachent une réelle importance.

     En cette fin d’année, optons pour le bleu qui apaise inspirant calme et sérénité, le jaune rajoutant l’énergie, la confiance, le vert représentant la nature évoquant l’équilibre, l’harmonie.

     Passons rapidement sur le rouge, couleur ambivalente inspirant la luxure, la mort, le sang, la colère, et l’amour… ardent !

     La nouvelle année sera-t’elle bleue ? Espérons-le.

     Le toro bravo, moteur essentiel de la Fiesta brava et ses variétés aux robes complexes : negro, negro zaino, negro mulato, negro azabache, tostado. Castaño, castaño claro, castaño oscuro. Colorado, colorado encendido, retinto, melocotón. Ensabanado, jabonero claro, jabonero sucio, perlino, barroso. Cárdeno, cárdeno claro, cárdeno oscuro et les salinero, sardo, berrendo… un véritable festival de couleurs, de variétés, la couleur du pelage n’ayant aucun effet sur le caractère !

Cérémonie des couleurs

     Blanc, vert, rouge, bleu, orange, un autre arc-en-ciel se cache au balcon de la présidence technique :

     Le mouchoir blanc, de loin le plus utilisé qui permet le départ du paseo, les sorties des toros, le départ de la musique, l’arrêt du tercio de piques ou des banderilles et aussi faisant sonner les avis et accorder les récompenses.

     Le vert est destiné au changement de toro s’il s’avère impropre au combat.

     Le rouge sanctionne les banderilles noires. Y a t’il encore un mouchoir  de cette couleur ?

     Le bleu a pour fonction de célébrer à titre posthume et pour son tour d’honneur, un toro aux grandes qualités.

     Enfin, le mouchoir orange gracie le toro exceptionnel. On n’a jamais vu autant de mouchoirs orange s’agiter et aussi peu d’excellents toros combattus dans les ruedos.

     Alors , agitons nos mouchoirs bleus et blancs de préférence, oranges après réflexion pour une année toute en bleu !

    Nos mouchoirs produisant de multiples combinaisons, véritable jeu de miroir, un kaléidoscope. L’année 2023 sera tauromachiquement kaléidoscopique, on s’amuse comme on peut.

                                                                 Gilbert Lamarque

 

 

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