LA SECONDE MORT DE DOMINGUIN
… Rugby et Corrida…
L’ancien demi de mêlée de Béziers, Pierre Danos, internationnal dans les années 1950, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 93 ans.
L’AS Béziers, actuellement en Pro D 2 mais champion de France à onze reprises entre 1961 et 1984 a salué « un prince biterrois ».
Avec son club, il avait notamment remporté le Challenge Yves-du-Manoir en 1966 et disputé en tant que capitaine, quatre finales du championnat de France en 1960, 1961, 1962 et 1964 pour une victoire en 1961 face à Dax où sévissait un certain "M. Drop", Pierre Albaladéjo. Il avait entre autres inscrit le drop décisif depuis le bord de la touche lors de la victoire des Biterrois devant Albi par un score à "L’ancienne" 6 à 3… Avant de porter les couleurs de Béziers, il fit ses classes comme junior à Castelnaudary, au SC Albi (1949-1950) et au RC Toulon (1950 à 1955). C’était le temps béni où les journalistes britanniques tressaient des couronnes au rugby français et à son championnat donnant un spectacle magnifique où la vidéo ne s’invitait pas , où le "banc" n’existait pas.
Il coiffa la casquette d’entraîneur de son club de 1966 à 1968 juste avant Raoul Barrière , une autre page se tourna alors.
Internationnal à dix-huit reprises (3 essais, 2 drops) entre 1950 et 1960 , disputant trois Tournois des cinq nations dont les éditions 1950 et 1960 remportées par les Bleus. Il participa à la tournée du XV de France en Afrique du Sud en 1958, à l’Ellis Park de Johannesburg : première tournée d’une équipe à XV représentant la France dans une nation du Commonwealth terminant invaincue, deux test matches avec une victoire et un nul.
« Au rugby, il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent. » Cette déclaration est passée à la postérité. Les fidèles du Top 14, sont, hélas, abonnés aux déménageurs ! Postérité aussi, sous la plume de Denis Lalanne dans Le grand combat du XV de France.
"Pierrot la science"et "Dominguín", tels étaient ses apodos. Son aîné espagnol, torero flamboyant qui illumina la tauromachie, et le Biterrois dans un jeu d’une toute aussi grande virtuosité. Tous les deux , maîtres de leur art, mais seul le madrilène se fit détester par sa froideur, sa suffisance et cet orgueil qui lui collait à la peau. Pierre Danos, superbe joueur de la "Grande époque" allia finesse et élégance balle en mains. El numero Uno flanqué d’un 9 dans le dos s’en est allé monter une équipe de champions.
Une légende nous quitte. Salut Dominguín !
Gilbert Lamarque