TRANSMISSION
L'école de la transmission
Point de mécanique, d'engrenages, de chaînes et de courroies ne nous concernent.
Ici, transmettre, c'est apprendre, c'est se nourrir de la connaissance des aînés ou des spécialistes. C'est un transfert de compétences. La transmission, est précieuse parce que perpétuer la mémoire des choses, surtout dans ce contexte actuel souffrant qui renie tout ce qu'il a connu avant, est d'une importance essentielle. La transmission est partout, la continuité des choses qui nous édifie et nous compose. C'est aussi la communication par le dialogue qui nous apporte l'information contenue
Un procès d'intention et pas mal de déloyauté...
En matière de tauromachie, c'est la reconnaissance de ces multiples écoles taurines et de leurs professeurs, anciens toreros qui, suivant le désir des jeunes générations partagent avec eux et avec passion ce qu'ils ont eux-même reçu de bon afin d'orienter au mieux leur carrière future.
Il y a encore peu, j'étais réticent quant à une quelconque importance des écoles taurines, le maître et ses élèves n'avaient selon moi, qu'une manière de dicter un copier-coller professeur-élève. Le futur torero perdant de son identité si, à un tel âge on a déterminé ne serait-ce qu'un soupçon, telle était ma conviction ; le cas ci-dessous le traduisait clairement. Mais nous ne sommes pas dans le cadre bien structuré de l'école, seulement dans une relation torero-apoderado.
Le cas Manuel Perera*
Il me vient à l'esprit, le nom de Manuel Perera. Qui s'en souvient ? En juillet 2022, l'élève et le torero J.J. Padilla officialisèrent la fin de leur relation professionnelle. Sous la coupe du maestro de Jerez depuis sa sortie de l'Ecole Taurine de Badajoz en 2019, le jeune novillero a connu une trajectoire brillante le conduisant à la tête de l'escalafón novilleril en 2021 jusqu'à son alternative sévillane à la Feria de Abril. J'écrivais précédemment dans Cositas du 4 octobre 2021 : "Le novillero extremeño de Villanueva del Fresno a la chance d'être "apodéré" par J.J. Padilla qui lui apporte de nombreuses opportunités et la malchance d'être conseillé par ce même J.J.P. qui semble le transformer en Padilla bis. Le garçon est très courageux, mais il y perd son identité, son naturel et gagne, par contre, beaucoup de volteretas." Le dialogue s'était transformé en communication à voie (voix) unique. Pressé tel un citron, ce fut le chant du cygne.
Au cours de l'histoire
Joselito, torero très dominateur, au répertoire large et banderillero exceptionnel, tuait rapidement notamment a recibir. Un torero largo. Á l'époque de Gallito, dans les années 1900, on tentait d'imiter, la transmission se faisait à l'oeil. Manolete, en qui on voulut voir le génie du toreo dit statutaire, fut l'exemple type. On voulait ressembler à Manolete... et les publicités se multiplièrent par le développement de la photographie et chacun entreprit de prendre la posture, de cape ou de muleta, du copier-coller...
Enfin, l'art reste l'art sans progrès particuliers, simplement se succèdent des étapes d'esthétiques différentes. La corrida ne sera jamais moderne ou démodée.
Les écoles taurines s'ancrent dans la temporalité. Les futurs élèves se multiplient à l'inscription, les bolsins et autres concours de capea s'affichent. L'avenir y éclôt.
Dédions une vuelta fleurie pour nos écoles taurines et leurs "éducateurs" : Adour Aficion à Cauna (Landes), le Centre Français de Tauromachie (qui fête ses quarante ans), les écoles de Béziers, Arles, les quatre les plus anciennes et les plus actives.
L'apprentissage se fait au quotidien, au contact des autres, avec des personnes d'expérience. Aux côtés du toro on s'évalue, on se remet en question éternellement. Et puis, l'école s'est l'opportunité de toréer régulièrement dans le contexte où l'on s'évalue face aux autres et l'on se mesure face à la bête. Et c'est à force de travail que l'élève pèsera sur son toreo. Certains abandonnent, d'autres sont curieux de connaître ce milieu particulier. Au bout du compte, seul le toro jugera du métier rempli d'incertitudes. Au public d'être indulgent, au public de soutenir ces jeunes toreros. Ils ont toute notre affection et toute notre admiration. Dispensez de bons conseils, de la bienveillance tout au long de l'apprentissage. L'épée sera entière et en place, les oreilles se gagnent au fil de l'épée. Soutenons nos écoles et bon anniversaire au C.F.T. !
Gilbert Lamarque
*Que de rapports médicaux à propos de Manuel Perera ! que de forfaits et de désillusions ! Avant d'enfiler l'habit de lumières, Manuel a subi des brimades à l'école (publique), il a été victime d'un accident de la circulation et il se bat avec des plaques de titane sur le crâne, il a soufert de dépression, de boulimie et plus tard dans le ruedo, d'une blessure aux intestins. Il n'abandonna pas, il s'accrocha à la tauromachie, la branche protectrice cassa. Que devient-il, victime d'un tel gâchis ? Ne faisons pas de l'élève, la pâle copie du maestro qui apporta sa touche personnelle et prodigua sa pédagogie discutable. Nous ne sommes pas dans le cadre de l'école mais dans une relation néfaste torero-apoderado.