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A propos des publications sur l'Art de la Pique

Publié le par Cositas de toros

Nous terminons ce dossier par une communication de notre abonné Marc ROUMENGOU précisant les versions et modifications postérieures au textes cités précédemment.

Qu'il en soit ici, remercié.

 

L’ART DE LA PIQUE
(1) LA PIQUE ET SON MONTAGE - publié le 15 janvier 2018
Il est indiqué que ce texte avait été édité en 1988. C’était l’époque où était en vigueur le Règlement Espagnol des Spectacles Taurins (REST) daté du 15 mars 1962, mais il y a eu deux versions postérieures (28.2.1992 et 2.2.1996) qui ont apporté un certain nombre de modifications, certaines d’entre elles contredisant le texte cité.
En tout cas, et de tout temps, la pique (esp. : puya) montée sur sa hampe (esp. : vara) a constitué et constitue la garrocha et non la pique.
« … et envoyées par le fabricant à l’union des criadores de toros de lidia à Madrid pour être vérifiées et contrôlées.
« Si elles sont reconnues conformes lors de ce contrôle, cet organisme apposera sur le buttoir de cordelette vernis, une bande de papier portant son cachet, la date de vérification et le numéro de chaque puya. L’inscription sera en rouge pour les piques utilisées en novillada et en noir pour celles devant être employées en corrida de toros, attestant ainsi que la puya est règlementaire et de bonne qualité. Un certificat récapitulant les numéros des 18 puyas contenues dans une caisse sera joint à l’intérieur de celle-ci. La caisse sera plombée pour éviter toute fraude. »
Tout cela a disparu depuis le règlement espagnol des spectacles taurins daté du 28 février 1992. La corde qui entoure le pseudo-buttoir n’est pas vernie, mais encollée.
« Le délégué, …, vérifie les numéros des piques qu’elle contient avec ceux du certificat joint. »

Cette phrase n’existe plus : depuis le 28.2.1992 il n’est plus prévu de certificat (puisqu’il n’y a plus de contrôle préalable), et s’il y en a un, il s’agit d’un faux. De même que la bande de papier entourant la boîte des piques et son couvercle, est un faux scellé apposé par le fabricant lui-même.
Par ailleurs :
1/ le REST n’a jamais connu de délégué aux piques mais un délégué de l’autorité (esp. : de la Autoridad), jusqu’à courant février 1992, puis un délégué gouvernemental (esp. : Gubernativo) à compter du 28.2.1992.
2/ jusque là, les piques n’étaient pas envoyées à l’“Union de Criadores de toros de lidia” mais le REST disait qu’elles devaient être vérifiées et “scellées par les syndicats d’Élevage et des Spectacles taurins”.
3/ jusqu’au REST du 15.3.1962 inclus, il était spécifié que le délégué de l’autorité devait être en possession d’un gabarit (esp. : escantillón) destiné à contrôler les dimensions des piques. Cette obligation a disparu avec la promulgation du REST du 28.2.1992 où l’article qui définit les dimensions des piques Indique simplement : « dimensions appréciées [sic] avec le gabarit », sans préciser quand ni par qui cette appréciation doit être faite. Or, cette situation confuse commence justement lorsque le contrôle aux arènes-même est devenu indispensable du fait de la disparition du contrôle préalable et paritaire (par les représentants des éleveurs et ceux des toreros).

ANNEXE A "LA PIQUE ET SON MONTAGE"


PIQUE A CROISETTE

DÉFINIE PAR LE RÈGLEMENT ESPAGNOL DES SPECTACLES TAURINS

On voit que la douille est percée d'un trou pour le clou servant à la fixation sur la hampe.
 


CERTIFICAT DE CONTRÔLE PRÉALABLE ET PARITAIRE

N'existe plus à compter à/c du REST du 28 février 1992.

 

L’ART DE LA PIQUE (2) – LE PICADOR ET SA MONTURE
L’administration de tranquillisants aux chevaux de picadors n’est ni autorisée, ni clairement interdite, par quelqu’un des règlements espagnols successifs, actuel compris. Mais dans le paragraphe 6 de l’article 60 du REST actuel il y a la phrase dont voici la traduction : « De même seront éliminés ceux [les chevaux] qui présentent des symptômes d’avoir été l’objet de manipulations ayant pout fin d’altérer artificiellement leur comportement. Dans de telles suppositions, les vétérinaires proposeront au président la pratique des analyses correspondantes aux fins de vérification. Il sera procédé de même si leur comportement ultérieur dans l’arène le conseille. » Autrement dit : droguez, mais pas trop. En tout cas, le règlement ne dit pas ce qui se passera si les analyses sont positives et cette administration de tranquillisants est largement pratiquée par certains fournisseurs de chevaux.
Le Conseil général des Collèges Vétérinaires d’Espagne acceptait cette pratique à condition qu' "elle soit réalisée par un vétérinaire et à l’aide d’un produit connu et à la dose correcte” (voir à ce sujet Entre Campos y ruedos — Saragosse, Ibercaja, 1991).
La calotte (ou coiffe) du chapeau de picador (le castoreño) est de la couleur naturelle du feutre.

L’ART DE LA PIQUE (3) - LE DÉROULEMENT DU TERCIO
Il y a un certain nombre d’années on comptait parmi les buts du premier tiers :
- celui d’apprendre au taureau à attaquer droit ou à le confirmer dans ce comportement. L’immobilité du picador qui jouait ce rôle, ce qui excluait donc son remplacement éventuel par un rejoneador comme le préconisaient certains (Pierre Aymard “Refilon”, entre autres).
- celui de limiter les mouvements de l’encolure et de la tête du taureau, mouvements qui sont extrêmement gênants et dangereux pendant la faena de muleta. Seules les piques appliquées dans le morrillo peuvent léser les muscles responsables de cette mobilité et on constate actuellement que durant la plupart des faenas de muleta, les taureaux ont la tête extrêmement mobile, conséquence de piques mal placées.
Ces deux buts ne sont plus jamais énoncés ; pourquoi ?
Il y avait aussi celui de faire baisser la tête du taureau pour permettre de l’estoquer ; cela n’est plus nécessaire puisque les éleveurs fabriquent maintenant des bêtes qui ont les épaules plus basses que la croupe.
Le REST actuellement en vigueur (du 2.2.1996) prévoit que les raies doivent être tracées à 7 et y 10 m de la barrière et non à 7 et 9 m qui étaient les distances initiales, celles prévues dès leur “imposition” (11 avril 1959) distances reprises par le REST du 15 mars 1962. Maintenant il doit donc y avoir un intervalle de 3 mètres entre elles.
Le mot morillo (avec un seul “r”) signifie chenet. En espagnol, la partie haute de l’encolure s’appelle morrillo (avec deux “r”). Le taureau étant un quadrupède, la base du morrillo est sa partie inférieure ; une pique à la base du morrillo est une pique basse, donc défectueuse. La partie du corps du taureau où l’on doit piquer a figuré pour la seule et unique fois dans le REST du 28 février 1917. Depuis lors, les REST successifs ont été muets sur ce point. Mais, depuis 1998, le RTM mentionne dans son article 73—4 : « Le picador devra piquer dans le haut du morillo [sic] ».
Sauf erreur de ma part, le REST actuellement en vigueur n’évoque même pas le ou les “picadors de réserve”.
Le sens de déplacement des picadors dans l’arène (pourquoi parler de la “piste” ?) n’a jamais figuré dans un REST. La logique voudrait que :
- avant de piquer, ou entre deux piques, le sens de rotation soit le sens des aiguilles d’une montre (la barrière à main gauche), c’est à dire en ayant la garrocha du côté sur lequel le taureau pourra attaquer.
- après la sonnerie ordonnant le 2e tiers et par conséquent la fin du premier, ils s’en aillent par le trajet le plus court possible, quel que soit le sens de rotation. Jusqu’au milieu du XXe siècle, et même au delà, dans les arènes espagnoles ayant un callejon suffisamment large, on ouvrait dans la barrière la première porte qui se trouvait sur leur chemin et, à partir de là, les picadors s’en allaient par le callejon.
* * *
ADDITIF EN FORME DE COMMENTAIRE
RELATIF AUX RÈGLEMENTS ESPAGNOLS DES SPECTACLES TAURINS (REST)
Il ne s’agit ici que des REST ayant été applicables sur l’ensemble du territoire espagnol.
À compter de 1848 il y eut en Espagne un très grand nombre de règlements des spectacles tauromachiques, mais chacun d’eux ne concernait qu’une province, voire qu’une seule ville.
En 1917, le premier règlement presque général vit le jour : le 28 février 1917 le ministre de la Gobernación communiqua aux gouverneurs civils une ordonnance royale édictant un règlement composé de 114 articles, applicable à partir du 20 mars 1918 :
- dans sa totalité dans les arènes de sept capitales de provinces,
- seulement pour sa partie concernant les infirmeries et le tiers des piques, dans toutes les autres arènes d’Espagne.
Il attribuait la présidence à la plus haute autorité de la province (même si elle déléguait ses pouvoirs) et lui donnait des pouvoirs de règlementation technique sans comparaison possible avec ce qu’il en était pour d’autres catégories de spectacles. Il ajoutait la rondelle après le butoir de la pique alors en service, donnait au matador le plus ancien le rôle de directeur artistique du combat, et créait l’examen post mortem des taureaux combattus.
Le 20 août 1923, il y eut promulgation d’un “Règlement officiel des corridas de taureaux, novillos et becerros” applicable sur tout le territoire espagnol ; il aurait du entrer en vigueur le 1er janvier suivant. Mais l’ordonnance royale du 9 février 1924 lui substitua un autre texte dont le champ d’application était le même que celui du règlement de 1917.
Le 13 juin 1928, en additif au règlement, une ordonnance royale imposa l’utilisation, dans toutes les arènes du pays, du peto (mot qui signifie plastron et non caparaçon) protecteur des chevaux de picadors
Et enfin, le 12 juillet 1930 fut promulguée l’ordonnance royale n° 550 intitulée : “Règlement officiel pour la célébration des spectacles taurins et de tout ce qui s’y rapporte”, ce qui incluait donc les spectacles et festivités populaires, plus ou moins traditionnels tels que les becerradas, capeas, encierros, taureaux à la corde, etc. Ce texte contenait 137 articles, applicables à partir de janvier 1931 dans toute l’Espagne. Il allait être en vigueur jusqu’en 1962, période pendant laquelle il subit de très nombreux compléments, additifs et rectifications, notamment :
- l’interdiction des capeas et autres spectacles célébrés dans les rues et places des agglomérations (1931).
- l’imposition d’une l’épée spéciale pour achever le taureau mortellement blessé et encore debout, c’est à dire pour le descabellar (1934).
- l’adoption d’une deuxième circonférence tracée sur l’arène (1959).

Tant de modifications dispersées dans diverses ordonnances et circulaires ministérielles justifiaient l’adoption d’un autre texte regroupant tout ceci ; ce fut le REST du 15 mars 1962, composé de 138 articles. Il fut très favorablement accueilli par l’ensemble des chroniqueurs taurins, mais je l’ai appelé la grande illusion car il présentait un certain nombre de lacunes.
Dix neuf ans plus tard, le vote de la loi du 4 avril 1991 sur les “pouvoirs administratifs en matière de spectacles taurins” (première loi espagnole relative à la tauromachie) prévut la publication ultérieure d’un règlement d’application, en l’occurrence un nouveau règlement des spectacles taurins. Et c’est ainsi que le décret royal du 28 février 1992 édicta ce nouveau REST, remplacé ultérieurement par celui promulgué par le décret royal du 2 février 1996, règlement toujours en vigueur, sauf dans les autonomies qui ont adopté un règlement spécifique.

Marc ROUMENGOU - Janvier 2018


 

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L’ART DE LA PIQUE (4)

Publié le par Cositas de toros

Par Patrick SOUX

 

 

CONCLUSION

 

 

Le tercio de pique, le premier tercio de la corrida est aux yeux des aficionados a los toros le tercio le plus important, l’essence même de la corrida.

Force est de constater que nous sommes de moins en moins nombreux à penser de la sorte et qu’un transfert s’est fait vers l’art de la gestuelle, vers la plastique, vers la faena de muleta qui aujourd’hui se doit d’être un long enchainement de derechazos, naturelles ou autres… reléguant au second plan tout ce qui est bravoure, force, agressivité et complexité du toro aussi bien que, se croiser, mettre la jambe, charger la suerte pour le torero.

Il n’en reste pas moins vrai que, si le tercio de varas était mené comme il se doit, il aurait toute sa place dans la corrida d’aujourd’hui. Les articles publiés précédemment vous l’on démontré très largement.

Nous nous devons de « remettre les choses en ordre ».

Dans le fascicule LA PIQUE, édité par l’association « Le Taurin », achevé d’imprimé sur les presses de l’imprimerie Copylux à ARLES-SUR-TECH  Août 1983, Henri CAPDEVILLE, alors Président de la Fédération des Sociétés Taurines de France écrivait dans un « pavé » intitulé, « Au 'Taurin' et à ses animateurs » :

« Si, comme il arrive trop souvent, le torero laisse s’endormir son adversaire sous la stupide mono-pique dont la plupart du temps il ne se réveillera pas, qu’il n’ait pas alors le front de venir prendre à témoin le public de sa bonne volonté face à un animal qui ne répond plus.

Pour redonner sa grandeur au premier tercio il faut évidemment que le toro puisse supporter un minimum de piques. Quand un toro, dès sa sortie du chiquero manifeste une faiblesse naturelle, comme autrefois il manifestait une sauvagerie naturelle, nous n’y pouvons malheureusement rien ou peu de chose. Tout au plus pouvons-nous bouder le spectacle. Mais quand un taureau est anéanti par les manœuvres frauduleuses d’une cuadrilla à la solde d’un matador peu scrupuleux, nous devons alors manifester avec force notre mécontentement.

La corrida ne retrouvera son lustre d’antan que lorsque le premier tercio aura retrouvé sa grandeur. »

Nous voyons donc que le problème du premier tiers n’est pas vraiment un problème nouveau, cependant Mr CAPDEVILLE ouvre une porte sur une des solutions, « il faut que le toro puisse supporter un minimum de piques ». Première amélioration : remettre de la caste, de la bravoure et du trapio dans le ruedo…

Ces dernières années, des efforts ont pourtant été fait visant à l'amélioration de ce tercio et ce, à deux niveaux. D’une part par l’allègement du poids des chevaux et d’autre part, par les nouvelles technologies qui ont permis d’alléger énormément le poids du peto. Un débat s’est installé : pour ou contre le changement de la forme du peto, certains voulant même revenir à un peto minimaliste afin de redonner toute la mobilité à la cavalerie. Il ne faudrait pas, pour une question d’amélioration du spectacle, remettre la vie des chevaux en danger.

L’autre amélioration à amener est bien évidemment sur le déroulement du tercio. Des efforts sont à faire notamment sur le nombre de piétons en piste, la seule présence du maestro en charge de la lidia et de son peon de brega serait favorable, le picador citant de face en croisant le terrain serait plus approprié, placer la puya avant la rencontre et, dans le morillo devrait être la règle et enfin, ouvrir la sortie au toro au lieu de la lui fermer en carioca, laisserait toutes les chances au toro de ne pas s’épuiser sous la poussée. Tous ces points mis bout à bout permettraient de produire  un tercio de varas plus authentique et surtout permettrait de mieux juger l’animal sur sa bravoure. Il faudrait également des présidences capables de juger du bien fondé d’une remise en place ou pas du toro pour une autre rencontre et non pas laisser le choix au Maestro, mais là est un autre débat que celui de la technicité de la présidence qui est pourtant technique non ?

Dans le même ouvrage cité précédemment, dans l’article « De bon usage du rêve » Miguel DARRIEUMERLOU écrivait :

« Et pourtant, l’épisode des piques est trop souvent ce que l’on connait, une suerte effectuée en dépit du bon sens. Mais justement, le terme de suerte est-il toujours approprié ? Car la suerte de picar, aujourd’hui, ne couvre plus que l’unique façon de piquer un toro, avec ou sans carioca, dans le morillo ou ailleurs… »

Ce problème non plus n’est pas nouveau.

Depuis quelques temps un patron de cuadra de caballos se porte en nouveau sauveur de ce tercio tombé en dérision. Essayons de décortiquer un peu l’alternative qu’il nous propose. Des chevaux plus légers et mieux dressés. C’est bien. Sauf que, avec ce type de cavalerie, lorsque vous « tombez » sur des toros qui allient trapio, caste et bravoure (certes, je vous accorde que c’est de plus en plus rare), que ce toro déboule de la porte du toril dans un ruedo de 40 ou 45m de diamètre, le choc est tellement violent que dans la plus part des cas, vous mettez la vie du picador en danger. L’autre risque réside dans le fait que ces chevaux, tellement bien dressés, ne trouvent pas sur leur dos des picadors qui soient de vrais cavaliers et certains autres qui sont de bons cavaliers ne soient pas forcement de bons picadors.

En tout état de cause, ces chevaux légers et bien dressés font le spectacle lors du tercio mais en y regardant un peu mieux, quel est le spectateur qui pourra être sûr que c’est le toro qui pousse et non pas le cheval qui dérobe. Dans la plupart des cas, c’est malheureusement le cheval qui dérobe et qui en reculant nous invente la carioca inversée.

Le remède n’est-il pas pire que le mal ?

Pour en terminer, et encore dans le même fascicule, dans un article intitulé  « Utopie et tercio de piques » Jacques DALQUIER nous propose une alternative qui à mes yeux est très intéressante :

« Pour redonner signification à ce tercio et au picador son rôle inaliénable de torero, hasardons-nous une solution qui peut apparaître aussi efficace…qu’utopique : rendre au picador son indépendance totale vis-à-vis du matador ; il sera responsable de la qualité de son actuacion conformément à l’éthique et aux canons de l’art taurin ; précisons que la cessation tercio serait assurée, comme à présent, (en théorie du moins) par la présidence technique. L’indépendance du picador serait d’ordre matériel : désormais, engagé directement par l’empressa, le picador ne serait plus l’exécutant servile des basses œuvres mais une sorte de soliste jouant sa partition dans l’harmonie générale de la lidia. »

Y porque no !!!

Il revient à ma mémoire certaines discussions lors de voyages au campo…

Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’au moins pour ce qui est des novilladas piquées, la plupart des novilleros n’ayant pas de cuadrilla fixe, il serait intéressant que certains organisateurs sortent de leur petit confort  et prennent le temps et le risque d’opter pour  cette proposition.

Certaines arènes de deuxième catégorie le font en corrida, alors...

Y porque no ???

Patrick SOUX

 

PS: Un de nos abonné nous ayant fait parvenir des remarques et des mises au point très intéressantes au sujet des parutions de cette série d'articles sur l'art de la pique, nous vous proposerons leur lecture dans une publication complémentaire à paraître le lundi 29 janvier.

A lire avec toute l'attention qu'elles méritent.

 

 

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L’ART DE LA PIQUE (3)

Publié le par Cositas de toros

 

 

LE DÉROULEMENT

DU TERCIO

 

 

 

Le tercio de piques occupe dans la corrida un rôle important.

Il se situe en début de corrida, lorsque le toro est en pleine possession de  toutes ses facultés. C’est un moment fort de la corrida, où le toro s’exprime seul. Sans être le collaborateur de l’homme ou lui servant de faire valoir. Face au cavalier qui le meurtrit avec sa puya, il déploie sa force et extériorise son instinct offensif.

Par excellence, c’est le tercio du toro.

Le rôle primordial de ce tercio est de tester l’agressivité de l’animal : sa bravoure.

Sur le plan physique, son rôle est d’amenuiser la puissance, la force brutale du toro pour le rendre plus malléable par une blessure qui doit saigner abondamment.

Les picadors à la fin du XVIIIème siècle étaient très populaires. Leurs noms apparaissaient en aussi gros caractères sur les affiches que ceux des matadors, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Leurs costumes étaient brodés d’argent alors que ceux des matadors étaient brodés de fil blanc. Ils jouissaient d’une grande considération qui était due à leur façon de manœuvrer en piste en toute liberté et à leur guise. Ils avaient pris la relève des nobles, qui, au cours des siècles précédents étaient les prédécesseurs de cette forme de toreo. Pour la plupart d’entre eux, ils étaient d’anciens bouviers (vaqueros) se servant de leur outil de travail : une pique (garrocha) qui se transformera plus tard en la pique que l’on connait actuellement.

Avant 1927, trois picadors étaient en piste à la sortie du toro. Ils se tenaient à la gauche du toril et se plaçaient perpendiculairement à la barrière, à trois pas de cette dernière. Le plus près de la porte du toril était le picador le plus jeune dans la profession, il devait assurer la première rencontre. Par ordre d’ancienneté, les deux autres picadors se plaçaient après lui, le plus ancien étant le plus éloigné.

De nos jours, deux picadors seulement sortent en piste, alors que le toro s’y trouve déjà « passé » de cape par les toreros à pied.

Les picadors défilent au paseo avec la même convention qui régit les subalternes à pied. Pour chaque « cuadrilla » le picador le plus ancien dans la profession est à droite lorsque l’on regarde le paseo de face. Généralement, six picadors font le paseo à Madrid, les deux picadors de réserve règlementaire engagés par l’empressa y figurent également.

Les raies concentriques tracées dans la piste servent à délimiter la distance minimale entre le toro et le cavalier avant leur rencontre, soit deux mètres. Ces deux lignes se situent : La première à 7 mètres des barrières, la seconde à 9 mètres. Le sens de déplacement dans la piste fut précisé dans les règlements antérieurs. Le picador doit longer les barrières dans les sens inverse des aiguilles d’une montre, c'est-à-dire, se déplacer vers la droite. L’usage est conservé, bien que le règlement de 1962, actuellement en vigueur, soit muet sur ce point.

Pour une bonne exécution de la suerte, le picador doit se tenir un peu éloigné des barrières, sans dépasser la ligne.

Il doit présenter son cheval de face, légèrement de biais par rapport à la charge du toro. Le cite, qui consiste à provoquer le toro peut s’effectuer par la voix ou le geste, en soulevant la pique ou bien en faisant tinter l’étrier.

Au moment du cite par le picador, le règlement stipule qu’aucune personne ne pourra avancer plus loin que l’étrier gauche. Interdiction formelle également à quiconque de se trouver du côté droit.

Dans le cas d’une corrida de  trois toreros, l’on peut se trouver en piste à gauche du cheval : le torero qui doit lidier le toro, deux subalternes de sa cuadrilla et les deux autres toreros du cartel.Le troisième subalterne de la cuadrilla sera aux côtés du deuxième picador en piste, généralement prés de la porte des chevaux.

Le toro charge donc en ligne droite ; autrefois, le toro n’avait pas toujours une charge rectiligne car le picador était mobile ( A noter que de nos jours le picador est immobile lorsqu’il cite). Quand le toro fonce et arrive à bonne distance, le picador place sa pique à la base du morillo en appuyant de tout son poids (puyazo). Au cours de cette manœuvre il doit manier la bride du cheval vers la gauche afin de le faire pivoter, pour éviter d’enfermer le toro et pouvoir ainsi juger du caractère de celui-ci sous le châtiment. Il peut repiquer le toro pour défendre sa monture si celui-ci recharge, même s’il n’y a pas eu de quite permettant de replacer les deux protagonistes. Par contre il ne doit pas faire pivoter sa monture vers la droite afin de couper la retraite du taureau (carioca), ni s’adosser aux planches, ni piquer en arrière ou sur le côté, ne pas attendre aussi que le toro soit collé au peto pour le piquer. Toutes ces manœuvres donnant un châtiment excessif, auraient des conséquences fâcheuses pour la suite du combat (lidia).

Le picador ne doit pas abandonner son cheval, ni en changer au cours du premier tiers. Interdiction est faite au « monosabio » de tenir le cheval par la bride et aux toreros ou à quiconque de tirer le toro par la queue (quite coleando), à moins d’un danger extrême, c'est-à-dire pour sauver quelqu’un d’un coup de corne.

La bravoure d’un toro, (son instinct offensif) sera jugée par rapport à la manière dont il se comportera face au picador.

L’archétype du toro bravo est celui qui accepte plusieurs piques (trois et plus) dans le même terrain et avec détermination, attaque le groupe équestre immobile dès qu’il l’aperçoit ou à la moindre sollicitation, le cherchant même parfois. Au contact du cavalier, il pousse de toutes ses forces, en appui sur le train arrière, la tête basse non mobile sur le flanc ou le poitrail de la monture. Le terrain idéal pour provoquer le toro, mettre en évidence et apprécier sa qualité d’attaque est celui qui se trouve à l’opposé du toril.

Il y a une gradation dans l’appréciation de la bravoure exprimée. Diverses appellations sont employées pour en indiquer le degré : Bravucon, Bravito, De Bandera.

A l’inverse du toro bravo, il y a le manso (couard) qui refuse de s’attaquer au picador ou le fait dans un style incertain, par à coups, donnant des coups de tête pour se défendre et désarmer le piquero dont la pique le blesse. La mansedumbre comme la bravoure est aussi graduée par des qualificatifs : Mansote, Mansurron, Manso Perdido.

La corrida, concours de ganaderias, est celle où le toro doit être mis en valeur. Le tercio de piques s’y déroule avec beaucoup de sérieux pour permettre de juger la bravoure du toro, bravoure qui est le critère de valeur le plus important pour désigner les meilleurs toros. Certaines règles régissent les corridas concours : Outre les deux cercles concentriques habituels, on trace à l’opposé du toril deux lignes radiales aux barrières, ce qui permet de délimiter l’emplacement idéal pour le bon déroulement du tercio et apprécier la bravoure intrinsèque des toros en compétition.

Plusieurs piques prises dans le même terrain éloigné du toril sont une preuve de la qualité de la bravoure exprimée.

De même, lorsque le châtiment subi sera suffisant compte tenu des conditions physiques de l’animal, pour augmenter le nombre de piques possibles (autre critère de bravoure pure) acceptées par un toro, le tercio peut se prolonger en piquant avec le « regaton » (bout de hampe opposée au fer), rencontres supplémentaires sans trop de dommage pour le toro, mais probantes pour mettre en valeur son agressivité face au picador.

Cette suerte n’est utilisée qu’en corrida concours, ou dans des cas très exeptionnels.

Dans ce type de corrida, les éleveurs présentent en général des toros dont ils estiment que le comportement sera excellent, se basant exclusivement sur leur filiation. Si le comportement du toro est exemplaire, grâce de la vie leur est faite : C’est L’indulto.

Après guérison des blessures occasionnées par la pique, le toro restera dans l’élevage et servira de reproducteur.

Prochaine parution : Conclusion vendredi 26/01

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L’ART DE LA PIQUE (2)

Publié le par Cositas de toros

 

 

LE PICADOR

ET SA MONTURE

 

Considérons avec attention les protagonistes de la première suerte d’une corrida.

 

Le cheval : On utilise de nos jours des chevaux de forte corpulence qui n’ont plus la ressemblance avec ceux utilisés à la fin du XVIII ème siècle, qui étaient des chevaux de petite taille, généralement de race andalouse.

Depuis déjà plusieurs décennies, le cheval du picador n’est plus la victime d’un sacrifice comme le croient certains ou comme d’autres l’imaginent.

Il est devenu le fruit de l’évolution de sa fonction, dressé et habitué aux chocs qu’occasionnent le toro de combat lors de leur confrontation, même si en certaines circonstances, des affrontements violents se produisent.

Il n’y a plus de comparaison avec certaines scènes de boucherie qui se déroulaient en piste avant la mise en vigueur de la protection que l’on retrouve aujourd’hui appelée « caparaçon » et qui, lui aussi, c’est amélioré depuis 1927.

Cette protection est faite d’une solide toile non transperçable et rembourrée de coton, fixée et compartimentée par des pompons rouges, des lanières de cuir permettant son ajustage et sa fixation sur le cheval, son poids ne devant pas dépasser 30 Kilos. Le cheval une fois pourvu de son caparaçon règlementaire sera équipé d’une selle et de son harnachement. Un large étrier de métal (estribo ou desquilla) est monté sur le côté droit et rappelle l’étrier arabe.

Le cheval, animal sensible et peureux, subira une pratique devenue courante qui consiste à lui administrer un calmant avant la corrida. On lui bouchera les oreilles avec du papier journal pour l’isoler des bruits extérieurs. Son œil droit sera porteur d’un bandeau de couleur rouge.

Toutes ces opérations sont effectuées dans le but de lui permettre d’accomplir correctement sa besogne.

Le maniement du cheval se pratique en rênes d’appuis, c’est la façon de le conduire d’une seule main, la gauche. Seul l’éperon gauche sera utilisé pour le diriger, il faudra vérifier s’il est sensible de la bouche et s’assurer de ses aptitudes à répondre aux commandements. Certains chevaux peuvent être refusés par les vétérinaires. A cet effet, on leur perfore l’oreille gauche, signe distinctif de rejet afin de plus être utilisés comme monture de picador.

Le Picador : Le picador est un torero à cheval, survivance de l’époque lointaine où, combattre le toro à cheval avec la lance était un apanage de la noblesse. Par la suite, la lance deviendra « Rejon » dans un cas, puya dans l’autre.

Le picador est habillé d’une veste analogue à celle des toreros à pied (chaquetilla) pouvant être indifféremment brodée d’or, d’argent ou de jais. Il est coiffé d’un chapeau de feutre de castor (castoreño) très épais, à calotte rouge et à larges bords, orné d’un pompon de couleur. Ce chapeau est muni d’une jugulaire (barboquero).

Son pantalon est en daim de couleur jaune. Sa jambe droite est protégée par une botte cuissarde articulée appelée « mona » ou « gregoriana » du nom de son inventeur Grégorio GALLO. La chaussure gauche est une chaussure à bout renforcé et semelle de fer, surmontée d’une guêtre de même métal.

Depuis déjà de nombreuses années, le picador est devenu un subalterne aux ordres de son maestro qui doit être, aux yeux du public, le seul responsable dans l’art et la manière d’effectuer ce tercio fondamental qu’est la suerte de  piques.

Prochaine parution : Le déroulement du tercio Lundi 22/01

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L’ART DE LA PIQUE (1)

Publié le par Cositas de toros

 

 

Par Patrick SOUX

Trouvé dans une bibliothèque taurine  bien fournie, aménagée et très bien organisée, un texte composé de trois chapitres :

  • La pique et son montage
  • Le picador et sa monture
  • Le déroulement du tercio

Coécrit par Jean LICHAIRE et Christian CARTOUX avec des illustrations signées Jacques MICHEL, publié avec l’aimable autorisation de l’union des clubs taurins fédérés nîmois édité par Arles CA en 1988.

Je soumets à votre lecture ces trois chapitres très intéressants. Une « conclusion » faite de remarques personnelles étayée par des textes de revisteros reconnus conclura cette publication.

Aujourd’hui :

 

LA PIQUE

ET SON MONTAGE

 

La pique est l’arme spécifique utilisée par le picador. Son rôle principal est d’entailler le cuir du Toro, de provoquer une blessure qui doit saigner abondamment, car la zone où elle doit théoriquement pénétrer est très vascularisée.

La pique comporte deux parties : L’arme proprement dite, « la puya » et la hampe en bois « le palo » sur laquelle elle est assujettie.

La pointe de la pique est en acier spécial à faible proportion de chrome pour permettre un affutage à la pierre à eau, précis et de grande qualité.

La forme de la puya a évolué comme la corrida avec le temps.

                                                                                             

 

 

De 1791 à 1917 fut utilisée la pique dite « citron » dont le buttoir en corde avait la forme de ce fruit.

 

 

 

 

 

 

 

Jugée trop dévastatrice, elle fut remplacée par la pique à rondelle (garde de forme ronde de 7 cm de diamètre) dont les effets furent parfois aussi destructeurs que ceux de ces devancières…

 

 

 

 

 

1962 vit l’apparition de la pique actuelle, qui elle aussi semble avoir besoin d’être légèrement modifiée. Actuellement sa pointe est pyramidale à trois faces (20 mm de base). Les trois arêtes de 29 mm de longueur sont excessivement tranchantes, un gabarit (escantillon) permet de vérifier ces dimensions. La base de cette pyramide repose sur un butoir en bois formé de trois parties qui se juxtaposent parfaitement. L’ensemble est maintenu par une cordelette enroulé en spirales  serrées et recouverte de vernis.A la base de ce butoir se trouve une garde fixe en acier appelée  « cruceta » dont le rôle est d’empêcher que la puya ne pénètre trop profond dans le morillo du toro.

La pointe pyramidale de la puya utilisée en novillada a une hauteur inférieure de 3 mm à celle utilisée en corrida.

La hampe « palo », généralement en bois de hêtre doit, selon le règlement, être légèrement gauchie, ce qui n’est pas toujours le cas.

Fransisco GOMEZ  PAQUIRO discipline l’action des subalternes dans l’arène et notamment celle des picadors très libres jusque là. Il leur retira entre autre la pique longue (vara larga) pour les doter d’une plus courte encore en vigueur aujourd’hui.

La longueur palo + puya sera comprise entre 2.55m et 2.70m. Les puyas sont groupées dans une caisse en bois qui comporte 18 compartiments séparés et envoyées par le fabricant à l’union des criadores de toros de lidia à Madrid pour être vérifiées et contrôlées.

Si elles sont reconnues conformes lors de ce contrôle, cet organisme apposera sur le buttoir de cordelette vernis, une bande de papier portant son cachet, la date de vérification et le numéro de chaque puya. L’inscription sera en rouge pour les piques utilisées en novillada et en noir pour celles devant être employées en corrida de toros, attestant ainsi que la puya est règlementaire et de bonne qualité. Un certificat récapitulant les numéros des 18 puyas contenues dans une caisse sera joint à l’intérieur de celle-ci. La caisse sera plombée pour éviter toute fraude.

En principe, le matin de la corrida, les picadors procèdent au montage des piques. Ils choisissent les hampes par ordre d’ancienneté dans la profession, ils les personnalisent par l’inscription de leur nom sur la partie haute. Ce montage s’effectue dans certaines arènes à la vue du public, en tous cas, toujours en présence du délégué aux piques désigné par l’autorité. Le délégué, en présence des picadors rompt les scellés, ouvre la caisse, vérifie les numéros des piques qu’elle contient avec ceux du certificat joint. Les picadors peuvent alors, par ordre d’ancienneté, choisir leurs puyas et procéder au montage de celles-ci sur les hampes qu’ils ont préalablement choisies.

Le règlement prévoit la façon de monter lapuya sur le palo ; il précise : « L’on veillera à ce que l’une des trois faces de la pyramide formant la pointe reste tournée vers le haut, c'est-à-dire coincide avec la partie convexe de la hampe » (« el hilo a bajo »…), qui règlementairement doit être légèrement gauchie. Une explication est donnée pour justifier ce montage « afin d’éviter d’arracher la peau du toro ».

Pour assurer un meilleur contact entre le bois du palo et le métal de la puya , on peut utiliser des lamelles de papier journal, certains picadors mettent un clou pour assujettir complètement l’ensemble, mais ce n’est pas une obligation.

Une fois l’opération de montage terminé, le picador doit présenter ses piques au délégué. Si celui-ci reconnait que le montage est correct et conforme aux prescriptions du règlement, il donne son accord et le picador met un capuchon protecteur sur la pointe de chaque pique ; Dans le cas contraire, le délégué doit l’astreindre à se conformer au règlement. Les puyas montées sur les palos et vérifiées sont groupées et mises dans un placard fermé à clé. La clé sera conservée par le délégué ou le président de la corrida.

Avant la course, les piques sorties du placard seront disposée sur un râtelier dans le callejon à la vue du public, à une distance de 6m minimum de la porte des chevaux et sous la surveillance du délégué pendant le déroulement de la corrida.

La pique doit être remise au picador par une employé de l’empressa qui la reprendra à la fin du tercio.

 

Prochaine parution : Le picador et sa monture vendredi 19/01.

 

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