LES "GRANDS NOMS "
Par Patrick SOUX
Il en va dans la tauromachie comme dans notre société, si tu n’as pas un "grand nom" tu n’es pas reconnu…
Prenons l’exemple concret de l’organisation des corridas et autres novilladas concours dans les deux arènes qui, dans le sud-ouest, ont encore le courage de maintenir ce spectacle cher au cœur de tous les aficionados a los toros, nous constatons que les organisateurs s’appuient sur des grands noms de ganaderias pour leur spectacle, espérant amener du monde à la taquilla et donner le sourire à leur trésorier. Loin de moi l’idée de prétendre que le résultat économique passe au second plan. L’argent étant comme partout le nerf de la guerre, il est bien sûr primordial que les tendidos soient bien garnis, mais essayons donc de réfléchir à cette idée de "grands noms".
Historiquement les arènes gersoises ont le culte du Toro avec pour la plupart du temps des toros cinqueños armés, lourds, des toros de premier tiers, avec toutes les difficultés pour trouver des belluaires qui auront suffisamment de paquete et de métier pour s’y mettre devant. Cette année, cette concours fut montée autour du Santa Coloma provenant de la lignée Buendia. Ce choix de quasi mono encaste regroupant tous les grands noms de cette lignée a desservi le déroulement de cette course, engendrant, de fait, une monotonie sédative dont le seul antidote fut le professionnalisme du chef de lidia.
Les arènes landaises qui organisent le même genre de spectacle, mais dans la division inférieure (novillada) sont plutôt dans la recherche du "Toro complet" et pour se faire cherchent également des "grands noms" pour, disent-ils, donner du poids au cartel et attirer les spectateurs sur les étagères. L’an passé, beaucoup de "grands noms", défi entre deux encastes et, au final, c’est "le petit inconnu" qui rafle la mise !!! Fichtre, diantre…
Le point commun entre ces deux organisateurs, est le montage qui se fait autour de ganaderias de renom, des élevages, comme l’on dit, qui pèsent sur une affiche.
Autant pour une arène de première ce peut être un honneur pour un ganadero de renom d’y faire courir un de ses pensionnaires (et encore !), autant pour une organisation moins importante, après avoir fait sûrement usage de beaucoup de négociation et de diplomatie, c’est, au final, l’organisateur qui a l’honneur de faire courir les pensionnaires de cette ganaderia. La différence est importante.
Ils partent du principe que "les grands noms" font venir du monde aux arènes mais, si l’on n’est pas aficionado, je ne suis pas sûr que les noms d’Escolar, Miura, Cuadri,Victorino ou autre La Quinta soient révélateurs. Pourquoi donc ne pas donner la chance à des éleveurs en recherche d’opportunités pour se faire connaître ? Pour eux, ce serait un honneur de faire combattre un de leur pensionnaire et l’organisateur serait certain d’avoir accès à la tête de camada.
Autre remarque, depuis peu les organisateurs ont tendance à galvauder le terme de concours. En effet : la dernière organisation gersoise c’est faite autour du Santa Coloma alors que l'avant dernière landaise consistait en un défi Santa Coloma/Domecq. Bien évidemment, ils vous rétorqueront qu’il s’agit de confrontations de différentes rames et que donc…. Il n’en reste pas moins vrai que c’est une même encaste.
L’image de la corrida ou novillada concours que les aficionados ont gravée en leur mémoire, est celle de la confrontation d’encastes différents. Si ce principe de base n’est pas posé, s’il vous plaît messieurs les organisateurs, ne l’appelez pas concours. Prenez exemple sur une autre arène du bord de d’Adour qui, il y a trois ou quatre ans, avait appelé son spectacle desafio ganadero.
Messieurs, nous savons tous que vous n’êtes pas des thaumaturges, jamais nous vous reprocherons une mauvaise sortie de toro, par contre, vous êtes responsables de vos choix, des directions que vous donnez à vos spectacles et nous sommes très attentifs aux possibles dérives qui se profilent à l’horizon…
Rentrer dans le rang des faux semblants ou faire preuve de courage pour sortir des cases préétablies ?
Vivre à genoux ou mourir debout ?
Pour paraphraser Brassens : si une alternative pareille, un de ces quatre jours, vous échoie, c’est j’en suis convaincu, la salsepareille* qui devrait faire l’objet de votre choix.
Cependant, vous pouvez également tenter la troisième voie qui consiste à essayer de continuer de vivre debout. Ce n’est pas la plus simple, mais c’est la seule qui permette la survie de notre passion.
Il existe au campo, tant en Espagne qu’en France, contrairement à ce qu’il peut se dire dans les milieux autorisés, suffisamment de "matériel animal" pour agir.
"Il n’y qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c’est la peur d’échouer" Paulo COELHO.
Alors…Osez.
*La Salsepareille ( Smilax, aspera, ou Sarsaparilla Smilacée) est une plante médicinale utilisée en phytothérapie pour ses propriétés dépuratives (rénales et intestinales).