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BÉZIERS, BAYONNE, LES CARTELS.

Publié le par Cositas de toros

Après Nîmes, Mont-de-Marsan et Dax, voici les cartels de la feria de Béziers et de la temporada de Bayonne pour clore les programmes des grandes ferias françaises.

 

 

Béziers, rien de nouveau sur le plateau de Valras.

 

     

    Robert Margé, impresario des arènes héraultaises, a fait sien, comme de coutume, du proverbe d’origine médiévale : « Charité bien ordonnée commence par soi-même. » Les anglais ont un proverbe analogue : « Charity begins to the home » ; in french, « Charité commence au logis. » C’est tout à fait ça. En effet, Robert (in english) alimentera généreusement de ses cornus, les deux NSP ainsi que la corrida du 17 août.

Pour ouvrir les festivités, Castella sur ses terres sera accompagné de la jeunesse, Roca Rey et Toñete ; ils combattront les inévitables Nuñez del Cuvillo. Toñete aux cartels également de Nîmes et de Dax (??) (Voir précédemment les commentaires lors de la présentation des cartels nîmois).

Le lendemain, aussi inévitable, une mixte, comme au bon temps des Chopera dans d’autres arènes, pour Léa Vicens et 4 Jandilla pour E. de Justo et l’étoile montante, Pablo Aguado (4 oreilles à Séville et forte impression à Madrid). J’ai bien écrit « montante », filante, nous verrons plus tard.

Le 17, l’inusable Manuel Escribano, le diestro qui se mesure à tous les types de bétail, j’ai nommé Daniel Luque (voir la goyesque en solo à Bayonne, le 14 du même mois) et Joaquín Galdos en découdront donc avec les toros de Robert le Charitable.

Le dernier jour, 6 Pagés-Mailhan pour le biterrois Carlos Olsina, Diego San Román et le nîmois El Rafi. Du quasiment copié-collé avec la novillada proposée à Nîmes, même élevage, même novilleros, si ce n’est C. Olsina qui remplace F. de Manuel, of course.

Pour conclure, et profitons-en car cela ne durera pas, les incontournables Pedraza de Yeltes, chef de lidia Octavio Chacón, et Juan Leal, celui ci durement châtié à Las Ventas (oreille, blessure) en mano a mano. Pourquoi pas une terna ? Dommage. Alvaro Lorenzo étant ce jour-là à Dax, Juan Ortega (à La Brède le 22 juin) par exemple, aurait été un choix osé. Il semble qu’à cette heure, il n’était retenu nulle part

Rien de révolutionnaire en terres biterroises, sur le bord de l’Orb.

 

 

Bayonne, une temporada innovante.

 

    

     Pour les fêtes de Bayonne, notons l’alternative précoce du béarnais Dorian Canton avec comme parrain, l’andalou Curro Diaz et Alvaro Lorenzo, toros de Robert Margé.

Le 14 août, pour ne pas concurrencer Dax qui ouvre sa feria le 15, Daniel Luque, remarqué en septembre 2018 dans ces mêmes arènes de Lachepaillet, sera seul pour cette 5e goyesque face à des exemplaires de P. de Yeltes, Puerto de San Lorenzo et Torrestrella, élevages de renom.

La Feria de l’Atlantique débutera, par un cartelazo. Le trio Castella, Roca Rey, Aguado combattra un lot de Luis Algarra. C’est ici que le bât blesse.

On innove le lendemain samedi : 6 toreros (comme l’an passé) mais pour 6 toros d’élevages différents et d’origines différentes (Margé en 2018), Murube, Valdefresno, El Retamar, José Cruz, Los Maños et Pedrés. L’expérimenté Domingo Lopez-Chavez conduira les jeunes, Sergio Florès, Tomas Campos, Juan Ortega et les nouveaux matadors, Adrien Salenc et Dorian Canton.

Le dimanche sera une journée dédiée à la lignée Santa Coloma, avec le matin, la novillada piquée de Los Maños pour El Rafi, Manuel Diosleguarde et Borja Collado.

L’après-midi, la corrida de La Quinta clôturera la temporada bayonnaise. Aux prises, O. Chacón et Joaquin Galdos. Le troisième heureux élu ne l’est pas pour l’heure. La commission taurine se prononcera après les prochains spectacles de la San Isidro. Les paris sont ouverts.

 

Voici donc une temporada pimentée (AOP Espelette) par une dose de défi, une de figuras, une autre de jeunesse et, souhaitons-le, quelques toros d’exception !

 

Rajoutons, et c’est ce n’est pas négligeable, le cycle des NSP :

Le 14 août, 3 erales de La Espera et 3 Casanueva pour Jesús Moreno, Christian Parejo et Antonio Magaña.

Le 30 août, 3 Camino de Santiago et 3 Alma Serena pour Guillermo Garcia, Niño Julian, Alvaro de Chinchon et Jean-Baptiste Lucq.

Finale des NSP, le samedi 31 août avec des erales du Lartet.

 

Insistons sur le fait que seules Bayonne, Dax et Béziers font un effort pour ces novilladas. Dans le ruedo montois, une seule se déroule et guère mise en avant. Qu’en est-il à Nîmes et Arles ?

La coordination des Clubs Taurins de Nîmes et du Gard organise le Printemps des Jeunes Aficionados dans la périphérie nîmoise depuis 2006. Dans le pays d’Arles, ce sont les comités des fêtes et les clubs taurins qui animent les journées taurines comme à Mas-Thibert, Saliers, Salin, Raphèle, Le Sambuc, Moulès ou Gimeaux, tous ces villages ou hameaux se situant sur la commune d’Arles. Tous n’organisant pas obligatoirement des NSP,  tout comme dans notre Sud-Ouest.

Mais, c’est la misère dans les ruedos nîmois et arlésien. Sachant aussi qu’une course, toute modeste soit-elle, ne reçoit pas le même impact selon qu’elle se déroule dans le cadre d’une feria ou lors une simple journée.

Voyez notamment, le nombreux public familial qui peuple les tendidos dacquois et bayonnais !

                

                                            Gilbert LAMARQUE

 

 

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RAFAEL CAÑADA

Publié le par Cositas de toros

     Des nouvelles de l’état de santé du Biarrot, Rafael Cañada.

Le samedi 11 mai à Valencia, 6 novillos de Montalvo pour A. Salenc, Marcos et B. Collado.

Rafa est grièvement blessé par le 4e novillo, subissant une cornada dans le dos de trois trajectoires.

 

      Certificat médical du 11 mai : « Blessure par corne de toro au niveau de la L3, qui intéresse la peau, le tissu cellulaire sous-cutané et l’aponévrose superficielle, et la musculature paravertébrale droite et lombaire du même côté, avec trois trajectoires : une ascendante d’environ 13 centimètres, une verticale profonde d’environ 12 centimètres et une troisième descendante d’environ 8 centimètres. Pronostic grave. En attente d’étude radiologique et d’évolution. »

 

...

 

     Deuxième opération le mardi 21 mai, nettoyage des blessures où subsistaient des éclats d’os, plus exactement des petits morceaux d’apophyse. Rafael a souffert les premières heures qui suivirent l’intervention. Pauses de vis et plaque de titane pour soulager la pression au niveau du rachis lombaire. Reconstruction du sac dural. Pour expliquer simplement, c’est une enveloppe qui entoure la moelle épinière baignant dans le liquide céphalo-rachidien.

 

     Une troisième opération est envisagée. Rafa n’a pas perdu l’usage de ses jambes et garde un moral d’acier, déterminé à récupérer au plus vite. Il reçoit les visites régulières des toreros, le Valencien El Soro et le Madrilène installé à Valence, Javier Vázquez.

 

     Nous ne pouvons que lui souhaiter de retrouver le plus rapidement toutes ses capacités ainsi que de bénéficier d’un long repos réparateur.

 

     ¡ Fuerza Torero !

 

                                            Gilbert LAMARQUE

 

 

 

 

                                                        ABONO VIC

 

    Un abonné de Cositas a un abonnement à céder.

      Ombre – Couvert – Tendido sup. - Rang 1 : 202 euros. (4 corridas, 1 novillada piquée).

    06 07 72 58 66

    jean.arrivets@wanadoo.fr

 

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UNE HISTOIRE DE L’AFICIÓN EN ESPAGNE

Publié le par Cositas de toros

 

 

Deuxième partie.

 

  

 

  Aujourd’hui le monde taurin est devenu un milieu très lucratif, que ce soit pour les directeurs d’arènes, les empresas et les agents, les apoderados, ainsi que pour certains acteurs, toreros ou ganaderos.

 

                                                   

Simon le Majeur

 

Et ce système est en grand danger. Les récentes fluctuations négatives pour le pays sur les marchés économiques et financiers ont frappé de plein fouet la tauromachie. Les raisons de cette chute libre sont nombreuses et les maux profonds. Plusieurs facteurs s’ajoutent à l’équation, tels que l’indifférence sociale, les tensions politiques et lobbyistes mais aussi le manque d’unité des milieux taurins.

 

                                                   

El rey Enrique 1er

   

    Pourtant selon les chiffres du ministère espagnol de la Culture, plus de 45 millions d’euros ont été versés au fisc espagnol, soit quatre fois plus que les chiffres du cinéma. Une enquête explique qu’environ 6 millions de personnes ont assisté à un spectacle taurin en 2014, ce qui en fait le plus grand évènement de masse derrière la Liga de football et ses 13 millions d’entrées.

 

                                                      

El Juli, le dauphin.

   

    Mais nous sommes en 2019 et le manque de nouvelles personnalités du toreo et de nouvelles  générations d’aficionados intensifie cette chute vertigineuse.

 

                                                          

Ricardo Gallardo (Fuente Ymbro).

   

    Après le succès des partis d’extrême gauche comme Podemos et de centre-droit comme Ciudadanos lors des élections régionales et municipales, on cristallise toutes les appréhensions des partisans taurins face à une vague dite anti taurine. Certaines régions se sont déclarées en faveur d’un arrêt des subventions, en évoquant la nécessité de coupes budgétaires et la cause animale pour premiers arguments.

    Dans la capitale, le sujet est explosif où la maire, Manuela Carmena, coupe net les subventions des écoles taurines. Soutenue par Podemos, elle souhaite faire de Madrid, "la ville des animaux".

¡ Cuidado, perros peligrosos !

Les traditions taurines sont donc devenues un enjeu politique de taille.

    Le caractère et l’aspect traditionnel de la tauromachie sont critiqués pour leur conservatisme. Le mouvement animalier PACMA (Partido Animalista Contra el Maltreto Animal) dénonce les corridas comme "spectacle à caractère barbare et anachronique, impropre d’une Espagne civilisée au XXIe siècle". Des choix forts ont déjà été pris par certaines communautés autonomes, à l’instar de l’archipel des Canaries, qui a interdit la corrida dès 1991 et la Catalogne en 2010 pour des raisons "anti-espagnolistes". Aujourd’hui, des fêtes traditionnelles de villages sont aussi en danger dans plusieurs provinces, comme les "carrebous" dans les régions de Valence et de Barcelone et le "toro de la Vega" pratiqué depuis 1453 à Tordesillas dans la Communauté de Castille et Léon s’est vu  fortement mutilé.

 

                                                                  

   

    Depuis des années, el Toro de la Vega était brocardé comme une séquelle de l’"Espagne barbare". Chaque mois de septembre, écologistes et journalistes (les uns pour s’opposer à la "fête", les autres pour la couvrir) étaient reçus avec violence par la majorité des habitants, qui ne supportaient pas que des étrangers aient voulu leur imposer l’interdiction d’une telle tradition.

C’est pourtant ce qui a été décidé en 2016. Le gouvernement régional de Castille et Léon, paradoxalement dominé par les conservateurs du Partido Popular, après de longs atermoiements, a approuvé un décret qui proscrit non seulement la mise à mort du taureau, mais aussi la possibilité de le piquer avec des lances. Mais la "fête" en elle-même est maintenue. "Au fond, nous n’avions que deux solutions, a précisé le président de la région José Antonio Sánchez-Juarez. Ou bien protéger la tradition ou bien l’éliminer. Et je crois que les traditions doivent s’adapter à la sensibilité et à la culture de l’époque." Tout est dit. 

Avec el Toro de la Vega, ce n’est pas le coup de grâce, mais une nouvelle pique qui affaiblit tout un secteur culturel.

    Mais les régions liées historiquement à la tauromachie semblent loin d’être prêtes à vouloir stopper la tradition comme en témoignent l’Andalousie, l’Estrémadure, la Castille-La Mancha, la Castille et Léon, la Communauté de Madrid, la Rioja, la Navarre et le Pays Basque. A San Sebastian eut lieu une petite victoire. En effet, la ville basque déclarée tout d’abord anti taurine en 2012, a autorisé à nouveau les corridas dans les arènes d’Illumbe en raison d’un changement à la tête de la municipalité !

 

                                                                 

Mariano Rajoy

   

    Le gouvernement Rajoy (2011-2018) s’est lui positionné en faveur de la cause, soutenant par la voie du Parlement en mai 2014, une loi qui incluait la tauromachie dans le patrimoine immatériel. Le but étant de créer un cadre législatif autour de cette pratique culturelle.

Le Partido Popular avait pourtant lui-même voté d’un commun accord avec le PSOE, l’arrêt des retransmissions télévisées sur les chaînes publiques. Celles-ci, stoppées fin 2006, ont repris depuis 2013.

    Exit Mariano Rajoy, le titulaire actuel est le socialiste Pedro Sánchez depuis juin 2018. Il a été contraint de provoquer des élections législatives anticipées qui se sont déroulées le 28 avril. 

Ses préoccupations actuelles ne sont certainement pas taurines.

… Et l’ombre du dictateur flotte toujours au-dessus de El Valle de los Caídos, vestige de la honte !

     Devenue un sujet de débat, lors des dernières élections régionales en Andalousie, le dirigent de Podemos, Pablo Iglesias, avait proposé un référendum sur l’abolition des corridas.

    Selon les derniers chiffres publiés par le ministère espagnol de la Culture, dans son "statistique annuel", le nombre de spectacles taurins est en baisse de 16 % sur les quatre dernières années. Sur dix ans, les places taurines perdent près de 20 % de leur public.

En 2013, le ministère comptabilise 428 corridas sur l’ensemble du pays, contre 398 en 2014, 387 en 2017 et 369 en 2018 (voir chiffres plus bas). Les autres types de spectacles liés à la tauromachie sans forcément de mise à mort, sont également en diminution. Il y avait eu 953 corridas en 2007 !

Et le record avant la chute, est détenu par l’année 2003 : 983 .

    L’estocade finale à une industrie tauromachique maintenue sous perfusion est en constante recherche d’un second souffle. Au delà de l’augmentation des coûts d’organisation et de sécurité, qui compliquent la mise en place de ces spectacles, le public n’est plus au rendez-vous. La corrida n’a probablement pas encore dit son dernier mot, mais le mal le plus profond ne viendrait-il pas de l’Espagnol lui-même, de moins en moins aficionado ? ¿ No ?

 

                                                     

Crépuscule tauromachique ?

                                                                                                       

 

                                                                                             Gilbert LAMARQUE

 

Quelques chiffres de la Tauromachie en Espagne.

    Le ministère de la Culture et des Sports espagnol a publié les statistiques pour l'année 2018 (sur le Net : estadistica-de-asuntos-taurinos).

    Voici quelques chiffres :

1521 spectacles dont,

 - 369 corridas (24,30%) dont 93 en arènes de 1ère catégorie. 387 en 2017.

 - 169 corridas à cheval (11,10%).

 - 217 novilladas avec picadors (14,30%). 220 en 2017.

 - 267 novilladas non piquées (17,80%).

 - 118 spectacles mixtes.

 - 381 spectacles mineurs.

Chez les professionnels inscrits au ministère ayant toréé ou pas durant l'année 2018 :

 - 751 matadors, 733 en 2017.

 - 319 rejoneadors.

 - 2573 novilleros (piquée et non piquée).

 - 603 picadors.

 - 1897 banderilleros.

 - 3406 mozos de espada.

 - 62 écoles taurines, 58 en 2017.

 - 1337 élevages de toros de combat, 1329 en 2017, 1341 en 2015... 

 

    

 

 

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UNE HISTOIRE DE L’AFICIÓN EN ESPAGNE

Publié le par Cositas de toros

Première partie.

                                                   

 

                                                            

Le jour se lève

 

    Lorsque Philippe V monta sur le trône d’Espagne, il apporta avec lui dans la péninsule, les idées, les mœurs et les préjugés au milieu desquels le duc d’Anjou avait été élevé. Aussi, éprouva-t-il et manifesta-t-il une vive répulsion pour les combats de taureaux. Durant les quarante six années que dura son règne, sans le défendre officiellement, il fit tous ses efforts pour abolir ce spectacle. Il n’y assistait jamais volontairement et ne l’autorisait à la cour que lorsque l’usage ne lui permettait pas de faire autrement. Ses courtisans, pour la plupart étrangers comme lui, n’eurent pas beaucoup de peine à renoncer à cet exercice vers lequel ils étaient peu portés, et les représentants de la noblesse espagnole qui avaient déjà fort à faire pour rester bien en cour, furent obligés de faire au caprice de nouveau roi, le sacrifice de leur jeu favori.

 

                                                        

Philippe V le Brave (1683-1746) par Miguel Jacinto Meléndez. Musée du Prado. Madrid.

                                                             

En effet, Philippe de France, duc d’Anjou était né à Versailles en 1863 issu de la dynastie des Bourbon. Papa n’était autre que Louis de France dit Monseigneur ou le Grand Dauphin. Ainsi, à Madrid, il installa des Français aux postes importants, orientant de façon nouvelle la politique espagnole.

    Là où Isabelle la Catholique et le Saint-Siège avaient échoués, Philippe V ne pouvait réussir, et les faits ne tardèrent pas à confirmer une fois de plus la vérité de cet aphorisme ignoré des taurophobes : Combattre l’afición, c’est la développer. On aimerait aujourd’hui que la chose soit vraie !

    Comprimée chez la noblesse, l’afición déborda chez le peuple où il devait être impossible de l’atteindre et où elle acquit vite une vigueur extraordinaire.

    Par un heureux contraste, autant Philippe V s’était montré hostile aux courses de taureaux, autant son fils Ferdinand VI qui lui succéda, se prit à les aimer.

 

                                                                     

Ferdinand VI le Sage (1713-1759) par Louis-Michel van Loo. Détail.

 

Le prince fit pour la tauromachie ce que Philippe IV avait fait pour les beaux-arts et pour les lettres. Il favorisa l’organisation des courses de taureaux, fit bâtir des arènes, dota Madrid d’une plaza où se donnaient des funciones au bénéfice de l’hôpital général, et obtint enfin du Saint-Siège l’annulation de la bulle de Pie V, et la suppression des peines très graves que l’Église infligeait aux toreros.

    L’élan était donné et il n’était plus au pouvoir de personne de l’arrêter.

 

                                                                             

Charles III (1716-1788) par Raphaël Mengs (1774).

 

Charles III l’essaya en vain en 1785. Par un article de sa royale décision, il interdit les courses de taureaux. Le décret resta lettre morte et fut bientôt annulé.

C’est sous son règne que commença à émerger l’idée de l’Espagne comme nation, qui se dota de symboles identitaires : un hymne, un drapeau et une capitale digne de ce nom.

    Mal conseillé par Godoy, Charles IV en l’honneur de qui, - l’ingrat ! - avait été donnée lors de son mariage, l’une des plus belles courses qui se soient vues en Espagne, veut à son tour supprimer ce spectacle. Cette mesure impolitique ne fut pas de celles qui contribuèrent le moins à provoquer cette explosion de colère contre le roi et de haine contre le ministre qui fit trembler tout le pays et jeta sur le Prince de la Paix, les insurgés d’Aranjuez…

    … Le soulèvement d’Aranjuez, motín de Aranjuez, fut un soulèvement populaire qui s’est déroulé le 17 mars 1808. Sachez que les troupes françaises sont présentes en Espagne et que les opposants au roi Charles IV et à son ministre Godoy, sont favorables au Prince des Asturies, le futur Ferdinand VII.

 

                                                                       

Charles IV (1748-1819) par Goya (1789). Musée du Prado. Madrid.

 

Au mois de mars, craignant le pire, la famille royale se retira à Aranjuez pour pouvoir, en cas de nécessité, prendre le chemin vers le sud, vers Séville et embarquer pour l’Amérique.

Le 17 mars après que la rumeur sur le voyage de la famille royale se fut répandue, la foule se réunissant devant le palais royal d’Aranjuez, le prit d’assaut. Devant la crainte d’un véritable lynchage, le prince Ferdinand intervint en véritable maître de la situation ; son père abdiqua, et il devint le roi Ferdinand VII. Voici pour l’histoire.

Ces évènements furent les premiers râles de l’Ancien Régime en Espagne.

 

                                                                  

Ferdinand VII le Désiré ou le Roi Félon (1784-1833) par Vicente López Portaña. Détail.

   

    La longue acclamation d’amour et de joie qui accueillit le retour de Ferdinand VII, - il fut remplacé sur le trône en juin 1808, par Joseph, le frère de Napoléon - se changea vite en murmures de mécontentement quand on vit ce prince traiter l’Espagne en terre conquise, méprisant ses souffrances et restreignant ses libertés. Lui aussi tenta de supprimer les courses. Cette politique faillit lui coûter cher et il fallut rien moins que l’intervention de la France pour le maintenir sur son trône. La leçon cependant lui profita ; il comprit que "la petite promenade militaire" du duc d’Angoulême ne pouvait se renouveler indéfiniment et qu’il valait mieux gouverner l’Espagne par l’amour que par la crainte. Louis Antoine d’Artois, duc d’Angoulême, Dauphin de France (de 1824 à 1830) , fils de Charles X, conduisit en 1823, la victorieuse expédition d’Espagne et gagna la bataille du fort du Trocadero et s’empara de Cadix.

 

                                                                     

Louis-Antoine d'Artois, duc d'Angoulème de 1775 à 1824. Anonyme. Musée de la Légion d'honneur. Paris

  

    Il restaura, en monarque absolu, Ferdinand VII.

Celui-ci rendit donc ses libertés et accorda aux villes le droit d’organiser des courses. Il alla plus loin, fit du zèle en ordonnant la fondation d’une école officielle de tauromachie !

    Donc, soucieux de raviver une tradition populaire qui avait souffert de cette guerre avec la France, il créa l’école taurine de Séville. Il en confia, en 1830, la direction au matador Jerónimo José Candido, beau-frère de Pedro Romero qui avait alors soixante treize ans et qui finit par obtenir la direction tandis que Candido devenait son adjoint !

 

                                                        

Pedro Romero (1754-1839).

        

 L’école ferma quatre ans plus tard par décret le 15 mars 1834. Des figuras passèrent par cette école, tels Paquiro, Cúchares…   

    Il serait puéril et grotesque de prétendre que la suppression des corridas a été la cause efficiente des troubles qui agitèrent l’Espagne au commencement. Mais ce fut assurément une mesure maladroite, et la goutte de sangria fit déborder el jarro. On n’assagit pas un peuple en l’empêchant de se distraire comme il l’entend, et il vaut mieux qu’il dépense dans les "jeux du cirque", Panem et circenses, l’exubérance d’activité, de force et de courage qu’il pourrait employer à soutenir des luttes intestines. ¿ No ?

    Après Ferdinand VII, vinrent les Régences de Marie-Christine de Bourbon-Sicile et de Baldomero Espartero, puis les règnes d’Isabelle II, Amédée 1er , Alphonse XII, son fils Alphonse XIII.

En 1929, on célébrait environ 300 corridas. La Seconde République fut proclamée le 14 avril 1931, et juste avant la Guerre Civile, en 1935, la crise avait réduit le chiffre à une centaine.

 

                                                               

¡ Tres pesetas y nada mas !

 

 L’État espagnol de Francisco Franco suivra avec l’âge d’or de la corrida et la manipulation du peuple par le Caudillo, puis les différents gouvernements avec Juan Carlos 1er, roi le 22 novembre 1975, Philippe VI depuis 2014, perpétuant la dynastie… Rien de nouveau sous le soleil.

 

A suivre…

                                                                                   Gilbert LAMARQUE

 

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VUELTA AL RUEDO AL PERRO "ORTEGA"

Publié le par Cositas de toros

 

     Année 1958, le 12 juillet, Feria del Toro de Pamplona.

Ce jour-là, la vedette dans le ruedo pamplonais a été un chien, un chien de berger de ganado bravo. Il se nommait "Ortega", propriété d’Esteban Irisarri, lui aussi berger.

Pendant l’encierro de ce jour, celui de la ganaderia de Miura, un toro ne voulait pas entrer par la porte des areneros du coso de Pampelune. Ni les dobladores*, ni les cabestros, ni quelques capotes, ni toute l’expérience des bergers ne réussirent à faire rentrer l’animal dans les corrales. Mais apparut en scène "Ortega", et avec quelques aboiements et morsures, il parvint à faire rentrer le Miura aux corrales.

 

 

Les mozos présents prirent le chien comme un héros et firent avec lui, une vuelta al ruedo triomphale.

 

 

* Doblador (nom masculin). Doubleur. Vient de doblar qui veut dire doubler, plier, courber. Au figuré, se soumettre, céder, faire changer d’idée.

A l’encierro, désigne le torero professionnel qui intervient à l’entrée des toros dans les arènes, lorsqu’il soumet les cornus à sa cape, pour les amener au corral.

 

                                                                       Gilbert LAMARQUE (traduction).

 

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