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Duo sur "Covidé"

Publié le par Cositas de toros

 

                Les toros et le Covid-19.

 

           Une fois n’est pas coutume, voici ci-dessous, les divagations d’un ganadero inquiet et celles, plus modestes d’un revistero durant cette maudite pandémie.

 

     Choisir entre la peste et le choléra qui ont fait des milliers de morts, mais à l’époque, pas de masque, pas de privations, pas de confinement ni couvre-feu, les embrassades et les poignées de main sont légion, pas de repas interdit en tête à tête ou avec des amis, pas de restaurants fermés… Le coronavirus est là et nous avons toutes les difficultés pour nous en débarrasser. Dans certains départements, c’est la panique, confinement, couvre-feu, limitations dans les déplacements sauf pour aller travailler, pas de restaurant ni sport ni culture.

Et les toros dans tout cela ? Et bien eux, ils continuent de paître, de prendre du poids… pour être prêts le jour J. 

Tous les organisateurs prévoient des corridas, novilladas piquées et non piquées mais plus les dates se rapprochent, plus l’inquiétude gagne l’éleveur sous la menace du spectacle reporté ou annulé.

Que fait-on des toros ou novillos préparés avec passion tous les jours ? Une année 2020 sans novilladas dans le Sud-Ouest, les bêtes sont au campo et si 2021 est la copie conforme de l’an passé, alors plusieurs toros partiront vers l’abattoir. En ce début d’année, on scrute l’évolution de la pandémie car, à la ganaderia Casanueva, tout est réservé et cela ferait énormément de bien au compte en banque. Les aides sont rares en France pour ce type d’élevage. Autre inquiétude, si les grands organisateurs n’élaborent pas de corridas sous la jauge des 50 % – difficile à rentabiliser – et bien, ils occulteront le fait de monter des novilladas, spectacles dits mineurs. Il faut penser à la tauromachie en général, aux toreros, mais aussi à la presse taurine qui n’a plus de matière pour écrire des articles et aller en reportage.

Les seuls qui vont prendre des décisions radicales sont les éleveurs car malgré la diminution du cheptel chez certains, d’autres mettront la clé sous la porte. Il est prévu une éclaircie vers juin ou juillet lorsque tout le monde sera vacciné mais, les tarifs pour les acteurs et les éleveurs vont certainement être revus à la baisse. Par contre, le foin, le pienso, le gasoil et les frais en général n’iront pas dans le sens de la courbe descendante.

Jean-Louis Darré disait, il y a peu de temps que si les ganaderos venaient à disparaître, il n’y aura plus de tauromachie dans le Sud-Ouest pour la pratique des écoles taurines, les entraînements des toreros, tientas, repas au campo, etc.

Il faut rester optimiste, mais avec les antis et le peu de visibilité dans l’avenir de la tauromachie, nous sommes en droit de nous poser la question : quel est l’intérêt de continuer un élevage contraignant parfois l’hiver, et coûteux tout au long de l’année. Le plus dramatique, bien sûr, c’est le Covid-19 qui continue à tuer des milliers de personnes de tout âge comme à certaines époques, la peste et le choléra avec quelques similitudes : départ de la pandémie au contact des animaux, rats, pangolins, chauve-souris… Alors que le toro, lui, lavé de tout soupçon, va en subir les terribles conséquences.

 

     Le déploiement chaotique de la vaccination nous éloigne d’une immunité de masse rapide. Comment trouver la direction vers des valeurs positives afin que l’été qui approche nous amène au bout du tunnel ? Vouloir sauver des vies à court terme nous conduira à en détruire d’autres à plus ou moins long terme et il en va de même pour les commerces, industries, exploitations, ganaderias. Nous patinons, le virus, lui, progresse.

On confine à nouveau dans 19 départements, l’Italie se voile de nouveau et 14 pays de notre vieille Europe subissent un couvre-feu. Vivement notre entrée en Ehpad pour bénéficier d’un milieu où le précieux sérum se déverse à l’envi. Voilà pourquoi je ne partage pas, hélas, l’optimisme modéré de mon ami ganadero. Je ne vois qu’un été mort-né et ses effets dévastateurs.

 

© G. Lamarque. 05/02/2021, ganaderia Casanueva

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diversion

      Entre la peste et le choléra, le personnage d’Angelo Pardi, colonel de hussards, jeune aristocrate italien dans Le hussard sur le toit de Jean Giono, a mes faveurs plutôt que le docteur Rieux dans La peste d’Albert Camus, homme pourtant sensible et humaniste. Angelo Pardi, sujet plus romantique… la sensibilité, l’émotion et l’imagination ont eu raison de moi sur la raison et la morale. Un certain "romantisme" pour adoucir cette triste période.

 

José Bats, ganadero     Gilbert Lamarque, revistero

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Un signe ?

Publié le par Cositas de toros

Sous le signe du taureau…

 

© AFP

 

          Une statuette millénaire révélée par la pluie dans le site archéologique d’Olympie. L’origine du petit taureau de bronze pourrait remonter de 1050 à 700 ans avant J.-C.

Alors que de fortes pluies se sont abattues sur Olympie ces derniers temps, une petite corne s’est retrouvée à dépasser du sol, dans le fameux site archéologique grec qui accueillait les Jeux olympiques pendant l’Antiquité.

Retrouvée intacte, l’idole a été repérée par un archéologue alors qu’il accompagnait des fonctionnaires du ministère grec de la Culture lors d’une visite programmée du site olympien. Le bronze était enterré entre le temple de Zeus et l’Altis, enceinte sacrée sur laquelle fut construit le premier stade des Jeux.

 

Offrande à Zeus

     Une première analyse suggère que le taureau date de l’époque géométrique*, qui remonte de 1050 à 700 ans avant J.-C. Les marques de brûlures qu’il arbore laissent à penser aux archéologues qu’il s’agissait d’une offrande votive parmi les milliers faites à Zeus à l’époque.

On estime que les Jeux olympiques antiques se sont déroulés tous les quatre ans de 776 avant J.-C. à 393 après J.-C. Ils prenaient place à l’origine dans le cadre d’un festival religieux, et ont peu à peu migré de sens, avec l’abandon des lieux liés aux cultes grecs.

     Point de tauromachie ici, mais est-ce un signe ? Ce petit taureau nous plonge dans un passé millénaire et semble nous témoigner son empathie indéfectible.

« Ne désespérez pas, votre toro, le Bos taurus, est là, présent lui aussi pour des millénaires ! »

Gloria taurus in saecula saeculorum !

Le droit de rêver, indestructible.

*poque géométrique (1100 - 700 avant J.-C.) qui doit son nom au décor de la céramique retrouvée à Athènes à motifs de demi-cercles ou de cercles concentriques tracés au compas.

 

                                                                 Gilbert Lamarque

 

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Incertitudes, doutes et errements

Publié le par Cositas de toros

 

 

Midi Libre, le 18/03/2021

        Feria de Pentecôte à Nîmes

Un week-end taurin plutôt qu’une feria ? 

     « À la lumière des mauvaises nouvelles liées au Covid-19 dont les cas continuent de se multiplier, Jean-Paul Fournier le maire de Nîmes ne cache pas son inquiétude sur la tenue de la feria de Pentecôte.

[…] La pandémie due au Covid-19 ne faiblit pas et les restrictions ne semblent pas sur le point d’être levées dans l’immédiat. Alors "imaginer une feria avec des bars et restaurants fermés, ça paraît très compliqué" souffle le premier magistrat. À tel point que le célèbre rendez-vous des festaïres et des aficionados semble des plus compromis. "La décision sera prise après mon rendez-vous, le 15 avril avec Simon Casas qui a déjà approché les toreros et les ganaderias, mais n’a rien fixé pour le moment."

Quelles solutions dans le pire des cas ? Reporter le rendez-vous ? "On ne peut pas . Au mieux, on envisage un gros week-end taurin sur trois jours, au pire, il nous faudra miser sur la feria des Vendanges". »

                                                                                  A.A.

       À quand le vrai départ de la temporada ?

Dans le Sud-Est, après Nîmes, les 5 et 6 juin Arles, le 13 juin la corrida de Mauguio, du 18 au 20 juin la feria d’Istres, etc.

Dans le Sud-Ouest, la novillada-concours d’Aire-sur-l’Adour le 1er mai, la journée de Mugron le 23 mai, le 30 Garlin, etc.

On peut douter de la réalisation de tous ces spectacles. Il n’y a que ce "diable" de vaccin qui pourra nous amener vers des jours meilleurs. À la vitesse où l’on administre le vaccin… Noël semble une date des plus optimistes ; nous sommes en droit de l'espérer !

L’aficionado ne regarde que d’un œil distrait le montage des éventuels cartels. À quoi bon ? Il privilégiera d’autres activités plus sûres.

Allez garnir des tendidos après ça ! Perplexité, c’est elle qui envahie notre quotidien.

Dès demain, nous allons pouvoir nous évader jusqu'à 19h. Super ! Et pour les curieux et "pagivores" , essayez-vous au n° spécial de Lire magazine littéraire au titre gourmand : L'éloge du doute. "Le doute est une source de découvertes" (Boris Cyrulnik). Bon voyage, prenez un billet aller, vous aurez tout le temps pour le retour.

                                                                     Gilbert Lamarque

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Alegría

Publié le par Cositas de toros

Madrid, 06/11/2019. Photo Getty/Wirelmage

 

     « Laisse-moi voir le cœur de la vie, dis-je à mon père.

"Tu te souviens de la tauromachie ?" me demande-t’il.

La tauromachie espagnole vilipendée, discréditée, oui, je m’en souviens.

"Tout repose sur le picador. Son objectif est d’affaiblir la force du taureau qui est excessive, violente. Intéresse-toi à la tauromachie, tout est là."

Aujourd’hui, en Espagne, les gens détestent la tauromachie, papa. Tout le monde la déteste et moi aussi. Il ne supporte pas de voir souffrir un pauvre animal.

"Il ne s’agit pas de ça. Change juste les acteurs et imagine que le picador, c’est la force du temps. Le taureau pénètre dans l’arène avec une énergie insupportable. La vie est insupportable. La jeunesse est cette énergie : elle nous dépasse, nous élève, nous met en colère, nous efface. C’est pour ça qu’intervient le personnage sinistre et animal du picador, qui a pour mission de priver le taureau de ses forces au travers de la douleur, de lui ôter son énergie démesurée pour qu’il soit en paix. Nous arrivons ainsi dans la mort, comme si nous parvenions à une conclusion naturelle après avoir perdu notre force, restée au bout de la pique ensanglantée. La pique ensanglantée, tu ne la vois pas ? Elle est déjà en toi." » Manuel Vilas, Alegría (2019), page 203.

 

     Le père fait référence à la tauromachie pour illustrer ses propos sur la vie, le fils, obtus, ne voit que la souffrance de l’animal et réagit comme la plupart de ses contemporains. Deux générations, l’un né en 1930, l’autre en 1962.

     Il n’est (n’était) pas rare de découvrir dans les pages des auteurs espagnols, des références, quelques lignes aux couleurs taurines. Des ouvrages aussi en voie de disparition.

 

     Dans Alegría, Manuel Vilas traite du thème de la famille, parle de ses parents disparus. Alegría est dédié à ses fils, « et quand je vois leur joie, je comprends que ma vie a du sens. »

     Bien que né à Barbastro en 1962, province de Huesca (Aragon) où dans sa petite ville on célèbre les toros en septembre, Manuel Vilas n’est guère porté sur la tauromachie comme un grand nombre de ses contemporains. Journaliste, il entame une carrière d’écrivain à succès, prix Femina étranger 2019 pour Ordessa. Aujourd’hui, il vit aux états-Unis dans l’Iowa – un autre pays de cowboys – où il enseigne l’écriture créative, écriture de plus en plus populaire dans le monde. Cette méthode a pour but de rendre accessibles à tous, les techniques rédactionnelles de divers genres littéraires.

 

     Avec Ordessa (2018), Manuel Vilas ravive le souvenir d’une modeste famille espagnole à l’heure du franquisme déclinant. Page 125, photo en noir et blanc des parents. Ils dansent. Lui, cheveux gominés, elle, blonde, coiffure relevée, robe d'été. Lui, regard vers le lointain, elle vers l'ailleurs. Des fantômes désormais. Nostalgie, une belle image de la classe laborieuse, moyenne espagnole. Avec Alegría, il poursuit ses confessions intimes. Malgré le remords qui le tenaille, cet esprit tourmenté voit de la joie partout. Soyez attentifs car cela ne saute pas aux yeux !

     Un requiem espagnol, poignant. Et cela, c’est manifeste.

 

                                                                       Gilbert Lamarque

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Changer la vie ?

Publié le par Cositas de toros

         À quand l’anabiose, la reprise d’une vie active et sociétale après cette phase interminable de dormance prolongée ?

Voici un an, une longue année que nous sommes entrés dans l’opacité, sous l’empire des mesures anti-Covid.

Le 11 mars 2020, l’OMS avait transformé l’épidémie en pandémie. Nous sommes devenus des citoyens d’un monde touché par le virus. Une phase inédite, un bouleversement, les mots nouveaux de la pandémie et, ce qui semblait pouvoir se résoudre en quelques semaines, s’est transformé en cauchemar.

Le déconfinement, l’été, la vie d’avant ?…

     Le monde de la culture est une des principales victimes collatérales de cette lutte gérée en dépit du bon sens.

Si vous écoutez nos pâles dirigeants, il n’y a pas d’autre choix que de fermer les lieux culturels. Trop facile. Si un musée est fermé, comment voulez-vous ouvrir une arène ?

Notre gouvernement est un menteur et nous méprise.

N’y a t’il pas d’alternative ?

On ouvre les écoles et les lycées, c’est un choix politique.

On ferme les musées, les salles de cinéma, c’est un autre choix politique. Nous sommes majeurs et vaccinés – pour certains. Alors ?… alors pour les actifs, allez travailler, nous nous occupons du reste, nous gérons...

Quand, nous, zombies, sortirons-nous de l’obscurité ? Vivre reclus, hirsutes, en caleçon et charentaises, être privés de restaurant, lieu convivial s'il en est, compter les morts - on les compte chaque jour pour vous -, regarder et comparer les graphiques et les courbes exponentielles - on les commente chaque jour pour vous -, c'est de l'information et quelle info !

Au fait, les casseroles aux balcons, nous ne les entendons plus ! Ah ! c'était formidable, ce mouvement populaire, bienveillant. Bienveillant mon c...! Primo, c'était ridicule mais chacun se sentait si bien après. Deuxio, qui s'en souvient ? La reconnaissance est attestée par le salaire et non par les primes misérables et mal distribuées n'accentuant que l'injustice, et l'hôpital est toujours en déliquescence. Déprimant, tout ceci. Nous sommes un peuple d'amnésiques et ce qui nous reste en mémoire, car on nous l'enfonce quotidiennement dans notre esprit perturbé, c'est que nous sommes un pays, une nation de vieux. Un Français sur cinq a 65 ans ou plus. Aujourd'hui, 90 000 morts du Covid. Patience, la courbe va redescendre. La France deviendra un pays de d'jeuns.

Changer la vie, certainement pas, mais, exécrables gouvernants, vous avez le pouvoir de nous la rendre plus intéressante.

Les hirondelles referont-elles le printemps ? Il sera dur de reconstruire sans séquelles sur les ruines d’un fragment de vie gâchée.

 

 

 

             ou

 

          Bon vent !

 

                                                               Gilbert Lamarque

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