Les fêtes votives dans le Sud-Est avec son sommet autour du 15 août.
La J F C(Jeunesse Festive Calmettoise) passe dans les rues du village en musique proposer les "pognes" du boulanger. Nous retrouvons cette coutume à Vergèze. Cette recette de la "pogne" perdure depuis le XVIIIe siècle. C’est une brioche du Sud-Est en forme de couronne parfumée à la fleur d’oranger. Voici l’occasion d’apposer l’"empègue" sur le devant de porte de ceux qui souhaitent participer et soutenir les jeunes.
Ici, on a coutume de dire que pendant la fête les jeunes et moins jeunes se font souvent plaisir ensuite en "trantaillant" (titubant) chez eux quand il ne faut pas les y aider s’ils sont trop "embugnés"… Sûr qu’il ne s’agit pas de la même "empègue" !
En occitan, pegar, c’est le sens du latin picare, enduire de poix ,coller, goudronner. Le sens "marquer sur la toison des brebis le chiffre du propriétaire( région d’Alès) est déjà attesté dans les Basses Alpes en 1535, empegar , poisser (avec la bonne orthographe…)
"S’empega" : "se sont empegas toutes dous" en parlant d’un mauvais mariage de part et d’autre.
L’"empègue" que les jeunes apposent autour des portes lors de l’aubade à la population vient aussi du mot occitan empegar qui signifie coller, la racine du mot est "pègue" qui désigne la résine ou la poix utilisée comme colle.
Il s’agissait au début du XXe siècle de fêter le départ pour le Service national des garçons qui venaient d’avoir 18 ans, c’étaient les conscrits de la classe. Les aubades continuent toujours, bien que la conscription n’existe plus aujourd’hui – nous l’avons écrit précédemment – ce sont les jeunes qui organisent la fête.
À La Calmette dans le Gard, commune de la couronne nîmoise située dans le canton d’Uzès, incluse dans les gorges du Gardon, les jeunes ont remplacé VLJ "Vive la Jeunesse" par JFC "Jeunesse festive calmettoise".
Voici l’"empègue" apposée sur les façades de Beauvoisin, cette année. Beauvoisin adossé au plateau des Costières domine la plaine du Vistre avec, au Sud la Petite Camargue et au Nord Nîmes et les garrigues.
Plus de 70 reproductions en 2021: une première dans la région. Beauvoisin possède l'une des plus anciennes, de 1894.
L’"empègue" de Vergèze, cité des sources Perrier dans le Pays Vidourle Camargue est un village agréable par lequel le territoire s’enrichit grâce à la source Perrier. Arrosé par le Rhôny qui nous évoque la Feria du Rhôny remplacée par une fête de Printemps.
Depuis octobre 2020, les corridas et novilladas sont prohibées sur décision de Mme le Maire. Qui se souvient qu’en mai 2019, un novillo prit la poudre d’escampette vers les 13h , à l’heure bénie de l’apéritif, il ne fit aucune victime sérieuse, déjà san Fermín veillait !
Vergèze rejoignit tristement Palavas, Le Grau du Roi et Pérols…
Les Égyptiens appelaient barbares tous ceux qui ne parlaient pas leur langue. Lors de conquête de la Saxe , Charlemagne déporte massivement les rebelles saxons et les remplace par des Francs pour éviter de nouvelles révoltes. Originaire de l’Asie centrale, les Huns établirent le vaste empire hunnique au Ve siècle, avec pour chefs, Moundzouk, Attila pour le plus connu qui trouvera asile dans nos livres scolaire.
Barbare ? Personnage réputé brutal, inculte, violent, destructeur, aux mœurs dissolues… « les populations barbares du Sud ! »selon les mots du député Caron qui prétend éduquer ces hordes hirsutes d’aficionados a los toros. Décidément nous ne parlons pas la même langue. Car cet homme de bonne famille veut déposer une proposition de loi visant à interdire la corrida sur le sol français. Ceci devant l’Asemblée nationale. Son idée : modifier le Code pénal sanctionnant la maltraitance animale, mais souligne dans son article 521-1 que ses dispositions « ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut-être invoquée. D’autres s’y sont cassés les dents !
Les deux font la paire...
Car 56 communes que vous connaissez en Nouvelle Aquitaine, Occitanie et Provence – Alpes- Côte d’Azur sont dans ce cas.
Recalé à l’oral, le bon député se tournera vers une autre proposition de loi plus cynique, l’interdiction de la corrida aux mineurs. Cette solution semble pour l’écolo antispéciste plus favorable.
Le territoire actuel français est riche de sa diversité, de ses coutumes. Les étrangers à cela, bien policés, hautement cultivés et bardés de diplômes veulent nous imposer quelques leçons, nous, barbares du Sud assoiffés de sang, simples citoyens, aficionados, maires de nos communes, députés, sénateurs, président(e)s des Régions, celles qui nous ont vues naître. Nous laisserons-nous courber l’échine tels, sous le joug, Martin et Chouan, la paire de bœufs bien éduquée de nos aïeux.
Attendons novembre sereinement et réfléchissons à quelques lieux privilégiés pour la création de nouveaux musées taurins !
Panem et circenses… De l’Antiquité nous passâmes dans le monde médiéval, les peuples migrateurs se sédentarisèrent. Puis vint une époque lisse, convenue, triste et ennuyeuse. Les musées se multiplièrent à l’initiative de quelques aficionados orphelins dans un univers de grisailles.
C’est demain, le néant, le fait de ne pas être, de ne plus être.
Les eaux de l’Orb font des vagues…En effet Robert Ménard ne cache pas son inquiétude d’avoir à organiser un jour une féria sans corrida à Béziers.
L’édile déclare : « Je déteste la corrida, je suis végétarien, mais ma femme et moi nous la défendons. C’est important pour la culture, pour l’humanité ». Caron, prends-en de la graine !
Une féria sans corrida, ce n’est pas une féria, mais tout simplement les fêtes de Béziers. Mais il n’y a pas un Biterrois s’imaginant voir disparaitre cette tradition qui depuis un siècle et demi marque les alentours du 15 août dans la sous préfecture héraultaise.
Les anti-corrida n’ont jamais été aussi proches de remporter cette épreuve. Voyez la Colombie et le Mexique qui suivent l’exemple du Venezuela et de l’Equateur.
Située entre mer et vignoble, le maire ne mettra pas de l’eau dans son vin, l’ancien cofondateur de Reporters sans frontière ne se mettra pas sur les rails qu’a tracés sa consoeur de Gijon, Ana González, qui a délibérément mis son véto sur la corrida : Adieu Féria de Begoña !
Le polémiste et tout nouveau député Aymeric Caron s’attaque à la corrida et se fait épingler pas les élus du Sud ! Le nouvel élu député de Paris - n’y a-t-il pas des affaires plus urgentes ? - né à Boulogne sur mer, ayant fait ses études à l’université de Lille, région taurine bien connue, est un antispéciste convaincu qui veut déposer une proposition de loi visant à interdire la corrida. Pour les fidèles lecteurs d’Astérix, associons-le à Idéfix et naturellement à Assurancetourix, le barde du village qui chante comme une casserole, finissant le banquet ligoté et bâillonné. Dans le Nord, le Pas de Calais, les combats de coqs restent autorisés. Tradition « locale ininterrompue ». Caron semble l’avoir oubliée. Que fait le Chti Caron ?
Il ne manque plus pour le duo qu’Aurore Bergé la parisienne, bien que celle-ci députée de la République En Marche soit installée porte- parole de LREM rebaptisée Renaissance… L’anti, l’opportuniste au sens factuel du terme, combien de fois a-t-elle changé de candidat qu’elle soutenait avant d’arriver chez Macron ? Elle qui avait planché sur l’émancipation artistique, la corrida semble éloignée de l’art. Elle avait remis à Matignon un rapport sur l’émancipation par la culture. Bref, nous nous éloignons des rives de l’Orb…
Robert Ménard est marqué par ses mesures et ses déclarations, faisant polémique, mais ici le polémiste est pessimiste, est-il visionnaire ?
Le 3 août dernier, l’indispensable président de l’Observatoire National des Cultures Taurine, j’ai nommé Viard André, s’interroge sur RMC (la radio des Grandes Gueules, des infos exclusives, bref du vent et des courants d’air avec pour chef de file Moscato et son show) sur les propos de A. Caron. Réponse claire du président de l’ONCT : « De quelle morale A. Caron nous parle-t-il ? On ne nous reproche pas ce que nous faisons mais ce que nous sommes. Il y a des relents de xénophobie dans certaines attaques ». Notons non sans humour, que le ci-devant Caron est l’auteur d’un livre au titre quelque peu risible « Nous mourrons de nous être tant haïs »… L’ayatollah considère-t-il l’aficionado a los toros comme un étranger ? Paris, nombril de la France ? Laissons-les trimbaler leurs bons mots pour un discours stérile entre sourds et malentendants !
Les atouts biterrois
Cette Féria de Béziers est l’évènement de l’été en Occitanie. Près d’un million de personnes s’y donne rendez-vous ne laissant pas insensible Monsieur le Maire qui craint qu’on vive les dernières corridas en France. Béziers est victime de son succès : ses enjeux, le monde attendu, le dispositif de sécurité ainsi que la menace qui pèse.
En attendant, en ouverture, Roca Rey manque sa sortie par la grande porte, la faute aux aciers. Comme l’année dernière Alberto Lopez Simon triomphe face aux taureaux de Robert Margé. Le lot de Toros des Monteilles aura entretenu l’après-midi. Troisième de féria, Pablo Aguado coupe l’oreille en solitaire. Les toros de Miura pour la corrida de clôture, et quelle clôture ! « Un franc lot de Miura et un Rubé s s sn Pinar (4 oreilles) font chavirer Béziers » (Midi Libre). Emotion permanente garantie ! Le dimanche matin la novillada concours piquée avec six élevages français, 3000 spectateurs étaient présents pour voir triompher le Chiclanero-biterrois, Christian Parejo et Lalo De Maria qui ouvrirent la grande porte. Le premier s’emparant du « tastevin d’argent » (deux oreilles d’un Roland Durand).
Le musée taurin, rue Massol et non pas avenue Claparède, était gratuit durant la Féria, commémorant le 75eanniversaire de la mort de Manolete, montage théâtral de 36 sculptures en bronze du madrilène Puente Jerez en hommage à l’unique et grand amour du cordouan , Lope Sino, l’actrice espagnole Antonia Bronchalo Lopesina.
Voilà à mettre au crédit de la cité héraultaise, sans compter la dynamique Union taurine biterroise, l’ainé des clubs taurin de Béziers.
La seconde croisade de Robert le pieu
Depuis un an la mairie de Béziers est propriétaire de l’ASBH, actuellement en Pro D2. Elle a su par cet achat apporter des garanties financières à la DNACG et maintenir le club en Pro D2. Sinon l’ASBH aurait disparu de la carte du rugby professionnel.
Cette situation inédite au rugby ne peut durer.
Jamais une ville n’était devenue propriétaire d’un club de rugby. Robert Ménard et la ville n’ont pas vocation de rester à la tête de l’ASBH. Il cherche donc un repreneur mais le maire veille au grain ! La belle endormie aux 11 Brennus se réveillera-t-elle ? Dépositaire d’une légende, son terrain de Sauclières au bord de l’Orb où l’on a entendu rugir ses avants indéboulonnables.
Chez les supporters, la méfiance est de rigueur, eux qui sont encore traumatisés par l épisode le l’infortuné Christophe Dominici et de l’échec de la vente en 2020. Les anciens du club verraient d’un très bon oeil à trouver un repreneur. Nombreux à Béziers y sont favorables. Répétons-le, la mairie n’a pas vocation à être propriétaire d’un club, il faut un investisseur privé ou un mécène. Le mairie l’a dit depuis le début, agissant dans l’intérêt du club à court terme. Maintenant on remet le dossier de vente sur la table.
Ayons envie d’y croire !
Rugby et corrida, joli programme pour l’aficionado biterrois !
Dans les pages intérieures de Libération du mardi 16 août : « Défense des animaux. L’interdiction des corridas bientôt discutée à l’assemblée nationale », où est mentionné le nom d’A. Caron : Rien de nouveau sous le soleil.
Et le lendemain Libé remet le couvert : « Corrida. A Béziers, débat sur une tradition made in souffrance », avec une photo des plus discutables et un sondage de l’IFOP pour la fondation 30 millions d’amis. 77 % de français interrogés sont favorables à l’interdiction de la corrida. Que faisons-nous des 33 % restants ? Et les biterrois ont-ils la parole ? Autant sonder un syndicat de bouchers sur la consommation de viande en France !
A Béziers, les silhouettes rouges et blanches - non, amis dacquois ! Vous n’avez pas le monopole de ces deux couleurs ! - qui remplissent les allées Paul Riquet dans une ambiance joyeuse de fête populaire, ne seront plus que fantômes hors féria.
Les autochtones ont grandi avec ça dans leur village, on leur a inculqué ces coutumes et traditions depuis l’enfance.
La Féria est née avec la corrida, cela va de pair, c’est incontestable. Aujourd’hui où tout est économie, enrichissement, demandez ce qu’en pensent les commerces biterrois.
La sous préfecture héraultaise, par ses efforts, mérite sa feria et son club de rugby, les poumons de Béziers !
Ne vivons plus avec les souvenirs du grand club champion de France. Chaque corrida réserve toujours des surprises comme la grande tarde de Miura au zénith par le triomphe de Rubénn Pinar, et pour cette saison 2022-2023 l’ASBH verra le bout du tunnel de la Pro D2.
Alors, l’avenir nous appartient : La vieille cité occitane, du haut de sa cathédrale Saint Nazaire, n’a guère besoin de soins palliatifs. A la lecture du Midi Libre, à l’heure avancée des vendanges : « Un très bon cru pour cette féria 2022 avec 830.000 visiteurs estimés lors des 5 jours de festivités »…Une belle réussite bien organisée.
Ne construisons pas sur les ruines de la vieille cité, Béziers raconte son histoire, les biterrois vous livrent les bonnes adresses, la vie continue.
Pendant que les jeunes aficionados souhaitent se faire entendre en publiant une tribune dans le Figaro et dans un deuxième temps en organisant deux grands rassemblements à Nîmes et à Arles. La polémique autour de la légitimité de la corrida en France les ont forcés à accélérer les choses.
La parole est à la jeunesse. Constatons que les jeunes sont nombreux à défendre ces valeurs et leurs traditions. Il n’y a pas que des cheveux blancs sur les tendidos. Les jeunes aficionados du Sud-Est et du Sud-Ouest se réunissent enfin. Les rassemblements de Nîmes et Arles n’engendreront pas la formule percutante souhaitée. Se rendre à Paris en train depuis la province aurait été plus judicieux. Par contre la tribune dans le Figaro à la place des pages locales de nos quotidiens régionaux seront lues par une grosse partie de la droite libérale et conservatrice. Cela fera, à coup sûr, « du bruit dans Landerneau » ! Le quotidien français qui règne sur l’info depuis 1826 met en exergue la réplique de Beaumarchais : « Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur ». Le Figaro qui dans sa « Série d’été » met le paquet et en 5 dossier aborde : la corrida, la course landaise, les gardians… sous la plume de 5 journalistes.
A l’heure ou j’écris ces lignes, les infos fusent de Béziers et du Sud-Est, la ville actuelle propriétaire de l’ASBH constate que de nouveaux investisseurs se font connaitre. L’ouverture du championnat est le 26 août : Attendons.
Pendant ce temps l’UVTF sonne la mobilisation par un « mémoire de rejet » en réponse à la proposition du député Caron d’interdire la corrida.
On bouge dans le mundillo ! Que l’assemblée fustige ce projet de loi récurrent comme les députés « frondeurs » du Gard. Des débats houleux en perspective !
Pendant ce temps, le 15 août à Béziers lors de la Féria 500 enfants ont passé un super moment de toreo de salon aux arènes Happycionado avec le jeune torero du cru, Carlos Olsina.
Admettons, les bons souvenirs de la dernière Féria trottant dans la mémoire des aficionados, les actions conjuguées des jeunes aficionados et des députés, un investisseur sérieux pour l’ASBH, Béziers dormira sur ses deux oreilles.
… tant que l’eau de l’Orb coulera sous le Pont Vieux ! Qui sait ? Car à en croire les météorologues les plus optimistes, nos rivières et fleuves vont en s’assèchant.
Gilbert Lamarque
PS: Pardonnez-moi ces pavés blancs peu esthétiques, peut mieux faire !
Un autre élément patrimonial mis en lumière pendant les jours de fêtes votives dans le Sud-Est : les empègues. Les connaissances de nos amis du Midi ne vont guère s’enrichir.
Il s’agit d’une coutume gardoise datant du XIXe siècle. L’empègue consiste à apposer autour des portes des maisons de petits symboles. Réalisés par les jeunes de la localité, ils servaient aux conscrits à signifier leur départ pour le service militaire. La tradition se perpétue avec les enfants accompagnés par les adultes du comité des fêtes où ces empègues, pour la plupart, évoquent la culture taurine.
Géographiquement la zone est limitée au sud du Gard comprenant la petite Camargue, les Costières et la Vaunage ainsi que la partie héraultaise où les traditions taurines camarguaises sont fortement marquées.
L’occitan "empeguar" signifie "coller". La racine en est "pégue", la colle. Dans cette région si chaude, l’été caniculaire 2022, toute la France "pégue"…
Les jeunes font la quête, le propriétaire qui a donné sa participation se voit apposer près de sa porte, la fameuse empègue. Ces pochoirs sont liés à la course camarguaise. Le dessin est accompagné des lettres VLJ, Vive La Jeunesse, "Viú lo Joven" en occitan.
On y retrouve les thèmes emblématiques : Le trident, la croix de Camargue, le crochet du raseteur, le cheval, le flamant rose et le bioú. Chaque détail est lié à la bouvine.
Ceci étant dit, je vous propose de parcourir Milhaud, village des Costières aux portes de Nîmes et de découvrir ses multiples empègues. Bordé au nord par la garrigue, au sud par la plaine agricole de la Vistrenque, le village de Milhaud est drainé par le Vieux Vistre. Commune urbaine peuplée de 5700 habitants, elle a connu les vicissitudes de sa grande voisine, Nîmes, Milhaud est située sur le tracé de la voie Domitienne.
Au moyen âge, le village est la possession des Comtes de Toulouse, de Simon de Montfort puis des évêques de Nîmes. Ceux-ci possèdent un vaste château entouré de fossés et flanqués de tours élevées. Il est détruit par les huguenots en 1622. Sont encore présentes d’anciennes et de nombreuses maisons vigneronnes.
Le village se serre entre l’A9 et la RN 113. Le chemin des arènes m’étant peu recommandé, j’ai opté pour les chemins de traverse, calmes et favorables aux trouvailles, prenant parfois un simple détour, toutes voiles dehors, le nez au vent et l’œil inquisiteur.
On ne convoque pas l’art mais ces éléments répétitifs, c’est du Street Art ! C’est faire quelque chose de si peu, tout ce qu’il y a de plus basique, l’Homo sapiens, ce créateur se prenant pour Dieu. Un anti dépresseur. Pas besoin d’aller claquer un billet au musée ! Il est là notre Van Gogh ! Des fragments de dialogues, un roman populaire, un livre ouvert aux intempéries ! Un ouvrage comme une récréation temporaire bientôt témoin d’une époque révolue. Des images publiques généralement réductrice. Le temps et les éléments auront raison d’elles. Les empègues, cher public, apparurent au XIXe siècle, entièrement d’époque…. s’effacèrent victimes du temps. Longue vie aux empègues, cadeau furtif !
Elles ont enterré le service national, la tradition se perpétuant par les cadets du XXIe siècle, petites œuvres méconnues, s’inscrivant dans la découverte patrimoniale d’humbles artistes ignorés.
Dans les années soixante, les "Swinging sixties", adolescent, peu expérimenté, mon univers composé de maigres expériences, quand les voies de l’utopie paraissaient encore envisageables, jeune aficionado, néo saint-severin, je fréquentais alors les arènes de Morlanne, accompagné de mon père qui saupoudrait d’une voix chuchotée, les quelques règlements, véritables arcanes que seuls les initiés égrainaient de leur chapelet d’aficionado éclairé.
L’été 72 avait mis ses habits d’automne, froid, pluvieux, peu ensoleillé, les vendanges furent des plus mauvaises. Les 25 et 26 juin le Cap de Gascogne préparait sa célébration des Fêtes de la Saint-Jean. Par son traditionnel feu de la Saint-Jean, nous allions célébrer le solstice d’été… avec quelques jours de retard mais dans la tradition chrétienne, la Saint-Jean-Baptiste.
C’était le temps des festivités du Cap de Gascogne, de sa novillada point d’orgue des réjouissances n’excluant point la traditionnelle "course des Cuisinières" du mardi, point final des fêtes où au sortir de l’esplanade de Morlanne, nous claudiquions vers la ville, fiers d’avoir défié et affronté les crapuleuses vaches de la ganaderia voisine de Latapie qui connaissaient bien mieux que nous le grec et le latin. Nous entamions la "Cazérienne des canards boiteux", le torse conquérant, les membres tuméfiés, l’habit loqueteux. 68 avait lancé ses pavés un an auparavant, mouvement très parisien et des facultés de province. Ce pan de notre histoire resta pour nous une broutille mais un chapitre de l’histoire taurine viendra à notre rencontre lors de la novillada dans ces mêmes arènes de Morlanne, le feu de la Saint-Jean n’étant plus que cendre. Le "Siège de Saint-Sever", la rébellion des jeunes toreros français éclata, rapide et brutale, manifestation dans le ruedo réclamant le droit de toréer au même titre que leurs collègues espagnols. Les frères Montcouquiol plus unis que jamais torchonnèrent quelques coups de flanelle au second novillo de "El Mito" (le 4e), lequel remisa ses trastos. Simon Casas, Curro Caro, Marc Antoine Romero, accompagnés du très jeune et futur éleveur au caractère bien trempé Patrick Laugier, agitèrent le drapeau français, et furent aux prises des armées gasconnes, avec Frédéric Pascal et Chinito. Tout se passa si vite, la réaction des Landais fut rapide et brutale. Les uns par quelques coups de flanelle, les autres tendirent une banderole revendicatrice et quelques coups de baston, coups de poing et coups de pied au cul à mettre au débit des toreros. Ça tombe comme à Gravelotte, le Gascon à la main généreuse ! Les spadassins de la gendarmerie continrent l’émeute.
Tout ce beau monde agité terminera sa course à la gendarmerie. Maître Jean-Marie Commenay, maire truculent de la cité, avocat au barreau de Mont-de-Marsan, artiste de la plaidoirie, député des Landes durant une vingtaine d’années, prédécesseur d’Henri Emmanuelli, se rendit à la gendarmerie toute affaire cessante et "libéra" les insurgés. Ce 25 juin, il y a un lustre ! ce fut un symbole, une action collective, … une espontaneadapréparée.
Et le calme revint
Si Mai 68 fut une broutille, une légère secousse sismique, ce 25 juin 1972 fut l’explosion d’un volcan en sommeil. La planète n’en fut guère secouée si ce n’est le mundillo. Et ce fut la première et unique fois où l’on vit des guêpes faire du miel de leurs revendications ! Quand aujourd’hui les écoles taurines - interdites alors en France - et leur formatage fleurissent, où de jeunes apprentis se battent pour affirmer leur personnalité…
Qu’il est loin le temps des maletillas !
Le rêve des bâtisseurs ne fut pas une utopie dans cette époque hallucinée. Vint le temps de Nimeño, Castella, Bautista. Ils ont défié l’interdit et, futurs matadors, banderilleros, ces guêpes ont jeté les bases de la tauromachie française. Aujourd’hui des arènes sont gérées par des empresas françaises. Un torero français est au cartel de Madrid, de Bilbao, franchissant le charco toréant au Mexique. Les excellentes biographies des pionniers fleurissent, telles les vies du landais Félix Robert ou du compatriote de Tartarin, Pouly III. Ils ouvrirent les voies vers Paris, Roubaix, Angers, Dijon, exemples de lieux improbables. Tels les Templiers du XIIe siècle, bâtisseurs, fortifiant les bourgs pour nous offrir la découverte des richesses médiévales.
Les vingt-sept guêpes ont gagné leur combat face aux vents contraires du moment. Puissent-ils résister aux assauts des géants voraces du mundillo. La société actuelle se modifiant rapidement, puissent Félix Robert et Pouly III dormir sur leurs deux oreilles d’un sommeil éternel !
Me vient à l’esprit une sombre histoire, en 1992, deux toros espagnols furent lâchement exécutés au tournevis (!) par un commando venu du Sud-Est à la nuit tombée. Au cartel des fêtes 92 ne figurait aucun toreros français - le Landais est têtu ! Ce ne fut guère glorieux. Épisode dont la cité landaise se releva avec des maux de tête ; "la conquête des arènes" dix-huit ans avant avait laissé un léger parfum de révolution, cette affaire-là, un assassinat.
Présent
Pour fêter ce cinquantenaire, la Commission taurine du Cap de Gascogne avait concocté deux corridas exceptionnelles aux arènes baptisées aujourd’hui Henri Capdeville autre personnalité rabelaisienne. Et le 25 et 26 juin, la Feria du Cap de Gascogne vit le jour, inédit ! Merci aux grands frères ! Une autre époque, de la pop au hip hop dirait le jeune public. Des mots, rien que des mots pour avoir la vie devant soi. Notre univers se construisit, le chemin tracé évitant le caillou dans la chaussure, d’autres âmes grises s’en chargeront. Les "boomers" que nous sommes croyaient-ils aux toreros français ? Toujours est-il qu’à cet instant nombre d’entre-nous ne donnèrent pas leur adhésion !
PS : Par une belle soirée de mai, la cabane tomba violemment sur le chien, Cositas frisa l'orphelinat. La promenade continue ainsi, endiablée, libre et exigeante. C'est une belle destination pour l'automne qui s'annonce.
Merci du fond du coeur à toutes celles et ceux qui s'inquiétèrent de mon silence. La balade continue, plus intense.