NOËL
Des sapins plein les rues, des guirlandes sur toutes les devantures, sur les murs, dans les arbres et de la fausse neige sur le vitrines pour attirrer l'attention du chaland crédule. Ah, Noël ! sa dinde, ses dindons, sa farce...
"Vous m'apportez un cadeau ? Non, toi tu as passé la date de péremption..." "Tu n'as plus l'âge d'y croire !"
"Hô, hô, hô !"
Allons pleurer dans les chaumières devant la Reine des neiges ou Bambi.
"Tu vois, faire la sorcière pour Halloween, j'aurais dit non. La citrouille, c'est pas ma came, je préfère le vin chaud."
Mais la magie de Noël ou le temple de la consommation abrutie par l'obligation d'offrir, ça oui ! Des guirlandes et des boules partout, du plastique à foison... qu'on retrouvera rapidement dans l'océan, bouffé par les tortues ou les dauphins. "Hô, hô, hô !" C'est pas beau, ça ?
Cest ça: on s'empiffre et on s'arsouille en espérant que les effluves passent rapidement pour vite remettre ça !
Mais avant, tant que nous y sommes, pourquoi ne pas escamoter la crèche ? Soustrayons le boeuf au profit du toro : une crèche rock en roll où l'on offre l'hospitalité au toro et où l'on accoutre la terna des Rois mages en habit de lumières ! Olé !
"Mon frère malheureux, castré, veule et stupide
Le boeuf, traînant sa peine au hasard du sillon
Et ruminant sa honte et son rêve torpide
Plaignez-le de subir le joug et l'aiguillon (...)"
Ces quelques vers qu'écrivit en 1937, André Montagard, parolier, poète, auteur-compositeur mort en 1963 en Avignon, auteur des paroles si légères d'Une partie de pétanque (1937). S'il vous est inconnu, sachez qu'il écrivit du lourd en 1941, les paroles du chant collaborationniste Maréchal, nous voilà et qu'il reçut pour ce titre de bravoure, la Francisque. Ce n'est guère glorieux.
Il écrivit également sur le thème de la corrida et du toro dont l'album Camargue (d'où les vers ci-dessus sont tirés), un album de poèmes à la gloire du Toro, dédicacé à Paul Ricard. Il a donc notre indulgence (non pas pour la dédicace...), l'esprit de Noël en quelque sorte !
Après ce bref intermède historico-littéraire, revenons au cadeau que Dame Nature nous apporte par l'entremise des éleveurs de bravos, espagnols et français ; il s'agit des multiples naissances de jolis et fiers petis mâles, futurs toros de bandera, de quoi enchanter nos après-midi d'aficionados a los toros. En 2023, on ne peut être guère satisfait des résultats de cette temporada. Alors, chers ganaderos mettez-y plus que votre coeur, ainsi que les épices dûment choisies, celles qui donneront le piquant et l'arôme tant recherchés tout au long de la saison taurine ; l'aficionado gourmand vous en sera fort reconnaissant.
Face à l'idéologie animaliste, le monde rural ainsi que celui lié à l'élevage depuis des millénaires sont menacés par cette utopie stupide et non moins destructrice visant la disparition du paysage rural et la relation privilégiée entre l'humain et l'animal.
Devant les difficultés actuelles, pensons aux centaines de ganaderos, des puissants jusqu'aux plus humbles, tous hommes (ou femmes) de passion qui ont toute notre gratitude et notre admiration, nous faisant réfléchir au sens profond de la corrida (et de la vie), bien loin des déchaînements de bêtise qu'elle suscite.
Dans le vacarme du monde que Noël vous soit fructueux.
Honneur au ganadero et gloire à la corrida !
Gilbert Lamarque