La référence du campo bravo...
… GARCIGRANDE / DOMINGO HERNÁNDEZ.
Il y a déjà quelques temps que le ver est dans le fruit, mais aujourd’hui, le fruit est passablement gâté !
Dans le classement actuel des ganaderias au 24 octobre, soit au terme de cette temporada, pas de surprise, le fer de Juan Pedro Domecq termine premier de cet hypothétique podium avec 115 toros combattus en corrida. Suivent de la deuxième à la quatrième place, Victorino Martín (81), puis au troisième rang ex aequo Domingo Hernández et Gacigrande (80 chacun). Fermín Bohorquez et Núñez del Cuvillo les talonnent (79 chacun).
Domingo Hernández a participé à 27 corridas, Garcigrande (25), J.P. Domecq (24), F. Bohorquez – pour les festivités de rejones – et Núñez del Cuvillo (17), V. Martín (16).
Mais les deux fers de la même vacada, voyageant désormais séparément, Domingo Hernández et Garcigrande ont dominé les débats… par leur présence insolente. Faites le compte : 52 corridas et 160 toros !
Saltillo, El Quintanar, Barcial, Adelaïda Rodriguez ont fait combattre un unique toro !
Les devises blanche et rouge (Garcigrande) et bleue, rouge et verte (D. Hernández) flottent à tous les vents.
Propriétés de la famille de Domingo Hernández, aujourd’hui décédé, les deux ganaderias sont désormais menées séparément. Ceci à la suite de la division du patrimoine familial entre Conchita et Justo, enfants et héritiers de Domingo.
Conchita a donc hérité du fer de Domingo Hernández ainsi que de la finca Traguntia à Pozos de Hinojo en la tierra de Vitigudino (Salamanque).
Quant à Justo, le voici propriétaire de Garcigrande et de la finca du même nom située à Alaraz en la tierra de Peñaranda (Salamanque).
Pour l’aficionado, Domingo Hernández et Garcigrande, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Et aucun changement n’est prévu concernant les critères de sélection établis. Pourquoi tuerait-on la poule aux œufs d’or ?
Certains vous diront qu’ils sont excellents, d’autres auront un avis plutôt contraire. Il est vrai que si vous êtes torero et figura – n’est-ce pas El Juli ? – ou torerista, vous apprécierez grandement ; l’aficionado a los toros, moins, beaucoup moins.
Un cartel avec ces deux fers, vous assure une tarde sans un brin d’émotion avec génuflexions et sosería. Permettez à l’aficionado, le torista, de détester. Il y a toujours ces deux entités, le torerista et le torista bien que certains semblent le nier ou du moins le contester.
« … Aujourd’hui c’est ce qui manque dans la corrida, la notion de ressentir le danger qui guette le maestro. » Victor Mendes, torero : le courage et la volonté. Jean-Michel Dussol aux éditions Gascogne.
Le signataire de ces lignes a donc vécu à Bayonne lors de la Feria de l’Atlantique, un moment difficile. Difficile par la température excessive en ce début septembre, difficile par cette corrida où défilèrent les sujets de Garcigrande (4) et de D. Hernández (2), sujets à discussion. On pourra toujours me rétorquer que je n’avais qu’à m’abstenir. Oui, mais, l’"Atlantique" à Bayonne , Céret et Vic sont les trois seuls abonnements pour lesquels je suis resté fidèle. Et double peine, la reseña de cette après-midi sirupeuse – où, en plus, votre propre sueur se transforme en sirop – m’avait été attribuée par la vieille revue nîmoise pour laquelle je noircis quelques pages.
Le public de septembre à Bayonne change, une certaine tendance et quelques cartels du genre en sont les principales causes. Dans le public, il en est qui sont enthousiastes, on ne peut leur reprocher. Par contre, ce qui me chagrine, ce sont les propos dithyrambiques de certains chroniqueurs taurins !!!! Chacun a toute latitude pour s’exprimer et marquer ainsi sa satisfaction. Mais de là à grimper dans la béatitude… Dans ce contexte, la corrida est bafouée, aseptisée et entraînée en pente douce vers sa fin par des individus à œillères et (ou) sans discernement contribuant ainsi à jouer malgré eux les fossoyeurs de la Fiesta brava, de la corrida authentique.
Les "vérités" et "certitudes" du critique taurin étant jugées, hélas, par certains comme parole d’évangile, se rajoutant aux choix des empressas courbant l’échine aux injonctions des figuras, le ver est bien dans le fruit.
Mais si ces abominations sont le seul expédient pour remplir une arène, alors… Amen !
Gilbert Lamarque