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VIC 2021. De la confiture aux cochons

Publié le par Cositas de toros

            Nous voici revenus sur les chemins vallonnés en pays vicois où nombreux étaient ceux réapparaissant afin de goûter de nouveau aux joies de l’aficionado. Le Club Taurin Vicois fut récompensé de ses efforts pour avoir su bâtir une feria dans ce contexte, les aficionados étant au rendez-vous, la taquilla bien fréquentée.

 

            De la confiture aux cochons.

Photos Patrick Soux

     Ouverture par la novillada de Raso de Portillo qualifiée de plus ancienne ganaderia espagnole mais qui, curieusement, n’a toujours pas d’ancienneté à Madrid.

11h10. Bien présenté, ce lot dévoila quelque bravoure sous le cheval – 14 piques – puis des instants pimentés que nos novilleros au palais délicat ne surent pas, dans l’ensemble, démêler.

 

Aceñero, le tambour major

     Passons sur Carlos Aranda, chef de lidia qui faisait comme ses compañeros, son premier paseo à Vic. Et puis non, ne passons pas : il a gâché le novillo d’ouverture qui, malgré tout, fut honoré de la vuelta posthume, un tantinet généreuse.

     De la qualité chez "Aceñero", aucune chez Carlos et sa cuadrilla, celle-ci aux abois devant la difficulté suscitée par le 4e. Avis, bronca et avis, silence.

 

     Calerito fit dans la discrétion. Le Sévillan remplaçait Isaac Fonseca, blessé et nous avons oublié les séquences suivantes. Ovation et silence après 3 avis.

 

     Seul, José Cabrera, 28 ans tout de même, nous amena quelques satisfactions. Le garçon banderille, c’est un avantage et s’en tire fort bien.

     Il nous gratifia de somptueuses naturelles notamment sa deuxième série de quatre. Épée caídita, descabello. Avis, pétition majoritaire non accordée, l’oreille resta sur la tête de son opposant : que la présidence nous explique ! Vuelta. Il échoua à la mort de son second applaudi à l’arrastre, après un travail électrique et autoritaire et un bon combat de ce cinquième bicho qui méritait tout autant la vuelta al ruedoVuelta bis pour José.

     Notons que le picador de ce dernier fut hué pour sa première pique "Bonijol"* montée à l’envers, vite changée sous le vent de la protestation.

 

Afamado, n° 33, colorado, ojo de perdiz fermant la marche

     Présidence léthargique de Jean-Jacques Jouaniquet. Le mayoral salua à l’issue de la course.

 

* « Pique bicolore. Elle permet de s’assurer du montage à l’endroit. La pique étant de forme pyramidale, lorsque le piquero plante la pique, la partie plate doit être au-dessus. Or, trop régulièrement, les piques sont montées à l’envers avec la partie tranchante sur le dessus, provoquant des effets plus invasifs. Afin d’éviter ce genre de pratique le dessus de la pique (côté plat) est désormais peint en blanc. Cela permet ainsi que les spectateurs puissent s’assurer du montage régulier, et que les piques soient données avec le côté blanc vers le ciel ». Extrait du programme Feria del Toro 2021.

 

                                                                Gilbert Lamarque

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Grande faena d'Enrique

Publié le par Cositas de toros

 

   ¡Amor, fotos y adios a los toros!

             Des mauvaises langues, certainement délicates et émotives, affirment que l'habit de lumières sied beaucoup mieux à Enrique !

 

 

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Antonio Fernández Casado

Publié le par Cositas de toros

 

            Écrivain taurin, ancien président du Club Cocherito de Bilbao, ex-novillero et innovateur de l’hôtellerie espagnole, Antonio Fernández Casado est décédé le vendredi 2 juillet à Madrid.

 

     Malgré sa naissance castillane (Valladolid) en 1950, il passe ses jeunes années dans la ville biscayenne de Santurce, Santurtzi en basque où se concentre une grande partie du port de Bilbao face à Getxo et ses plages. Au milieu de la décennie 60, il adopte le pseudonyme d’Antonio de Monterrey pour se présenter comme novillero, apodo qui lui vient de ses débuts dans la restauration en tant que serveur à la cafétéria Monterrey, une institution depuis 1952 à Bilbao, située sur la Gran Vía. Il fit son premier paseo à Getxo dans l’arène construite en 1950 sur le sable du Puerto Viejo de Algorta, le 31 juillet 1966 et le 11 juin 1967, défilait vêtu "de lumières" dans la belle ville côtière de Castro Urdiales. Il enchaîna les novilladas durant cinq ans dans le Nord de l’Espagne, la Rioja et Salamanque. "Sa" date est celle du 16 mai 1970 lorsqu’il défila dans les arènes de Vista Alegre de Bilbao lors d’une novillada sans picadors, le jour de la présentation du Niño de la Capea devant des erales de Julio Jiménez. El Niño de la Capea défila 51 fois à Bilbao comme matador et novillero, … Antonio Monterrey 3, comme novillero… Mais son avenir était ailleurs. Lorsqu’il arrête en 1971, il entame une brillante carrière à l’hôtel Ercilla, hôtel qui devint la référence de la vie culturelle de Bilbao dès les années 70 et un lieu fondamental dans la naissance de l’Aste Nagusia – la Grande Semaine. Diplômé en gestion d’entreprise de l’université voisine de Deusto, il continua d’innover dans la chaîne Tryp et, plus tard, avec la création de la chaîne High Tech Hotels en 2001.

     Il fut président de 2015 à 2018, du Club Cocherito de Bilbao créé en 1910, affirmant ici sa passion pour la tauromachie.

     Il y a quelques semaines à peine, il a publié la réédition mise à jour de Toreros de Hierro, un dictionnaire complet des toreros biscayens dont la revue Toros dans son n° 2147 du 2 juillet s’est fait l’écho. Il est aussi l’auteur de Plazas de toros viscainas, de De San Antón a Vista Alegre, cinq siècles de toros à Bilbao et aussi, le très intéressant Garapullos por Máuseres, une histoire de la tauromachie pendant la guerre civile, plus d’autres ouvrages dans la collection taurine basque de la maison d’édition La Cátedra Taurina qu’il dirigea lui-même.

   

 

 

 

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

   

 

 

 

     

     Avec la mort d’Antonio Fernández Casado, c’est une encyclopédie taurine qui se referme et un fervent défenseur de la fête du toro et de la culture en général qui nous a quitté bien trop tôt.

                                                              Gilbert Lamarque

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Journée en Astarac

Publié le par Cositas de toros

        Reportage photos : Frédéric Martinez   

             Belle chambrée sur les coteaux de l’Astarac pour la présentation de la corrida 100 % française de Riscle qui aura lieu le samedi 31 juillet. Ici, sur ce territoire, on n’a pas éventré les paysages pour faire passer des routes plus larges ; les dernières empruntées sont plus étroites que le véhicule. C’est calme mais ce n’est pas un pays de solitude, pays de cultures, pays d’élevage, pays fertile et abondant, généreux grâce au labeur des hommes. C’est le pays du vivant souvent caché pour détourner les envieux.

180 personnes avaient répondu à l’invitation de Jean-Louis Darré sur ses terres du Cantaou, accompagné de Stéphane Fernandez Meca et du Tendido Risclois.

     Soleil voilé, nuages aux nuances de gris pour débuter cette journée par la visite au campo du lot de toros réservé pour Riscle, toros issus d’une nouvelle lignée andalouse d’origine Albarreal*, tout comme les trois vaches "tientées" par la suite ; lignée en laquelle J.-L. Darré fonde beaucoup d’espoir.

 

 

 

     Bien que la virée en remorque fût rapide et les toros éloignés, on pouvait remarquer un encierro de trapío respectable et des têtes bien coiffées. Imaginez ces bêtes dans les modestes arènes de Riscle, les charpentiers doivent être déjà au travail !

 

   

      De retour du campo, nous avons pris place autour du ruedo afin d’assister à la tienta des trois vaches par la jeune terna qui fera le paseo le 31 juillet. Ces becerras, joliment présentées, se sont montrées braves sous la pique d’Alain Bonijol, les deux premières au fringant galop sans hésitation, frappant franchement le peto, mettant les reins ; la troisième plus timorée manquant aussi de force. Elles furent plus ou moins bien "lidiées", dans l’ordre, par Andy Younes avec beaucoup de finesse, El Adoureño beaucoup plus brouillon et sans raffinement, et enfin Tibo Garcia auteur de superbes séries bien léchées, élégant, qui sut adapter la lidia à son opposante. Une très bonne tienta, un bon entraînement pour les toreros, de bons enseignements pour le ganadero.

 

     L’heure apéritive sonna, les tapas prirent d’assaut les gosiers, les bouchons abandonnèrent les goulots puis chacun se replia vers sa querencia : convivialité et gourmandises gasconnes.

     Mais le plat de résistance se manifesta par la lidia des trois toros du fer de Santiago de Camino. Trois toros lourds, puissants aux cornes rectifiées, cela va de soi.

     Le premier est violent sous la pique de Laurent Langlois, deux rencontres sans véritablement pousser. El Adoureño n’aura pas la solution, bousculé par deux fois, auteur de gestes plutôt vulgaires. Deux coups de rapière, Lupiac et d’Artagnan sont proches.

     Tibo Garcia reçoit d’une belle cape un bicho qui ne s’emploiera que peu lors des deux rencontres avec le canasson. Tibo profitera de sa corne droite, la gauche pas évidente révéla un toro tardo n’amenant que des demi-passes. Deux épées et un magnifique descabello.

     Le troisième ne prendra qu’un puyazo apparaissant faible et Andy Younes ne put que mener une faena allant a menos malgré son application et ses gestes soignés. Une demie et un splendide descabello.

 

 

     Il faut venir à Riscle pour soutenir la tauromachie française et la ruralité : l’éleveur, les toreros et les organisateurs comptent sur vous. À Riscle, l’authenticité est de rigueur.

 

*Albarreal, d’origine Marqués de Domecq, finca à Zufre (Huelva).

                                                               Gilbert Lamarque

 

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Le jour où...

Publié le par Cositas de toros

                … JUAN BELMONTE S’EST SUICIDÉ.

 

 

            Le 8 avril 1962, vers les 16 heures, le torero Juan Belmonte, "El Pasmo de Triana", propriétaire et éleveur, mourut dans sa propriété de Gómez Cardeña à Utrera (Séville). Le célèbre diestro, protagoniste avec Joselito, de l’Âge d’Or de la tauromachie, véritable pilier de son évolution, s’est donné la mort "de un tiro" dans son bureau. La cause du décès n’a pas été explicitement révélée par les médias de l’époque, où pourtant quelques allusions voilées ont été faites.

Le quotidien ABC raconte que le torero était parti pour sa ferme le dimanche matin avec un mécanicien et deux femmes de service. Il portait un costume court et avait sellé son jaca* "Maravilla". Balade à la campagne, déjeuner, un peu de repos et il remonte sur "Maravilla"… Il prend la garrocha et le res est relâché : acoso y derribo. On rentre. Il se sent fatigué, voire malade, cet état dure depuis quelques temps. Il réintègre son bureau, commande un whisky et un stylo (!) et… l’arme fatale retentit. C’est feu le maestro Juan Belmonte !

La nouvelle de sa mort choqua l’Espagne, la presse internationale a également fait écho à l’évènement et les funérailles à Séville furent très suivies, multitudinarias comme on le dit de l’autre côté des Pyrénées.

Certains amis toreros du matador de Triana ont également émis quelques propos dans la presse. Vicente Pastor a rappelé la rapide ascension dans l’arène de Belmonte, « Nous avons vu que tout allait changer s’il avait de la chance. Il l’avait et tout a changé ». Manuel Mejías Bienvenida a assuré : « L’une des pièces les plus importantes de l’histoire de la tauromachie vient de disparaître », et Antonio Márquez l’a défini : « Il avait la vérité révélatrice de son intelligence et de son énorme personnalité ».

La personnalité d’un torero qui a changé le cours de la tauromachie, et qui a succombé à sa solitude angoissée, six jours avant son soixante-dixième anniversaire. Il était dit que "El Pasmo de Triana" s’effondra secoué par une grande déception : la très belle colombienne Amina Assis, une torera à cheval, de 50 ans sa cadette, ne succomba pas à son charme altéré !

Plaza de Manizales

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

         

      Belmonte, pas avantagé par dame nature, petit, à moitié bègue, légèrement bossu, cagneux et prognathe, de constitution chétive, n’en n’inventa pas moins "son" style avec une technique originale qui bouleversera la tauromachie, étant le premier à pénétrer dans ce qu’on appelait "le terrain du toro". Plus fort, le Juan sur ce terrain que sur celui, ô combien dangereux de l’Amour !

 

 

*Jaca. Type de cheval de petite taille, mot espagnol pour poney.

                                                                  Gilbert Lamarque

 

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