Août, le mois où cavalcadent les ferias, de Béziers à Dax, de Huesca à San Sebastian, de Gijón à Bilbao, de Málaga à Alméria, de...
Où les"toros" s'effondrent et les figuras exultent avec l'indécence qui n'a d'égale que leur égo. Voir encore et encore ces cartels perpétuels et insipides, inodores et sans saveur goûtés par un public ingénu, les adieux interminables du comédien Ponce, les corridas "arrangées" dont celle télévisée par la chaîne régionale aragonaise, la corrida de Huesca où Emilio de Justo coupa deux oreilles après "une corrida indécente d'Antonio Bañuelos (ABC du 12/08). De Justo adoubé par ses pairs, a hombros devant "des pitons absents".
On va aux arènes comme on va à la messe où se perpétue le sacrifice du toro. Cette célébration vers l'union intime des fidèles bobos qui communient en choeur ! Noubliez pas votre petit coussin pour votre petit confort. Les dimanches, réservés, jours du Saigneur, où le toro n'aura aucune chance de soutenir une faena.
On ne retiendra de la Semana Grande de Saint-Sébastien que les feux d'artifice et son concours international car du côté d'Illumbe, ily a quelques lunes que les Chopera jouent les fossoyeurs : Morante, Talavante, Roca Rey, les adieux d'Hermoso de Mendoza sont au menu. L'affiche des cartels de la capitale du Guipuzcoa attire l'oeil, montrant un toro en tenue de cuisinier, rappelant ainsi la tradition gastronomique de la ville : J.P. Domecq et les Nuñez del Cuvillo vont se succéder, accompagnés d'une bonne salsa picante pour relever l'ensemble ! Véritable calvaire dans un lieu bruyant et bétonné. Les jeux du cirque démarreront le 15 août avec les artistes P. Hermoso de Mendoza pour la der des ders, accompagné de Morante et de Marco Pérez , bétail de J.P. Domecq. Marco Pérez ? oui, encore loin de ses pairs ; ceux qui ont eu l'info de Marco Pérez à Roquefort ont été victimes d'une plaisanterie. Sait-il au moins ce qu'est un Valverde ? certainement, car c'est le patronyme de sa mère ! Marco Pérez Valverde... et puis le 17 août, le Cartelazo avec Talavante, Roca Rey, Pablo Aguado combattant le fer de Nuñez del Cuvillo : succès attendu à moins que les toros lorgnent vers la Concha !
Je rejoins Jean-Charles Roux (Torofiesta du 13 août), nostalgique des années 70 où il y avait tant de "belluaires". Il met en avant Francisco Javier Sánchez Vara partant le 15 août vers Calamocha, le 16, Cenicientos, le 17, Tafalla où le "torerazo" se coltinera 6 Reta de Casta Navarra ! Respect. La veille, à Dax, soirée spéciale mélomanes : J.P. Domecq avec Enrique Ponce (ou son clone, on ne sait plus), Daniel Luque et David Galván, en guest star le violoncelliste Gary Hoffman qui accompagnera l'une des deux dernières faenas dans le Sud-Ouest de la star Enrique. Suspens, la dernière ou l'avant dernière ?
L'été sera chaud, certains auront tout intérêt à revêtir le bleu de chauffe, les autres n'auront pas le loisir de le quitter, le mundillo est impitoyable.
Telle est la dictature des figuras généreusement entretenue par des organisateurs frileux et sans originalité.
Terminons par cette réflexion du maestro Paco Camino, l'homme aux douze grandes portes de Madrid, figura des années 1960, héros de ma jeunesse, disparu récemment à l'âge de 84 ans. Réflexion raportée par François Zumbielh :
"Même si le public pense parfois qu'on le trompe, un taureau de poids léger, et qui a d'autant plus de mobilité, peut causer plus de dégâts. Au mois d'août des années 1961 et 1962, il n'y avait pratiquement plus de place à l'Hôpital des Toreros. Ma pire blessure est celle, la dernière, que j'ai reçue à Aranjuez, à cause de ma faiblesse de jambes. J'ai mis huit mois à m'en remettre. Elle a été si grave que les gens pensaient que pour moi le toreo était fini, raison pour laquelle j'ai prolongé mes prestations pendant trois ans, pour ne pas donner l'impression d'avoir peur : on va croire que le me dégonfle, pas question ! Je continue !"
Gilbert Lamarque