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histoire

Un marathon taurin à la Monumental

Publié le par Cositas de toros

 

La dernière corrida « monstruo » à Barcelone : douze toros et trois heures et demie de spectacle !

 

 

          Au cours de plus de cent ans d’histoire, la Monumental catalane a accueilli à cinq reprises une corrida de douze toros, célébrations communément décrites comme des corridas « monstruo » dont la dernière édition a eu lieu en septembre, il y a un peu plus de cinquante ans.

     Le 6 septembre 1970, la plaza de Barcelone enregistra une grosse entrée pour assister à un authentique marathon taurin qui se déroula durant trois heures et demie. Aujourd’hui, on parle dans les milieux spécialisés, de réduire le temps du spectacle en proposant de monter une "séance" de quatre toros ou novillos pour lutter contre un déroulement trop long ! Parfois, cela paraît interminable, car souvent ennuyeux et aussi, trop de temps morts entre les tercios, etc. Mais chaussons nos zapatillas de compétition et revenons au marathon.

 

Corrida "monstruo", Barcelone. © El Ruedo

     Douze toros pour six toreros qui menèrent leur carrière du mieux qu’ils purent. Cinq toros de Gerardo Ortega, six du marquis de Domecq et un de Lourdes Martín Pérez Tabernero, de belle prestance, bien armés, qui ont permis aux piétons de briller. L’Aragonais Jesús Gómez "El Alba" a perdu l’oreille à son premier, échouant aux aciers. Dámaso Gómez, oreille et oreille fit quatre fois le tour du rond. Imaginez les minutes qui s’égrènent ! Paquiro, oreille et silence ; José Luis de la Casa, vuelta et palmas ; Santiago López, salut et oreille, et pour José Luis Segura, se fut plus bref, réduit au silence.

Quelques années plus tôt, en mai 1956, la « monstruo » fut une corrida au piètre résultat artistique – quantité ne rimant pas toujours avec qualité – et, remontant à la temporada 1942, on retrouve une autre corrida pour une douzaine de toros qui a été marquée par son caractère historique. Ce 26 juillet, des toros de Buendía et d’Ignacio Sánchez sont combattus par un sextet de luxe. Chicuelo, Nicanor Villalta, Pepe Bienvenida, Manolete, Pepe Luis Vázquez et Antonio Bienvenida. Les triomphes des cinq premiers ont obligé le plus jeune à jouer sa meilleure partition. Antonio Bienvenida débuta muleta repliée main gauche… et le toro n’aimant pas sa composition, l’attrapa de manière dramatique. Une cornada au ventre où il lutta pendant plusieurs jours entre la vie et la mort, pensionnaire de l’hôpital durant un mois. Historique rimant ici avec dramatique.

Un an plus tôt, le 24 septembre 1941, le marathon passait par un combat de douze pupilles de Cobaleda et Vicente Charro, toréés par Marcial Lalanda, N. Villalta, Vicente Barrera, Pepe Bienvenida, Bemonte junior et Pepe Luis Vázquez.

À cela, il faut ajouter deux festivals qui mettaient fin à la temporada barcelonaise avec toujours un grand nombre de cornus combattus. Le 11 décembre 1960, treize toros – les enchères grimpent – en hommage à l’homme d’affaires Pedro Balaña qui avait reçu la Cruz de la Beneficiencia. Il y avait pour fêter ça, Antonio Bienvenida, Luis Miguel Dominguín, Julio Aparicio, Joaquin Bernadó, Gregorio Sánchez, Chamaco, Fermín Murillo, Victorino Valencia, Jaime Ostos, José María Clavel et les frères Ángel et Rafael Peralta, soit douze toreros à pied ou à cheval ; pour qui le treizième toro ? superstitieux s’abstenir.

Mais le record, ce fut le festival au profit des victimes des terribles inondations de 1962. Jusqu’à, dix-neuf toros – le Catalan est généreux – ont été combattus. On démarra le matin, on termina l’après-midi, le 12 octobre. Parmi les matadors présents, Domingo Ortega dirigeait les débats ; El Andaluz, Mario Cabré, Manolo González, Chamaco, Diego Puerta et El Viti, figuraient au cartel. 

Telle était la Catalogne taurine en ces temps-là : exubérante, inépuisable et généreuse.

 

 

     Le 25 septembre 2011, la saison taurine à Barcelone a baissé le rideau devant 18 000 aficionados acclamant les trois toreros qui tuèrent les huit derniers toros combattus à la Monumental : Juan Mora, José Tomás et Serafín Marín, vêtu pour l’occasion, de rouge et or, portant une cape multicolore sur une face, et de l'autre, aux couleurs rouge et jaune de la bannière catalane.

 

© Albert Gea

    Le 1er janvier 2012, la Catalogne deviendra la deuxième région d'Espagne à interdire la corrida, après les Canaries en 1991. Dès 2004, Barcelone s'était déclarée ville anti-tauromachie. Les motifs étaient politiques, et certains accusent les indépendantistes catalans d'avoir voulu porter un coup à une tradition associée vicéralement à l'Espagne.

La lumière s’éteignit sur la Monumental, et les eaux troubles qui ont toujours coulé dans l’univers taurin catalan, ont tari aussitôt.

De l’orgie, de l’exubérance, on passa illico à la pénurie, à l’abstinence.

 

                                                             Gilbert Lamarque

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Une autre époque...

Publié le par Cositas de toros

          … révolue, celle où la gauche se faisait le champion de la tauromachie.

 

                   Il y a peu, avant les élections dans la Communauté madrilène, une vidéo circulait où le chef de Vox, le conquistador de l’extrême droite, Santiago Abascal, et le candidat aux élections à Madrid, Rocío Monasterio, apparaissaient avec Morante de la Puebla, combattant une becerra. Ce fait mettait en avant la défense sans équivoque du parti à un moment où les attaques contre la tauromachie deviennent chaque jour plus virulentes de la part des formations à l’opposé, les partis de gauche.

 

Santiago Abascal dans la finca de Morante de la Puebla

 

     Au fil du temps, la corrida a toujours été un objectif idéologique de la part du monde politique. Leur appropriation a été tentée de toutes parts, et si la défense de la tauromachie est désormais entre les mains des partis de droite et de centre-droit, les toros ont également été utilisés comme porte-drapeau de la gauche.

En dehors des nombreux personnages du monde de la culture et de la politique reconnus comme de grands aficionados, des formations comme le Parti communiste espagnol et des syndicats comme Comisiones Obreras se sont positionnées sans préjugés en faveur de la Fiesta. Pendant la Trancisión*, les fêtes annuelles du PCE à la Casa de Campo de Madrid ont inclus des festivals taurins dans leur programmation, et la photographie dans laquelle Santiago Carillo a été sorti de la plaza a hombros par les militants, est célèbre.

 

Santiago Carillo après avoir présidé le festival.

 

     Les commissions ouvrières ont également organisé plus d’un festival au cours de ces années, entre autres, celui avec Antoñete "le rouge", au cartel. Il était nécessaire de défendre les intérêts de ses affiliés au sein de l’Association taurine de CC.OO. (Confédération syndicale des Commissions ouvrières), et pour lever des fonds, en octobre 1977, les arènes de Vista Alegre (Carabanchel) ont été remplies par le public pour assister aux triomphes des toreros tels que Sánchez Bejarano, José Luis Parada, Pascual Mezquita et García Higares, membres renommés du PCE. Les héritiers de ces militants communistes attaquent le toreo, avec pour seul argument, de le qualifier de « fiesta de derechas ». « Bâtard taurin », « tortionnaire », « vendu », sont quelques uns des qualificatifs que les hordes anti-corridas consacrent au chef du Parti socialiste d’Euskadi en Guipuzcoa et porte-parole au Parlement basque, Eneko Andueza, après la récente publication de Los toros desde la izquierda, un livre avec lequel il essaie d’éliminer les complexes et de présenter des arguments à la défense de sa passion.

Des subtilités similaires ont dû être endurées par le président du Parti Popular de Saragosse, Ramón Celma, qui, aux Cortes d’Aragon, a défendu le Parti loin des idéologies.

Jusqu’à la pandémie, en Espagne, plus de 16 000 fêtes taurines ont eu lieu dans des milliers de villes et villages du Nord au Sud et d’Est en Ouest. « Aller à l’encontre de cette réalité va à l’encontre du peuple » a insisté R. Celma. À Madrid, et seulement à Madrid, la non-célébration de la San Isidro signifie la perte de 412 millions d’euros pour la capitale. La tauromachie reste le deuxième spectacle le plus populaire d’Espagne après le football. Chaque année, toutes les manifestations taurines occupent 132 000 emplois directs et indirects, la Fiesta se déroulant dans plus d’une centaine activités commerciales, de l’agriculture, de l’élevage et de l’environnement, à l’administration de spectacles, le transport et, bien sûr, l’hôtellerie et la restauration. Le secteur génère plus de 140 millions de TVA.

 

Autres temps, autres mœurs.

1959

     Les attaques qui, de gauche, en particulier Podemos, sont lancées sur la corrida, contrastent avec l’utilisation que la même gauche a fait de ses symboles les plus emblématiques, les reliant à la Fiesta. Il suffit de se souvenir de l’image de Che Guevara en barrera à Las Ventas ou à Vista Alegre lors de sa visite madrilène à la fin des années 1950. Et pendant la Guerre civile, les corridas au profit et en hommage au Front populaire ainsi qu’aux brigades internationales, se sont répétées autant à Madrid qu’à Barcelone.

 

Quelques paradoxes.

     Pas de Sanfermines : en Navarre, le gouvernement est formé par BILDU** + PSOE + Podemos + PNV***. Ceci explique cela.

     D’autre part, si la Catalogne a interdit les corridas depuis 2010, la pratique des correbous continue à chaque saison estivale et sème toujours le trouble au sein de la société catalane. Le PACMA, Parti animaliste contre la maltraitance animale, critique l’hypocrisie des partis et des politiciens qui prétendent défendre les droits des animaux en interdisant la tauromachie mais approuvent la brutalité des correbous en Catalogne.

 

 

     Le correbou consiste à enflammer les cornes d’un toro, de le tirer avec des cordes, de le lâcher dans les rues d’un village et de le rendre fou face à des fêtards hystériques et souvent alcoolisés. ne facette catalane peu glorieuse de la tauromachie ibérique où il est tout de même interdit de mettre à mort cet animal.

 

*Trancisión : processus ayant permis la sortie du franquisme (1975/1982) et la mise en place d’un régime démocratique.

**BILDU, dans la Communauté autonome basque et la Communauté forale de Navarre, parti de gauche.

***PNV : parti nationaliste basque, au centre de l’échiquier politique.

 

                                                                    Gilbert Lamarque

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Le Corpus de Tolède, son histoire

Publié le par Cositas de toros

         La plaza de Tolède a été inaugurée en août 1866. Depuis, il s’y est déroulé 116 spectacles : 105 corridas, 8 novilladas, une corrida de rejón, un festival et un concours de recortadores.

 

    Photos du Corpus 1958, le 5 juin.      Le quatrième toro du Conde de la Corte, manso de catégorie, refusa de quitter le ruedo. Il fallut trouver une astuce pour le faire retourner aux corrals. S’y employèrent les cabestros, bien sûr, et un camion tel un bulldozer qui fut percuté à maintes reprises par le toro. Le maire de l’époque, José Conde, n’hésita pas, "prenant le toro par les cornes", à utiliser le camion d’arrosage.

 

     Le Corpus Christi ou Fête-Dieu a toujours été l’une des dates préférées du calendrier taurin de Tolède. Noté sur le calendrier le jeudi qui suit la Trinité, soit soixante jours après Pâques, cette année, le 3 juin. C’est un jour férié en Espagne, pas en France mais nous prenons notre revanche, à savoir, l’Ascension n’est pas férié en Espagne.

   

      Avant le coronavirus, el Sexenio Revolucionario (1868) – la révolution connue aussi sous le nom de La Gloriosa qui amena un gouvernement provisoire avant de proclamer la 1ere République – ou la Guerre civile (1936-1939) ont laissé les aficionados sans toros.

Curieusement, la première et la dernière des corridas organisées depuis plus de 150 ans partagent une date : le 20 juin. En 1867, Cayetano Sanz et Gonzalo Mora ont combattu des toros de Justo Hernández, tandis qu’en 2019, Morante de la Puebla, El Juli ; J.M. Manzanares et Álvaro Lorenzo ont défié un encierro d’Alcurrucén.

 

     Dans les deux premières décennies de l’histoire des arènes, il n’était pas tellement fréquent de voir des toros pour le Corpus. Jusqu’en 1885, seuls cinq spectacles ont été programmés, trois corridas et deux novilladas de faible niveau. À partir de 1886, cela changea et on convia deux espadas régulièrement. Mais toujours est-il que les principales figuras du dernier tiers du XIXe siècle n’ont guère fréquenté le coso toledano.

Frascuelo (1888) et Lagartijo (1891) ne l’ont fait qu’une seule fois, et Guerrita n’a jamais été vu. Le 28 mai 1891, lors d’une corrida d’Anastasio Linares pour Lagartijo et Mateíto, un toro a franchi le callejón et tué Francisco Verdo "Tato de Toledo", le seul décès enregistré dans l’arène de la Mendigorría. De plus, le 9 juin 1898, les toros de Miura y ont été combattus pour la seule et unique fois.

Joselito "El Gallo" et Juan Belmonte ne sont pas venus non plus. Par contre, les autres membres de la famille Gallo se sont présentés. Fernando, le père de Joselito, était présent en 1886 ; et les frères Fernando et Rafael en 1908 et 1927, respectivement.

Puis le Corpus est devenu une affaire de famille pendant deux ans. Le 15 juin 1922, Marcial Lalanda et son cousin Pablo participèrent lors d’un mano a mano combattant des toros de Celso Cruz del Castillo. Et le 20 juin 1946, les frères Pepe, Antonio et Ángel Luis Bienvenida se mesurèrent à un lot des Herederos de José de la Cova avec le rejoneador Álvaro Domecq en ouverture.

Le 4 juin 1941, le Mexicain Carmelo Pérez prit l’alternative, le premier des cinq doctorats made in Toledo. Les quatre autres : Pablo Lalanda (1950), Alfonso Merino (1955) Rafael Camino, le colombien, à ne pas confondre avec le fils de Paco (1986) et Julián Zamora (1993). Ces cinq alternatives dans le cadre du Corpus, sinon, Tolède compte 21 investitures en tout.

Après la Guerre civile, pour le Corpus de 1940 et 1941, deux novilladas ont été célébrées – les ganaderias avaient terriblement souffert durant le conflit – et lors de la première, la rejoneadora Beatriz Santullano fut invitée, la seule femme à combattre pour une date aussi illustre que celle du Corpus. Manolete ne vint qu’en 1945, faisant le paseo le 31 mai, avec les Mexicains Arruza et Parrita devant du bétail de Rogelio M. del Corral. Cette apparition n’a pas laissé seulement sa marque sur les rétines de ceux qui étaient présents, mais aussi sur l’encre de la chronique d’ABC, où l’on pouvait lire : « Hier, on a vu Manolete sourire. »

Depuis les années 50, toutes les figuras s’annoncent pour le Corpus. En 1963, 1964 et 1965, la liste ne connut que Jaime Ostos, Paco Camino et El Viti, la première année avec des toros de Francisco Galache, les deux suivantes avec des bêtes de Manuel Francisco Garzón. Puis Paco Camino, Ángel Terruel et Niño de la Capea ont été annoncés devant des élevages de Buendía, Torrestrella et Dionisio Rodriguez en 1975, 1976 et 1977. La corrida de 1976 fut suspendue, les toros présentés n’ont pas passé le reconocimiento et non remplacés.

À la fin des années 90, on créa la Feria du Corpus Christi et la fameuse procession fut déplacée au dimanche, deux corridas pour le jeudi et le dimanche. Ces bouleversements favorisés par l’arrivée du nouvel impresario, Diodoro Canorea.

Entre 1999 et 2009, il n’y a eu qu’une seule corrida, avec un cartel modeste en 2002 et un concours de recortadores en 2005. Enfin, depuis 2014, alors que la Feria a disparu, les figuras reviennent à Tolède pour cette date importante.

     Paco Camino est celui qui a le plus combattu lors du Corpus Christi (12), El Vti (8), Antoñete, Espartaco, El Juli (6), Antonio Ordoñez, Diego Puerta, Paquirri et Ortega Cano (5), toujours pour les seules corridas du Corpus.

Garcigrande/D. Hernández a été convié à 7 reprises, Veragua, Conde de la Corte et Buendía (5). El Cordobés (3) au cours de la décennie 60.

 

     Avant la construction des arènes de la Mendigorría (à la consonance basque, c’est aussi le nom d’un village de Navarre), les festivals se tenaient dans des enclos entourés de barrières en bois dans différents lieux et ces fêtes étaient organisées à l’occasion des deux fêtes les plus importantes à Tolède, le Corpus, bien sûr, et la Virgen del Sagrario en août. Il faut compter également la corrida du dimanche des Rameaux.

Tolède fut prisée des madrilènes grâce à la proximité des deux cités et l’apparition du chemin de fer. La célébration du Corpus le jeudi a marqué cette date dans le calendrier liturgique mais aussi taurin. Pour toutes ces bonnes raisons, la corrida du Corpus Christi est devenue tout au long de l’histoire de la tauromachie, un élément essentiel dans la commémoration de cette fête. Tolède "la ville aux trois cultures" en est la gardienne avec ses monuments, patios, romarin et traditions.

Tolède la musulmane, Tolède la juive, Tolède la chrétienne, la vieille cité baignée par le Tage vous enchantera, Corpus ou pas.

 

                                                           Gilbert Lamarque

 

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Un signe ?

Publié le par Cositas de toros

Sous le signe du taureau…

 

© AFP

 

          Une statuette millénaire révélée par la pluie dans le site archéologique d’Olympie. L’origine du petit taureau de bronze pourrait remonter de 1050 à 700 ans avant J.-C.

Alors que de fortes pluies se sont abattues sur Olympie ces derniers temps, une petite corne s’est retrouvée à dépasser du sol, dans le fameux site archéologique grec qui accueillait les Jeux olympiques pendant l’Antiquité.

Retrouvée intacte, l’idole a été repérée par un archéologue alors qu’il accompagnait des fonctionnaires du ministère grec de la Culture lors d’une visite programmée du site olympien. Le bronze était enterré entre le temple de Zeus et l’Altis, enceinte sacrée sur laquelle fut construit le premier stade des Jeux.

 

Offrande à Zeus

     Une première analyse suggère que le taureau date de l’époque géométrique*, qui remonte de 1050 à 700 ans avant J.-C. Les marques de brûlures qu’il arbore laissent à penser aux archéologues qu’il s’agissait d’une offrande votive parmi les milliers faites à Zeus à l’époque.

On estime que les Jeux olympiques antiques se sont déroulés tous les quatre ans de 776 avant J.-C. à 393 après J.-C. Ils prenaient place à l’origine dans le cadre d’un festival religieux, et ont peu à peu migré de sens, avec l’abandon des lieux liés aux cultes grecs.

     Point de tauromachie ici, mais est-ce un signe ? Ce petit taureau nous plonge dans un passé millénaire et semble nous témoigner son empathie indéfectible.

« Ne désespérez pas, votre toro, le Bos taurus, est là, présent lui aussi pour des millénaires ! »

Gloria taurus in saecula saeculorum !

Le droit de rêver, indestructible.

*poque géométrique (1100 - 700 avant J.-C.) qui doit son nom au décor de la céramique retrouvée à Athènes à motifs de demi-cercles ou de cercles concentriques tracés au compas.

 

                                                                 Gilbert Lamarque

 

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José, Juan... los de Miura

Publié le par Cositas de toros

 

     

        Morante de la Puebla a l’intention de toréer à Séville, les redoutés et souvent redoutables toros de Zahariche pour rendre hommage à Gallito qui les a combattus dans les deux plazas qui fonctionnaient à son époque. Si l’évènement se concrétise, voici un beau témoignage d’admiration à l’enfant de Gelves qui se colleta quelques autres Miuras dans d’autres ruedos de la Péninsule.

 

     Entre 1918 et 1921, pour peu de temps donc, la Real Maestranza de Caballera eut un concurrent, la Monumental inaugurée le 6 juin 1918 dont Joselito fut le promoteur. Cette arène fut fermée au public pour des problèmes structurels en 1921 et démolie le 9 avril 1930.

 

S’il s’est avéré que la ganaderia Miura comptait dans l’histoire professionnelle de Joselito, elle comptait aussi dans sa rivalité avec Juan Belmonte et leurs batailles successives dans les deux plazas sévillanes. 

 

 

      Joselito et Belmonte surnommé "el Pasmo de Triana" se sont rencontrés pour la première et la seule fois en tant que novilleros tuant un lot du fer de Miura à Cadix en août 1912. C’était le 22 dans l’ancienne plaza de Cadix dans un mano a mano où Belmonte remplaçait Francisco Posadas blessé peu de jours avant. Ce cartel n’avait donc pas été projeté.

 

     Gallito avait pris l’alternative des mains de son frère Rafael, le 28 septembre 1912 avec une corrida de Moreno Santamaría. L’année suivante, il n’hésite pas à s’annoncer devant les toros du célèbre Don Eduardo lors de sa première Feria d’Avril, partageant l’affiche avec Rafael et Bombita. Pour la San Miguel, il récidive devant l’encierro miureño avec encore Bombita et son frère.

Cette même année, dans l’ancienne plaza madrilène, la Plaza de toros de Goya appelée aussi Plaza de toros de la carretera de Aragón, Juan Belmonte prenait l’alternative et Machaquito faisait ses adieux. C’était le 16 octobre 1913, la corrida fut un désastre.

 

La tête du 1er Miura de Belmonte

     C’est durant la Feria d’Avril 1914, le 21, que les deux compères se défièrent dans la Maestranza en compagnie de Gaona et des… Miura.

Ainsi débuta ce fameux "Âge d’Or" qui allait marquer l’histoire de la tauromachie.

     Le 22 avril 1915, ils se présentèrent encore devant la mythique devise sévillane avec – encore – Rafael en chef de lidia… Belmonte fut porté en triomphe d’El Arenal à Triana !

La compétition entre les deux colosses était déjà brûlante et la rivalité entre leurs partisans respectifs faisait rage.

Joselito et Galleguito. 29 09 1915 Maestranza

     Et l’affiche se répète pour la San Miguel, le 29 septembre et Joselito donne tout un récital reproduisant le succès de Belmonte durant la Feria d’Avril.

Le 17 octobre, Joselito s’est enfermé avec six Miura à Valence, il devint le cinquième torero à le faire devant cette ganaderia.*

     Les choses changèrent à l’aube de la temporada suivante quand Joselito fut tourmenté par sa maladie de l’estomac. Malgré tout, il était annoncé dans les six corridas de la Feria d’Avril ! La cinquième s’affichait avec la devise de Zahariche et Vicente Pastor comme chef de lidia, qui seul, coupa une oreille.

     Le 24 janvier 1917, meurt le légendaire éleveur Eduardo Miura Fernández. Pas de Joselito ni de Belmonte devant les Miura d’avril. Belmonte accepta de défiler en septembre complétant le cartel avec Rafael El Gallo et Gaona. S’étant blessé, il laissa son second toro à Rafael.

     En 1918, Joselito, à Séville toujours, se présenta devant l’élevage andalou avec Gaona et Fortuna – Belmonte, jeune marié avait mis un terme à sa saison.

     En 1919, la Monumental du quartier de San Bernardo devenait le territoire exclusif de Joselito – et pour cause ! Cette année-là, deux Ferias d’Avril parallèles ont lieu. Dans le "Baratillo" – la Maestranza fut construite sur ce monticule – combattirent des Miura que Belmonte expédia avec plus de douleur que de gloire avec Gaona et Saleri II.

 

     

     1920, dernière année de Joselito sur la planète des toros, la Feria d’Avril est organisée dans les deux arènes sous la même baguette commerciale (voir l’affiche). La corrida de Miura n’a pas été annoncée à la Maestranza mais à la Monumental, la plaza éphémère, le 23 avril. Les deux adversaires et non moins amis partagèrent l’affiche avec Valerito et Sánchez Mejías, sans fracas, ni peine ni gloire.

 

Entre 1912 et 1920, durant sa courte carrière, Joselito a tué quatre-vingt-neuf toros de Miura en quarante-trois courses ! (source Mundotoro).

Tout a été écrit sur l’icône de la tauromachie, le plus jeune des Gallos restera inégalé pour longtemps, l’éternité peut-être.

 

Après avoir émis (Cositas, samedi 20 février) quelques critiques sur ces figuras du passé et notamment Joselito et Belmonte, maestros majeurs, accordant une étoile supplémentaire au premier cité, incontestable leader des porteurs de lumières, il est bon de considérer les éléments dans leur contexte. Un hommage est ici, rendu à ces valeureux diestros qui ont su se mesurer aux terribles pensionnaires de Zahariche, avec des fortunes diverses mais là n’est pas l’essentiel.

Nos "figuritas" de l’an 2021 si elles possédaient une once de pundonor devraient bien s’en imprégner.

 

Le 17 janvier, le sérieux journal ABC relayé par le non moins sérieux journal El Mundo ont annoncé ce "geste" de Morante.

     Une oreille à Morante en attendant la suite… si le "geste" se confirme.

 

Javier Castaño. Nîmes Pentecôte 2012. Photo Midi Libre

     *Il n’y a eu qu’un seul torero depuis José Miguel Isidro del Sagrado Corazón de Jesús Gómez Ortega – je reprends ma respiration – auteur d’un solo devant les Miura. Javier Castaño à Nîmes à la Pentecôte 2012 coupant cinq oreilles. Javier Castaño, le sixième en solitaire de l’histoire. L’aurait-on déjà oublié ?

 

                                                                       Gilbert Lamarque

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