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histoire

LES FAMILLES DANS LE TOREO

Publié le par Cositas de toros

 

     Bien souvent, les toreros sont issus du monde de l’arène ou des corporations voisines.

Du XVIIe siècle, de Pepe Hillo au monde contemporain, de Diego Puerta, "Paquirri", les abattoirs jouèrent un rôle prépondérant. Nombreux sont ces toreros dont le père fut employé de l’abattoir ou le concierge des lieux.

D’autres, comme "Antoñete", étaient fils de concierge des arènes ou bien, fils de mayoral tel Marcial Lalanda.

Encore plus près du ruedo, carrément sur le sable, ils furent nombreux ceux dont le père était banderillero, subalterne ou même torero de peu de renom, ex-novillero, Paco Camino fils d’un humble novillero, par exemple.

Quelques exceptions dont Luis Miguel Domínguin et ses frères, et Antonio Ordoñez dont les pères furent plus que d’honnêtes matadors, Domingo Gonzalez Mateos pour le premier, Cayetano Ordoñez "Niño de la Palma" pour le second.

Plus près de nous encore, José Mari Manzanarez et son fils, hélas décevant. Les juniors Camino, Litri, Terruel, etc, restèrent bien en deçà des capacités et aptitudes de leur géniteur.

 

     Après avoir, il y a quelques temps, dépoussiéré la carrière des frères Julian et Isidro Marín Arnedo de Tudela, inconnus de la plupart d’entre nous, nous vous proposons à partir de ce jour, une virée dans les familles, voire dans les dynasties du toreo, pères, fils, frères, cousins, beaux-frères. Seul, le Saint-Esprit ne sera pas traité ici.

 

 

UNE FAMILLE AUX RACINES ANDALOUSES, LES "LITRI" DE HUELVA

 

     Cest depuis un village très proche de Huelva, Palos de la Frontera, que le 3 août 1492, Christophe Colomb s’embarqua lors de son premier voyage pour ce qu’il pensait être les Indes.

C’est de Huelva que se forma la dynastie des "Litri" pour appareiller à la conquête de l’Empire taurin.

 

     Tout débuta avec Miguel Báez "El Mequi", très modeste torero né à Huelva dans la première moitié du XIXe siècle, disparu en 1863. Il était le contemporain des figuras, Francisco Arjona Herrera "Cuchares", Manuel Domínguez "Desperdicios". On retiendra qu’il est le père de Miguel Báez Quintero considéré comme le vrai fondateur de la dynastie des "Litri".

 

 

Miguel Baez Quintero

 

     Né à Huelva en 1869, Miguel Báez Quintero était torero par tradition suivant les traces de son père mort quand il avait 6 ans.

Il existe une anecdote le concernant qui raconte qu’un jour, il n’avait pas 13 ans, marchant dans un champ près de Huelva, ramassant un peu de foin, un toro attaqua son chien. Miguel le défendit avec un sac mais il s’emmêla les « pinceaux », le cornu lui infligeant une cornada superficielle à la cuisse droite dont le garçon mit peu de temps pour guérir : le baptême du sang avant d’être torero !

En 1885, il était banderillero puis les années suivantes, il connut le succès. Huelva ne possédait pas d’arènes, alors en raison de ses succès, il est décidé de construire une arène en bois. Elle fut inaugurée en 1889. Il reçut l’alternative à Séville, le 30 septembre 1893 des mains de "Bonarillo", toros d’Antonio Halcón. Il confirmera à Madrid quelques jours plus tard avec "Guerrita" comme parrain, "Lagartijo" comme témoin, toros du duc de Veragua.

 

 

 

     Il créa une société, le 23 janvier 1902 afin d’édifier une arène en dur qui est rapidement terminée, le 5 septembre de la même année. Pour l’inauguration, il combat, aux côtés de "Machaquito" des toros de Saltillo.

La réussite se raréfiant, à l’occasion des fêtes de Huelva, le 6 septembre 1911, il torée pour la dernière fois, en compagnie du vizcayen Cástor Jaureguibietia Ibarra "Cocherito de Bilbao" et de Francisco Martín Gómez  "Martín Vázquez", du bétail des héritiers de Julio Laffite, défavorisé par un réel embonpoint, le privant des premières places.

Il s’intéresse ensuite à la politique. Après la mort de son fils Manolito à Málaga, il perdit son épouse, la mère de ce dernier, l’année suivante en 1927. Qu’à cela ne tienne, il se remarie le 23 janvier 1928 avec… la fiancée de son fils, Angeles Espuny Lozan ! De ce nouveau mariage, il eut trois enfants dont, le 5 octobre 1930, Miguel Báez Espuny.

Il meurt le 14 janvier 1932 à l’âge de 62 ans.

 

 

Manuel Baez Gomez

 

     Manuel Báez Gómez est né à Huelva le 2 août 1904 (d’autres sources donnant le 3 août 1905 et Don Ventura assure que dans l’acte de baptême, son nom et prénom étaient Miguel Gómez Fernández).Torero vaillant, il est gravement blessé à Málaga, le 11 février 1926 recevant une cornada à la jambe droite par le toro "Extremeño" de Guadalest. La gravité de la blessure, le 17 février, oblige à l’amputation, mais il meurt le lendemain des suites de la gangrène. Il toréait en ce jour funeste avec Marcial Lalanda et "Zurito".

 

La cogida fatidique

 

     Il avait pris l’alternative à Séville, le 28 septembre 1925, parrain "Chicuelo", témoin Pablo Lalanda, toros de Moreno Santamaría. Il confirme le 9 octobre devant le fer de Villamarta, parrain Marcial Lalanda, témoin Nicanor Villalta. La compétition avec "Niño de la Palma", le père d’Antonio Ordoñez, s’annonçait captivante.

 

 

Miguel Baez Espuny

 

     Miguel Báez Espuny, demi-frère du précédent, est né à Gandia (Valence), le 5 octobre 1930. Il n’aura pas connu son frère Manolito. Il débute comme novillero à Valverde del Camino (Huelva) en 1947. Il forme avec Julio Aparicio, une pareja de novilleros au succès grandiose. Il toréa 114 novilladas en 1949 et 87 en 1950 ! Cette ascension fulgurante l’amène à prendre l’alternative rapidement, le 12 octobre 1950  à Valence des mains de Joaquin Rodríguez "Cagancho", toros d’Antonio Urquijo, et confirme la même année devant des bichos de Fermín Bohórquez, adoubé par Pepe Luis Vázquez et Antonio Bienvenida.

Au cours de sa carrière, il annonce plusieurs fois sa retirada. Il réapparaît en 1987 pour donner l’alternative à son fils à Nîmes.

Remarqué pour son courage, ses cites à très longue distance et auteur de nombreux desplantes, il est considéré comme le premier matador "trémendiste".

 

 

Miguel Baez Spinola

 

     Miguel Báez Spinola, fils du précédent est né à Madrid le 8 septembre 1968. Il commença à toréer en compagnie de deux autres fils de matadors célèbres : Rafael Camino, fils de Paco et Julio Aparicio, fils de Julio…

 

 

     La pareja formée par "Litri" et Rafi Camino remporta un vif succès jusqu’à l’alternative prise le même jour à Nîmes. C’était le 6 septembre 1987 pour la Feria des Vendanges, lleno assuré. Parrain, bien sûr, Papa, témoins Paco Camino et Rafael qui prend donc l’alternative au toro suivant de Jandilla.

Il confirma à Madrid, le 16 mai 1991, parrain Manzanarez (le père), témoin José Ortega Cano, toros de Juan Andrés Garzón. Il se coupe la coleta en 1998.

 

     Toute la descendance d’"El Mequi" a porté l’apodo de "Litri".

 

     La ganaderia Los Guateles, située à Cáceres, avait été acheté en 1995 par M. Báez Espuny, "Litri SA". En juin 2005, il vendit la majeure partie du bétail à Manuel Bajo. Désillusionné, Fernando Domecq l’encourage à continuer. En 2012, il achète des vaches du fer de Juan Pedro Domecq. Le fils, M. Báez Spinola était le représentant de la ganaderia depuis Huelva. Mais en 2014, Alberto Baillères, le richissime mexicain rachète Los Guateles et toute la propriété et ses 1400 hectares pour une somme approchant les 11 millions d’euros. Selon El Mundo, les "Litri" accumulent une fortune de 43 millions d’euros dans les diverses entreprises familiales.

La famille continuera à être liée au monde de la ruralité, ayant acquis la finca El Parral de 800 hectares dans la province de Badajos.

Muleta posée, Miguel Báez Spinola se montre pas maladroit en affaires et très présent dans les magazines people.

 

                                                                           Gilbert Lamarque

 

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IL Y A 84 ANS, LA SAN FERMÍN 1936

Publié le par Cositas de toros

 

     Après Bayonne et les arènes de Lachepaillet, la dernière course avant le conflit en 1939 puis la réouverture timide le 9 septembre 1945, nos voisins navarrais ont eux aussi subi les désastres de la guerre. Le 17 juillet 1936, la Guerre d’Espagne, guerre terrible et fratricide fut déclarée, le drame se termina le 1er avril 1939.

17 juillet 1936, cinq jours après le "Pobre de mi", clôture des fêtes taurines de Pampelune !

C’est le récit de ces ultimes Sanfermines qui ne reprendront qu’en 1939 du 6 au 20 juillet, les corridas se déroulant les 7, 8, 9 et 10. 1939, « año de la victoria »… pour qui ? (voir affiche ci dessous).

 

 

     C’est à partir de 1591 que la date du 7 juillet fut choisie. C’est le jour important de l’année, le 7e jour du 7e mois où arrive San Fermín dont les reliques d’Amiens rejoignent Pampelune. Pourquoi le 7e jour du 7e mois ? Superstition ? Mystère. Ce que l’on sait, c’est que Pampelune avait déjà un saint patron en la personne de San Saturnino qui est toujours le patron de la capitale navarraise. Il est fêté le 29 novembre. A Bayonne, saint-Léon est le roi de la fête et saint patron de la ville, on le fête le 1er mars mais la cathédrale est dédiée à sainte-Marie. Les premières fêtes déclarées officiellement eurent lieu le 13 juillet 1932, et se déroulent aujourd’hui début août, Marie est fêtée comme chacun le sait le 15 août, donc aucun lien entre les saints et la date des fêtes… Tout ceci est un prétexte  pour parler encore de Bayonne !

 

     1936, 84 ans ! Les arènes étaient en place, la Plaza del Castillo, le cœur de la ville, les institutions : le café Iruña et ses petits déjeuners, les hôtels Niza et La Perla bien fréquentés, le chocolat et les churros engloutis au petit matin, les rues de l’encierro dévalées a las siete et le tendido sol occupé por la tarde.

Toujours pendant les fêtes, les bals populaires sur le beau Paseo de Sarasate, les Cabezudos et les Gigantes défilant derrière la Pamplonesa dirigée par Silvanio Cervantes, la fête foraine sur le Real de la Feria, un peu à l’écart et les feux d’artifice. Et le Gran Circo Feijoo ayant quitté Vigo s’installait chaque mois de juillet pour une quinzaine de jours.

 

 

 

   

         Fiestas y  ferias del 6 al 18 de julio         

   

     Les Cabezudos et les Gigantes ne faillirent pas défiler. En effet, les mozos porteurs de ces personnages sont en grève demandant une meilleure rémunération. L’Espagne plie sous les grèves, le chômage augmente. On négocie, les défilés auront bien lieu, la pluie s’invite le 6 juillet et beaucoup de manifestations sont annulées.

Le 6 juillet veille de la fête du saint à 16 h 30, les autorités municipales et ecclésiastiques se rendent

de la mairie à l’église San Lorenzo pour les vêpres. Puis, au fil des années, les jeunes ralentissaient le cortège, se plaçant devant lui et le parcourt se déroulait au son d’une valse, la "Vals de Astrain", renommée plus tard "Riau Riau".

 

     Mardi 7, San Fermín. A 7 heures, le chupinazo retentit, les toros du Marquis d’Albayda de Salamanque s’élancent pour le premier encierro, pas d’incident majeur.

Le temps est si mauvais que la Casa de Mesericordia renvoie la corrida au vendredi 10, jour où aucun spectacle taurin n’est prévu.

 

    Mercredi 8. Pas d’incident notable lors de l’encierro de Clemente Tassara. La journée est ensoleillée. Au cartel, "Niño de la Palma", Domingo Ortega* et "Gitanillo de Triana"** mais le public s’ennuie dur les tendidos. Le soir, c’est l’affluence dans les rues et les bars où on consomme à cette époque, le Martini, le rhum, le txakoli de Getaria, ce vin blanc du Pays Basque que l’on élève le long du Golfe de Gascogne, léger et légèrement effervescent. En 1936, les Pamplonais, le soir des fêtes, pour ceux qui buvaient avec modération, allaient au théâtre ou au cinéma, lequel se produisait en plein air sur la Plaza de 22 de Agosto.

 

               La terna du jour :

 

Pour : *Domingo Ortega, voir "La der". **"Gitanillo de Triana", voir "Lachepaillet en vert-de-gris"

 

 

 

- "Niño de la Palma", Cayetano Ordoñez y Aguilera, né le 24 janvier 1904 à Ronda, est le père d’Antonio Ordoñez. Les parents tenaient une cordonnerie appelée La Palma, voila pour le surnom. Ernest Hemingway le prit comme modèle pour "Pedro Romero", le jeune torero talentueux de son roman, Le soleil se lève aussi. Il réalisa une carrière très irrégulière. Il prit l’alternative à Séville, le 11 juin 1925, Juan Belmonte est son parrain, "El Algabeño", le témoin, les toros de Felix Suárez. Il terminera malgré tout premier de l’escalafón en 1926 et 1927. En 1931, le 12 juillet, il subit un terrible échec à Pampelune, les aficionados furieux, envahissent la piste et le poursuivent jusqu’à son hôtel. Pendant la guerre civile, il vécut un moment à Marseille. Il revient en Espagne et devient le banderillero de Pepe Luis Vázquez. Il meurt à Madrid en octobre 1961.

 

 

     Jeudi 9. Le temps est incertain, l’encierro s’élance avec les novillos d’Argimiro Pérez Tabernero. L’après-midi, les deux fils à Papa combattent les novillos : José Ignacio Sánchez Mejías, fils d’Ignacio Sánchez Mejías qui avait épousé Dolores, une des trois filles de Fernando Gómez García "El Gallo", père de José Gómez Ortega "Joselito" – vous suivez ? et Juanito Belmonte*, fils naturel de Juan Belmonte. La novillada fut « entretenue ». Sortie des arènes, la pluie est drue et s’obstine.

 

               Le duo du jour :

 

Pour : *Juanito Belmonte, voir "La der"

 

 

 

- José Ignacio Sánchez Mejías naît dans un environnement taurin, cultivé et littéraire et à 19 ans, on le retrouve souvent en mano a mano avec Juan Belmonte Campoy, Juanito, comme ce 9 juillet à Pampelune. Il prend l’alternative à Séville, le 13 avril 1941, accordée par Pepe Bienvenida avec Pascual Márquez comme témoin, toros de Francisco Chica. La confirmation d’alternative ne tarde pas à Madrid, le 22 mai de la même année avec Marcial Lalanda comme parrain et Pepe Luis Vázquez, les toros de Don Alipio Pérez Tabernero.

Mais il a suivi la tradition familiale et la tauromachie, il préférera la vivre comme apoderado. Il fut celui de "Valencia", Pedro Martínez "Pedres", Curro Romero et "Antoñete". Il meurt à Lima d’un infarctus, le 2 novembre 1966. Il repose à Séville dans le mausolée du cimetière de San Fernando à côté de son père et de son oncle José Gómez "Joselito".

 

 

Vendredi 10. La corrida d’Albayda a donc lieu sous un ciel gris. Les toros sont mansos pour Domingo Ortega*, "El Estudiante" et "Rafaelillo". Le sobrero d’Antonio Martínez Hernández reçoit les banderilles de feu !

 

                La terna du jour :

 

 

- "El Estudiante", Luis Gómez Calleja est né le 19 février 1911 à Alcala de Henares. Il prend l’alternative à Valence, le 20 mai 1932, Marcial Lalanda et Vicente Barrera l’accompagnent, toros de Carmen de Federico. Il confirme un mois après à Madrid, le 21 avril, le parrain est "Cagancho", le témoin encore Vicente Barrera. Les toros sont du duc de Tovar. Il eut la malchance d’arriver au moment des troubles précédant le soulèvement de 1936. Il se procura un sauf-conduit pour toréer en France où il résida durant la majorité du conflit. C’est après la guerre mais pas avant 1943 qu’il montra ses qualités de torero au large répertoire, sobre à la cape, puissant à la muleta et grand avec l’épée. Cela lui permet avec son expérience, de défiler de nombreuses fois comme chef de lidia devant les figuras et il passe deux saisons au sommet. Il décède à Madrid le 14 juin 1995.

 

 

- "Rafaelillo", Rafael Ponce Navarro est né le 2 novembre 1912 à Utiel (Valence). Il prend l’alternative à Valence le 6 octobre 1935, parrain Rafael Gómez Ortega "El Gallo", toros de Justo Puente. Il confirme une semaine après, le 13, parrainé par Marcial Lalanda, toros de Sánchez Fabrés. La guerre civile interrompt sa carrière ascendante. Il reçoit une terrible blessure à Grenade d’un toro de Miura. Il quitte l’habit de lumières, le 7 septembre 1947 dans les arènes de Vista Alegre. Il meurt à Madrid le 16 juin 1972, quelques mois après la naissance de son petit-neveu, Enrique Ponce Martínez.

   

      Samedi 11. Temps exécrable, pluie et vent. Encierro « lisse » et corrida comme le temps pour un mano a mano : Manuel Mejías "Bienvenida" et Jaime Noain, les toros portant le fer de Pérez Tabernero.

Déception car c’est avec le dimanche, les deux journées où toute la région rejoint la ville.

 

               Le duo du jour :

 

 

- Manuel Mejías y Jiménez, "Manolo Bienvenida", fils aîné de M. Mejías y Rapela "Bienvenida", père fondateur de la dynastie "Bienvenida", cinq fils, est né le 23 novembre 1912 à Dos Hermanas (Séville). Un des plus grands matadors de sa génération, il débuta en 1924 en becerrada avec son frère José. La loi promulguée en Espagne l’empêchant de toréer avant 16 ans, il vient en France en 1926 puis va au Mexique. Revenant en Espagne, il prend l’alternative sans avoir toréé comme novillero, le 30 juin 1929 à Saragosse, et confirme le 12 octobre suivant. Très varié au capote, aux banderilles, il était le seul à pouvoir se mesurer à l’as "Armillita Chico", et excellent muletero. La guerre civile constitua un frein considérable mais il put toréer en zone franquiste et en France. Il meurt jeune, à 26 ans, le 31 août 1938 d’une tumeur au poumon.

 

 

- Jaime Noain González est né le 20 mai 1901 à Gallarta en Biscaye. Le matador basque est très apprécié dans les arènes du nord de l’Espagne. Courageux, sérieux et volontaire, ce n’était pas un torero artiste. Les circonstances de la guerre civile lui permirent d’être premier de l’escalafón avec "El Estudiante" en 1938. Il prit l’alternative à Bilbao, le 17 août 1931 avec Nicanor Villalta comme parrain, toros de Miura, confirmant à Madrid le 3 juillet 1932 avec le même parrain, toros d’Alipio Pérez Tabernero. Il meurt à Madrid le 4 juillet 1973

 

     Dimanche 12. Beaucoup de corredores sur le parcourt de l’encierro et le soleil est revenu. Sont toréés pour cette ultime de feria, les toros d’Antonio Pérez de San Fernando du Campo Charro, dont le véritable nom est Antonio Pérez Tabernero Montalvo, décédé à l’âge de 99 ans en septembre 2016, cousin d’Alipio Pérez Tabernero. La provenance de son bétail était Murube et Parladé. Son père n’était autre qu’Antonio Pérez Tabernero, "El Señor de San Fernando". Les toros de cette ganaderia devinrent les préférés des figuras : Manolete, Dominguín, Antonio Bienvenida ou "El Cordobès". C’est aujourd’hui, le fils portant le même nom qui détient l’élevage.

Les toros de Don Antonio sont combattus par "El Estudiante"*, Curro Caro, "Rafaelillo"** et Pericás. La corrida, huit bichos, est interminable, plus de trois heures. Seul Pericás coupe deux oreilles et sort en triomphe.

 

                Le quatuor du jour :

 

 

- Francisco Martín Caro, "Curro Caro" est né le 16 mars 1915 à Madrid et débute avec picadors en 1933. Il prend l’alternative le 27 mai 1934 à Salamanque avec des toros d’Antonio Pérez, parrain Domingo Ortega. Il confirme le 16 mai 1935 avec comme parrain Marcial Lalanda, toros de Martín Alonso. Il triomphera à Pampelune, le 19 juillet 1939 à l’occasion de la corrida de la Victoria, (voir cartel 1939, plus haut) il coupe trois oreilles aux toros de Trespalacios alternant avec Juan Belmonte en rejón et "El Estudiante" et "Maravilla". Il fait sa despedida, le 30 septembre 1951 à Madrid devant une corrida de Pinohermoso où il confirma l’alternative de son frère Antonio. Il sera par la suite apoderado de "Curillo" et de Miguel Márquez. Il se meurt des suites d’un accident de la route le 27 juin 1976.

 

 

- José Jaime Pericás Ripoll est né à Palma de Mallorca, le 14 mars 1916. Il débute avec chevaux à Madrid le 22 juin 1933. Il prend l’alternative le 17 mars 1936 à Valencia, parrain Domingo Ortega, témoin "Rafaelillo", ils "lidièrent" des toros d’Antonio Pérez. Il confirme le 2 juillet 1936 devant des toros de Carmen de Federico avec Manolo Bienvenida et deux témoins Domingo Ortega et "Rafaelillo".

Son père, Gabriel Pericás Marino était torero comique. Il décède à Palma le 10 septembre 1989.

 

 

     A minuit, les mozos chantent le "Pobre de mi", tristes mais ils ne savent pas encore qu’ils ne le rechanteront qu’en juillet 1939 !

La fête est finie, mais la foire ne se terminera que le samedi 18 juillet. Les gens, une fois l’an profite pour effectuer certains achats dépensant les économies mises de côté, et la fête foraine ne fermera ses portes, elle aussi qu’au soir du 18,  dans quelle ambiance, la guerre étant déclarée la veille ?

 

 

                                                                               

Gilbert Lamarque

 

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LA REPRISE

Publié le par Cositas de toros

 

     Après la libération, les arènes de Lachepaillet ouvrent leurs portes pour quelques clameurs timides et frileuses, le 9 septembre 1945. Ce sera l’unique corrida sur le territoire français, cette année-là.

Le nouveau propriétaire du coso bayonnais est Marcel Dangou qui l’acheta et le géra jusqu’à sa mort en 1977. Il avait échoué au rachat juste avant la guerre, en 1937, battu par Eduardo Pages. Après sa disparition, les arènes sont achetées par la mairie avec pour puissant prestataire, les basques espagnols "Choperas".

 

     Voici les lignes tirées des ouvrages cités dans le chapitre précédent par Claude Pelletier.

                                      

                                   «  1945, reprise et désastre d’Angelete

 

     … La nouvelle empresa réussit d’emblée un tour de force d’organisation. En pleine pénurie de tout, alors que les relations avec l’Espagne sont pratiquement nulles, Marcel Dangou se procure trois toros de Felix Moreno, trois autres de la Cova, s’assure le concours du Mexicain "Cañitas", des espagnols "Andaluz" et "Angelete" et garnit aux trois-quarts les gradins en dépit des restrictions et des tickets d’alimentation. Mais il y a une telle envie de toros et de fêtes après six années d’interruption ! La course sera même radiodiffusée aux États-Unis avec des commentaires de Sidney Franklin, ex-novillero Yankee. D’ailleurs, mille billets ont été réservés aux étudiants mobilisé de l’université américaine de Biarritz. "Cañitas" est décevant, "Andaluz" coupe quatre oreilles et une queue – récompenses excessives pour un toreo plus brillant que sincère – et le malheureux "Angelete" essuie un désastre qui entre dans les annales de la plaza.

     Déjà en difficulté face au troisième (2 avis), il est mis en déroute par le dernier toro de Moreno Ardanuy qui finit décomposé et réfugié aux planches.

     "Angelete" commence bien, en sortant le cornu de sa querencia. Mais l’animal, douché et ragaillardi par l’averse qui noie la seconde moitié de la course, récupère à vue d’œil et déborde complètement son matador. J’ai vu en deux ou trois occasions le phénomène se produire : les toros d’un après-midi torride commencer normalement sans forces excessives, puis terminer avec un souffle et des pattes terribles dans une atmosphère soudain rafraîchie par l’orage. Comme si les bêtes, mieux oxygénées, retrouvaient un tonus émoussé dans la touffeur qui précède la pluie.

     Le pauvre "Angelete" patine dans la boue, perd soudain confiance et devient catastrophique à l’estoc. Imperturbable, le président Fourniol* envoie les trois avis réglementaires dans les délais prescrits, et le Saltillo rentre au toril tandis que le torero s’effondre, nerfs brisés, au callejón.

     Images pathétiques. Elles ne devraient susciter que le silence respectueux de l’aficionado quand l’échec est imputable aux carences techniques ou physiques de l’homme plus qu’au renoncement de sa volonté. Malheureusement, la bronca secoue Lachepaillet.

     Ce "Correlindo" comme ses cinq congénères livrera son précieux stock de protéines le lendemain aux halles assiégées par une population enfin libre mais encore affamée. Il en coûtera de 50 à 120 francs le kilo sur présentation de cartes familiales pour écarter les « resquilleurs » de Biarritz ou Anglet. Les abats seront « réservés » aux prisonniers de guerre… Aquellos tiempos ! »

 

La terna du jour :

 

 

     - Carlos Vera Muñoz "Cañitas" est né le 27 septembre 1922 à Mexico. Le 16 septembre 1930, à 8 ans, il saute comme espontáneo dans le ruedo de la plaza del Toreo. Il prend l’alternative le 9 novembre 1941 dans cette même arène mexicaine, parrainé par "Armillita Chico", le témoin étant Ricardo Torres. Il confirmera en 1944 effectuant 19 paseos en Espagne pour sa présentation. Vaillant et bon banderillero, il torée sur le vieux continent à 28 reprises, notamment à Bayonne  et à cinq reprises à Las Ventas.

Son dernier paseo, il le fit dans la plaza mexicaine de El Toreo, le 21 août 1960. Cet après-midi-là, un toro du fer d’Ayala le prit dans le triangle de Scarpa, jambe droite. Ce fut d’une telle gravité qu’après quelques jours, on l’amputa. Il finit sa vie tranquillement dans sa ville natale jusqu’à ce que, le 19 février 1985, il soit terrassé par un infarctus du myocarde.

 

 

     - Naissance à Séville, le 19 novembre 1919 de Manuel Alvarez "El Andaluz". Il prend l’alternative à Valence, le 15 mars 1942 avec pour parrain Vicente Barrera, et comme témoin, Juanito Belmonte Campoy, toro "Nadador" de la veuve Galache.

Il fut le premier torero à couper une oreille à la Feria de San Isidro, le 9 mai 1948. Il faut savoir que l’impresario Livinio Stuyck, l’année précédente, avait décidé de combiner toutes les corridas qui ont lieu au mois de mai en un seul abonnement, coïncidant avec la fête de San Isidro. Cette première feria s’appelait Feria de Madrid. C’est donc, l’année suivante en 1948, que la Feria que nous connaissons aujourd’hui fut créée.

Il déclina après un mauvais coup pris à Madrid en 1948, par un toro d’Urquijo lui causant une arthrite traumatique de l’articulation fémorale droite. Il s’éloigne de la profession en 1952. Ce matador à l’art pur et sobre, meurt le 18 février 2000 à Séville.

 

 

     - Eugenio Fernández Sánchez "Angelete" est né à Baños de Montemayor (Cáceres) le 23 mars 1923. Les débuts sont difficiles après son premier habit de lumières dans les arènes de Salamanque le 11 juin 1939. Il choisit les arènes de Barcelone pour son alternative, le 12 octobre 1942. Il était parrainé par le célèbre cordouan Manuel Rodríguez Sánchez "Manolete", sous l’œil du madrilène Manuel Escudero Gómez "Manolo Escudero", le toro de la cérémonie, "Sombrerero" de Doña Caridad Cobaleda.

Après plusieurs saisons en demi-teinte, "Angelete" choisit de se couper la coleta lors de la temporada 1950.

 

 

 

     L’année 1893 voit la construction des arènes de Lachepaillet sur la terrasse de Maledaille (mauvais fossé) dominant les barthes de l’Adour. L’emplacement choisi n’est qu’un champ de choux. Aujourd’hui quartier résidentiel, à la fin du XIXe siècle s’était une partie de la ceinture maraîchère s’étendant avec plus d’importance vers Anglet.

 

 

     Voici donc la jolie plaza bayonnaise avec ses ouvertures mauresques.

 

L’inauguration eut lieu le dimanche 30 juillet 1893 avec des toros du Comte de la Patilla (ex Zapata), même élevage que lors de la première inauguration des arènes de Saint-Esprit, le 21 août 1853 : première corrida intégrale à l’espagnole en France, le maire, Jules Labat, jette la clé.

Pour l’édition de 1893, le cartel inaugural est composé de Valentin Martín, Julio Aparici "Fabrilo" remplaçant Mazzantini blessé le 24 à Valence et Antonio Arana "Jarana".

« C’est "Fabrilo" qui triomphe. Martín est discret et "Jarana" passe inaperçu. »

 

 

     Les fêtes de Bayonne reprirent en 1947 après l'interruption de 1939 à 1946.

Voici l'affiche très sobre et la mention "on bradera"... les toros ?

 

 

    La corrida des fêtes eut lieu le dimanche 3 août avec deux novillos de Pinto Barreiro pour Conchita Cintrón, "la déesse blonde" qui faisait sa présentation en France et six toros du même élevage pour les toreros "Morenito de Talavera", "Parrita" et "El Vito".

Le bétail portugais arriva par voie maritime au port de Bayonne.

Question : les toros peuvent-ils souffrir du mal de mer ?

Ils débarquèrent donc en cet été 47, car si les conditions avec nos voisins espagnols se modifièrent : les hommes peuvent passer à nouveau la frontière, par contre le bétail est toujours frappé d'interdit.

Marcel Dangou ne se démonte pas, il frète un petit vapeur, le "Nereida", et va chercher ses toros au Portugal !

 

  Ci-dessus, la portada de Toros , Biou y Toros du 15 août 1947, relatant la corrida du 3.

 

     Cette année-là, il y eut deux autres corridas, le 15 août et le 7 septembre.

C'est depuis cette année de 1947 que le maire confie symboliquement les trois clés de la ville à des célébrités invitées à les jeter à la foule depuis le balcon de l'Hôtel de ville ; trois clés, celles des quartiers du Grand-Bayonne, du Petit-Bayonne et de Saint-Esprit.

A l'origine, les couleurs des tenues des fêtes étaient le bleu et le blanc, le bleu représentant la masse ouvrière. Le rouge n'a été instauré que par imitation des fêtes de Pampelune, la cité navarraise jumelée avec la capitale du Labourd depuis 1960.

Sachez aussi que la corrida accompagne ces fêtes depuis 1933.

 

     Et en 1948, Lachepaillet vibra aux sons des six paseos du 11 juillet au 12 septembre avec en ouverture, la première becerrada organisée par le Cercle Taurin Bayonnais, la temporada se terminant par un festival.

 

     Et la fête bayonnaise ne vit plus d'interruption jusqu'à cette maudite année 2020 !

 

Fêtes virtuelles...

 

 

 

 

* Joseph Fourniol. Grand aficionado bayonnais, un des pionniers de l’afición vicoise qui a donné en 1956, son nom aux arènes gersoises. Ils ont été, lui et Alfred Degeilh "Aguilita", les deux principaux conseillers bénévoles de l’afición vicoise.

 

 

   "Aguilita" « toriste puriste » à qui la fortune permettait de vivre de ses rentes, finança la revue toulousaine Le Toril avant d’en prendre la direction en 1925. Sa devise "Retour à la vraie corrida, guerre aux abus et aux compromissions". Cette revue est la plus importante et la plus informée de toutes les revues qui furent publiées en France dans la première moitié du XXe siècle. Intransigeant, il heurta le sentiment de certains collaborateurs et Le Toril vit de nombreuses grandes signatures l’abandonner entre 1934 et 1940.

 

 

                                                                ? !

 

      Dans Le cheval de corrida. (7) du 21 avril, je tirais de brèves lignes sur les pandémies et notamment la Grippe Espagnole particulièrement virulente entre 1918 et 1919.

Mais que faisaient durant cette pandémie, les Espagnols, ceux qui n'agonisaient pas ?

Ils se donnaient rendez-vous por la tarde, sur les tendidos, le masque ayant remplacé le pañuelo !

Viva la Fiesta !

 

 

 

                                                                       Gilbert Lamarque       

                                              

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LA DER

Publié le par Cositas de toros

 

 

    Après Bayonne durant l’occupation, abordons les toros aux arènes de Lachepaillet juste avant le conflit.

La dernière corrida programmée et qui se déroula, fut celle du 13 août 1939 avec au cartel des toros de Carmen de Federico pour Vicente Barrera, Domingo Ortega et Juanito Belmonte.

Voici la narration qu’en fit Claude Pelletier dans son Histoire de la Tauromachie à Bayonne (UBTF, 1982), texte repris dans Bayonne, sept siècles de premières, du même auteur, édité à compte d’auteurs en 1993.

 

                                           « 1939, 3 septembre, 17 heures…

    

     Le 13 août, la plaza enregistre un plein absolu. Le "no hay billetes" ne sortait pas souvent sur le plateau de Maledaille en ce temps-là.

     Les Carmen de Federico, inégaux mais jolis, prennent trente piques et occasionnent six chutes. Le dernier toro qui franchira la porte du toril avant la deuxième guerre mondiale, sera un grand toro puissant et brave. Il s’élance six fois sur le bastion, l’écroule à trois reprises et tue un cheval. Il déborde et annule Juanito Belmonte limité par sa verdeur technique. Barrera est mauvais et rate même trois descabellos. On aura tout vu. Ortega fait un petit effort désinvolte et obtient quelques bravos distraits.

     La grande corrida de clôture est annoncée pour le dimanche 3 septembre. Juan Belmonte est attendu dans sa nouvelle vocation de rejoneador. Son fils, La Serna et "El Estudiante" doivent tuer six toros de Mora Figueroa.

     Mais le dimanche 3 septembre 1939, à l’heure du paseo, l’arène de Lachepaillet reste déserte. La France entre en guerre à cet instant précis : à cinq heures de l’après-midi. C’était le délai fixé pour la réponse de Berlin à l’ultimatum français. Cinq heures de l’après-midi… l’Europe bascule dans l’horreur.

     Un silence écrasant règne sur les gradins vides, noyés dans le crachin. La foule est énorme, mais à l’autre bout de la ville. Sur le quai de la gare, les hommes partent dans le calme et la tristesse. Ils sont loin les chants et les bouquets de l’août 1914.

     Un vieux monsieur passe la soirée à la terrasse d’un café place Grammont. Le couvre-feu avance l’heure de la fermeture. Le garçon s’approche, se fait payer et s’en retourne. Le vieux monsieur est seul désormais. Des discours embrouillés qu’il a tenus à qui voulait les entendre, des témoins diront plus tard à la police ce qu’ils en ont retenu : il s’agit d’un retraité, originaire de Lille et retiré à Dax, ancien combattant, médaille militaire…

     Le vieux monsieur tire maintenant un revolver de sa poche et, calmement, dignement, se fait sauter la cervelle. »

 

     De 1939 à 1946, il n’y aura pas de fêtes de Bayonne en raison de cette maudite guerre.

Ci-dessous, le dernier programme avant le conflit.

 

 

    La terna du dernier jour :

 

 

     - Vicente Barrera Cambra, né à Valence le 3 décembre 1907, décédé dans sa ville natale le 11 décembre 1956, prit l’alternative à Valence, le 17 septembre 1927, Juan Belmonte étant le parrain, le toro de la cérémonie de Concha y Sierra. Il toréa durant dix-huit ans, instruit et intelligent, il se consacra aux affaires, une fois retiré. Torero puissant et dominateur, il a combattu jusqu’en 1942, et réapparu en 1944 prenant sa retraite, l’année suivante, le 3 mai après une corrida à Barcelone, alternant avec le mexicain Silverio Pérez et Luis Miguel Dominguín.

Il était le grand-père du torero du même nom, Vicente Barrera Simón, licencié en droit qui décida de se retirer en 2011.

 

 

 

     - Domingo Ortega, fils de petits paysans de Borox, village de la province de Tolède où il naît le 25 février 1908, voit Domingo Dominguín, l’ex-matador, lancer sa carrière. Il prend l’alternative le 8 mars 1931 à Barcelone, parrain Gitanillo de Triana, témoin Vicente Barrera, toros de Juliana Calvo. Premier de l’escalafón en 1931, 1932, 1933, 1934, 1936, 1937 et 1940. Ganadero, il vit le massacre de son élevage par les "rouges" au début de la Guerre civile. Il meurt à Madrid, le 8 mai 1988.

 

 

 

     - Juan Belmonte Campoy, "Juanito Belmonte", est né à Madrid le 28 novembre 1918, il meurt à Fontarrabie, le 20 juillet 1975. Il est le fils naturel de Juan Belmonte García qui le reconnaît légalement en 1935. Il prend l’alternative à Salamanque en pleine Guerre civile, le 12 septembre 1938. Marcial Lalanda et Domingo Ortega complètent la terna. Le toro de la cérémonie, "Ligurino" appartient à la ganaderia d’Antonio Pérez Tabernero. Son père intervint comme rejoneador lors de sa confirmation d’alternative à Madrid, le 12 octobre 1939. Les années 1942 et 1943 furent les meilleures de sa carrière. Il se retire le 29 août 1947, le lendemain de la mort de Manolete.

 

                                                                                 Gilbert Lamarque

                                                                             

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LACHEPAILLET EN VERT-DE-GRIS

Publié le par Cositas de toros

 

Soldat allemand devant la mairie de Bayonne

     Suite à l’armistice franco-allemande du 22 juin 1940, les troupes allemandes franchissent l’Adour, trois jours plus tard, le 25 juin 1940.

A partir de cette date, le Pays Basque est occupé par la Wehrmacht contrôlant tout le secteur côtier et frontalier.

Les autorités d’occupation instaurent une ligne de démarcation qu’elles feront sauter le 1er mars 1943 envahissant tout le territoire français. Les Basses-Pyrénées sont séparées par cette ligne, les 2/3 du Pays Basque Nord se trouve en "zone occupée" tandis que la Soule est en "zone libre".

Dès la fin de 1940, des femmes et des hommes tentent de résister. Pas tous…

Car, il y eut également des actes de franche collaboration dont les deux novilladas offertes aux officiers et soldats nazis.

 

Déjà, ils étaient 3 000 sur les gradins des arènes de Lachepaillet à Bayonne pour la course landaise du lundi de Pâques.

 

   

      Lors de ces deux jours, le samedi 17 et le dimanche 18 mai 1941, des oriflammes à croix gammées flottaient au vent, rincés par la pluie et des batteries anti-aériennes étaient installées sur les toits.

 

La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque s’en fait l’écho le 13 mai :

    

     « Voilà deux ans bientôt que les aficionados de notre région sont privés de leur spectacle favori : pas de corridas en France ; impossibilité d’aller en voir en Espagne. Grande a été leur satisfaction en apprenant que nous allions avoir deux corridas à Bayonne le 17 et le 18 mai. Deux corridas si rapprochées ! Nous sommes gâtés…

     Ce seront des novilladas, direz-vous. Il y a bien longtemps précisément que nous étions nombreux à réclamer des novilladas en France. Je dirai demain pourquoi, et je ferai connaître l’opinion de mon ami Carlos de V. de Madrid, qui est peut-être l’espagnol qui a vu le plus de corridas, et qui aime tant les novilladas. N’avons-nous pas appris ces jours derniers que celle de la foire de Séville avait rempli les vastes arènes d’une foule enthousiaste ?

Les jeunes veulent se révéler, il y va de leur avenir, je crois bien que dans les arènes de Bayonne, la Séville française, nous verrons aussi de belles choses samedi et dimanche prochain. »

 

     Mais les aficionados vont déchanter.

 

 

     Voici, extrait du livre Bayonne sept siècles de premières, ce qu’écrivait Claude Pelletier :

     « … Ces deux courses seront presque exclusivement réservées aux militaires stationnés dans le secteur. Quelques dizaines de civils se glisseront à grand-peine dans la marée en uniforme. C’était un spectacle étrange et sinistre que ces gradins de "théâtre aux armées".

     Avec l’esprit pratique qui les inspire en toutes choses, les organisateurs ont pensé à tout, même aux batteries anti-aériennes postées sur le toit. Mais ils n’ont pas prévu le mauvais temps…

     Ce samedi 17 mai, il pleut des cordes. Normalement, la course n’est pas possible. Mais impossible n’est pas teuton, et les toreros sont fermement priés de faire comme s’il ne pleuvait pas. A la guerre comme à la guerre !

 

    

     A l’heure convenue, les camions déversent leurs cargaisons casquées et bottées tandis que les colonnes pédestres convergent vers Lachepaillet. Les spectateurs se rangent dans un ordre rigoureux devant les portes désignées à chaque chef de détachement. Des plans détaillés de l’arène ont été distribués à profusion. Un ordre claque. Des milliers de fourmis vertes et noires s’ébranlent à l’unisson. En cinq minutes, les gradins sont totalement investis. L’opération s’est déroulée avec une précision absolue et dans un grand silence. C’est ahurissant : pas une erreur, pas la moindre hésitation, et, bien entendu, aucune bousculade... »

 

 

     La première course eut lieu donc sous la pluie battante, le sol glissant, l’intérêt du spectacle en a souffert. Le dimanche, le temps était plus favorable et l’impression a été meilleure.

Revenons au samedi. José Belmonte est encore loin d’être un rejoneador de la classe de Simeo de Veiga qui plane sur les ruedos. Il se montrera aussi piteux à pied qu’à cheval.

 

Vivente Vega " Gitanillo de Triana"

 

     Vicente Vega "Gitanillo de Triana" capable de bien faire dans les passes de cape, est lamentable à la muleta et à l’épée.

Pedro Ramirez "Torerito" qui a déjà de l’expérience, montre sa bonne volonté et abrège sur la piste détrempée. La course est arrêtée après la mort du quatrième novillo de Lamamié de Clairac.

Le dimanche, Belmonte est remplacé par le novillero Pablo Gonzalez "Parrao".

 

 

     Pour La Gazette, "Parrao" est « celui qui produit la meilleure impression : de jolies pases de capa, variées, surtout serrées, calmes et lentes… Voulez-vous que je vous dise quel a été à mes yeux le héros de ces deux corridas ? C’est un héros inconnu ; aucun spectateur ne sait son nom ; il s’agit d’un modeste banderillero au costume bleu et blanc : samedi, alors que par crainte de glisser, l’on n’osait s’approcher du toro, sous la pluie et dans la boue, aussi bien que dimanche, du commencement à la fin de la corrida, toujours il a été sur la brèche. C’est lui qui calmait la fougue du toro entrant dans l’arène : c’est lui qui a intelligemment secondé les novilleros en difficulté ; Gitanillo peut lui être reconnaissant d’être intervenu à deux reprises pour lui éviter une blessure, et Torerito lui-même a eu besoin de ce banderillero, surtout samedi, quand il était aux prises avec le quatrième toro, puissant et dangereux. Et je n’oublie pas les banderilles "de frente " qu’il a plantées à l’un des toros. Je crois bien que ce jeune percera un jour... »

 

     Le mystère reste entier.

 

     Le bétail était d’Antonio Luis Sanchez, et Gitanillo « … traîne l’estoc devant le dernier, achevant à n’en pas douter d’écœurer les âmes sensibles des "seigneurs de la guerre". » Claude Pelletier.

 

     Quelques mois plus tôt à Madrid, lors de la confirmation d’alternative de Pepe Luis Vazquez, un grand dignitaire nazi, chef de la Gestapo et planificateur de la "solution finale", avait peu apprécié ce spectacle donné en son honneur, dégoûté par notre « barbarie » !! Vous aurez reconnu le doux et  caressant Heinrich Himmler.

     

     Âmes sensibles, s’abstenir !

 

…………………………………………………….

 

     Quels parcours ont suivis nos jeunes toreros ?

 

- Vicente Vega "Gitanillo de Triana" (ne pas l’identifier à Francisco Vega de los Reyes, l’autre sévillan surnommé lui aussi Gitanillo de Triana né en 1903 et mort à Madrid le 14 août 1931 après une épouvantable agonie des suites de ses graves blessures à Las Ventas) est né en 1920 à Séville dans le quartier de Triana. Il fut novillero à partir de 1940. Il se retirera en 1950 et deviendra l’apoderado, entre autres de Paco Camino, Litri et Campuzano.

Toréant peu, il prit l’alternative le 10 août 1952 dans la plaza de Vista Alegre du quartier madrilène de Carabanchel. Les toros étaient de Miura. Il se tue en 1976 sur la route revenant d’un festival. Dans le véhicule se trouvait également Antonio Montesinos, torero dont il était l’apoderado. Cet accident lui fut aussi fatal.

 

Torerito à gauche, le jour de son alternative

 

- Pedro Ramirez "Torerito de Triana" est né lui aussi à Triana le 16 août 1912. Il prit l’alternative à Séville le 16 juin 1938 durant la corrida du Corpus en pleine guerre civile, des mains de "Rafaelillo", témoin Pascual Márquez, toros de Carmen de Federico.

Après la guerre, il renonce à l’alternative, le revoici novillero. Il meurt à Séville en novembre 1985.

 

Parrao

 

- Pablo Gonzalez "Parrao" a vu le jour à La Carolina, province de Jaen, le 14 janvier 1910 ; il décédera à Madrid le 23 avril 1988.

Il prend l’alternative au Mexique, à Ciudad Juárez, le 1er décembre 1946. Il la reprend à Madrid, le 1er juin 1947, le parrain est "El Estudiante", le témoin Pepe Dominguín, la ganaderia est celle d’Antonio Pérez de San Fernando.

Il se retire en 1949, restant dans les affaires taurines et devient apoderado.

 

- Quant à José Belmonte García, il était le plus jeune frère de Juan. Il fut novillero à partir de 1924 et prit l'alternative en 1925 au Puerto de Santa Maria. Il se retire en 1930 et se produit en de rares occasions comme rejoneador. Il deviendra par la suite ganadero et hommes d'affaires dans le milieu taurin.   

… Et le jeune banderillero au costume bleu et blanc, reste une énigme.

 

                                                                                          Gilbert Lamarque

 

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