Quatre ans
IVÁN FANDIÑO BARROS
Orduña, 29 septembre 1980 - Aire-sur-l'Adour, 17 juin 2017
IVÁN FANDIÑO BARROS
Orduña, 29 septembre 1980 - Aire-sur-l'Adour, 17 juin 2017
Le ganadero madrilène Pedro Trapote Mateo est décédé mardi 27 avril dans sa finca Las Majadillas à El Castillo de las Guardas. Bien que les causes du décès soient encore inconnues, l’éleveur de bravos était venu le mardi matin à Séville pour subir des tests médicaux, négatif au Covid-19, souffrant de problèmes respiratoires, on lui diagnostiqua une bronchite.
Pedro Trapote avait quitté Madrid, il y a deux décennies pour se lancer dans le grand rêve de sa vie : être un éleveur de toros de combat. Il a d’abord fondé la ganaderia Toros de la Plata avec l’achat de deux "encastes" différents : Nuñez, via Manolo González, et Domecq, via Guadalest. Plus tard, il a acquis des héritiers d’Antonio Ordoñez, la finca Los Tinahones à Constantina et le bétail d’"encaste" Atanasio-Urquijo. Après la vente de cette dernière finca il y a cinq ans, les deux troupeaux cohabitent dans les pâturages de El Castillo de las Guardas, réalisant ces dernières années une belle régularité des deux fers.
Toutes les figuras des dernières décennies sont passées et continuent de passer par la ganaderia de la famille Trapote. Très proche des Rivera Ordoñez, Pedro Trapote entretenait une solide amitié avec José Tomás.
Cette finca, Las Majadillas, a été transformée, il y a plus de vingt-cinq ans pour devenir un véritable paradis pour l’élevage des bravos, riche de plus de quarante enclos, un cortijo majestueux et une grande arène de tienta.
Le père de Pedro est le célèbre homme d’affaires madrilène Pedro Trapote, propriétaire de la salle Joy Eslava*, du théâtre Barceló et de la chocolaterie San Ginés, parmi de nombreuses autres affaires.
Le fer de Toros de la Plata, devise rouge et vert, est passé en 2009 dans le premier groupe selon les accords avec la junta de la Unión de Criadores de Toros de Lidia.
Né le 7 avril 1969 à Barcelone, Pedro Trapote avait 52 ans.
Requiescat in pace.
Souvenir
Au printemps 2015, l’occasion s’offrit à moi de participer à la visite des novillos de Diego Puerta, novillos retenus pour la Feria des Champs de Rieumes, en compagnie entre autres d’Yves Samin (Club taurin de Rieumes) et de Stéphane Fernandez Meca. Mais les beaux produits de la finca Resnera Alta à Castilblanco de los Arroyos (Séville) ne purent franchir la frontière vu leur condition sanitaire (cas de tuberculose bovine). Ils furent donc remplacés par les Toros de la Plata, aux belles robes, bien armés, accusant un sérieux trapío.
Le 28 juin suivant, l’encierro fit sa présentation en France devant un bon trois quart d’arène. Louis Husson regarda sortir a hombros – généreusement – Joaquim Galdos et José Ruiz Muñoz (1 et 1 oreille).
Je notais concernant les pupilles de Pedro Trapote : « Lot bien présenté, donnant un jeu inégal, sans grande transmission, noble. »
*Joy Eslava.
Calle del Arenal à 5 minutes de la Puerta del Sol, du nom de son créateur, Bonifacio Eslava, théâtre en 1872, cette salle a été acquise par le père de Pedro en 1981, immense discothèque qui fut dans les années 80, le lieu de rassemblement de la "Madrid Movida". L'inauguration eut lieu dans la nuit du 24 février 1981, le lendemain du coup d'état perpétré au Congrès des députés. Elle continue à accueillir concerts, fêtes, évènements divers avec toujours de nombreuses célébrités.
..............
Oh ! Manu, on ouvre le 19 mai ?
Gilbert Lamarque
Le torero de Villalpando (Zamora), Andrés Vázquez a été choisi à l’unanimité par le jury de la VIe édition du Prix de la Tauromachie de Castille-et-Léon (Premio Tauromaquia de Castilla y Leon) 2020 comme lauréat. Ce prix récompensant sa carrière professionnelle et le « fervent défenseur de l’intégrité du toro et du combat », mettant en valeur le protagoniste principal du spectacle. Le jury insistant sur sa carrière de matador, brillante, aux nombreux succès dans les années 60 et 70, ses triomphes à Las Ventas, sa préférence pour les élevages durs, lui qui réussit à ouvrir dix fois la porte de Las Ventas.
Le maestro a pris sa retraite à la fin des années 80, revenant dans les ruedos pour certaines occasions et ce jusqu’en 2012 quand il a tué son dernier toro à Zamora le jour de ses quatre-vingts ans et ses cinquante ans d’alternative. Un exploit qui est passé dans les annales de la tauromachie, car à ce jour, nous n’avons aucune trace d’un tel exploit accompli par ses pairs.
Le jury a également rappelé, en plus de ses succès professionnels, le parcours personnel du matador, valorisant sa générosité, tant dans l’enseignement que dans l’accompagnement des jeunes toreros. On souligne aussi sa collaboration altruiste lors de multiples festivals et autres courses caritatives donnant un coup de main là où sa participation était aussi nécessaire que requise. Preuve de tout cela, en 1975, son esprit caritatif a été récompensé, recevant le Grand Prix de la Charité ( Gran Cruz de Beneficencia). Inépuisable, il a couru toute l’Espagne pour parler de tauromachie, ayant au-delà des arènes, participé à trois longs métrages taurins.
Le Prix de la Tauromachie de Castille-et-Léon a été créé par le ministère de la Culture et du Tourisme en 2015 pour distinguer la carrière professionnelle, les mérites, les activités ou les initiatives de personnes, entités ou institutions qui ont contribué à la promotion de la tauromachie en Castille-et-Léon, cette dernière collaborant ainsi à la diffusion de ses valeurs historiques et culturelles. Ce prix annuel a récompensé lors des éditions précédentes : Santiago Martín Sánchez "El Viti" ; Victor Barrio à titre posthume ; l’éleveur Juan Ignacio Pérez-Tabernero ; les encierros de Cuellar ; et dans sa dernière édition, l’École de tauromachie de Salamanque.
Cette année le prix était présidé par "El Viti" et le directeur de l’école de tauromachie de Salamanque, José Ignacio Sánchez.
Cette distinction n’implique aucune dotation financière et consiste en une sculpture commémorative. À 88 ans, Andrés Vázquez, avant de recevoir la statuette, montrant toujours sa grande forme muleta au poignet, improvisa une véronique maison avec une veste empruntée. En dehors de cette "prouesse", n’oublions pas qu’il fut le premier torero, aux arènes de Las Ventas, à affronter seul, six Victorinos, le 3 mai 1970, et qu’il quitta le ruedo madrilène par la Grande Porte, à dix reprises ! El Nono, ainsi surnommé, ne fut dépassé seulement dans ce triomphe que par trois légendes dans toute l’histoire de Las Ventas.
Bel hommage à ce torero intemporel né en 1932 à Villalpando où il réside toujours, qui sut triompher devant tous les "encastes" qui ont fait de lui, ce torero pour l’éternité.
Longue vie Maestro !
PS. Avant que l’on ne me pose la question, voici les trois légendes qui sortirent plus de dix fois a hombros por la Puerta Grande :
- Santiago Martín "El Viti", 14 fois.
- Paco Camino, 12.
- Antonio Bienvenida, 11.
Francisco Ruiz Miguel rejoignit Andrés Vázquez, lui aussi "touchant le ciel" à 10 reprises.
L’aficionado venant dans les années 60/70 aux arènes du Plumaçon à Mont-de-Marsan, n’eut pas l’occasion d’applaudir Andrés Vázquez. Il ne foula en aucun cas le sable du ruedo montois ni comme novillero, matador ni en festival. Au fil des temporadas, participèrent à la Feria de la Madeleine, les Vázquez suivants : Francisco Martín, Pepe Luis, Manolo, Curro, Javier mais point d'Andrés. À cette époque, la casa Chopera régnait au Plumaçon comme à Vista Alegre à Bilbao où Andrés défila à six reprises : 62 (2), 63, 67 et 71(2). Il vint bien en France, notamment à Beaucaire sous les platanes en août 1967, repartant, un garrot en travers de la cuisse, victime de son second adversaire. Alors, quelles raisons pour bannir à ce point le Plumaçon ?
Gilbert Lamarque
Manuel Celis Díez disparu en mars à 87ans, a eu, avec son personnage de Manolín, succès et triomphes exceptionnels dans le spectacle fondé par son père, el Bombero Torero.
Avec lui s’achève une époque de gloire d’un temps révolu. Spectacle de comédie taurine, souvent musical que tout le monde appelait charlotade, spectacle qui a rempli de nombreuses arènes d’un public familial et festif en Espagne, en France et en Amérique latine au XXe siècle.
Charlot, Llapisera, el Empastre et el Bombero Torero ont marqué une époque où la tauromachie cocasse concluait les ferias où, à de nombreuses reprises, elle permettait le sauvetage économique si les grandes festivités, les spectacles majeurs ne s’étaient pas bien passés, tendidos dégarnis…
Manuel Celis Díez est né à Madrid le 21 juillet 1933. Son père, Pablo Celis, a popularisé son personnage charismatique du Bombero Torero dès 1928, où, en plus des numéros musicaux, il a ajouté les célèbres nains toreros (enanitos toreros). Cependant, le fils dut se battre dans les spectacles, vulgarisant le personnage de Manolín, avant que son père, convaincu par ses succès, ne l’intègre définitivement dans le clan familial.
Sa renommée grandit.
... pas les nains.
Avec son frère Eugenio, il prit la direction de la troupe dans les années soixante-dix, et reçut "l’alternative", de bombero a bombero, dans laquelle l’échange des "outils" se faisait avec un casque de pompier sur le chef. La renommée del Bombero Torero y de sus enanitos toreros grandit et les saisons s’étirèrent. Il y eut de nombreux triomphes mais aussi des tardes amères pour Manuel Celis car dans l’arène il n’y a pas de petit ennemi ; il souffrit de nombreuses cornadas tout au long de sa carrière ; les plus graves : Grenade en 1964, Bogota en 1977 et au Mexique en 1982.
Depuis plusieurs années, ces spectacles comiques remplis d’humour mais aussi de courage et d’exploits physiques, ont disparu ou végètent, bannis par le politiquement correct. Le petit-fils du fondateur s’est éclipsé de l’arène, il y a de cela, trois saisons.
Combien d’enfants, de familles se sont divertis durant ces après-midi avec Manolín ou El Platanito, autre grand comique !
Le torero Francisco Gabriel Pericás (Saragosse 1951- Palma de Majorque 2014) était le petit-fils de Gabriel Pericás "Marino Charlot" qui fit les délices des enfants à la fin du XIXe siècle. Il y en eut d’autres.
Concernant Blas Romero "El Platanito" né à Castuera (Badajoz) en 1945, il connut son heure de gloire dans les années soixante après être passé par un établissement correctionnel. C’est à l’âge de 15 ans quittant sa famille, qu’il part tenter sa chance. Il abandonne les ruedos en 1975 et il se convertit en vendeur de loterie dans la rue et aussi dans la périphérie de la plaza de Las Ventas.
Nous sommes loin du torero ayant amassé une fortune, propriétaire d’une finca, de cultures ou d’élevage ou tout simplement vivant de ses rentes.
Comme vous le savez, dans ces spectacles, il y avait ce que l’on appelait "la partie sérieuse" où était combattu et mis à mort un becerro ou novillo par un aspirant torero. Manolete était l’un d’entre-eux ; plus tard on remarqua Antoñete, Ortega Cano, Espartaco et consort.
Les artistes, Llapisera, El Empastre, El Platanito, El Bombero torero Manolín méritent notre respect. Toreo comique, charlotade, certes, mais aujourd’hui (du moins jusqu’en 2019) sortant des arènes on pouvait entendre certains au final d’une corrida, s’exclamer : "c’était une charlotade !", atteignant le degré zéro de la qualité.
Et bien non, la charlotade était bien au-dessus !
Gilbert Lamarque
Sur les tendidos.
Dimanche 18 avril, deux spectacles sont programmés sur le Paseo de Colón à Séville à six heures d’intervalle. Le premier, un concert de bandes originales de films avec des pièces d’Ennio Morricone, John Williams et Hans Zimmer au Teatro de la Maestranza à midi ; le second, une corrida avec Morante de la Puebla, Roca Rey et Pablo Aguado dans la Real Maestranza à 18 heures.
Voici encore un élément de discorde.
Le Teatro organisera ce concert avec 60 % de la capacité et un espace libre tous les quatre sièges !!! et ceci à l’intérieur.
La Real Maestranza devra inaugurer sa temporada avec une distance d’un mètre et demi entre chaque spectateur (devant, à côté, derrière), ce qui représentera 12 % de sa capacité !!!… en extérieur.
Morante de la Puebla : « Le mètre et demi qu’on exige pour les toros n’est pas respecté au Congrès. »
Au campo.
L’Unión de Criadores de Toros de Lidia a demandé ce mercredi à la Junta de Andalucía de comprendre la situation que traverse la tauromachie et de permettre l’application de mesures de sécurité et d’hygiène pour prévenir les risques de contagion, comme prévu dans la loi 2/2021, comme il est appliqué dans d’autres spectacles de la communauté andalouse (cinémas, théâtres, salles d’évènements… ) afin de permettre la célébration de festivals culturels taurins programmés pour les mois d’avril et mai.
La crise sanitaire a fait du ganado bravo l’un des secteurs les plus directement sacrifiés, ayant pratiquement paralysé son activité depuis le début de la pandémie il y a plus d’un an.
En 2020, les éleveurs de bravos n’ont pu faire face qu’à 1 % de leur production, ce qui entraîne des pertes économiques qui dépassent déjà 150 millions d’euros, et fait disparaître de nombreux troupeaux avec le désastre écologique et génétique que cela implique.
« Nous demandons qu’avec des conditions sanitaires garantissant la sécurité des participants, l’activité taurine puisse être rétablie car elle est déjà pratiquée dans d’autres manifestations culturelles. On ne comprend pas comment dans les festivités taurines qui se déroulent principalement en extérieur, la distance de sécurité d’un mètre et demi doit être respectée, car dans le métro, bus ou AVE, etc. , cette mesure n’est pas appliquée » déclare l’UCTL. Et l’UCTL de rajouter, « nous défendons une culture sûre, et il a été démontré que les spectacles taurins n’ont pas été une source de contagion, mais plutôt d’un comportement exemplaire de la part des aficionados ».
Gilbert Lamarque