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hommages

NOIR

Publié le par Cositas de toros

            "Walk on the wild side… " chantait Lou Reed en 1972, le copain Arthur Ribeiro s’en est allé de l’autre côté, du "côté sauvage", inconnu, où la nuit n’en finit pas. Avec lui, c’est le quintuple champion de France des sauteurs que la course landaise a perdu.

 

     Il vint de Caldos de Vizela, au nord du Portugal,  traversant l'Espagne de Franco après mains périples – un roman – pour poser son baluchon à Saint-Sever, le pays du poulet "label rouge" (le premier), vers la fin des années 60. Il sut bien vite gagner notre sympathie et nos affinités, nous les jeunes de la classe 72, classe joyeuse et dynamique comme le fut Arthur, l’œil pétillant, rayonnant sur un physique vigoureux. Il fut très vite adopté, la joyeuse bande compta un korrigan supplémentaire, (Korrigans, souvenir du nom d’un orchestre très à la mode dans ces années-là). Il devint notre complice des rendez-vous du samedi soir. Le garçon avait trouvé du travail rapidement dans un contexte bien avantageux .

     La vache landaise fut sa première conquête – lequel des deux conquit l’autre ? – Déjà , il nous épata… champion dès 1974, la rafale remporta les titres en 1979, 1980, 1983 et 1988. Les violons de la valse attaquée par Michel Dubos et Arthur Ribeiro ne se turent qu’à la veille des années 90, quand l’un était premier, l’autre montait sur la deuxième marche.

     Aficionado a los toros, grand ami de Victor Mendes, il resta cet homme simple et allègre. Il vécut sa jeunesse en toute hâte, il nous quitte brusquement à 72 ans, rejoignant ceux que nous avons laissé sur le bord du chemin.

     Salut Arthur.

     À Christine, son épouse, à Manuela, Nicolas, ses enfants, Cositas se joint aux multiples hommages.

                                                                          Gilbert Lamarque

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MANUEL AMADOR, GITAN AUX YEUX VERTS

Publié le par Cositas de toros

 

      La Grande Faucheuse allonge encore la liste des matadors ascendants.

 

 

         Le matador Manuel Amador Correas est décédé à l’âge de 83 ans le vendredi 4 mars à l’hôpital général de la capitale manchega, victime quelques jours avant, d’une chute accidentelle.

     Né à Jumilla (Murcie) le 15 janvier 1939 – en raison des circonstances de la guerre civile mais considéré comme un enfant d’Albacete – il a commencé sa carrière en août 1956 à La Gineta (Albacete). Les années 50 sont "l’âge d’or" de la tauromachie d’Albacete avec Montero, Pedrés et Chicuelo II.

     Il prend l’alternative le 28 mai 1964 à La Maestranza de Séville avec Curro Romero comme parrain et Carlos Corbacho comme témoin, combattant les toros du fer de Joaquín Buendia. Il confirme et sort a hombros le 28 mai 1965 avec C. Romero et El Cordobés devant les toros de Carlos Nuñez, toros très appréciés des toreros ces années-là. 1965, certainement sa meilleure année après trente-six courses et malgré deux mésaventures : le 1er juillet à Barcelone, un toro de Sánchez Fabrés l’encorne dans la région abdominale et le 23 août à Dax, un Atanasio Fernández lui transperce la cuisse.

     En 1966, un toro de Francisco Escudero lui fracture l’humérus du bras gauche à Barcelone le 7 juillet perdant lors de cette temporada plus d’une cinquantaine de corridas. Il ne reprendra pas sa position perdue et les performances baissèrent par la suite.

     Il a ouvert à deux reprises la Puerta Grande de Las Ventas et une fois la Puerta del Príncipe de la Maestranza.

     Les aficionados qui l’ont vu il y a cinquante ans se souviennent encore de sa classe extraordinaire qui fit proclamer à un critique taurin : « Nous avons un nouveau gitan aux yeux verts » rappelant l’inoubliable Joaquín Rodríguez "Cagancho".

     C’est en 1972 qu’il se retire à Séville le 9 avril. Quelques années plus tard, il prendra durant six ans les rênes de l’école taurine d’Albacete.

     Il fut à l’origine d’une dynastie de toreros gitans comme Sebastián Cortés, Manuel de Paz, Antón Cortés et son fils Manuel Amador Jr. actuel impresario des arènes d’Albacete avec Simon Casas.

                                                                   Gilbert Lamarque

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UN ESPAGNOL Á SHANGAI, GABRIEL DE LA CASA

Publié le par Cositas de toros

       

     

                Gabriel de la Casa est décédé le 3 mars à l’hôpital madrilène Fundación San José à l’âge de 73 ans.

     Gabriel de la Casa Pazos était un enfant de Madrid où il naquit le 2 septembre 1948.

     Son père, torero dans les années 40, Emiliano de la Casa García "Morenito de Talavera" était originaire de Talavera de la Reina (1914-1973) tout comme son frère Pedro de la Casa et son neveu Antonio Arán de la Casa. Les trois utilisaient l’apodo de Morenito de Aranda mais Emiliano fut le diestro le plus important de la famille de Talavera.

     Avec de tels antécédents, Gabriel se passionne pour la tauromachie dès son plus jeune âge et décide de suivre les traces de papa Emilio comme l’avait précédé son frère aîné José Luis qui passa banderillero après trois ans d’alternative (1946-2016).

     Il débute en 1963, il a alors 16 ans. Il obtient son doctorat le 9 août 1967 en plaza de Manzanares (Ciudad Real), son parrain était Manuel Benítez "El Cordobés" en présence de Victor Manuel Martín, le toro de la célébration, "Quebrado", était de María Montalvo. Il coupa quatre oreilles et une queue ! Il confirma à Madrid deux ans plus tard.

     Il se présenta en France comme matador, à Dax, le 17 août 1969, alternant avec Diego Puerta et Manolo Cortés, lidiant des toros de Branco Nuncio.

     Sa carrière européenne déclinant, l’élégant matador traversa le Charco et fit plus de trois cents paseos aux Amériques.

     Par la suite, il devint éleveur de bravos avec le fer d’El Alijar de la Loba (Domecq) en Estrémadure et il organisa une corrida en… Chine, le 23 octobre 2004. Au paseo, José Ignacio Ramos, Iván García et l’Équatorien Guillermo Albán combattirent trois toros mexicains de La Soledad. Environ 10 000 paires d’yeux ébahis et non moins bridés en furent les témoins. On posa les banderilles mais il ne fut pas question de mise à mort. Le lendemain, on remit ça avec trois autres cornus dans le stade voué à l’athlétisme. Les toros furent incinérés.

     Gabriel de la Casa défila une dernière fois dans le pueblo de Huete (Cuenca) le 23 septembre 1995, pour ensuite s’habiller en empresario et travailler aussi comme mandataire.

                                                            Gilbert Lamarque

 

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L'élégance catalane

Publié le par Cositas de toros

            Après Ángel Teruel, Jaime Ostos et Calatraveño, la Camarde poursuit son œuvre de destruction. Le torero catalan Joaquín Bernadó a lui aussi déposé les trastos à jamais, lundi 21 février 2022.

 

   

      Il était né le 16 août 1935 à Santa Coloma de Gramanet (banlieue de Barcelone). Santa Coloma pour un torero, c’est pousser le détail à son paroxysme ! Très vite, encore enfant, sa famille s’installe dans le quartier du Raval à Barcelone, atmosphère taurine garantie.

     Il prend l’alternative le 4 mars 1956 à Castellón des mains d’Antonio Bienvenuda avec Julio Aparicio pour témoin, les toros sont de Manuel Arranz. Le 10 juin de la même année, il confirme à Madrid. Il triomphe rapidement dans les grandes arènes d’Espagne et torée au Mexique environ 200 après-midi. Quant à Barcelone, il s’y produira 243 fois !

     En revanche, il ne fit qu’un paseo à Bilbao en 1970 et il ne foula jamais le sable du Plumaçon à Mont-de-Marsan.

     Pedro Balaña eut l’idée de l’associer avec Chamaco. Ce fut un véritable succès, Bernadó le classique, Chamaco l’extravagant.

     Joaquín Bernadó sera matador 31 années durant, de 1956 à 1987.

     Il alterne avec les plus grands de l’époque : Dominguín, Ordoñez, Pepe Luis et Manolo Vázquez, Puerta, Camino… Il possède une élégance naturelle et se plaît dans la simplicité. Le critique K-Hito le qualifiait de « torero tergal – tissu alors à la mode – et écrit : « Il ne se décoiffe jamais. C’est l’élégance avec montera ».

     Il tua tous les types de toros, les plus "faciles" comme les plus durs et obtint de nombreux succès face aux Miura.

     Il inventa une forme particulière de passe d’adorno, la bernadina*, proche de la manoletina.

 

Sébastien Castella, Nîmes, Feria des Vendanges 2019. Toro de Garcigrande. © Midi Libre

     Par contre, il péchait avec l’épée, se privant de nombreux triomphes.

     Après sa despedida, il a été professeur à l’École de tauromachie Marcial Lalanda de Madrid et commentateur à Telemadrid.

     Il n’a jamais compris la dérive anti-corrida des indépendantistes. Joaquín Bernadó Bertomeu s’était retiré à Canencia de la Sierra (Madrid), il avait 86 ans.

 

   

      Salut Maestro !

 

     * Bernadina : la muleta est présentée à l’envers, derrière le dos, l’estaquillador (le bâton) dans la main droite et la pointe de l’épée (dans le tissu) dans la main gauche. En sortie de passe, le torero effectue une rotation du corps en sens contraire de la trajectoire pour enchaîner avec la passe suivante.

                                                                   Gilbert Lamarque

 

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Le "Coeur de lion" a rendu l'âme

Publié le par Cositas de toros

           

              

               Jaime Ostos et son épouse passaient les fêtes de Noël en Colombie, à Carthagène des Indes. Sur le point de retourner en Espagne, le maestro victime d’une crise cardiaque, est décédé dans la matinée du samedi 8 janvier, il avait 90 ans. Le "Cœur de lion" comme le surnommait le critique Gonzalo Carvajal pour sa force et son irrésistible désir de triomphe, a rendu les armes à l’aube de cette nouvelle année.
     Jaime Ostos était né le 8 avril 1931 dans la ville sévillane d’Ecija, surnommée "la poêle à frire  d’Andalousie".
     Le public l’a découvert toréant dans son village, le 1er juin 1952 et il débute avec picadors à Osuna le 5 avril 1953 à 22 ans. À cette époque, il rivalisait avec Bartolomé Jiménez Torres né comme lui à Ecija mais en 1928. Bartolomé était massivement suivi par les classes les plus populaires, vénéré comme un véritable idole ; Jaime, le plus courageux, était fils d’une des rares familles aisées. D’où cette rivalité passionnée. Torres prit l’alternative en 1954 dans le coso ecijano des mains d’Antonio Bienvenida. Il s’habilla d’argent en 1964 comme banderillero jusqu’en 1971. Lui aussi mourut des suites d’un problème cardiaque à 74 ans.
     Ostos prend l’alternative le 13 octobre 1956 à Saragosse avec pour parrain, Miguel Báez "El Litri", et pour témoin, Antonio Ordoñez, les toros sont d’Urquijo.
     Il fut l’auteur d’une carrière fulgurante et au sommet de l’escalafón en 1962 aux côtés de Diego Puerta, avec 79 corridas. Cette année-là, il sort pour l’unique fois par la Puerta Grande de Las Ventas.

L’ange salvateur…
     Le 17 juillet 1963, il repousse son rendez-vous avec la mort en plaza portative de Tarazona de Aragón où il torée avec El Viti et El Caracol ainsi que le rejoneador Ángel Peralta. Le maestro reçoit par véroniques le premier toro des Hermanos Ramos Matías. Une rafale du vent de la sierra plaque la muleta sur la cuisse droite d’Ostos, la bête plante sa corne et le sang jaillit de l’artère iliaque. Les médecins ont grand peine à contenir l’hémorragie et le blessé est au bord de l’agonie, épuisant les réserves de sang. Ángel Peralta après avoir mis le poing sur la blessure, appelle les aficionados et les encourage à donner leur sang. Deux cents donneurs ont répondu pour sauver le torero. L’aumônier lui avait déjà donné les derniers sacrements, le pouls étant imperceptible. Il est amené en ambulance à la clinique San Ignacio de Saragosse où il se rétablira après trois jours entre la vie et la mort et un mois de combat. "J'étais mort depuis pratiquement trois jours". Merci docteur, merci Ángel et merci la Vierge du Pilar…

     El Ecijano reviendra dans les ruedos à Arles, un an et demi après cette terrible après-midi. Les dernières années, il affronta les fers les plus réputés comme Miura ou Pablo Romero. Technicien et bon muletero, il annonce sa retraite en 1974 après avoir subi 25 cornadas dont 8 graves comme à Bilbao en 1957, Séville et Salamanque en 1957 ou encore Pampelune en 1960. Il reprendra les trastos en 1977 pour huit  courses, se retire à nouveau et revient en 1980 pour douze paseos, le dernier chez lui, à Ecija, le 12 octobre.

 

L'estoqueador


     "Jaime Corazon de León" était doté d’un énorme courage et d’une grande capacité à vaincre. Le mardi 22 juillet 1959, lors d’une corrida triomphale des Fêtes de la Madeleine à Mont-de-Marsan, Jaime Ostos fut blessé par son premier toro de Sepúlveda de Yeltes lors de la mise à mort. Il tint à achever son adversaire en logeant une demie. Le diestro emporté à l’infirmerie, c’est son peón qui, réclamé par le public, effectuera la vuelta avec les oreilles et la queue. Il réédita ce jour, son "exploit" de Bilbao du 20 août 1957 où, blessé à la jambe par un toro d’Antonio Pérez, il avait tenu à tuer celui-ci malgré l’intervention énergique de ses camarades de cartel, El Viti et Gregorio Sánchez qui lui déconseillaient vivement.
     Jaime Ostos fit 10 paseos au Plumaçon, coupant 17 oreilles et une queue. Il se présenta pour la première fois le 23 juillet 1957, et combattit sa dernière corrida le 19 juillet 1965 devant les toros du Marquis de Domecq, sous le déluge, il coupa les deux oreilles de son second adversaire. Il était accompagné de Paco Camino et El Viti : beau cartel ! Il se produisait avec une des meilleures cuadrillas au monde : Julio Pérez "El Vito", Luis González et Antonio Fernández Ramos "Almensilla".
Ces années-là, Jaime Ostos complétait le cartel idéal avec Luis Miguel Dominguín et Antonio Ordoñez.
     Homme de caste au fort caractère, il était un personnage controversé qui ne mâchait pas ses mots n’y allant donc pas par quatre chemins en bon estoqueador qu’il fut.

                                                               Gilbert Lamarque

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