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BILBAO ASTE NAGUSIA 2020

Publié le par Cositas de toros

© G. Lamarque

   

 Le 15 mai 2020, le Conseil municipal de Bilbao a annoncé l’annulation de l’Aste Nagusia 2020.

Le 19 juin 2020, le gouvernement basque a publié au Journal officiel du Pays Basque, les nouvelles réglementations dans le domaine de la sécurité sanitaire. Il a donc été convenu avec le Conseil d’administration des arènes de Vista Alegre, de ne pas organiser la grande semaine de Bilbao.

Donc pas d’inauguration des arènes rénovées non plus.

Une aubaine pour Baillères (BIVA BILBAO), le nouveau gestionnaire plus financier que taurin qui, dans la non aventure ne risquera pas un euro.

Les mesures prises face à la pandémie font que seulement 1000 personnes maximum peuvent assister aux spectacles ! Si vous déduisez les organisateurs, les cuadrillas, le personnel des arènes, etc, combien de spectateurs payants ?

    

     En attendant, aujourd’hui, il nous reste les tientas télévisées ! Tauromachie de substitution et les opérations vers les ganaderos et cuadras de caballos : sympa mais loin de nous contenter.

Il est certain qu’il n’est guère enthousiasmant de se retrouver sous le soleil mesurant la distanciation physique, mélangés, masqués et peut être fiévreux !

 

     Toutes les grandes ferias du Nord ont renoncé : Pampelune, Saint Sébastien, Bilbao.       

Nous resterait-il que la Feria du Pilar à Saragosse ?

Curieuse temporada où les figuras prennent tous les tickets. Combien de deuxièmes de cordée sortiront la tête de l'eau ?

Les novilladas sont quasiment rayées des affiches, seules les non piquées tirent leur épingle du jeu grâce, en Espagne aux communautés autonomes. C'est certainement là, l'essentiel pour l'avenir de la tauromachie.

 

... Et mon rêve obsédant : aller voir les figuras au musée de cire de Madrid, Plaza de Colón, figées pour l'éternité entre Cristiano Ronaldo et Marilyn Monroe !

 

 

                                                                                       Gilbert Lamarque

 

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LES SUBALTERNES OU L’ART D’ABATTRE LE RAMEAU NOURRICIER

Publié le par Cositas de toros

 

Communiqué de l’Association des banderilleros et picadors français, 18 juin 2020

     Afin de faire face à la crise sanitaire et économique qui frappe de plein fouet le milieu taurin, l’ensemble des banderilleros, picadors et valets d’épée français ont décidé de s’unir en créant leur Association. Après des années d’inactivité de l’Union des banderilleros et picadors français et la despedida de plusieurs de ses membres, nous avons choisi de nous tourner vers l’avenir, pour que notre profession perdure. Ainsi nous participerons activement à la restructuration indispensable du modèle économique de notre passion.

Après de nombreux échanges entre les différents professionnels durant le confinement et lors de plusieurs réunions de travail qui ont suivi, nous avons constaté que plusieurs initiatives intéressantes et solidaires ont vu le jour pour faire repartir l’activité taurine. Cependant, nous avons remarqué qu’il était trop souvent oublié que cette crise pénalisait aussi très fortement les membres des cuadrillas qui, de ce fait, se sont retrouvés du jour au lendemain sans aucune activité professionnelle. Notre objectif est donc de devenir un organe de consultation lors de l’élaboration de ces spectacles taurins car nous considérons que les « subalternes » font partie intégrante du spectacle tauromachique et sont essentiels à son bon fonctionnement, tant dans les arènes qu’au campo. Nous sommes disposés à aider et à collaborer avec les organisateurs afin que le montage de ces journées taurines soit facilité et qu’elles puissent se dérouler dans de bonnes conditions.
D’autre part, nous rappelons que nous n’avons pas attendu cette crise pour mesurer l’urgence et la nécessité d’agir.

C’est pour cela que, depuis plusieurs temporadas, nous nous sommes impliqués pour l’avenir de la tauromachie, notamment à travers des baisses de salaires importantes, d’environ 20%, pour les novilladas sans picadors des arènes de 3ème catégorie. Ainsi, durant la temporada 2019, grâce à nos efforts, nous avons fait économiser une importante somme d’argent à l’ensemble   des organisateurs de novilladas sans picador.  Cependant, nous sommes bien conscients qu’à nous seuls, nous ne pourrons pas sauver la Tauromachie. Pour faire face à cette crise, ainsi qu’aux nombreuses attaques dont est victime l’aficion « a los Toros », il est nécessaire et indispensable d’entamer une étroite collaboration et de coordonner les actions menées entre tous les acteurs du mundillo et les structures telles que l’ONCT, l’UVTF, la FSTF, l’Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat, l’Association des Matadors de Toros Français, l’ACOSO et l’ensemble des associations taurines. Pour mener à bien nos actions, nous avons élu un Bureau composé de José Gomez comme président, Mathieu Guillon « El Monteño » comme vice-président, Julien Breton « Merenciano » comme secrétaire, Didier Declerck « Miguelito » comme secrétaire adjoint, Nicolas Bertoli comme trésorier, Morenito d’Arles comme représentant des banderilleros, Marc Allien comme représentant des picadors et de Nicolas Brigati comme représentant des Valets d’épée avec Jérôme Courtiade comme adjoint. C’est un défi ambitieux qui nous attend, et tous ensembles, professionnels et aficionados, nous devons le relever. L’ABPF sera au rendez-vous et plus que jamais, nous devons être unis autour des valeurs essentielles que nous enseigne la tauromachie : le courage, l’effort, l’humilité et la solidarité.

Association des Banderilleros et Picadors Français.

Contact: abpf20@gmail.
Siège social : Brasserie Le Montcalm, 21 rue de la République, 30000 Nîmes.

 

COMMUNIQUE de l’ACTG du mercredi 29 juillet :
     

     L’Amicale des Clubs Taurins du Gers en cette période de crise sanitaire avait pensé à venir en aide aux éleveurs gersois en organisant une journée taurine.
De nombreux contacts ont été pris avec les participants (Toreros, musique, médecin, transport, arrastre, etc) qui s’engageaient à venir bénévolement.
Des contacts ont été pris avec les professionnels français (Banderilleros, picadors, valet d’épée) qui viennent de créer leur association (Association des Banderilleros et Picadors Français),
et après plusieurs consultations avec eux et vu les exigences, nous sommes au regret d’annuler l’organisation de cette manifestation.
Malgré tout, le projet de venir en aide aux éleveurs gersois, reste d’actualité.
Une somme sera allouée aux deux ganaderos et à la « Cuadra de Caballos ».
Nous vous tiendrons au courant de la finalisation de cette action.
Le Bureau de l’AMICALE DES CLUBS TAURINS GERSOIS

 

Extrait de l’interview de Clemente paru sur le site Torofiesta, le mercredi 29 juillet :

 

    Vilain "procès" intenté à Clemente...

     « Brocas ? Ce que je peux dire, sans aucun esprit polémique, c’est que je m’étais mis d’accord avec Marlène Fasolo, c’est pour ça que je n’ai pas compris pourquoi c’est quelqu’un d’autre qui a répondu à notre communiqué. Après, j’ai eu Marlène au téléphone et ça s’est très bien passé. Je lui ai expliqué mon point de vue, lui disant qu’elle avait fait des erreurs, notamment par manque de communication envers les toreros, pour les mettre au courant de ce qui se passe. Au départ, je partais pour une fiesta campera avec Alberto Lamelas et je n’ai appris que par la presse que ce serait Christian Escribano qui le remplacerait. Ensuite, il a été question d’alguazils, de présidence, ce qui s’éloignait du simple concept d’une fiesta campera. Dans la mise au point qui a été faite, il a juste été fait mention de notre position, à savoir que l’on était intéressé par une fiesta campera, donc sans obligation de s’habiller, sans responsabilité de trophées... Ce que je n’ai pas compris, c’est que l’on puisse annoncer une fiesta campera quand en réalité on veut faire un festival. Ça ne va pas plus loin que ça, Marlène m’a dit qu’elle s’était laissée un peu déborder par les événements, avec la pression du syndicat des professionnels. Je l’ai très bien compris et je lui ai simplement dit que lorsque l’on organise quelque chose, il faut être très clair sur le type de course. »

 

     Voici donc deux communiqués et un extrait d’interview.

Les banderilleros, picadors et valets d’épée français ont créé leur association. On ne peut que s’en féliciter, les intentions sont bonnes…

Mais en lisant le second communiqué de l’ACTG ainsi que l’entretien avec Clemente, nous constatons que le vers est déjà dans le fruit ou que les vrillettes attaquent la charpente !

Alors que certains se battent, luttent dignement, intelligemment oserons-nous écrire – voir Manolo de los Reyes en Espagne, Cositas du vendredi 31 juillet – la toute nouvelle association ABPF se discrédite dans la médiocrité.

« Comme l’oiseau sur la branche » dans un équilibre précaire donc, ils compromettent leur propre situation par des "actions" inconsidérées d’où : scier la branche sur laquelle ils sont mal assis certes, mais assis.

Nous n’en sortirons pas !

Les subalternes – je n’aime pas ce terme – sont-ils idiots ?

Certainement pas (tous) mais alors quand vont-ils nous le démontrer !

Le Larousse nous donne cette définition, subalterne : personne qui est subordonnée à une autre, soumise à son autorité. Ok, mais pas à la bêtise.

 

« C’est l’idée qui fait le bon bûcheron, ce n’est pas la force. » Homère, L’Iliade.

 

Par contre, il serait peut-être judicieux d’organiser une journée taurine pour venir en aide aux « subalternes ». Personne n’y songe ?

 

                                                                                                 Gilbert Lamarque

 

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TRAS LOS MONTES

Publié le par Cositas de toros

 

      « Un banderillero navarro denuncia el sectarismo del Gobierno con el mundo del toro : "Pegamos impuestos como los demás." » Dimanche 26 juillet.

 

 

 

 

     Manolo de los Reyes Acosta prévient qu’ils porteront la question devant la Cour suprême et que de nombreuses familles « ne mangeront pas durant un an et demi. »

« La culture n’est pas censurée » ou « les toreros sont la culture, pas la discrimination » sont les mots et les affirmations de nombreuses personnes qui se consacrent au monde de la tauromachie depuis que la ministre du Travail, Yolanda Díaz a refusé l’aide (ERTE*) à ce secteur de la culture suite au Covid-19.

Pendant les mois d’été, des aficionados, des éleveurs, des cuadrillas de toreros et des matadors sont descendus dans les rues de plusieurs villes de province du pays pour exiger qu’en appartenant au secteur culturel comme, par exemple, le cinéma, ils reçoivent la même aide économique que les autres.

Manolo de los Reyes, le Pamplonés, banderillero dans la cuadrilla de Juan Leal et doblador lors des encierros de la San Fermín, bien connu des aficionados du Sud-Ouest, affirme que « pendant la pandémie, l’aide économique a été accordée à différents secteurs de la culture à l’exception du monde taurin qui est inclus dans ce régime ». Il souligne également que « José Manuel Rodríguez Uribes, ministre de la Culture, a soutenu la corporation des taurins, cependant, la ministre du Travail (Podemos), en raison de son idéologie, a refusé toute forme d’aide ».

« Nous cotisons et payons des impôts, comme le reste des Espagnols, cependant, nous n’avons pas collecté l’ERTE et de grandes ferias telles que Madrid, Pampelune, ou Séville, ont été annulées. Nous avons perdu beaucoup d’argent et on nous a refusé une aide qui a été accordée à d’autres syndicats de la culture. La raison principale est que la ministre du Travail ne veut pas allouer un seul euro au monde taurin, et notre travail de torero est apolitique », explique le banderillero navarrais.

M. de los Reyes considère que la situation ne va pas rester en l’état puisque «  de nombreux avocats soutiennent l’aide économique aux travailleurs du secteur taurin et cette situation ira devant la Cour suprême, malgré le fait qu’elle fera l’objet d’un appel et, en raison du temps que prendra ce processus, de nombreuses familles n’auront aucun revenu durant un an et demi ».

 

     Yolanda Díaz Pérez, 48 ans, est une ministre communiste parmi les socialistes. Elle a toujours prôné l’union des forces de gauche pour gouverner. En 2012, dans sa Galice natale et peu taurine, elle s’était présentée aux élections régionales sous la bannière d’une ample coalition et avait recruté pour l’occasion un jeune conseiller encore inconnu : Pablo Iglesias. Aujourd’hui à la tête de son propre parti politique, Podemos, Iglesias est ministre des Droits sociaux et Pedro Sánchez, président du gouvernement a offert à l’intraitable Yolanda, le portefeuille du Travail : mauvaise pioche !

Quand la politique gère les affaires suivant le bon goût et les états d’âme d’une ministre !

Cet autre venin est fort capable de franchir les Pyrénées, tremblez aficionados de toutes confessions, le mundillo est si fragile et vulnérable !

*ERTE. Actuellement la crise du coronavirus a popularisé un nouveau mécanisme à durée déterminée, l'Expediente de Regulación Temporal de Empleo. Le travailleur restera enregistré à 100% auprès du système de sécurité sociale et en cas de suspension de la journée de travail, le SEPE (Service public de l'emploi) établit un paiement de 70% du salaire pendant les six premiers mois.

                                                                                       Gilbert Lamarque

 

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SALVADOR VEGA, LE RETOUR

Publié le par Cositas de toros

 

 

     Le torero malagueño, né le 10 février à Manilva reprend les trastos après une longue absence des ruedos suite à de graves blessures, au doute et à la lassitude.

Il s’habillera "de lumières" à Estepona (Málaga), demain samedi 1er août en nocturne pour combattre un lot de Luis Algarra, accompagné de Cayetano et Pablo Aguado.

Dans ce présent troublé et ce futur obscur, c’est une nouvelle qui, personnellement me ravit. 

 

 

     En effet, Salvador Vega García avait renoncé, au début 2016 à poursuivre sa carrière afin de prendre du recul. Après des saisons glorieuses (2004 à 2008) et sa retraite anticipée, il s’investit dans la politique comme conseiller municipal (Parti popular) à Málaga. Il s’est aussi, impliqué dans les affaires familiales et participait également à la formation des jeunes apprentis de l’École de tauromachie de Málaga.

Le matador âgé aujourd’hui de 35 ans, fera certainement ses adieux tout en bouclant son parcours aidé en cela par l’homme d’affaires José Luis Lara qui gérera l’ultime étape de son entreprise.

 

                                                            SOUVENIRS

 

     Le 23 avril 2004 lors de la Feria de la San Jorge de Saragosse, Salvador Vega fut blessé grièvement par son second toro de Domingo Hernández. J’en fus le témoin et les images saisissantes sont ancrées dans ma mémoire.

 

© Rogelio Allepuz

     Après avoir coupé l’oreille de son premier opposant, c’est lors de l’entrée a matar que la corne droite de son second toro (le mieux présenté) lui perça la jambe droite. Grande frayeur dans le coso de la Misericordia, témoins que nous étions de ce moment angoissant où l’animal continuait à assaillir l’infortuné torero sans que le piton ne se retire de la jambe, le secouant à plusieurs reprises.

Le rapport médical du Dr Carlos Val Carreres précisa que le Malagueño souffrait d’une cornada à la base du triangle de Scarpa avec un orifice d’entrée de 10 cm et de trois trajectoires dont l’une d’elles mesurait 24 cm, les vaisseaux fémoraux sectionnés, le nerf fémoral meurtri.

 

     Il avait auparavant servi deux séries de la droite magnifiques puis utilisant la bonne corne gauche, au centre du rond sans bouger les pieds, il déroula une série longue et profonde. Et c’est toujours au centre qu’il subit le châtiment.

Il y a des instants, des circonstances qui vous marquent à jamais, ceux-ci en furent un.

 

Voici les notes succinctes prises ce jour sur mon carnet à spirales.

Demi-entrée.

5 toros de Domingo Hernández et un (le 5e) de Garcigrande, mal présentés, 3e et 4e braves et nobles.

- Javier Conde (blanco y azabache), insipide comme son 1er toro. En-dessous du noble 4e. Silence avec avis, silence.

- Jesus Millán (purísima y oro), vaillant, accrocheur, se perd dans les terrains. Le Garcigrande ne charge pas. Silence, silence après avis.

- Salvador Vega (carmin y oro), remplace Morante de la Puebla.

Au 3e, séries courtes et variées sur les deux cornes, beaucoup de profondeur.

Le 6e bien toréé sur la corne droite. Une série magnifique sans bouger les pieds, faena profonde au centre du ruedo. Estoconazo (comme au premier). Pris à la cuisse droite, infirmerie. Oreille et deux oreilles.

 

 

Tudela © G. Lamarque

     Nous l’avions revu pour la dernière fois, non sans plaisir, à Tudela, le samedi 26 juillet 2014, un peu dans l’indifférence des arènes festives devant des faibles toros de Cayetano Muñoz de sang Domecq (Torestrella). Il profita de l’excellent 5ème et nous régala. Fandiño, lui, n’eut aucune option.

 

                                                          SA CARRIÈRE

      Il boucla la temporada 2004 avec 48 corridas, 58 oreilles et 1 queue.

2005 : 45 corridas, 40 oreilles, 1 queue.

2006 : 30 corridas, 36 oreilles, 1 queue.

2007 : 43 corridas, 56 oreilles, 2 queues.

2008 : 40 corridas, 54 oreilles, 2 queues.

Puis ce fut la dégringolade, … 2015 : 8 corridas, 10 oreilles.

 

     Il avait fait ses débuts avec picadors à Málaga le 5 août 2000. Il prit l’alternative à Nîmes le 16 février 2003, parrain "Joselito", témoin César Jiménez, toros de Pedro y Verónica Gutiérrez Lorenzo (La Capea) : 2 oreilles et sortie en triomphe. Confirmation à Madrid le 4 octobre 2003, parrain Javier Conde, témoin Morante de la Puebla, toros de El Pilar.

Depuis le 15 octobre 2015, il n’a plus revêtu l’habit de lumières. C’était à Fuengirola, province de Málaga.

 

     La Feria de Málaga est annulée pour 2020 mais peut-être verra-t’on le Malagueño le 15 ou le 16 août où deux corridas sont annoncées.

 

     ¡ Suerte Torero ! 

                                                                                             Gilbert Lamarque

 

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GANADERIAS : FACE À LA RÉALITÉ

Publié le par Cositas de toros

 

Ganaderos entre inquiétude et espoir.

 

     En ces temps compliqués où l’économie est au ralenti, voire même à l’arrêt dans certains secteurs, il nous a paru opportun d’étudier les difficultés du campo bravo en nous entretenant avec le propriétaire d’une ganaderia de taille moyenne de notre Sud-Ouest.

Cette temporada 2020 s’est brutalement arrêtée fin février et il est évident pour tous les aficionados que, depuis ce jour, les ganaderos sont financièrement à la peine. Pour se faire une idée précise de ces difficultés, un ganadero a accepté de répondre sincèrement à nos questions sur les coûts annuels de son élevage afin d’établir le plus précisément possible le prix de revient d’un eral.

Ce troupeau est composé de 140 têtes de bétail dont 50 vaches reproductrices et sort essentiellement en novillada non piquée.

Les différents postes de dépenses sont regroupés dans le tableau ci-dessous.

       
                                                       Dépenses annuelles de la ganaderia*  
       
       
DÉSIGNATION  COÛT total/rubrique %
       
ALIMENTATION      
           Aliment Vaches 3000    
          Aliment Taureaux 7400    
          Foin 15000    
          Divers (pierres à lécher, compléments…) 600    
    26000 54%
       
FRAIS VÉTÉRINAIRES      
          Déparasitage 2fois/an, interventions 5000    
          Prophylaxie obligatoire 1900    
    6900 14%
       
       
DIVERS      
          Assurances 1700    
          Eau 2800    
          Électricité 1200    
          Gas-oil 1400    
    7100 14,50%
       
ADMINISTRATION      
          Cotisation EDE 555    
          ALMA suivi sanitaire 1300    
          MSA 4800    
          Gestion 2000    
    8655 17,50%
       
    48655  
       
 * Ces montants s'entendent Hors Taxes et hors amortissements des terres et du matériel 
structurel et  agricole.      
       
       

 

Avec ses 50 vaches reproductrices l’éleveur obtient en moyenne 46 vêlages par an. Sur les 46 naissances, (moyenne sur les dix dernières années), et un taux de 40% de mâles, ce sont 20 futurs erales qui voient le jour annuellement.

Le coût de production brut/eral serait donc de 48 000€/20 : 2 400€, les primes PAC et celle donnée à la vache allaitante, ramènent le coût de production net aux environs de 1 800€. Il précise que les erales se vendent actuellement à 1 500€ soit en dessous du prix de revient. Même en affinant ces chiffres avec la vente des vachettes « tientées » et éliminées, le bilan annuel reste déficitaire, déficit en partie compensé par des tientas et des réceptions.

Ces chiffres vous permettront d’appréhender les difficultés des ganaderos au plus près de la réalité.

 

Une discussion s’est ensuite engagée sur sa vision de l’avenir de la tauromachie.

 

Cositas de Toros : L’avenir, vous le voyez comment ?

Ganadero : Compliqué, très compliqué. Financièrement c’est très dur, nous ne sommes pas aidés, nous n’avons droit à rien et de plus, lorsque l’on vend des taureaux on nous demande toujours de faire un geste (financier) sinon on reste à la maison.

CdT: Vous dites que vous n’êtes pas aidés, mais on entend parler d’aide du département, de la région et de l’état. Quid de ces aides ?

G: Pour l’instant, pas de nouvelles, les seules aides concrètes sont pour les éleveurs de vaches landaises.

CdT : A ce propos, dans le journal Sud Ouest du mercredi 1er juillet, est paru l’article « Ganaderos dans la tourmente » sous la plume de Charles Laterrade où un ganadero disait : « S’il y a des sous pour tous, FFCL, bétail de corrida et jeux, tant mieux, mais il faut d’abord sauver la course landaise ». Vous en pensez quoi ?

G : Que c’est bien de ne penser qu’à soi mais, parmi les ganaderos landais il n’y en n’a pas un seul qui soit éleveur et, si les éleveurs de toro brave disparaissent, dans quelques années, où vont-ils aller acheter leurs coursières pour renouveler leur troupeau ? Dans les cinq ans qui suivent ils disparaîtront aussi.

CdT : Toute activité taurine étant arrêtée, ne serait-ce pas le moment de revoir l’organisation des spectacles taurins, je pense aux salaires des toreros et des subalternes, au nombre de peones dans le ruedo au moins pour les non piquées, voire même pour les piquées ?

G : Étant tous regroupés en syndicats, ils se bloqueront sur les acquis et ne céderont rien.

CdT : Ceci étant, si la situation perdure, et pour respecter les distanciations, on impose le mètre entre chaque spectateur, il est évidant que les tendidos ne vont plus autant se remplir.

: Ils feront sûrement un geste financier sur la fin de l’année, mais si en 2021 la pandémie régresse les choses reprendront leur cours normal. Les seules personnes qui nous soutiennent aujourd’hui ce sont les aficionados et quelques professionnels français. Les uns, par leur aide financière nous amènent un peu d’oxygène, les autres nous permettent de sortir quelques bêtes dans le cadre de la feria del campo. Sans eux aujourd’hui, nous serions morts, nous n’aurions aucune perspective.

CdT : Ça, c’est l’avenir à court terme, mais à moyen terme, comment entrevoyez-vous la temporada 2021, ne craigniez-vous pas une frilosité du public, une appréhension de s’entasser sur les gradins ?

G: Pour l’instant, nous allons essayer de finir 2020, certains spectacles s’annoncent pour la fin de l’année et d’autres n’ont toujours pas été annulés. Terminons 2020 car nous ne sommes pas sûrs d’exister encore en 2021. Pour la prochaine temporada je pense que les grandes arènes vont réduire la voilure, reste à espérer qu’ils feront leurs courses dans des élevages français qui sont en capacité de leur fournir la qualité dont ils ont besoin. A l’heure où l’on met en exergue la problématique écologique et son bilan carbone, je veux dire qu’au lieu de faire des milliers de kilomètres pour aller chercher des non piquées au sud de l’Espagne, il est des élevages dans un rayon de 80 km autour de chez eux qui ont tout ce qui leur est nécessaire dans leurs cercados et leurs propriétaires seraient ravis de continuer à faire leurs preuves. Nous sommes aujourd’hui, en France, 42 éleveurs dont 30 peuvent sortir en non piquée et en piquée. Nous avons fait l’effort d’acheter des reproducteurs en Espagne pour améliorer notre génétique, il serait temps que les organisateurs fassent aussi un effort pour que nous puissions en récolter les fruits. A tous les étages des spectacles, les éleveurs français ont prouvé qu’ils étaient à la hauteur des exigences demandées.

CdT : Frilosité du public, vous y croyez ?

G : Le public est en manque et nous sommes dans une région de convivialité pour preuve le lleno dans le cadre de la feria del campo. Le public est demandeur et s’il n’y a pas un deuxième crash financier cet hiver suite à une deuxième vague, il y aura du monde dans les arènes l’an prochain.

C.d.T : Vous balancez donc entre inquiétude et espoir ?

G : Je suis optimiste pour la partie spectacle, mais très pessimiste pour la partie élevage. Nous avons de plus en plus de contraintes sanitaires et financières. Les toreros gagnent de plus en plus d’argent et nous, nous vendons notre bétail au même prix qu’il y cinquante ans alors que les coûts de production ont triplé. S’il n’y avait l’agrotourisme ( tientas, groupes, réceptions) les ¾ d’entre nous auraient disparus.

Le soutient des aficionados par leurs dons en nature ou financiers nous donne de l’espoir et le devoir de continuer à nous battre, la force d’espérer et revoir nos bêtes combattre dans les arènes. Sans eux, nous n’existerions déjà plus…

 

C’est sur cette note d’espoir que se termine cette entrevue.

 

Espérons que cette fin de temporada leur permettra de passer un hiver plus clément afin qu’ils puissent, comme la nature, reverdir au printemps pour ne pas perdre le gusanillo.

 

Patrick Soux

 

 

 

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GANADERIAS : FACE À LA RÉALITÉ

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